Différences entre les versions de « Transports »

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[[File:MoyensTransportEvolution.png|right|525x114px|MoyensTransportEvolution.png]]Les '''moyens de transport''' sont essentiels pour la [[Production|production]]. Ils sont aussi fortement liés à la question de la consommation d'énergie et à l'[[Effet de serre|effet de serre]]. Tant pour des raisons sociales qu'écologiques, les [[Communistes révolutionnaires|communistes révolutionnaires]] soulignent la nécessité de les arracher de la société [[Capitalisme|capitaliste]].
 
  
== Perspective historique ==
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[[File:MoyensTransportEvolution.png|right|525x114px|MoyensTransportEvolution.png]]Les '''moyens de transport''' sont essentiels pour la [[Production|production]]. Ils sont aussi fortement liés à la question de la consommation d'énergie et à l'[[Effet_de_serre|effet de serre]]. Tant pour des raisons sociales qu'écologiques, les [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]] soulignent la nécessité de les arracher de la société [[Capitalisme|capitaliste]].
  
Les moyens de transport ont une histoire profondément liée à celle des [[Moyens de production|moyens de production]]. Leur efficacité et la diminution de leur coût suit globalement celle de la productivité du travail. De ce point de vue, des innovations majeures comme la domestication des chevaux, la roue, les routes, les ponts, les chemins de fer... ont permis le [[Progrès social|progrès social]].
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==Perspective historique==
  
Ce progrès n'a jamais été linéaire, mais [[Dialectique|dialectique]] : avec des phases de stagnation et parfois des reculs et puis des rebonds fulgurants. Par exemple, au sein des premières sociétés ([[Esclavagisme|esclavagistes]], [[Féodalisme|féodales]]...) il était fréquent que l'amélioration des réseaux de transports permette des périodes de progrès du [[Commerce|commerce]], de la diffusion des techniques, des arts et des idées... Mais cela permettait aussi à un empire dominé par une [[Classe dominante|classe dominante]] parasitaire de tenir sous sa coupe de vastes territoires et finalement d'en freiner le développement. Des phases d'apparent repli profond de la civilisation (les "[[Moyen-Âge|moyen-âges]]", ou "âges sombres") ont permis en réalité de nouveaux rapports sociaux de production et ultérieurement un développement plus puissant des échanges et des transports.
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Les moyens de transport ont une histoire profondément liée à celle des [[Moyens_de_production|moyens de production]]. Leur efficacité et la diminution de leur coût suit globalement celle de la productivité du travail. De ce point de vue, des innovations majeures comme la domestication des chevaux, la roue, les routes, les ponts, les chemins de fer... ont permis le [[Progrès_social|progrès social]].
  
Le [[Capitalisme|capitalisme]] a donné un coup d'accélérateur sans précédant à ce processus. La [[Mondialisation|mondialisation]], qui est une tendance depuis au moins le début de l'époque moderne, a atteint un niveau sans précédent depuis la [[Révolution industrielle|révolution industrielle]], avec les bateaux à vapeur, les avions, les TGV, les voitures... Cette internationalisation des échanges a accompagné une [[Division internationale du travail|division internationale du travail]], qui a rendu le monde entier interdépendant. Comme tous les développements engendrés par le capitalisme, ces transports ont une double caractéristique :
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Ce progrès n'a jamais été linéaire, mais [[Dialectique|dialectique]] : avec des phases de stagnation et parfois des reculs et puis des rebonds fulgurants. Par exemple, au sein des premières sociétés ([[Esclavagisme|esclavagistes]], [[Féodalisme|féodales]]...) il était fréquent que l'amélioration des réseaux de transports permette des périodes de progrès du [[Commerce|commerce]], de la diffusion des techniques, des arts et des idées... Mais cela permettait aussi à un empire dominé par une [[Classe_dominante|classe dominante]] parasitaire de tenir sous sa coupe de vastes territoires et finalement d'en freiner le développement. Des phases d'apparent repli profond de la civilisation (les "[[Moyen-Âge|moyen-âges]]", ou "âges sombres") ont permis en réalité de nouveaux rapports sociaux de production et ultérieurement un développement plus puissant des échanges et des transports.
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Le [[Capitalisme|capitalisme]] a donné un coup d'accélérateur sans précédant à ce processus. La [[Mondialisation|mondialisation]], qui est une tendance depuis au moins le début de l'époque moderne, a atteint un niveau sans précédent depuis la [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]], avec les bateaux à vapeur, les avions, les TGV, les voitures... Cette internationalisation des échanges a accompagné une [[Division_internationale_du_travail|division internationale du travail]], qui a rendu le monde entier interdépendant. Comme tous les développements engendrés par le capitalisme, ces transports ont une double caractéristique :
  
 
*Ils sont la base d'un progrès partiel et potentiellement généralisable : la fin des nationalismes étroits, le voyage et la découverte des merveilles du monde...
 
*Ils sont la base d'un progrès partiel et potentiellement généralisable : la fin des nationalismes étroits, le voyage et la découverte des merveilles du monde...
*Ils sont aussi marqués par les tares capitalistes : profondes inégalités d'accès, entraves de la concurrence et des frontières, et sans doute un des problèmes les plus dangereux : les [[Crises écologiques|crises écologiques]] engendrées
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*Ils sont aussi marqués par les tares capitalistes : profondes inégalités d'accès, entraves de la concurrence et des frontières, et sans doute un des problèmes les plus dangereux : les [[Crises_écologiques|crises écologiques]] engendrées
  
Seule une [[Révolution socialiste|révolution socialiste]] pourrait véritablement faire émerger un réseau mondial de transport qui soit rationalisé, écologique et ouvert à tous.
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Seule une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]] pourrait véritablement faire émerger un réseau mondial de transport qui soit rationalisé, écologique et ouvert à tous.
  
== Les transports capitalistes ==
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==Les transports capitalistes==
  
=== Coûts minimisés ===
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===Coûts minimisés===
  
 
L'industrialisation a permis de diminuer drastiquement les coûts de transport.
 
