Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
m
aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 : −
[[File:Soviet Courtine 1917.jpg|right|468x342px|Soviet_Courtine_1917.jpg]] '''La mutinerie des soldats russes à La Courtine''' (commune française du département de la Creuse) a lieu en 1917 au sein du corps expéditionnaire russe. À la suite de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] et face à la faible considération qu'ont les Français de leur rôle dans la guerre, environ 9 000 soldats russes refusent le combat et installent dans le camp une véritable république [[Soviet|soviétique]] tout en réclamant leur retour en Russie. L'armée française, soutenue par les Russes loyalistes, reprendra le camp ; les combats feront officiellement 12 morts, dont neuf du côté des mutins.
+
[[File:Soviet Courtine 1917.jpg|right|468x342px|Le Soviet de Courtine en 1917.]] '''La mutinerie des soldats russes à La Courtine''' (commune française du département de la Creuse) a lieu en 1917 au sein du corps expéditionnaire russe. À la suite de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] et face à la faible considération qu'ont les Français de leur rôle dans la guerre, environ 9 000 soldats russes refusent le combat et installent dans le camp une véritable république [[Soviet|soviétique]] tout en réclamant leur retour en Russie. L'armée française, soutenue par les Russes loyalistes, reprendra le camp ; les combats feront officiellement 12 morts, dont neuf du côté des mutins.
    
== Les soldats russes sur le front ==
 
== Les soldats russes sur le front ==
Ligne 11 : Ligne 11 :  
Les soldats russes retenus en France veulent être partie prenante de ce bouleversement révolutionnaire. Suivant l’exemple des soviets russes, des comités sont créés par des appelés mais aussi par des civils russes exilés. Dans les Vosges, la revue de troupe du premier mai 1917 tourne à la manifestation : les gradés se retrouvent face à des drapeaux sur lesquels le mot « liberté » a été écrit. Ce n’est là qu’un premier mouvement de rébellion ; d’autres vont suivre et le Ministère de l’Intérieur, qui s’inquiète de la possible influence du contingent russe sur les troupes françaises, décide alors de les transférer dans un lieu le plus éloigné possible de tout contact avec les populations civile et militaire. Ils seront ainsi transférés dans la Creuse, au camp de La Courtine, qui avait servi auparavant de camp de prisonniers.
 
Les soldats russes retenus en France veulent être partie prenante de ce bouleversement révolutionnaire. Suivant l’exemple des soviets russes, des comités sont créés par des appelés mais aussi par des civils russes exilés. Dans les Vosges, la revue de troupe du premier mai 1917 tourne à la manifestation : les gradés se retrouvent face à des drapeaux sur lesquels le mot « liberté » a été écrit. Ce n’est là qu’un premier mouvement de rébellion ; d’autres vont suivre et le Ministère de l’Intérieur, qui s’inquiète de la possible influence du contingent russe sur les troupes françaises, décide alors de les transférer dans un lieu le plus éloigné possible de tout contact avec les populations civile et militaire. Ils seront ainsi transférés dans la Creuse, au camp de La Courtine, qui avait servi auparavant de camp de prisonniers.
   −
<h2> La mutinerie </h2>
+
== La mutinerie ==
<p>La première Brigade arrive fin juin à La Courtine, et la deuxième le 5 juillet. Pour rallier cette dernière à sa cause, la première brigade organise une grande réunion dans la nuit du 5 au 6 juillet. Avec des mots rageurs et passionnés, ils appellent leurs camarades à la désertion pour ne plus combattre en France et rentrer auprès des leurs&#160;: «&#160;<i>Dès notre arrivée en France, on a considéré le soldat russe non comme un homme, mais comme un objet utile et n’ayant pour seule valeur que sa capacité au combat. Mais au premier combat, une partie d’entre nous perd cette valeur et suit le sort déplorable d’un fardeau inutile jeté dans les hôpitaux. Pour éviter cela, il faut s’unifier et catégoriquement refuser d’aller au front. [...] Nous exigeons qu’on nous renvoie en Russie, d’où nous avons été chassés par la volonté de Nicolas le sanglant. Là-bas nous serons du côté de la liberté, du côté du peuple laborieux et orphelin.&#160;</i>»
+
 
