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[[Léon_Tolstoï|Léon Tolstoï]] fut un grand écrivain, et il est considré par beaucoup comme un anarchiste pacifiste et un [[Anarchisme_chrétien|anarchiste chrétien]], même si lui-même ne s'est jamais nommé comme tel. Il a développé philosophie contre l'État mais très mystique et faisant appel avec beaucoup de confusion au peuple et surtout aux paysans russes.
 
[[Léon_Tolstoï|Léon Tolstoï]] fut un grand écrivain, et il est considré par beaucoup comme un anarchiste pacifiste et un [[Anarchisme_chrétien|anarchiste chrétien]], même si lui-même ne s'est jamais nommé comme tel. Il a développé philosophie contre l'État mais très mystique et faisant appel avec beaucoup de confusion au peuple et surtout aux paysans russes.
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== Révolution de 1905 ==
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Quelques groupes [[anarcho-syndicalistes|anarcho-syndicalistes]] apparurent durant la [[Révolution_de_1905|Révolution de 1905]], principalement à Odessa et à Pétersbourg.
    
== La guerre mondiale ==
 
== La guerre mondiale ==
    
L'éclatement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] provoque de vives tensions au sein du mouvement anarchiste comme au sein de l'[[Internationale_ouvrière|Internationale socialiste]]. Le mouvement se divise entre « [[Défensistes|défensistes]] » et « [https://fr.wikipedia.org/wiki/Antimilitariste antimilitaristes] ».
 
L'éclatement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] provoque de vives tensions au sein du mouvement anarchiste comme au sein de l'[[Internationale_ouvrière|Internationale socialiste]]. Le mouvement se divise entre « [[Défensistes|défensistes]] » et « [https://fr.wikipedia.org/wiki/Antimilitariste antimilitaristes] ».
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A Pétrograd, des groupes anarchistes réapparurent dans les arrondissements de Vyborg, de Narva et de Moskovski au cours de la guerre mais ils ne comptaient qu’un nombre infime de membres. Le plus important appartenait à la tendance anarcho-communiste, reprenant les thèses de Kropotkine.
    
En 1916, [[Kropotkine|Kropotkine]] corédige avec [[Jean_Grave|Jean Grave]], le «&nbsp;''[[Manifeste_des_Seize|Manifeste des Seize]]''&nbsp;»<ref>[[Hem Day]], « Seize (le manifeste des) », ''[[Encyclopédie anarchiste]]'', [http://www.encyclopedie-anarchiste.org/articles/s/seize.html texte intégral].</ref>. Le texte est signé par, notamment, [[Christiaan_Cornelissen|Christiaan Cornelissen]], [[Charles-Ange_Laisant|Charles-Ange Laisant]], [[François_Le_Levé|François Le Levé]] ou [[Charles_Malato|Charles Malato]]. Ils prennent ainsi publiquement parti pour le camp des [[Alliés_de_la_Première_Guerre_mondiale|Alliés]] et contre ''«&nbsp;l’agression allemande&nbsp;»''. Une centaine d'autres personnalités anarchistes apportent leur soutien au Manifeste qui soutient que l'Allemagne était l'agresseur et que sa victoire représenterait le triomphe du [[Militarisme|militarisme]] et de l'[[Autoritarisme|autoritarisme]] en Europe. Ils opposaient l'Allemagne, «&nbsp;bastion de l'[[Étatisme|étatisme]]&nbsp;», à la France, patrie de la Révolution de 89 et de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]].
 
