Zemstvo

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Un congrès de zemtsvos (1905)

Un zemstvo (en russe Земство, dérivé de « zemlia » qui signifie « terre ») est un type d'assemblée provinciale de l'Empire russe créé en 1864. Ces assemblées, élues avec un suffrage censitaire (il fallait pouvoir payer l'impôt pour voter), représentaient la noblesse locale et les riches artisans et commerçants. Ils furent dissous en 1918 par le nouveau pouvoir soviétique au profit des Soviets locaux.

1 Histoire

En 1864, l'empereur Alexandre II réforme l'administration de l'Empire russe. Les provinces (Grande Russie, Petite Russie, Russie orientale, etc.) sont alors découpées en gouvernements (« Guberniyas »), eux-mêmes formés de districts. En Russie d'Europe (hors Pologne), ces derniers se dotent d’assemblées dirigeantes appelées zemstvos. Leurs pouvoirs vont des questions de ravitaillement, d'assistance publique, d'instruction primaire à l’entretien de la voirie et à la santé publique. Il n'y a pas eu d'assemblées en Pologne (la noblesse, base du principe, étant anti-russe), ni en Sibérie et Asie centrale, trop peu peuplées, ni dans le Caucase (pas entièrement "pacifié"). Au niveau plus local se trouvent les mir et les volost.

Seuls ceux capables de payer un cens très important participaient aux élections des zemstvos. Ces assemblées représentaient la noblesse locale (propriétaires terriens) et les gros commerçants et artisans. Cela représentait une très légère libéralisation politique, mais entièrement aux mains des nobles et notables locaux. C'est pourquoi les démocrates plus ou moins radicaux (social-démocrates, socialistes-révolutionnaires, anarchistes, nihilistes ...) s'opposaient largement à ce système, réclamant une démocratie réelle.

Les nobles représentaient 5 % de la population des zemstvos mais leurs votes avaient plus de poids que le reste de la population selon les provinces, 74 % des terres étant encore possédées par ces nobles. À la libéralisation des terres, qui suit l'abolition du servage avec l'oukase du 3 mars 1861, la plupart des 50 millions d'anciens serfs, ne pouvant acheter qu'une petite part de terre qui ne leur assure une subsistance moindre qu'auparavant, préfèrent travailler pour leur ancien seigneur, ce qui explique la forte présence d'aristocrates parmi les propriétaires terriens siégeant dans les zemstvos. Pour rendre l'acquisition de terres plus facile, Alexandre II avait institué une possibilité de crédit leur avançant les 4/5 de la valeur du terrain, remboursables en 49 annuités.

Les zemtsvos ont assuré des fonctions postales dans la deuxième moitié du 19e siècle. En effet, la poste impériale n'assurait un service que dans les grandes villes, et les habitants des campagnes et des petites villes devaient se déplacer parfois d'une centaine de kilomètres pour récupérer leur courrier. Vers la fin du 19e siècle, ce système est peu à peu officialisé par le régime, et intégré à la poste impériale.

Le tsar Alexander III soumet les zemstvos à plus d'autoritarisme par sa loi du 25 juin 1890 qui les subordonne aux gouverneurs, qui doivent donner leur accord sur chaque décision.

Au moment de l'effervescence de 1905, les campagnes s'agitent et les zemstvos réclament le suffrage universel.

L'Union pan-russe des zemtsvos est mise en place en août 1914 pour porter la voix des zemtsvos. Elle fonctionnait en lien avec l'Union des villes[1] (Vserossiiskii soiuz gorodov) à partir de 1915 (formant un Zemgor), et poussait dans le même sens que le libéralisme bourgeois.

1.1 L'année 1917

Les zemstvos retardaient globalement sur la révolution. Ils mettaient plus de temps que les doumas à être renouvelés.

Dans beaucoup de provinces, de larges alliances d'organisations constituent des « Comités d'organisation » qui expulsent la police et autres fonctionnaires tsaristes, organisent le ravitaillement et maintiennent l'ordre eux-mêmes. En mars, 79 comités de ce type s'étaient formés au niveau provincial (goubernia), 651 au niveau des comtés (uezd) et plus de 9000 au niveau des volost.[2] Au début, il y avait dans certains endroit très peu de militants organisés : jusqu'à 75% dans le Comité de Saratov. Ces comités laisseront peu à peu la place aux soviets, dont le modèle se généralise. Mais le gouvernement provisoire préfère nommer ses commissaires locaux parmi les notables des zemstvos.[3]

En Octobre, beaucoup de zemstvos gardaient encore leur composition élue au suffrage censitaire sous le tsarisme. Il y avait cependant des exceptions :

« À Ivanovo-Voznessensk, le Manchester russe, les bolcheviks, en tant que maîtres pourvus de pleins pouvoirs, ont assumé tous le travail dans les soviets, la douma, et le zemstvo. »[4]

Cela n'empêche pas les « démocrates » (bourgeois et socialistes conciliateurs) de représenter largement les zemstvos lors de la Conférence démocratique de septembre, et de proclamer que celle-ci est plus représentative que le congrès des soviets (que les leaders socialistes rechignent à convoquer).

En août le bolchévisme commence à arriver jusqu'aux campagnes. Zoumorine, un paysan de la province de Simbirsk, écrit dans ses Souvenirs : « Des ouvriers parcoururent les villages, faisant de l'agitation pour le parti des bolcheviks, exposant son programme. » Le juge d'instruction du district de Sebèje a ouvert une procédure au sujet d'une ouvrière du textile arrivée de Pétrograd, Tatiana Mikhaïlova, 26 ans, qui, dans son village, « appelait au renversement du gouvernement provisoire et vantait la tactique de Lénine ». Dans la province de Smolensk, vers la fin d'août, comme en témoigne le paysan Kotov, « on prêta l'oreille à la voix de Lénine ». Mais aux zemstvos de cantons ceux que l'on élit sont encore pour l'immense majorité des SR.

Globalement, les paysans se sont bien plus saisis des comités agraires pour leurs menées révolutionnaires, que des zemstvos de canton.

Les zemstvos sont abolis avec la Révolution d'Octobre. Le pouvoir local est transféré aux Soviets locaux, plus représentatifs de la population.

2 Voir aussi

3 Notes

4 Sources