L'industrialisation a permis de diminuer drastiquement les coûts de transport.
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===Industrialisation et transports===
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L'industrialisation implique une concentration des lieux de production. Par rapport à de multiples artisans dispersés sur le territoire, une usine a un rayon d'approvisionnement (en matières premières) et d'achalandage (vente de ses marchandises) bien plus étendu.
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Par conséquent, l'industrialisation va nécessairement avec une augmentation des transports.
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Mais le degré de cette augmentation, et le type du transport utilisé, dépendent de multiples paramètres&nbsp;: coût des différents transports, coût de la main d'oeuvre dans différents secteurs...
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Selon l'Insee, le transport intérieur de marchandises a augmenté de 76&nbsp;% entre 1985 et 2006.
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===Coût direct et flexibilité===
  
 
[[File:CamionsPorteContainers.png|right|CamionsPorteContainers.png]]Le coût direct n'est pas celui sur lequel s'appuient les capitalistes pour prendre leurs décisions d'investissement. Car en réalité chaque moyen de transport implique une logistique particulière, et le coût total (transport + logistique) peut inverser les calculs de rentabilité.
 
[[File:CamionsPorteContainers.png|right|CamionsPorteContainers.png]]Le coût direct n'est pas celui sur lequel s'appuient les capitalistes pour prendre leurs décisions d'investissement. Car en réalité chaque moyen de transport implique une logistique particulière, et le coût total (transport + logistique) peut inverser les calculs de rentabilité.
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En particulier, le fret ferroviaire nécessite une logistique assez stable, avec des stocks et des itinéraires peu variables. Longtemps, cela a été le choix le plus rentable pour beaucoup de [[Marchandises|marchandises]] effectuant de longs trajets. Mais de plus en plus, avec l'instabilité des marchés, les capitalistes favorisent les camions. Cela leur permet de pousser à fond la logique du flux-tendu et de minimiser les stocks pour minimiser les risques. En Europe ces 30 dernières années, on a construit 1 200 km de routes par an et supprimé 600 km de lignes chemin de fer. De même, le transport fluvial a largement diminué au profit du routier.
 
En particulier, le fret ferroviaire nécessite une logistique assez stable, avec des stocks et des itinéraires peu variables. Longtemps, cela a été le choix le plus rentable pour beaucoup de [[Marchandises|marchandises]] effectuant de longs trajets. Mais de plus en plus, avec l'instabilité des marchés, les capitalistes favorisent les camions. Cela leur permet de pousser à fond la logique du flux-tendu et de minimiser les stocks pour minimiser les risques. En Europe ces 30 dernières années, on a construit 1 200 km de routes par an et supprimé 600 km de lignes chemin de fer. De même, le transport fluvial a largement diminué au profit du routier.
  
=== Coûts socialisés ===
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===Coûts socialisés===
  
 
Mais le «&nbsp;tout routier&nbsp;» a aussi été possible parce que la collectivité a pris en charge une part importante des investissements pour construire les autoroutes, sans que ces coûts soient répercutés sur le prix du transport de marchandises. 90&nbsp;% de l'usure des routes est dû aux poids lourds. Chaque centaine de kilomètres parcourue par un poids lourd coûte 36 euros à la collectivité alors que l'entreprise qui l'affrète n’en paye que 24 en taxes, péages, etc. Dans le budget de l’État consacré aux infrastructures de transports, 69&nbsp;% de l’argent vont au réseau routier contre seulement 12&nbsp;% pour le rail, le reste allant aux aéroports. A cela il faudrait ajouter les coûts difficiles à estimer sur la santé publique, qui ne sont évidemment pas payés par les transporteurs.
 
Mais le «&nbsp;tout routier&nbsp;» a aussi été possible parce que la collectivité a pris en charge une part importante des investissements pour construire les autoroutes, sans que ces coûts soient répercutés sur le prix du transport de marchandises. 90&nbsp;% de l'usure des routes est dû aux poids lourds. Chaque centaine de kilomètres parcourue par un poids lourd coûte 36 euros à la collectivité alors que l'entreprise qui l'affrète n’en paye que 24 en taxes, péages, etc. Dans le budget de l’État consacré aux infrastructures de transports, 69&nbsp;% de l’argent vont au réseau routier contre seulement 12&nbsp;% pour le rail, le reste allant aux aéroports. A cela il faudrait ajouter les coûts difficiles à estimer sur la santé publique, qui ne sont évidemment pas payés par les transporteurs.
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Du point de vue de la collectivité, il serait bien plus rationel de limiter autant que possible les camions et les avions en organisant les transports nécessaires autour de grands axes ferroviaires ou fluviaux. Mais la rationalité du capitalisme n'est que celle du profit maximal pour quelques uns.
 
Du point de vue de la collectivité, il serait bien plus rationel de limiter autant que possible les camions et les avions en organisant les transports nécessaires autour de grands axes ferroviaires ou fluviaux. Mais la rationalité du capitalisme n'est que celle du profit maximal pour quelques uns.
  
=== Pavillons de complaisances et marées noires ===
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===Pavillons de complaisances et marées noires===
  
 
Une énorme partie des marchandises transite par navires porte-conteneurs&nbsp;: plus de 40 000 navires de plus de cent tonnes sillonnent actuellement les océans. Là aussi, la logique capitaliste fait des ravages.
 
Une énorme partie des marchandises transite par navires porte-conteneurs&nbsp;: plus de 40 000 navires de plus de cent tonnes sillonnent actuellement les océans. Là aussi, la logique capitaliste fait des ravages.
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La recherche systématique de la route la plus courte malgré les dangers, la pression mise par les affréteurs pour respecter coûte que coûte des délais de livraison réduits au minimum, pour ne pas perdre leur tour au déchargement dans les grands ports, poussent les capitaines des navires à prendre des risques et à naviguer y compris par forte tempête.
 
La recherche systématique de la route la plus courte malgré les dangers, la pression mise par les affréteurs pour respecter coûte que coûte des délais de livraison réduits au minimum, pour ne pas perdre leur tour au déchargement dans les grands ports, poussent les capitaines des navires à prendre des risques et à naviguer y compris par forte tempête.
  