En 1916, [[Kropotkine|Kropotkine]] corédige avec [[Jean_Grave|Jean Grave]], le «&nbsp;''[[Manifeste_des_Seize|Manifeste des Seize]]''&nbsp;»<ref>[[Hem Day]], « Seize (le manifeste des) », ''[[Encyclopédie anarchiste]]'', [http://www.encyclopedie-anarchiste.org/articles/s/seize.html texte intégral].</ref>. Le texte est signé par, notamment, [[Christiaan_Cornelissen|Christiaan Cornelissen]], [[Charles-Ange_Laisant|Charles-Ange Laisant]], [[François_Le_Levé|François Le Levé]] ou [[Charles_Malato|Charles Malato]]. Ils prennent ainsi publiquement parti pour le camp des [[Alliés_de_la_Première_Guerre_mondiale|Alliés]] et contre ''«&nbsp;l’agression allemande&nbsp;»''. Une centaine d'autres personnalités anarchistes apportent leur soutien au Manifeste qui soutient que l'Allemagne était l'agresseur et que sa victoire représenterait le triomphe du [[Militarisme|militarisme]] et de l'[[Autoritarisme|autoritarisme]] en Europe. Ils opposaient l'Allemagne, «&nbsp;bastion de l'[[Étatisme|étatisme]]&nbsp;», à la France, patrie de la Révolution de 89 et de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune]].
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== Les anarchistes et la Révolution de 1917 ==
 
== Les anarchistes et la Révolution de 1917 ==
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Il faut noter qu'il y a un manque d’études historiques qui soient à la fois globales et suffisamment documentées sur l'anarchisme russe dans la révolution russe. Selon Voline il y avait tout au plus 3000 anarchistes au début de la révolution et ''« le mouvement anarchiste (…) était encore bien trop faible pour avoir une influence immédiate et concrète sur les événements. Et le mouvement syndicaliste n’existait pas (…) les anarcho-syndicalistes et les anarchistes [sont] peu nombreux et mal organisés »''.<ref name="VolineRevoInco" />
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Il faut noter qu'il y a un manque d’études historiques qui soient à la fois globales et suffisamment documentées sur l'anarchisme russe dans la révolution russe. Selon Voline il y avait tout au plus 3000 anarchistes (200 selon d'autres<ref name="Smith">Stephen A. Smith, [http://www.contretemps.eu/petrograd-rouge/ ''Pétrograd Rouge. La Révolution dans les usines (1917-1918)''], éd. les Nuits Rouges, 2017</ref>) au début de la révolution et ''« le mouvement anarchiste (…) était encore bien trop faible pour avoir une influence immédiate et concrète sur les événements. Et le mouvement syndicaliste n’existait pas (…) les anarcho-syndicalistes et les anarchistes [sont] peu nombreux et mal organisés »''.<ref name="VolineRevoInco" /> Il témoigne qu’à sa grande surprise, quand il rentre en Russie à l'été 1917,&nbsp;''« au cinquième mois d’une grande révolution aucun journal anarchiste, aucune voix anarchiste ne se faisait entendre dans la capitale [face à] l’activisme sans limite des bolchéviques »''. En novembre, un périodique libertaire de Pétrograd affirmait&nbsp;: ''«&nbsp;Jusqu’à présent, l’anarchisme n’a eu qu’une influence extrêmement limitée sur les masses, ses forces sont faibles et insignifiantes, et l’idée elle-même en est corrompue et déformée. »''<ref name="Smith" />
    
=== Radicalisation bolchévique, fronts communs et divergences ===
 
=== Radicalisation bolchévique, fronts communs et divergences ===
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Entre [[Révolution_de_Février_1917|février]] et [[Octobre_1917|octobre 1917]], les anarchistes et les [[Bolchéviks|bolchéviks]] collaborent très souvent dans l'action. La radicalisation des bolchéviks après les [[Thèses_d'Avril|thèses d'Avril]] de [[Lénine|Lénine]] en fait un pôle d'attraction très fort de tous les militants révolutionnaires sincères. Beaucoup de démocrates bourgeois ou de socialistes réformistes taxaient même les bolchéviks d'anarchistes durant cette période. Quand les thèses d'Avril de Lénine furent connues, un ancien membre du Comité central bolchevik, [[Joseph_Goldenberg|Goldenberg]], qui se tenait à cette époque en dehors du parti, déclara&nbsp;: ''«&nbsp;Pendant de nombreuses années, la place de Bakounine dans la révolution russe est restée inoccupée&nbsp;; maintenant, elle est prise par Lénine.&nbsp;»''<ref name="HRR22">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr22.htm Histoire de la révolution russe - 22. Le Congrès des soviets et la manifestation de Juin]'', 1930</ref> Lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]], [[Milioukov|Milioukov]] accuse&nbsp;:
 
