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[[File:Soviet Courtine 1917.jpg|right|468x342px|Le Soviet de Courtine en 1917.]] '''La mutinerie des soldats russes à La Courtine''' (commune française du département de la Creuse) a lieu en 1917 au sein du corps expéditionnaire russe. À la suite de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] et face à la faible considération qu'ont les Français de leur rôle dans la guerre, environ 9 000 soldats russes refusent le combat et installent dans le camp une véritable république [[Soviet|soviétique]] tout en réclamant leur retour en Russie. L'armée française, soutenue par les Russes loyalistes, reprendra le camp ; les combats feront officiellement 12 morts, dont neuf du côté des mutins.
 
[[File:Soviet Courtine 1917.jpg|right|468x342px|Le Soviet de Courtine en 1917.]] '''La mutinerie des soldats russes à La Courtine''' (commune française du département de la Creuse) a lieu en 1917 au sein du corps expéditionnaire russe. À la suite de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] et face à la faible considération qu'ont les Français de leur rôle dans la guerre, environ 9 000 soldats russes refusent le combat et installent dans le camp une véritable république [[Soviet|soviétique]] tout en réclamant leur retour en Russie. L'armée française, soutenue par les Russes loyalistes, reprendra le camp ; les combats feront officiellement 12 morts, dont neuf du côté des mutins.
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== Les soldats russes sur le front ==
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== Chronologie ==
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=== Les soldats russes sur le front ===
    
En décembre 1915, Paul Doumer, futur Président de la République, se rend à Petrograd, dans un Empire Russe chancelant. La guerre fait rage et l’armée française connaît une pénurie d’hommes : le haut fonctionnaire français vient demander au Tsar Nicolas II un soutien en soldats pour les envoyer au front. La France veut 40 000 hommes, qui seront armés et équipés par elle. Peu attaché à la vie de ses sujets, Nicolas II accepte.
 
En décembre 1915, Paul Doumer, futur Président de la République, se rend à Petrograd, dans un Empire Russe chancelant. La guerre fait rage et l’armée française connaît une pénurie d’hommes : le haut fonctionnaire français vient demander au Tsar Nicolas II un soutien en soldats pour les envoyer au front. La France veut 40 000 hommes, qui seront armés et équipés par elle. Peu attaché à la vie de ses sujets, Nicolas II accepte.
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Les soldats russes retenus en France veulent être partie prenante de ce bouleversement révolutionnaire. Suivant l’exemple des soviets russes, des comités sont créés par des appelés mais aussi par des civils russes exilés. Dans les Vosges, la revue de troupe du premier mai 1917 tourne à la manifestation : les gradés se retrouvent face à des drapeaux sur lesquels le mot « liberté » a été écrit. Ce n’est là qu’un premier mouvement de rébellion ; d’autres vont suivre et le Ministère de l’Intérieur, qui s’inquiète de la possible influence du contingent russe sur les troupes françaises, décide alors de les transférer dans un lieu le plus éloigné possible de tout contact avec les populations civile et militaire. Ils seront ainsi transférés dans la Creuse, au camp de La Courtine, qui avait servi auparavant de camp de prisonniers.
 
Les soldats russes retenus en France veulent être partie prenante de ce bouleversement révolutionnaire. Suivant l’exemple des soviets russes, des comités sont créés par des appelés mais aussi par des civils russes exilés. Dans les Vosges, la revue de troupe du premier mai 1917 tourne à la manifestation : les gradés se retrouvent face à des drapeaux sur lesquels le mot « liberté » a été écrit. Ce n’est là qu’un premier mouvement de rébellion ; d’autres vont suivre et le Ministère de l’Intérieur, qui s’inquiète de la possible influence du contingent russe sur les troupes françaises, décide alors de les transférer dans un lieu le plus éloigné possible de tout contact avec les populations civile et militaire. Ils seront ainsi transférés dans la Creuse, au camp de La Courtine, qui avait servi auparavant de camp de prisonniers.
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== La mutinerie ==
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=== La mutinerie ===
    