De plus beaucoup de navires sont de véritables poubelles, dont des pétroliers comme l'Erika et le Prestige responsables de [[Marée noire|marées noires]] sur les côtes atlantiques. Tous les 3 jours, un navire de plus de 300 tonnes fait naufrage quelque part dans le monde. À chaque fois, c’est un drame pour les marins qui perdent la vie, et un désastre pour l’environnement, les côtes, les riverains, les pêcheurs... Et à côté des médiatiques marées noires, il y a tout le fléau permanent des déballastages sauvages, qui représentent au moins autant d'hydrocarbures rejetés.
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De plus beaucoup de navires sont de véritables poubelles, dont des pétroliers comme l'Erika et le Prestige responsables de [[Marée_noire|marées noires]] sur les côtes atlantiques. Tous les 3 jours, un navire de plus de 300 tonnes fait naufrage quelque part dans le monde. À chaque fois, c’est un drame pour les marins qui perdent la vie, et un désastre pour l’environnement, les côtes, les riverains, les pêcheurs... Et à côté des médiatiques marées noires, il y a tout le fléau permanent des déballastages sauvages, qui représentent au moins autant d'hydrocarbures rejetés.
  
Les [[Etats bourgeois|Etats bourgeois]], qui font mine de légiférer contre ces "abus", acompagnent en réalité les capitalistes, en particulier avec le système des pavillons de complaisance, qui concerne près de 60% des navires. Cela permet à un armateur de ne respecter aucune des lois internationales en vigueur, d’embaucher des marins en sous-effectif, sous-payés et épuisés par des temps de veille rallongés. Ce système a été généralisé dans les années 1960 et 1970 par tous les armateurs occidentaux avec le soutien de leurs gouvernements. La France a elle-même créé en 1986, sous la cohabitation Mitterrand-Chirac, le pavillon des Kerguelen. Le gouvernement Raffarin a renchéri en 2005 avec le «&nbsp;Registre International Français&nbsp;» qui permet aux armateurs de toucher les subventions européennes tout en continuant à s’affranchir des lois sociales et environnementales contraignantes. En général, le coût d'une amende pour déballastage ou le coût des dommages et intérêts infligés en cas de marée noire sont très faibles par rapport aux profits réalisés. C'est là aussi une forme de socialisation des pertes par la collectivité.
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Les [[Etats_bourgeois|Etats bourgeois]], qui font mine de légiférer contre ces "abus", acompagnent en réalité les capitalistes, en particulier avec le système des pavillons de complaisance, qui concerne près de 60% des navires. Cela permet à un armateur de ne respecter aucune des lois internationales en vigueur, d’embaucher des marins en sous-effectif, sous-payés et épuisés par des temps de veille rallongés. Ce système a été généralisé dans les années 1960 et 1970 par tous les armateurs occidentaux avec le soutien de leurs gouvernements. La France a elle-même créé en 1986, sous la cohabitation Mitterrand-Chirac, le pavillon des Kerguelen. Le gouvernement Raffarin a renchéri en 2005 avec le «&nbsp;Registre International Français&nbsp;» qui permet aux armateurs de toucher les subventions européennes tout en continuant à s’affranchir des lois sociales et environnementales contraignantes. En général, le coût d'une amende pour déballastage ou le coût des dommages et intérêts infligés en cas de marée noire sont très faibles par rapport aux profits réalisés. C'est là aussi une forme de socialisation des pertes par la collectivité.
  
=== Enchevêtrement mondial désordonné ===
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===Enchevêtrement mondial désordonné===
  
La production et les transports capitalistes ne répondent à aucun plan d'ensemble, aucun recensement des besoins, et donc engendrent d'innombrables gâchis d'énergie et de travail humain.
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[[File:Mondialisation.jpg|right|251x250px]]La production et les transports capitalistes ne répondent à aucun plan d'ensemble, aucun recensement des besoins, et donc engendrent d'innombrables gâchis d'énergie et de travail humain.
  
 
*En 2007, la France a exporté 9,2 millions de tonnes de produits laitiers... et elle en a importé 4,4 millions de tonnes.<ref>http://faostat.fao.org/site/535/default.aspx</ref>
 
*En 2007, la France a exporté 9,2 millions de tonnes de produits laitiers... et elle en a importé 4,4 millions de tonnes.<ref>http://faostat.fao.org/site/535/default.aspx</ref>
 
*Chaque année, 60 000 tonnes de poulets sont importées par le Royaume-Uni depuis les Pays-Bas, tandis que les Pays-Bas importent, eux, 30 000 tonnes de poulets britanniques qui voyagent dans l’autre sens.<ref name="latouche">Serge Latouche, [http://books.google.fr/books?id=FpkG6O7mVGAC Le pari de la décroissance]</ref>
 
*Chaque année, 60 000 tonnes de poulets sont importées par le Royaume-Uni depuis les Pays-Bas, tandis que les Pays-Bas importent, eux, 30 000 tonnes de poulets britanniques qui voyagent dans l’autre sens.<ref name="latouche">Serge Latouche, [http://books.google.fr/books?id=FpkG6O7mVGAC Le pari de la décroissance]</ref>
 
*En 1999, la France a exporté 3,5 milliards de tonnes de lait et en a importé 1,6 milliard de tonnes.
 
*En 1999, la France a exporté 3,5 milliards de tonnes de lait et en a importé 1,6 milliard de tonnes.
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*Deux-tiers des produits transportés par avion sont des fruits et légumes.
 
*Les États-Unis, riches en bois, importent des allumettes du Japon qui doit se procurer du bois en pillant les forêts indonésiennes, tandis que le Japonais importe des baguettes des États-Unis.
 
*Les États-Unis, riches en bois, importent des allumettes du Japon qui doit se procurer du bois en pillant les forêts indonésiennes, tandis que le Japonais importe des baguettes des États-Unis.
 