Entre [[Révolution_de_Février_1917|février]] et [[Octobre_1917|octobre 1917]], les anarchistes et les [[Bolchéviks|bolchéviks]] collaborent très souvent dans l'action. La radicalisation des bolchéviks après les [[Thèses_d'Avril|thèses d'Avril]] de [[Lénine|Lénine]] en fait un pôle d'attraction très fort de tous les militants révolutionnaires sincères. Beaucoup de démocrates bourgeois ou de socialistes réformistes taxaient même les bolchéviks d'anarchistes durant cette période. Quand les thèses d'Avril de Lénine furent connues, un ancien membre du Comité central bolchevik, [[Joseph_Goldenberg|Goldenberg]], qui se tenait à cette époque en dehors du parti, déclara&nbsp;: ''«&nbsp;Pendant de nombreuses années, la place de Bakounine dans la révolution russe est restée inoccupée&nbsp;; maintenant, elle est prise par Lénine.&nbsp;»''<ref name="HRR22">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr22.htm Histoire de la révolution russe - 22. Le Congrès des soviets et la manifestation de Juin]'', 1930</ref> Lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]], [[Milioukov|Milioukov]] accuse&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;En présence de faits évidents ces groupes plus modérés [SR, menchéviks] ont été forcés d'admettre que, parmi les bolcheviks, il y a des criminels et des traîtres. Mais ils n'admettent pas jusqu'à présent que l'idée même, l'idée fondamentale qui unit ces partisans des actes combatifs de l'anarcho-syndicalisme, est criminelle.&nbsp;»''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;En présence de faits évidents ces groupes plus modérés [SR, menchéviks] ont été forcés d'admettre que, parmi les bolcheviks, il y a des criminels et des traîtres. Mais ils n'admettent pas jusqu'à présent que l'idée même, l'idée fondamentale qui unit ces partisans des actes combatifs de l'anarcho-syndicalisme, est criminelle.&nbsp;»''</blockquote>  
Les anarchistes tendaient à être en tête dans toutes les manifestations radicales de Pétrograd, y compris dans celles que les bolchéviks considéraient comme [[Gauchistes|gauchistes]] dans la situation (en particulier dans les [[Journées_de_juillet_1917|journées de juillet]]). Ils posaient très peu la question du pouvoir et de la situation politique d'ensemble. Trotsky dresse le portrait critique suivant&nbsp;:
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Mais les anarchistes étaient eux-mêmes considérés comme [[Gauchistes|gauchistes]] par les [[bolchéviks|bolchéviks]], par leurs actes impatients et inorganisés. Le 5 juin des anarchistes prennent l’imprimerie du journal de droite ''Rousskaïa Volia'' (La Volonté de la Russie). Deux semaines plus tard ils font un raid contre la [[prison_de_Kresty|prison de Kresty]]. Beaucoup admiraient leur bravoure, surtout parmi les marins et les soldats. Alors que les bolchéviks essayaient globalement de canaliser la colère en lui donnant une forme organisée, en tentant d'éviter les actions prématurées, les anarchistes faisaient tout pour la faire exploser, avec des appels à l'action directe commme : « Volez les voleurs ! » ou « Exterminez la bourgeoisie et ses larbins ! ». Cela fut déterminants dans l’explosion populaire des [[Journées_de_juillet|Journées de juillet]], qui conduisit à une dure répression de l'aile révolutionnaire.
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Ils posaient très peu la question du pouvoir et de la situation politique d'ensemble. Trotsky dresse le portrait critique suivant&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;Comme toujours, en présence de grands événements et de grandes masses, ils manifestaient leur inconsistance organique. Ils niaient d'autant plus facilement le pouvoir d'État qu'ils ne comprenaient pas du tout l'importance du Soviet comme organe du nouvel État. D'ailleurs, abasourdis par la révolution, ils gardaient le plus souvent le silence, tout simplement, sur la question de l'État. Ils manifestaient leur autonomie, principalement, dans le domaine d'un médiocre putschisme. L'impasse économique et l'exaspération croissante des ouvriers de Pétrograd créaient pour les anarchistes certaines positions d'appui. Incapables d'évaluer sérieusement le rapport des forces sur toute l'échelle nationale, prêts à considérer chaque poussée d'en bas comme le dernier coup de la délivrance, ils accusaient parfois les bolcheviks de pusillanimité et même de conciliation. Mais, d'ordinaire, ils se bornaient à grogner. La réaction des masses devant les manifestations des anarchistes permettait parfois aux bolcheviks de mesurer le degré de pression de la vapeur révolutionnaire.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr21.htm Histoire de la révolution russe - 21. Regroupements dans les masses]'', 1930</ref></blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Comme toujours, en présence de grands événements et de grandes masses, ils manifestaient leur inconsistance organique. Ils niaient d'autant plus facilement le pouvoir d'État qu'ils ne comprenaient pas du tout l'importance du Soviet comme organe du nouvel État. D'ailleurs, abasourdis par la révolution, ils gardaient le plus souvent le silence, tout simplement, sur la question de l'État. Ils manifestaient leur autonomie, principalement, dans le domaine d'un médiocre putschisme. L'impasse économique et l'exaspération croissante des ouvriers de Pétrograd créaient pour les anarchistes certaines positions d'appui. Incapables d'évaluer sérieusement le rapport des forces sur toute l'échelle nationale, prêts à considérer chaque poussée d'en bas comme le dernier coup de la délivrance, ils accusaient parfois les bolcheviks de pusillanimité et même de conciliation. Mais, d'ordinaire, ils se bornaient à grogner. La réaction des masses devant les manifestations des anarchistes permettait parfois aux bolcheviks de mesurer le degré de pression de la vapeur révolutionnaire.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr21.htm Histoire de la révolution russe - 21. Regroupements dans les masses]'', 1930</ref></blockquote>  
 
