Violence

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Une du Petit Journal, journal foncièrement anticommuniste

La violence est l’utilisation de force physique ou psychologique pour contraindre, dominer, causer des dommages ou la mort. Elle implique des coups, des blessures, de la souffrance.

1 Tendances historiques

1.1 Actes et phénomènes violents

On sait peu de choses sur les premières sociétés humaines (communisme primitif). Des études indiquent néanmoins qu'il y n'avait pas de guerres à proprement parler.

Très tôt, les idéologies dominantes intègrent des condamnations morales de la violence. Les religions par exemple (« Tu ne tueras point... »).

En Europe de l'Ouest, les chiffres bruts indiquent une baisse des meurtres :

  • 13e siècle : 100 meurtres pour 100 000 habitants ;
  • 17e siècle : 10 meurtres pour 100 000 habitants ;
  • 21e siècle : 1 meurtre pour 100 000 habitants.

Les duels, longtemps considérés comme formateurs pour les jeunes nobles porteurs d’épée, ont été interdits par Richelieu. L’infanticide a été condamné par la loi au 17e siècle.

Les guerres de la période médiévale détiennent sans doute les records historiques, comparativement : les conquêtes de Gengis Khan au 13e siècle avaient éradiqué 20% des habitant-e-s de la planète (4% pour les guerres du 20e siècle). Après un 20e siècle particulièrement violent, la décennie 2001-2011 aurait été la moins violente de l'histoire.[1]

Joseph Schumpeter soutenait dans son essai Contribution à une sociologie des impérialismes (1919) que le capitalisme contenait une tendance à la diminution des guerres, celles-ci étant désormais majoritairement rejetées par les populations, et devant donc être justifiées par les gouvernants.

En France, le taux de meurtres a été divisé par 2 de 1996 (1,73 pour 100 000) à 2014 (0,85). Pour toutes les autres formes de violence, y compris les vols, destructions de biens et incendies de voitures, la tendance est à la baisse.

La tendance à l’interdiction de la torture et de la peine de mort fait également partie de ce progrès.

Si les violences entre hommes régressent, celles à l’égard des femmes résistent et souvent ne sont même pas réprimées. Les viols (devenus un crime en 1810 seulement) restent la forme de violence la plus répandue et celle qui baisse le moins vite. Plus de 200 par jour, 75 000 par an en France. Sans compter que seuls un dixième d’entre eux sont déclarés, 80 % ayant lieu dans un cadre privé, du fait d’hommes connus de la victime, souvent membres de la famille. La violence conjugale tend à perdre en légitimité.

La violence des parents envers leurs enfants, d'abord légitimée comme naturelle et bénéfique, tend à être reconnue comme néfaste et condamnable.

🔍 Voir : Patriarcat.

1.2 Violence inter-personnelle et violence d'Etat

Selon la définition classique de Max Weber, « l'État revendique le monopole de la violence légitime ».[2] Historiquement, l'État bourgeois s'est construit en défaisant les autres groupes (féodaux, etc.) du droit d'utiliser la violence pour leur propre compte. Même si ce monopole peut être contesté (mafias, guerrillas, terroristes...) il reste la caractéristique du fonctionnement de l'Etat bourgeois.

1.3 Perception de la violence

La violence est notoirement un sujet qui fait de l'audience dans les médias. Mais cela connaît des variations en fonction de la situation. Quand, après la Seconde Guerre mondiale, un meurtre était commis dans une ville de province, seul le journal local le relayait. Aujourd’hui, c’est un événement national télévisé, notamment parce que c'est devenu plus rare.

L'analyse d'une série mensuelle de réponses des Français concernant la violence et la criminalité montre que :

  • Les fluctuations de l'inquiétude manifestée par l'opinion ne sont pas corrélées avec celles des crimes ou délits tels qu'enregistrés par les statistiques judiciaires.
  • Les pics d'inquiétude correspondent assez systématiquement à des événements impressionnants médiatisés et dont les victimes sont des gens « ordinaires » auxquels chacun peut s'identifier.[3]

La couverture médiatique varie aussi en fonction de la capacité de "s'identifier" aux victimes. Plus les morts sont "loins" moins on s'en soucie (les journalistes parlent du critère "morts x kilomètres"). Ainsi il arrive en permanence que des journaux télévisés parlent pendant 15 min d'un meurtre en France dû à un psychopathe, et seulement 5 min d'une guerre lointaine qui fait 100 morts par jour.