La première Brigade arrive fin juin à La Courtine, et la deuxième le 5 juillet. Pour rallier cette dernière à sa cause, la première brigade organise une grande réunion dans la nuit du 5 au 6 juillet. Avec des mots rageurs et passionnés, ils appellent leurs camarades à la désertion pour ne plus combattre en France et rentrer auprès des leurs : « ''Dès notre arrivée en France, on a considéré le soldat russe non comme un homme, mais comme un objet utile et n’ayant pour seule valeur que sa capacité au combat. Mais au premier combat, une partie d’entre nous perd cette valeur et suit le sort déplorable d’un fardeau inutile jeté dans les hôpitaux. Pour éviter cela, il faut s’unifier et catégoriquement refuser d’aller au front. [...] Nous exigeons qu’on nous renvoie en Russie, d’où nous avons été chassés par la volonté de Nicolas le sanglant. Là-bas nous serons du côté de la liberté, du côté du peuple laborieux et orphelin. ''»
 
La première Brigade arrive fin juin à La Courtine, et la deuxième le 5 juillet. Pour rallier cette dernière à sa cause, la première brigade organise une grande réunion dans la nuit du 5 au 6 juillet. Avec des mots rageurs et passionnés, ils appellent leurs camarades à la désertion pour ne plus combattre en France et rentrer auprès des leurs : « ''Dès notre arrivée en France, on a considéré le soldat russe non comme un homme, mais comme un objet utile et n’ayant pour seule valeur que sa capacité au combat. Mais au premier combat, une partie d’entre nous perd cette valeur et suit le sort déplorable d’un fardeau inutile jeté dans les hôpitaux. Pour éviter cela, il faut s’unifier et catégoriquement refuser d’aller au front. [...] Nous exigeons qu’on nous renvoie en Russie, d’où nous avons été chassés par la volonté de Nicolas le sanglant. Là-bas nous serons du côté de la liberté, du côté du peuple laborieux et orphelin. ''»
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A partir de là, la tragédie suit son cours inéluctable. Le 12 septembre, la population civile est évacuée. Le 14 septembre, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire russe donne 48 heures aux mutins pour se rendre. Mais, le 16 septembre, aucun mutin ne s’y résout. Pendant que les musiciens jouent ''La Marseillaise ''et la ''Marche Funèbre'' de Chopin, les premiers obus atterrissent sur le camp, et les mutins se réfugient dans les casernes. Le lendemain, les coups de canons reprennent. Les redditions se multiplient, mais une centaine des plus déterminés, assiégés et bombardés, résiste. Enfin, le 19 septembre, les derniers mutins se rendent.
 
A partir de là, la tragédie suit son cours inéluctable. Le 12 septembre, la population civile est évacuée. Le 14 septembre, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire russe donne 48 heures aux mutins pour se rendre. Mais, le 16 septembre, aucun mutin ne s’y résout. Pendant que les musiciens jouent ''La Marseillaise ''et la ''Marche Funèbre'' de Chopin, les premiers obus atterrissent sur le camp, et les mutins se réfugient dans les casernes. Le lendemain, les coups de canons reprennent. Les redditions se multiplient, mais une centaine des plus déterminés, assiégés et bombardés, résiste. Enfin, le 19 septembre, les derniers mutins se rendent.
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== Suites ==
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=== Suites ===
    
Le bilan officiel est de 9 morts chez les mutins. Le bilan officieux, établi par différents historiens, fait lui état d’au moins une centaine de morts et de blessés. 81 meneurs seront incarcérés à l’Île d’Aix. Après la répression, il restera à La Courtine 7 500 soldats russes ne jouissant d’aucune liberté, et les comités seront dissous. « Libérés » sous réserve de travail forcé, ce n’est qu’en 1919 que ceux qui le désirent pourront rentrer chez eux en échange de prisonniers français.
 
Le bilan officiel est de 9 morts chez les mutins. Le bilan officieux, établi par différents historiens, fait lui état d’au moins une centaine de morts et de blessés. 81 meneurs seront incarcérés à l’Île d’Aix. Après la répression, il restera à La Courtine 7 500 soldats russes ne jouissant d’aucune liberté, et les comités seront dissous. « Libérés » sous réserve de travail forcé, ce n’est qu’en 1919 que ceux qui le désirent pourront rentrer chez eux en échange de prisonniers français.
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