Les anarchistes avaient globalement une attitude négative vis-à-vis des [[Soviets|soviets]], et y participaient très peu, les dénonçant comme des organes de pouvoir.
 
Les anarchistes avaient globalement une attitude négative vis-à-vis des [[Soviets|soviets]], et y participaient très peu, les dénonçant comme des organes de pouvoir.
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Pendant la grande [[Journées_de_juin_1917|manifestation du 18 juin]], des anarchistes attaquèrent des prisons et libérèrent des prisonniers, pour la plupart criminels de droit commun. Trotsky laisse entendre que la libération fut anormalement facile et qu'il pourrait s'agir d'un coup monté d'[[Agents_provocateurs|agents provocateurs]].<ref name="HRR22" /> Le ministre de la Justice Péréverzev, qui s'était déconsidéré quelques jours auparavant avec l'affaire de la villa Dournovo, résolut de prendre sa revanche et, sous prétexte de rechercher les détenus évadés, fit procéder à une nouvelle incursion dans la villa. Les anarchistes résistèrent, l'un d'eux fut tué au cours de la fusillade, la villa fut saccagée. Les ouvriers du quartier de Vyborg, qui considéraient la villa comme leur appartenant, donnèrent l'alarme. Plusieurs usines débrayèrent. L'alarme fut transmise à d'autres rayons ainsi qu'aux casernes.
 