*Un pot de yogourt à la fraise de 125 g vendu à Stuttgart en 1992 a parcouru 9 115 Km, si on cumule le parcours du lait, celui des fraises cultivées en Pologne, celui de l’aluminium pour l’étiquette, la distance à la distribution, etc.<ref>Thèse de Stéphanie Böge publiée en 1993 par le Wuppertal Institut (Silence n° 167, juillet 1993)</ref>
 
*Un pot de yogourt à la fraise de 125 g vendu à Stuttgart en 1992 a parcouru 9 115 Km, si on cumule le parcours du lait, celui des fraises cultivées en Pologne, celui de l’aluminium pour l’étiquette, la distance à la distribution, etc.<ref>Thèse de Stéphanie Böge publiée en 1993 par le Wuppertal Institut (Silence n° 167, juillet 1993)</ref>
*Lors de l’accident du tunnel sous le mont Blanc, l’un des poids lourds en cause ramenait vers l’Europe du Nord des pommes de terre qui s’étaient faites transformer en chips en Italie, tandis qu’on transportait du papier hygiénique dans les deux sens&nbsp;!<ref name="latouche">_</ref>
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*Lors de l’accident du tunnel sous le mont Blanc, l’un des poids lourds en cause ramenait vers l’Europe du Nord des pommes de terre qui s’étaient faites transformer en chips en Italie, tandis qu’on transportait du papier hygiénique dans les deux sens&nbsp;!<ref name="latouche" />
 
*Des crevettes pêchées au Danemark sont décortiquées au Maroc et réexpédiées dans leur pays d'origine, le transport se faisant principalement par camion. La différence de coût de main-d’œuvre de ces deux pays est suffisante pour rendre l'opération économiquement rentable. Autre exemple: des pommes de terre cultivées aux Pays-Bas sont lavées et épluchées en Italie avant de revenir aux Pays-Bas.<ref>Documents de Greenpeace Suisse cités par Jean-Luc Wingert, La vie après le pétrole</ref>
 
*Des crevettes pêchées au Danemark sont décortiquées au Maroc et réexpédiées dans leur pays d'origine, le transport se faisant principalement par camion. La différence de coût de main-d’œuvre de ces deux pays est suffisante pour rendre l'opération économiquement rentable. Autre exemple: des pommes de terre cultivées aux Pays-Bas sont lavées et épluchées en Italie avant de revenir aux Pays-Bas.<ref>Documents de Greenpeace Suisse cités par Jean-Luc Wingert, La vie après le pétrole</ref>
 
*Une bouteille de ketchup vendue en Suède a subi 52 étapes de transport/traitement, passant par les Pays-Bas, l'Italie, le Royaume-Uni, le Japon, la Belgique, le Danemark.<ref>[http://www.youthxchange.net/fr/main/b226_food_miles-e.asp ÉTUDE DE CAS / KETCHUP SUÉDOIS]</ref>
 
*Une bouteille de ketchup vendue en Suède a subi 52 étapes de transport/traitement, passant par les Pays-Bas, l'Italie, le Royaume-Uni, le Japon, la Belgique, le Danemark.<ref>[http://www.youthxchange.net/fr/main/b226_food_miles-e.asp ÉTUDE DE CAS / KETCHUP SUÉDOIS]</ref>
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*Une boîte de soupe à la tomate parcourt jusqu’à 32 000 kilomètres avant d’être consommée.<ref>[http://accompagnement-projets.hespul.org/particuliers/27/l-alimentation/bien-choisir-56/ Source : Centre d’éducation à l’environnement de la Province d’Anvers]</ref>
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*En comptant tous les déplacements des différents ingrédients d'un yaourt aux fruits, on atteint les 9 000 km.<ref>Bernard Pellecuer, [https://books.google.fr/books?id=J2XZNDa-kAAC&pg=PA70&lpg=PA70#v=onepage&q&f=false ''Energies renouvelables et agriculture: perspectives et solutions pratiques''], 2007</ref>
 
*Des pommes de terre cultivées en Bavière (Allemagne) font, en camion, l’aller-retour vers l’Italie uniquement pour être emballées.
 
*Des pommes de terre cultivées en Bavière (Allemagne) font, en camion, l’aller-retour vers l’Italie uniquement pour être emballées.
 
*Le coton produit en Afrique de l’Ouest est transporté vers Le Havre, transformé en tissu dans le nord de la France, expédié au Maroc pour être transformé en vêtements qui seront vendus en France.
 
*Le coton produit en Afrique de l’Ouest est transporté vers Le Havre, transformé en tissu dans le nord de la France, expédié au Maroc pour être transformé en vêtements qui seront vendus en France.
 
*Les langoustines pêchées en mer d’Écosse sont congelées, décortiquées en Thaïlande (où l'ouvrier-ère est payé-e 28 fois moins), avant d'être réexpédiées en Écosse.<ref>[http://www.gresea.be/spip.php?article641 On peut même délocaliser des langoustines...]</ref>
 
