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La [[Révolution_industrielle|Révolution industrielle]] survient à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle tout d’abord au Royaume-Uni en Belgique et en France où les nombreuses manufactures, les mines ou les chantiers embauchent des ouvriers en masse.
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La [[Révolution_industrielle|Révolution industrielle]] survient à la fin du 18<sup>e</sup> siècle et au début du 19<sup>e</sup> siècle tout d’abord au Royaume-Uni en Belgique et en France où les nombreuses manufactures, les mines ou les chantiers embauchent des ouvriers en masse.
    
À l'époque, la durée de la journée de travail d'un ouvrier est de 10 h, voire plus, dans la plupart des pays industrialisés&nbsp;; elle peut aller jusqu'à 12 ou 14 heures.
 
À l'époque, la durée de la journée de travail d'un ouvrier est de 10 h, voire plus, dans la plupart des pays industrialisés&nbsp;; elle peut aller jusqu'à 12 ou 14 heures.
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En 1917 en Russie comme ailleurs, la journée de 8 heures est une revendication ouvrière, et après l'essor du mouvement ouvrier qui fait suite à la victoire de [[Révolution_de_Février|Février]], elle est revendiquée avec inistance. Les socialistes modérés ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|S-R]]), qui dominent les [[Soviets|soviets]], sont pourtant peu enthousiastes pour défendre cette revendication. Ils affirment qu'il faut soutenir la bourgeoisie libérale et son [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], et que l'heure n'est pas à lutter à la fois contre le [[Tsarisme|tsarisme]] et contre la bourgeoisie ([[Révolution_par_étapes|révolution par étapes]]). Les soviets votent de motions qui appellent les ouvriers en grève à reprendre le travail. Mais ceux-ci n'écoutent pas les [[Réformistes|réformistes]]. Pour eux, il n'est pas question que la vie reste comme avant la révolution). Dans la moitié des usines de Pétrograd (surtout les plus grosses), les ouvriers quittent unanimement après 8 heures de travail écoulées. Si bien que le&nbsp;10 mars, les industriels de Pétrograd cèdent et acceptent la journée de 8 heures. Un mouvement similaire se développe à Moscou, où la journée de 8 heures est accordée le 21 mars. Ce sont les [[Bolchéviks|bolchéviks]] qui sont surtout à l'initiative de ces luttes. Pris de cours, les socialistes réformistes demandent au gouvernement provisoire d'acter la journée de 8 heures pour l'ensemble de la Russie, mais celui-ci refuse. Etant donné la situation de guerre, les bourgeois déclenchent une campagne de propagande pour essayer de monter les soldats contre les ouvriers, en soulignant que l'égoïsme des ouvriers menace le ravitaillement du front, que sur le front on ne compte pas ses heures... Mais les socialistes parviennent rapidement à une victoire morale par une contre-campagne efficace&nbsp;: des soldats sont invités à venir voir les conditions de travail en usine, les profits et spéculations des bourgeois sont dénoncés, l'alliance ouvriers/soldats est réaffirmée... La réduction du temps de travail eut un impact très positif sur la suite de la révolution. Les quelques heures gagnées permirent pour les ouvriers plus de temps pour la lecture (notamment de textes politiques), de maniement des armes (notamment avec la création de [[Gardes_rouges|gardes rouges]]), la participation aux [[Soviets|soviets]]... Ce n'est qu'après la&nbsp;[[Révolution_d'Octobre_1917|Révolution d'Octobre]]&nbsp;que&nbsp;le gouvernement bolchevique fixe&nbsp;la journée de huit heures et la semaine de 48 heures.
 
En 1917 en Russie comme ailleurs, la journée de 8 heures est une revendication ouvrière, et après l'essor du mouvement ouvrier qui fait suite à la victoire de [[Révolution_de_Février|Février]], elle est revendiquée avec inistance. Les socialistes modérés ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|S-R]]), qui dominent les [[Soviets|soviets]], sont pourtant peu enthousiastes pour défendre cette revendication. Ils affirment qu'il faut soutenir la bourgeoisie libérale et son [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]], et que l'heure n'est pas à lutter à la fois contre le [[Tsarisme|tsarisme]] et contre la bourgeoisie ([[Révolution_par_étapes|révolution par étapes]]). Les soviets votent de motions qui appellent les ouvriers en grève à reprendre le travail. Mais ceux-ci n'écoutent pas les [[Réformistes|réformistes]]. Pour eux, il n'est pas question que la vie reste comme avant la révolution). Dans la moitié des usines de Pétrograd (surtout les plus grosses), les ouvriers quittent unanimement après 8 heures de travail écoulées. Si bien que le&nbsp;10 mars, les industriels de Pétrograd cèdent et acceptent la journée de 8 heures. Un mouvement similaire se développe à Moscou, où la journée de 8 heures est accordée le 21 mars. Ce sont les [[Bolchéviks|bolchéviks]] qui sont surtout à l'initiative de ces luttes. Pris de cours, les socialistes réformistes demandent au gouvernement provisoire d'acter la journée de 8 heures pour l'ensemble de la Russie, mais celui-ci refuse. Etant donné la situation de guerre, les bourgeois déclenchent une campagne de propagande pour essayer de monter les soldats contre les ouvriers, en soulignant que l'égoïsme des ouvriers menace le ravitaillement du front, que sur le front on ne compte pas ses heures... Mais les socialistes parviennent rapidement à une victoire morale par une contre-campagne efficace&nbsp;: des soldats sont invités à venir voir les conditions de travail en usine, les profits et spéculations des bourgeois sont dénoncés, l'alliance ouvriers/soldats est réaffirmée... La réduction du temps de travail eut un impact très positif sur la suite de la révolution. Les quelques heures gagnées permirent pour les ouvriers plus de temps pour la lecture (notamment de textes politiques), de maniement des armes (notamment avec la création de [[Gardes_rouges|gardes rouges]]), la participation aux [[Soviets|soviets]]... Ce n'est qu'après la&nbsp;[[Révolution_d'Octobre_1917|Révolution d'Octobre]]&nbsp;que&nbsp;le gouvernement bolchevique fixe&nbsp;la journée de huit heures et la semaine de 48 heures.
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Le philosophe anglais [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] écrit après son son voyage en Russie en 1920 :
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''«&nbsp;La journée de huit heures a été introduite en grande fanfare, mais du fait de la guerre elle a été portée à dix heures dans plusieurs industries. Aucune stipulation n’existe contre le travail supplémentaire consacré à d’autres métiers, et beaucoup de gens travaillent à un autre métier parce que les salaires officiels ne permettent pas de vivre. Cela n’est d’ailleurs pas la faute du gouvernement, dans la plupart des cas ; c’est principalement le résultat de la guerre et du blocus.&nbsp;»'' <span>​</span>''<ref name="Russel1920">Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
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Le 23 avril 1919, sur proposition du gouvernement Clemenceau qui craint une grève générale, le Sénat français ratifie la loi des huit heures et fait du 1er mai 1919 une journée chômée.
 
Le 23 avril 1919, sur proposition du gouvernement Clemenceau qui craint une grève générale, le Sénat français ratifie la loi des huit heures et fait du 1er mai 1919 une journée chômée.
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== Notes et sources ==
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<references />
    
[[Category:Histoire]] [[Category:Mouvement ouvrier]] [[Category:Syndicalisme]]
 
[[Category:Histoire]] [[Category:Mouvement ouvrier]] [[Category:Syndicalisme]]

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