Pendant la grande [[Journées_de_juin_1917|manifestation du 18 juin]], des anarchistes attaquèrent des prisons et libérèrent des prisonniers, pour la plupart criminels de droit commun. Trotsky laisse entendre que la libération fut anormalement facile et qu'il pourrait s'agir d'un coup monté d'[[Agents_provocateurs|agents provocateurs]].<ref name="HRR22" /> Le ministre de la Justice Péréverzev, qui s'était déconsidéré quelques jours auparavant avec l'affaire de la villa Dournovo, résolut de prendre sa revanche et, sous prétexte de rechercher les détenus évadés, fit procéder à une nouvelle incursion dans la villa. Les anarchistes résistèrent, l'un d'eux fut tué au cours de la fusillade, la villa fut saccagée. Les ouvriers du quartier de Vyborg, qui considéraient la villa comme leur appartenant, donnèrent l'alarme. Plusieurs usines débrayèrent. L'alarme fut transmise à d'autres rayons ainsi qu'aux casernes.
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=== Cronstadt ===
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Les marins de l'île fortifiée de Cronstadt était parmi les forces vives de la révolution, et parmi les plus à gauche des révolutionnaires. Les anarchistes étaient très présents parmi eux. Le 23 juin, des délégués de la place de l'Ancre, sans l'assentiment du soviet de Cronstadt, exigeaient du ministère de la Justice la libération d'un groupe d'anarchistes pétersbourgeois, sous menace d'un raid de matelots qui attaqueraient la prison.
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=== Kropotkine à la Conférence d'Etat d'août 1917 ===
 
=== Kropotkine à la Conférence d'Etat d'août 1917 ===
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=== Union anarcho-syndicaliste et Fédération anarcho-communiste ===
 
=== Union anarcho-syndicaliste et Fédération anarcho-communiste ===
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[[Voline|Voline]], à son retour en Russie en juillet 1917, adhére à l’Union de propagande anarcho-syndicaliste de Pétrograd, laquelle publie bientôt l’hebdomadaire puis quotidien ''[[Golos_Trouda|Golos Trouda]] (La Voix du travail''). [[Grigori_Maximov|Grigori Maximov]], qui émigra aux Etats-Unis, participa également à ''Golos Truda''.
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[[Voline|Voline]], à son retour en Russie en juillet 1917, adhére à l’Union de propagande anarcho-syndicaliste de Pétrograd, laquelle publie bientôt l’hebdomadaire puis quotidien ''[[Golos_Trouda|Golos Trouda]] (La Voix du travail'').
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[[Grigori_Maximov|Grigori Maximov]], qui émigra aux Etats-Unis, participa également à ''Golos Truda''. Il fut pendant une courte période membre du Conseil central des [[comités_d’usine|comités d’usine]] de Pétrograd, et prétendit que leur idéologie était proche de l’anarcho-syndicalisme. Lui et Berkman ont visiblement tendance à exagérer fortement l'influence anarchiste.
    
Il existait également une [[Fédération_anarcho-communiste_de_Petrograd|Fédération anarcho-communiste]], dont la principale figure était [[Iosif_Solomonovich_Bleikhman|I. S Bleikhman]]. Selon [[Alexander_Rabinowitch|A. Rabinowitch]]<ref>Alexander Rabinowitch, ''Prelude to Revolution – The Petrograd Bolsheviks and the July 1917 Uprising'', 1968, Indiana University Press, réédition 1991, Midland Books</ref>, ''Golos Trouda'' était marginale, mais la Fédération était implantée parmi les soldats et ouvriers de Pétrograd et de sa région (dont [[Kronstadt|Kronstadt]]), et en particulier dans le 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, qui fut à l’avant-garde de l’effervescence révolutionnaire de l’été 1917.
 