Cette identification est aussi construite socialement. D'abord par le nationalisme : si ce sont des "compatriotes" qui sont morts dans un accident d'avion lointain, la couverture médiatique sera tout de même importante. Construite aussi par le racisme : si ce sont des Blancs qui meurent, on en parlera davantage (dans les pays à majorité blanche) que si ce sont des Noirs. Et on parlera bien sûr davantage de la mort d'un Steve Jobs ou d'un Christophe Margerie que d'un SDF mort de froid en hiver.

Le socialiste Jean Jaurès avait osé mettre clairement en lumière cette violence quotidienne dans un célèbre discours à l'Assemblée en 1906 :

Ah ! les conditions de la lutte sont terriblement difficiles pour les ouvriers ! La violence, pour eux, c’est chose visible, palpable. Un geste de menace, il est vu, il est retenu. Une démarche d’intimidation est saisie, constatée, traînée devant les juges. Le propre de l’action ouvrière, dans ce conflit, lorsqu’elle s’exagère, lorsqu’elle s’exaspère, c’est de procéder, en effet, par la brutalité visible et saisissable des actes. Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. Cela ne fait pas de bruit ; c’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle le broie. [...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité.[4]

1.4 Représentation de la violence

Dans le même temps, la mise en scène de la violence a atteint son paroxysme, que ce soit dans les films (une affiche de cinéma sur deux montre un homme tenant une arme), les jeux vidéos, les livres...

Alors pour certains, la représentation de la violence attise la violence, pour d'autres, elle la défoule.

2 Violence du système

L'idéologie dominante passe généralement sous silence l'impact qu'a le système sur la violence que nous subissons. Le capitalisme a la particularité d'avoir de très nombreux effets sur nos vies, mais de ne pas reposer sur les formes de coercition directe comme l'esclavage, le servage, etc. Il arrive donc à faire passer la plupart des phénomènes qui touchent les individus comme des choix indivudels ou des intéractions entre individus, sans rapport avec l'organisation de la société.

Par exemple l'infographie ci-dessous vise à montrer que l'immense majorité des causes de mortalités sont "auto-infligées", et à les opposer à la minorité des "autres" causes.

CauseMortsMonde.jpg

Pourtant, pour les deux premières causes de mortalité, tabagisme et alcool, de nombreuses études ont montré que l'on en meurt plus si l'on est un prolétaire que si l'on est un riche.[5]

De même pour les accidents de la route.

Enfin, les suicides nous font souvent penser à des peines de cœur, des cas particuliers de harcèlement, etc. Pourtant le lien est évident avec la violence du système capitaliste, même si ces causes ne sont pas à nier. Par exemple, le nombre de suicides s'est envolé en Grèce à partir de la crise de 2008 pour décrocher le record d'Europe.

3 Violence et révolution

Les communistes révolutionnaires considèrent que la violence révolutionnaire est "nécessaire". Il ne s'agit pas d'un idéal de violence, mais d'un constat que le capitalisme est défendu par la classe bourgeoise qui en tire profit, et qui utilise toujours les moyens répressifs de l'Etat lorsque sa domination est menacée.

La « violence révolutionnaire » des opprimés contre l'État a été justifiée par Marx et Engels (pour qui l'Etat est le « bras armé de la bourgeoisie »), par Walter Benjamin[6], ou par les Black Panthers (pour qui le racisme institutionnel justifiait la constitution de milices d'auto-défense). Nelson Mandela disait :

C'est toujours l'oppresseur, non l'opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l'oppresseur utilise la violence, l'opprimé n'aura pas d'autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n'était qu'une forme de légitime défense.[7]

Les communistes considèrent généralement que ce n'est pas le mouvement ouvrier qui doit prendre l'initiative de la violence, mais qu'il doit toujours savoir se tenir prêt, et faire la démonstration que ce n'est pas lui qui est porteur de violence, mais la réaction. Cela entre en contradiction avec d'autres tendances du mouvement social, qu'elles se revendiquent du populisme (Narodnaia Volia...), de l'anarchisme (partisans de la propagande par le fait...), de l'autonomie ouvrière, etc. Le mouvement communiste lui-même est bien sûr soumis à ce même clivage, entre d'un côté une tentation gauchiste (fusillade de la rue Damrémont par exemple) et le légalisme par principe qui caractérise les PC défintivement stalinisés.

La question de l'utilisation de la violence dans la lutte sociale continue à faire l'objet de profonds débats dans l'extrême gauche.

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4 Notes et sources