*Les langoustines pêchées en mer d’Écosse sont congelées, décortiquées en Thaïlande (où l'ouvrier-ère est payé-e 28 fois moins), avant d'être réexpédiées en Écosse.<ref>[http://www.gresea.be/spip.php?article641 On peut même délocaliser des langoustines...]</ref>
<blockquote>«&nbsp;Pour peu qu’un grossiste ait trouvé une filière rentable, on peut ainsi trouver à Pointe-à-Pitre des oranges venues d’Afrique du Sud, après avoir transité parfois par Rungis, alors qu’on en cultive en Amérique Centrale ou dans la proche Floride… Chaque grande entreprise, chaque trust rationalise sa production et l’organigramme de ses différentes usines. Mais chacun le fait indépendamment et même en concurrence avec tous les autres. Au fil des fusions et des rachats de sous-traitants dans l’industrie automobile, des pièces de moteurs ont pu venir du Brésil ou des États-Unis pour être assemblées en Europe sur des véhicules Renault ou Volkswagen tandis que des pièces équivalentes traversaient l’océan Atlantique dans l’autre sens pour être montées sur des véhicules Mack, Ford ou General Motors.&nbsp;»<ref name="CLT">[http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky-62/article/ecologie-nature-ravagee-planete-6363 Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !], Cercle Léon Trotsky</ref></blockquote>
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*De façon générale, un indicateur nommé « kilomètre alimentaire » (food miles) permet de quantifier les distances parcourues par les aliments. Ce kilométrage a connu une hausse très rapide au cours des dernières décennies. La moyenne est de 2000 km.
Il est difficile d'estimer tout ce qu'une [[Planification|planification]] socialiste pourrait générer comme économies d'énergie et de pollution, mais c'est sans doute de loin le premier levier d'un véritable [[Écologisme|écologisme]] en la matière.
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<blockquote>«&nbsp;Pour peu qu’un grossiste ait trouvé une filière rentable, on peut ainsi trouver à Pointe-à-Pitre des oranges venues d’Afrique du Sud, après avoir transité parfois par Rungis, alors qu’on en cultive en Amérique Centrale ou dans la proche Floride… Chaque grande entreprise, chaque trust rationalise sa production et l’organigramme de ses différentes usines. Mais chacun le fait indépendamment et même en concurrence avec tous les autres. Au fil des fusions et des rachats de sous-traitants dans l’industrie automobile, des pièces de moteurs ont pu venir du Brésil ou des États-Unis pour être assemblées en Europe sur des véhicules Renault ou Volkswagen tandis que des pièces équivalentes traversaient l’océan Atlantique dans l’autre sens pour être montées sur des véhicules Mack, Ford ou General Motors.&nbsp;»<ref name="CLT">[http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky-62/article/ecologie-nature-ravagee-planete-6363 Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !], Cercle Léon Trotski</ref></blockquote>  
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Il est difficile d'estimer tout ce qu'une [[Planification|planification]] socialiste pourrait générer comme économies d'énergie et de pollution (au moins une division par 2 très rapidement ?<ref>Tendance CLAIRE du NPA, [https://tendanceclaire.org/article.php?id=1221 ''Sortir du capitalisme = diviser par 2 les gaz à effets de serre''], juin 2017</ref>), mais c'est sans doute de loin le premier levier d'un véritable [[Écologisme|écologisme]] en la matière.
  
=== Organisation capitaliste et "choix" individuels ===
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===Privatisations et nationalisations===
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Dans le cadre du capitalisme, tel ou tel secteur des transports peut être privatisé ou géré par l'Etat.
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Les premiers chemins de fer ont été en général créés par des investisseurs privés au début de la révolution industrielle. Lorsque le train est devenu central pour le fonctionnement du système (déplacement des travailleur-se-s comme des bourgeois-e-s), les Etats sont parfois intervenus pour impulser, généraliser ou harmoniser les chemins de fer. Dans une période plus récente, qui coïncide avec le règne de l'automobile et le [[Tournant_néolibéral|tournant néolibéral]], les chemins de fer ont eu tendance à être privatisés.
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Par exemple pour la Belgique&nbsp;:
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*de 1835 à 1843, l'Etat construit 556 km de lignes
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*de 1844 à 1870, l'Etat construit seulement 25 km de lignes alors que 39 compagnies privées sont autorisées à en construire et à en exploiter 2 545 km
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*à partir de 1870, l'Etat rachète progressivement les compagnies privées (création de la SNCB en 1926)&nbsp;; en 1912 il ne reste plus que 275 km de lignes privées et l'Etat gère 4 786 km. C'est à la fois une volonté d'harmonisation (les tarifs et horaires sont tous différents et rendent le transport de voyageurs et le commerce plus difficile) et de [[Protectionnisme|protectionnisme]] (certaines compagnies étaient aux mains de [[Capitaux|capitaux]] étrangers)
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*en 2005, le gestionnaire du réseau (Infrabel) est séparé de la SNCB
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===Organisation capitaliste et "choix" individuels===
  
 
Aujourd'hui, de fait, il existe pour des voyageurs une part de choix entre différents modes de transport. Certains écologistes - et souvent l'écologie "officielle" des gouvernements - font alors reposer le sort de la planète sur la responsabilité individuelle. Il suffirait que chacun évite de prendre l'avion ou la voiture pour régler les problèmes. En réalité la part de choix individuel est réduite à peau de chagrin.
 
Aujourd'hui, de fait, il existe pour des voyageurs une part de choix entre différents modes de transport. Certains écologistes - et souvent l'écologie "officielle" des gouvernements - font alors reposer le sort de la planète sur la responsabilité individuelle. Il suffirait que chacun évite de prendre l'avion ou la voiture pour régler les problèmes. En réalité la part de choix individuel est réduite à peau de chagrin.
<blockquote>«&nbsp;Dans l’Union européenne, le transport par route représente 85&nbsp;% des déplacements de voyageurs. Mais l’immense majorité des «&nbsp;voyageurs&nbsp;» sont en réalité des travailleurs qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture pour se rendre quotidiennement à leur travail parce que le réseau des transports publics est insuffisant, inexistant dans certaines localités ou à certaines heures, de surcroît de mauvaise qualité dans bien des endroits. Combien d’usagers doivent prendre un bus puis un train puis un métro ou encore un autre bus pour se rendre à leur travail et en revenir, y compris après une journée de travail harassante. En France, à force de fermetures de lignes, le réseau SNCF voyageurs est aujourd’hui revenu à sa longueur des années 1890. Demander aux particuliers de ne pas prendre leur voiture les jours de fortes pollutions sans rendre gratuits les transports collectifs, ne serait-ce que ces jours-là, sans construire et entretenir des réseaux collectifs pratiques, fréquents et confortables, est une imposture… Comme c’est une imposture de leur demander de faire leurs courses à pied, près de leur domicile, quand les géants de la distribution ont concentré en périphérie de la plupart des villes, les magasins les mieux achalandés et ceux dont les prix sont les plus abordables.&nbsp;»<ref name="CLT">_</ref></blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Dans l’Union européenne, le transport par route représente 85&nbsp;% des déplacements de voyageurs. Mais l’immense majorité des «&nbsp;voyageurs&nbsp;» sont en réalité des travailleurs qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture pour se rendre quotidiennement à leur travail parce que le réseau des transports publics est insuffisant, inexistant dans certaines localités ou à certaines heures, de surcroît de mauvaise qualité dans bien des endroits. Combien d’usagers doivent prendre un bus puis un train puis un métro ou encore un autre bus pour se rendre à leur travail et en revenir, y compris après une journée de travail harassante. En France, à force de fermetures de lignes, le réseau SNCF voyageurs est aujourd’hui revenu à sa longueur des années 1890. Demander aux particuliers de ne pas prendre leur voiture les jours de fortes pollutions sans rendre gratuits les transports collectifs, ne serait-ce que ces jours-là, sans construire et entretenir des réseaux collectifs pratiques, fréquents et confortables, est une imposture… Comme c’est une imposture de leur demander de faire leurs courses à pied, près de leur domicile, quand les géants de la distribution ont concentré en périphérie de la plupart des villes, les magasins les mieux achalandés et ceux dont les prix sont les plus abordables.&nbsp;»<ref name="CLT" /></blockquote>  
 