</p><p>Cependant, la seconde brigade hésite à les rejoindre&#160;; tous ne sont pas encore acquis à la cause révolutionnaire et ont sûrement peur des représailles. Leurs supérieurs agiront à temps pour éviter un ralliement massif&#160;: le 8 juillet, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire Russe, craignant une mutinerie généralisée, décide de quitter le camp en compagnie de tous les officiers supérieurs et de dix mille hommes. Dix mille soldats «&#160;rebelles&#160;» restent donc seuls dans le camp. Pour la première fois, ils choisissent eux-mêmes leurs chefs. Après Baltaïs, qui négocie sans résultat avec les émissaires de Kerenski leur retour en Russie, c’est un Ukrainien, Globa, qui prend la tête des rebelles.
+
La première Brigade arrive fin juin à La Courtine, et la deuxième le 5 juillet. Pour rallier cette dernière à sa cause, la première brigade organise une grande réunion dans la nuit du 5 au 6 juillet. Avec des mots rageurs et passionnés, ils appellent leurs camarades à la désertion pour ne plus combattre en France et rentrer auprès des leurs&nbsp;: «&nbsp;''Dès notre arrivée en France, on a considéré le soldat russe non comme un homme, mais comme un objet utile et n’ayant pour seule valeur que sa capacité au combat. Mais au premier combat, une partie d’entre nous perd cette valeur et suit le sort déplorable d’un fardeau inutile jeté dans les hôpitaux. Pour éviter cela, il faut s’unifier et catégoriquement refuser d’aller au front. [...] Nous exigeons qu’on nous renvoie en Russie, d’où nous avons été chassés par la volonté de Nicolas le sanglant. Là-bas nous serons du côté de la liberté, du côté du peuple laborieux et orphelin.&nbsp;''»
</p><p>Pendant les négociations, les soldats aident la population dans ses travaux agricoles. Effrayé par l’influence des russes en pleine révolte sur la population locale, l’État-major français envoie début août trois mille soldats français encercler le camp. Les consignes sont strictes&#160;: utiliser la force en cas d’insubordination.
+
 
</p><p>A partir de là, la tragédie suit son cours inéluctable. Le 12 septembre, la population civile est évacuée. Le 14 septembre, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire russe donne 48 heures aux mutins pour se rendre. Mais, le 16 septembre, aucun mutin ne s’y résout. Pendant que les musiciens jouent <i>La Marseillaise </i>et la <i>Marche Funèbre</i> de Chopin, les premiers obus atterrissent sur le camp, et les mutins se réfugient dans les casernes. Le lendemain, les coups de canons reprennent. Les redditions se multiplient, mais une centaine des plus déterminés, assiégés et bombardés, résiste. Enfin, le 19 septembre, les derniers mutins se rendent.
+
Cependant, la seconde brigade hésite à les rejoindre&nbsp;; tous ne sont pas encore acquis à la cause révolutionnaire et ont sûrement peur des représailles. Leurs supérieurs agiront à temps pour éviter un ralliement massif&nbsp;: le 8 juillet, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire Russe, craignant une mutinerie généralisée, décide de quitter le camp en compagnie de tous les officiers supérieurs et de dix mille hommes. Dix mille soldats «&nbsp;rebelles&nbsp;» restent donc seuls dans le camp. Pour la première fois, ils choisissent eux-mêmes leurs chefs. Après Baltaïs, qui négocie sans résultat avec les émissaires de Kerenski leur retour en Russie, c’est un Ukrainien, Globa, qui prend la tête des rebelles.
</p>
+
 
 +
Pendant les négociations, les soldats aident la population dans ses travaux agricoles. Effrayé par l’influence des russes en pleine révolte sur la population locale, l’État-major français envoie début août trois mille soldats français encercler le camp. Les consignes sont strictes&nbsp;: utiliser la force en cas d’insubordination.
 +
 
 +
A partir de là, la tragédie suit son cours inéluctable. Le 12 septembre, la population civile est évacuée. Le 14 septembre, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire russe donne 48 heures aux mutins pour se rendre. Mais, le 16 septembre, aucun mutin ne s’y résout. Pendant que les musiciens jouent ''La Marseillaise ''et la ''Marche Funèbre'' de Chopin, les premiers obus atterrissent sur le camp, et les mutins se réfugient dans les casernes. Le lendemain, les coups de canons reprennent. Les redditions se multiplient, mais une centaine des plus déterminés, assiégés et bombardés, résiste. Enfin, le 19 septembre, les derniers mutins se rendent.
    