Il existait également une [[Fédération_anarcho-communiste_de_Petrograd|Fédération anarcho-communiste]], dont la principale figure était [[Iosif_Solomonovich_Bleikhman|I. S Bleikhman]]. Selon [[Alexander_Rabinowitch|A. Rabinowitch]]<ref>Alexander Rabinowitch, ''Prelude to Revolution – The Petrograd Bolsheviks and the July 1917 Uprising'', 1968, Indiana University Press, réédition 1991, Midland Books</ref>, ''Golos Trouda'' était marginale, mais la Fédération était implantée parmi les soldats et ouvriers de Pétrograd et de sa région (dont [[Kronstadt|Kronstadt]]), et en particulier dans le 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, qui fut à l’avant-garde de l’effervescence révolutionnaire de l’été 1917.
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''Golos Trouda'' et la Fédération étaient assez hostiles l'une envers l'autre. Dans le ''Golos Trouda'' du 27&nbsp;janvier 1918 il est écrit que le programme anarcho-communiste est une ''«&nbsp;collection de phrases creuses&nbsp;». ''La propagande de la Fédération était assez abstraite et grandiloquante&nbsp;: un tract diffusé au début de l’été 1917 appelait à la destruction immédiate de tous les gouvernements autocratiques et parlementaires, du système capitaliste, de l’armée, la police et toutes les frontières, prônant une société communale "totalement libre", sans gouvernement ni lois, où la liberté individuelle serait absolue, les paysans posséderaient la terre et les usines appartiendraient aux travailleurs.
 
''Golos Trouda'' et la Fédération étaient assez hostiles l'une envers l'autre. Dans le ''Golos Trouda'' du 27&nbsp;janvier 1918 il est écrit que le programme anarcho-communiste est une ''«&nbsp;collection de phrases creuses&nbsp;». ''La propagande de la Fédération était assez abstraite et grandiloquante&nbsp;: un tract diffusé au début de l’été 1917 appelait à la destruction immédiate de tous les gouvernements autocratiques et parlementaires, du système capitaliste, de l’armée, la police et toutes les frontières, prônant une société communale "totalement libre", sans gouvernement ni lois, où la liberté individuelle serait absolue, les paysans posséderaient la terre et les usines appartiendraient aux travailleurs.
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=== Cronstadt ===
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A la fin 1917, il y avait 33 groupes anarchistes et 21 journaux pour toute la Russie.<ref name="Smith" />
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Les marins de l'île fortifiée de Cronstadt était parmi les forces vives de la révolution, et parmi les plus à gauche des révolutionnaires. Les anarchistes étaient très présents parmi eux. Le 23 juin, des délégués de la place de l'Ancre, sans l'assentiment du soviet de Cronstadt, exigeaient du ministère de la Justice la libération d'un groupe d'anarchistes pétersbourgeois, sous menace d'un raid de matelots qui attaqueraient la prison.
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=== Impatience en Octobre ===
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A Smolny, dans la journée du 24 octobre, arrivèrent des délégués du soviet de Cronstadt au Congrès&nbsp;: le bolchevik Flerovsky et l'anarchiste Iartchouk qui prenait le pas sur les bolcheviks.
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En Septembre-Octobre, la crainte de voir des groupes d'ouvriers impatients basculer du côté des anarchistes a joué un rôle dans la conviction de Lénine que l'insurrection ne pouvait plus être reportée. [[Trotsky|Trotsky]] témoigne que lorsque les délégués du soviet de Cronstadt au [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès]] arrivent à [[Smolny|Smolny]] dans la journée du 24 octobre, il y avait ''«&nbsp;le bolchevik Flerovsky et l'anarchiste Iartchouk qui prenait le pas sur les bolcheviks&nbsp;»''.
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Lors de la Conférence panrusse des [[comités_d'usine|comités d'usine]] (<span class="reference-text">18 octobre), la motion anarchiste n'a que 5 voix contre 65 pour les bolchéviks. </span> Toutefois, [[Milioutine|Milioutine]] prit la peine de réfuter la motion anarchiste sur la saisie des usines par les ouvriers, ce qui laisse supposer qu’à la base l’influence de ce courant était peut-être en expansion. Cela semble confirmé par une source menchévique qui regrettait l'influence anarchiste dans cette conférence.<ref name="Smith" />
    
=== Répressions par les bolchéviks ===
 
=== Répressions par les bolchéviks ===

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