On peut ajouter que pour traverser les océans il n'y a quasiment pas d'alternative à l'avion au kérosène aujourd'hui, la filière du transport par bateau n'étant pas développée.
 
On peut ajouter que pour traverser les océans il n'y a quasiment pas d'alternative à l'avion au kérosène aujourd'hui, la filière du transport par bateau n'étant pas développée.
  
== Dégâts écologiques ==
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===Pseudo planifications incitatives===
  
=== Gaz à effet de serre ===
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Les gouvernements capitalistes prennent parfois des mesures pour limiter certains déplacements. Des études sont parfois faites pour tenter d'évaluer les tendances, même si le marché pose une difficulté supplémentaire du fait de son caractère incontrôlé.<ref>Chambre de commerce et d'industrie, [http://www.cci-paris-idf.fr/sites/default/files/etudes/pdf/documents/logistique-urbaine-lau1002.pdf ''La logistique urbaine, fonction vitale pour la métropole parisienne''], 2010</ref>
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Mais globalement ces mesures, toujours a posteriori et toujours limitées par l'impératif de rentabilité, sont loin du compte.
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==Socialisation des transports==
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Pendant la [[Révolution russe de 1917|révolution russe de 1917]], les transports sont désorganisés par les [[grèves]] massives, et en tant que secteur stratégique ils contribuent notablement à l'effondrement du [[Empire russe|tsarisme]] puis du [[Gouvernement provisoire russe|gouvernement provisoire]]. Un symbole de ce pouvoir stratégique est la pathétique déconvenue du tsar Nicolas II lorsqu'il tente de rejoindre [[Petrograd]] en train après le déclenchement de la [[Révolution de Février|révolution de février]], et se retrouve dévié sans cesse par les [[cheminots]].
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Mais après la [[Révolution d'Octobre|prise du pouvoir par les bolchéviks en Octobre]], ceux-ci tentent de remettre de l'ordre dans l'économie, et commencent en particulier par les transports.
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Le 26 mars 1918, les ''[[Izvestia|Izvestias]]'' du [[Comité exécutif central panrusse|Comité Exécutif Central Panrusse]] publient un décret du [[Conseil des commissaires du peuple (URSS)|Conseil des Commissaires du Peuple]] sur la  «  centralisation de la direction  des Chemins de  Fer  »<ref>V. Lenin, Selected Works, vol. 7, notes, p. 505.</ref>.  Ce  décret mettait fin  au contrôle  ouvrier  dans  les  chemins  de  fer et  insistait  sur  le  fait  qu'il  était  urgent d'instaurer  une  «  discipline  de  fer  dans  le  travail  »  et  une  «  direction  individuelle  »  dans  les chemins  de  fer,  et  accordait  des  pouvoirs  «  dictatoriaux  »  au  Commissariat  des  Voies  de Communication.  L'article  6  proclamait  la  nécessité de  sélectionner  des  individus  qui  agiraient comme des « dirigeants technico-administratifs  » dans chaque centre local cantonal ou régional des chemins  de  fer.  Ces  individus  seraient  «  responsables  devant  le  Commissaire  du  Peuple  des  Voies  de Communication  ».  Ils  devaient  être  «  l'incarnation de  la  totalité  du  pouvoir  dictatorial du prolétariat dans chaque centre des chemins de fer ».
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En 1920  les chemins de fer russes avaient pratiquement cessé de fonctionner, à cause  de  la  guerre  civile mais également d'une certaine défiance du syndicat des cheminots envers la direction bolchévique.
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En avril 1920, Trotski est placé à la tête du Commissariat aux transports pour le remettre en ordre, tout en gardant son poste à la Défense. Le [[Politbureau]] s'engagea à l'appuyer quelle  que soit  la  sévérité  des  mesures  qu'il pourrait  décider. Il commença à mettre tout le personnel des chemins de fer et des ateliers de réparation sous le régime de la loi martiale. Quand le syndicat des cheminots souleva des objections, Trotski révoqua ses chefs et en désigna d'autres.
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Début septembre, Trotski créa le  Tsektran (Commission  Centrale  des  Transports) en fusionnant de force le Commissariat du Transport, les Syndicats des Chemins de fer et les organes du parti (« départements politiques ») dans ce secteur. Tout le système des chemins de fer et  des  transports  fluviaux  dépendait du  Tsektran.  Trotski  fut  placé  à sa  tête. Il dirigea le Tsektran en employant  des  méthodes  militaires. Bientôt les  chemins  de  fer  fonctionnèrent  à  nouveau.  Mais l'affaire causa des dommages incalculables à l'image du Parti dans les masses.
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==Dégâts écologiques==
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===Gaz à effet de serre===
  
 
{{Voir|Changement climatique}}
 
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Les transports actuels, qui sont basés dans leur écrasante majorité sur les énergies fossiles (pétrole, électricité produite par du charbon...) génèrent d'importants rejets de gaz à effet de serre (GES). Près de 25&nbsp;% des GES sortent des pots d’échappement. Les transports sont une des causes principales du [[Changement climatique|changement climatique]], rivalisant avec la consommation d'énergie pour le chauffage. On peut bien sûr s'intéresser à telle ou telle solution technique permettant de réduire la consommation des transports actuels, mais cela toujours insuffisant si les moyens de productions restent aux mains de la concurrence capitaliste.
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Les transports actuels, qui sont basés dans leur écrasante majorité sur les énergies fossiles (pétrole, électricité produite par du charbon...) génèrent d'importants rejets de gaz à effet de serre (GES). Près de 25&nbsp;% des GES sortent des pots d’échappement. Les transports sont une des causes principales du [[Changement_climatique|changement climatique]], rivalisant avec la consommation d'énergie pour le chauffage. On peut bien sûr s'intéresser à telle ou telle solution technique permettant de réduire la consommation des transports actuels, mais cela toujours insuffisant si les moyens de productions restent aux mains de la concurrence capitaliste.
  