== Suites ==
 
== Suites ==
Ligne 26 : Ligne 29 :  
== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
   −
*[[Roger_Monclin|Roger Monclin]], ''Les Damnés de la guerre - Les crimes de la justice militaire (1914-1918)'', Paris&nbsp;: Mignolet & Storz, 1934
+
*[[Roger_Monclin|Roger Monclin]], ''Les Damnés de la guerre - Les crimes de la justice militaire (1914-1918)'', Paris&nbsp;: Mignolet & Storz, 1934  
*[[Guy_Pedroncini|Guy Pedroncini]], ''Les Mutineries de 1917'', 1967
+
*[[Guy_Pedroncini|Guy Pedroncini]], ''Les Mutineries de 1917'', 1967  
*Rémi Adam, ''Histoire des soldats russes en France, 1915-1920&nbsp;: les damnés de la guerre''
+
*Rémi Adam, ''Histoire des soldats russes en France, 1915-1920&nbsp;: les damnés de la guerre''  
*''Les carnets de guerre de [[Louis_Barthas|Louis Barthas]]'', tonnelier, 1914-1918, préface de [[Rémy_Cazals|Rémy Cazals]], première édition&nbsp;: Maspero, 1978&nbsp;; rééditions ''Éditions La Découverte'', 1997 et 2003
+
*''Les carnets de guerre de [[Louis_Barthas|Louis Barthas]]'', tonnelier, 1914-1918, préface de [[Rémy_Cazals|Rémy Cazals]], première édition&nbsp;: Maspero, 1978&nbsp;; rééditions ''Éditions La Découverte'', 1997 et 2003  
*[[Nicolas_Offenstadt|Nicolas Offenstadt]], ''Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999)'', Paris&nbsp;: [[Éditions_Odile_Jacob|éditions Odile Jacob]], 2000
+
*[[Nicolas_Offenstadt|Nicolas Offenstadt]], ''Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999)'', Paris&nbsp;: [[Éditions_Odile_Jacob|éditions Odile Jacob]], 2000  
*''Le Chemin des Dames, de l'événement à la mémoire'', dirigé par Nicolas Offenstadt, chapitre de [[Rémy_Cazals|Rémy Cazals]] page 217 et suivantes Paris, Stock, 2004
+
*''Le Chemin des Dames, de l'événement à la mémoire'', dirigé par Nicolas Offenstadt, chapitre de [[Rémy_Cazals|Rémy Cazals]] page 217 et suivantes Paris, Stock, 2004  
*[[Rémi_Adam|Rémi Adam]], ''1917, la révolte des soldats russes en France'', 2007 Éditions lbc, collection Histoire
+
*[[Rémi_Adam|Rémi Adam]], ''1917, la révolte des soldats russes en France'', 2007 Éditions lbc, collection Histoire  
*''Héros et mutins&nbsp;: les soldats russes sur le front français 1916-1918'', Gallimard-DMPA, 2010
+
*''Héros et mutins&nbsp;: les soldats russes sur le front français 1916-1918'', Gallimard-DMPA, 2010  
*Gilbert Cahen, ''Le Temps retrouvé du soldat russe Anissim Ilitch Otmakhov'' - France 1916-1920, 288 pages, 30 photos et 2 cartes. Auto-édition Gilbert Cahen Versailles, mars 2013.
+
*Gilbert Cahen, ''Le Temps retrouvé du soldat russe Anissim Ilitch Otmakhov'' - France 1916-1920, 288 pages, 30 photos et 2 cartes. Auto-édition Gilbert Cahen Versailles, mars 2013.  
    
== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
   −
*''1917&nbsp;: la mutinerie des soldats russes à La Courtine (Creuse)''
+
*''1917&nbsp;: la mutinerie des soldats russes à La Courtine (Creuse)''  
[[Catégorie:Révolution]] [[Catégorie:Histoire]]
+
 
 +
[[Category:Révolution]] [[Category:Histoire]]
851

modifications

Menu de navigation