=== Pollution de l'air ===
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Les transports, essentiellement routiers, engendrent une pollution de l'air (monoxyde de carbone ou d’azote, d’aérosols ou d'additifs divers) qui peut devenir très nocive avec la concentration, donc en particulier dans les grandes villes.
 
Les transports, essentiellement routiers, engendrent une pollution de l'air (monoxyde de carbone ou d’azote, d’aérosols ou d'additifs divers) qui peut devenir très nocive avec la concentration, donc en particulier dans les grandes villes.
  
=== Pollution des sols ===
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===Pollution des sols===
  
 
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Les véhicules routiers, surtout les camions, sont responsables d'une grande partie des problèmes de pollution des sols, à cause des rejets d'hydrocarbures sur les routes.
 
Les véhicules routiers, surtout les camions, sont responsables d'une grande partie des problèmes de pollution des sols, à cause des rejets d'hydrocarbures sur les routes.
  
=== Fragmentation des écosystèmes ===
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===Fragmentation des écosystèmes===
  
 
Les routes et les chemins de fer engendrent souvent de la fragmentation des écosystèmes. Concrètement, cela signifie que cela coupe des zones (forêts, plaines...) où vivent des espèces animales qui après coup ne peuvent plus passer, ou en tout cas sont tués massivement en essayant de le faire.
 
Les routes et les chemins de fer engendrent souvent de la fragmentation des écosystèmes. Concrètement, cela signifie que cela coupe des zones (forêts, plaines...) où vivent des espèces animales qui après coup ne peuvent plus passer, ou en tout cas sont tués massivement en essayant de le faire.
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Parfois les animaux s'adaptent, mais le plus souvent cela a des conséquences sur leur survie et reproduction, et cela peut être une cause d'extinctions d'espèces.
 
Parfois les animaux s'adaptent, mais le plus souvent cela a des conséquences sur leur survie et reproduction, et cela peut être une cause d'extinctions d'espèces.
  
== Notes et sources ==
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==Notes et sources==
  
 
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Version du 26 décembre 2020 à 00:12

MoyensTransportEvolution.png

Les moyens de transport sont essentiels pour la production. Ils sont aussi fortement liés à la question de la consommation d'énergie et à l'effet de serre. Tant pour des raisons sociales qu'écologiques, les communistes révolutionnaires soulignent la nécessité de les arracher de la société capitaliste.

1 Perspective historique

Les moyens de transport ont une histoire profondément liée à celle des moyens de production. Leur efficacité et la diminution de leur coût suit globalement celle de la productivité du travail. De ce point de vue, des innovations majeures comme la domestication des chevaux, la roue, les routes, les ponts, les chemins de fer... ont permis le progrès social.

Ce progrès n'a jamais été linéaire, mais dialectique : avec des phases de stagnation et parfois des reculs et puis des rebonds fulgurants. Par exemple, au sein des premières sociétés (esclavagistes, féodales...) il était fréquent que l'amélioration des réseaux de transports permette des périodes de progrès du commerce, de la diffusion des techniques, des arts et des idées... Mais cela permettait aussi à un empire dominé par une classe dominante parasitaire de tenir sous sa coupe de vastes territoires et finalement d'en freiner le développement. Des phases d'apparent repli profond de la civilisation (les "moyen-âges", ou "âges sombres") ont permis en réalité de nouveaux rapports sociaux de production et ultérieurement un développement plus puissant des échanges et des transports.

Le capitalisme a donné un coup d'accélérateur sans précédant à ce processus. La mondialisation, qui est une tendance depuis au moins le début de l'époque moderne, a atteint un niveau sans précédent depuis la révolution industrielle, avec les bateaux à vapeur, les avions, les TGV, les voitures... Cette internationalisation des échanges a accompagné une division internationale du travail, qui a rendu le monde entier interdépendant. Comme tous les développements engendrés par le capitalisme, ces transports ont une double caractéristique :

  • Ils sont la base d'un progrès partiel et potentiellement généralisable : la fin des nationalismes étroits, le voyage et la découverte des merveilles du monde...
  • Ils sont aussi marqués par les tares capitalistes : profondes inégalités d'accès, entraves de la concurrence et des frontières, et sans doute un des problèmes les plus dangereux : les crises écologiques engendrées

Seule une révolution socialiste pourrait véritablement faire émerger un réseau mondial de transport qui soit rationalisé, écologique et ouvert à tous.

2 Les transports capitalistes

2.1 Coûts minimisés

L'industrialisation a permis de diminuer drastiquement les coûts de transport.

en dollars de 1990

  Transport maritime
(coût moyen du fret maritime et des droits de port, par tonne)
Transport aérien
(recette moyenne par passager/mile)
Communications téléphoniques
(3 minutes entre New York et Londres)
Ordinateurs
(indice 100 = 1990)
1920 95 - - -
1930 60 0,68 245 -
1940 63 0,46 189 -
1950 34 0,30 53 -
1960 27 0,24 46 12 500
1970 27 0,16 32 1 947
1980 24 0,10 5 362
1990 29 0,11 3 100

2.2 Industrialisation et transports

L'industrialisation implique une concentration des lieux de production. Par rapport à de multiples artisans dispersés sur le territoire, une usine a un rayon d'approvisionnement (en matières premières) et d'achalandage (vente de ses marchandises) bien plus étendu.

Par conséquent, l'industrialisation va nécessairement avec une augmentation des transports.

Mais le degré de cette augmentation, et le type du transport utilisé, dépendent de multiples paramètres : coût des différents transports, coût de la main d'oeuvre dans différents secteurs...

Selon l'Insee, le transport intérieur de marchandises a augmenté de 76 % entre 1985 et 2006.

2.3 Coût direct et flexibilité

CamionsPorteContainers.png

Le coût direct n'est pas celui sur lequel s'appuient les capitalistes pour prendre leurs décisions d'investissement. Car en réalité chaque moyen de transport implique une logistique particulière, et le coût total (transport + logistique) peut inverser les calculs de rentabilité.

En particulier, le fret ferroviaire nécessite une logistique assez stable, avec des stocks et des itinéraires peu variables. Longtemps, cela a été le choix le plus rentable pour beaucoup de marchandises effectuant de longs trajets. Mais de plus en plus, avec l'instabilité des marchés, les capitalistes favorisent les camions. Cela leur permet de pousser à fond la logique du flux-tendu et de minimiser les stocks pour minimiser les risques. En Europe ces 30 dernières années, on a construit 1 200 km de routes par an et supprimé 600 km de lignes chemin de fer. De même, le transport fluvial a largement diminué au profit du routier.

2.4 Coûts socialisés

Mais le « tout routier » a aussi été possible parce que la collectivité a pris en charge une part importante des investissements pour construire les autoroutes, sans que ces coûts soient répercutés sur le prix du transport de marchandises. 90 % de l'usure des routes est dû aux poids lourds. Chaque centaine de kilomètres parcourue par un poids lourd coûte 36 euros à la collectivité alors que l'entreprise qui l'affrète n’en paye que 24 en taxes, péages, etc. Dans le budget de l’État consacré aux infrastructures de transports, 69 % de l’argent vont au réseau routier contre seulement 12 % pour le rail, le reste allant aux aéroports. A cela il faudrait ajouter les coûts difficiles à estimer sur la santé publique, qui ne sont évidemment pas payés par les transporteurs.

Dans le domaine du transport de passagers par avion, il y a aussi énormément d'argent public qui est injecté dans les poches des capitalistes. Si certains vols low-cost (Ryannair...) sont si économiques, c'est en partie parce que ces compagnies sur-exploitent leurs salarié-e-s et économisent sur le confort et la sécurité, mais c'est aussi parce qu'elles reçoivent beaucoup d'argent des collectivité locales. Celles-ci sont mises en concurrence par les compagnies qui peuvent choisir de leur apporter ou non leurs voyageurs-consommateurs.

Du point de vue de la collectivité, il serait bien plus rationel de limiter autant que possible les camions et les avions en organisant les transports nécessaires autour de grands axes ferroviaires ou fluviaux. Mais la rationalité du capitalisme n'est que celle du profit maximal pour quelques uns.

2.5 Pavillons de complaisances et marées noires

Une énorme partie des marchandises transite par navires porte-conteneurs : plus de 40 000 navires de plus de cent tonnes sillonnent actuellement les océans. Là aussi, la logique capitaliste fait des ravages.

La recherche systématique de la route la plus courte malgré les dangers, la pression mise par les affréteurs pour respecter coûte que coûte des délais de livraison réduits au minimum, pour ne pas perdre leur tour au déchargement dans les grands ports, poussent les capitaines des navires à prendre des risques et à naviguer y compris par forte tempête.

De plus beaucoup de navires sont de véritables poubelles, dont des pétroliers comme l'Erika et le Prestige responsables de marées noires sur les côtes atlantiques. Tous les 3 jours, un navire de plus de 300 tonnes fait naufrage quelque part dans le monde. À chaque fois, c’est un drame pour les marins qui perdent la vie, et un désastre pour l’environnement, les côtes, les riverains, les pêcheurs... Et à côté des médiatiques marées noires, il y a tout le fléau permanent des déballastages sauvages, qui représentent au moins autant d'hydrocarbures rejetés.

Les Etats bourgeois, qui font mine de légiférer contre ces "abus", acompagnent en réalité les capitalistes, en particulier avec le système des pavillons de complaisance, qui concerne près de 60% des navires. Cela permet à un armateur de ne respecter aucune des lois internationales en vigueur, d’embaucher des marins en sous-effectif, sous-payés et épuisés par des temps de veille rallongés. Ce système a été généralisé dans les années 1960 et 1970 par tous les armateurs occidentaux avec le soutien de leurs gouvernements. La France a elle-même créé en 1986, sous la cohabitation Mitterrand-Chirac, le pavillon des Kerguelen. Le gouvernement Raffarin a renchéri en 2005 avec le « Registre International Français » qui permet aux armateurs de toucher les subventions européennes tout en continuant à s’affranchir des lois sociales et environnementales contraignantes. En général, le coût d'une amende pour déballastage ou le coût des dommages et intérêts infligés en cas de marée noire sont très faibles par rapport aux profits réalisés. C'est là aussi une forme de socialisation des pertes par la collectivité.

2.6 Enchevêtrement mondial désordonné

Mondialisation.jpg

La production et les transports capitalistes ne répondent à aucun plan d'ensemble, aucun recensement des besoins, et donc engendrent d'innombrables gâchis d'énergie et de travail humain.

  • En 2007, la France a exporté 9,2 millions de tonnes de produits laitiers... et elle en a importé 4,4 millions de tonnes.[1]
  • Chaque année, 60 000 tonnes de poulets sont importées par le Royaume-Uni depuis les Pays-Bas, tandis que les Pays-Bas importent, eux, 30 000 tonnes de poulets britanniques qui voyagent dans l’autre sens.[2]
  • En 1999, la France a exporté 3,5 milliards de tonnes de lait et en a importé 1,6 milliard de tonnes.
  • Deux-tiers des produits transportés par avion sont des fruits et légumes.
  • Les États-Unis, riches en bois, importent des allumettes du Japon qui doit se procurer du bois en pillant les forêts indonésiennes, tandis que le Japonais importe des baguettes des États-Unis.
  • Un pot de yogourt à la fraise de 125 g vendu à Stuttgart en 1992 a parcouru 9 115 Km, si on cumule le parcours du lait, celui des fraises cultivées en Pologne, celui de l’aluminium pour l’étiquette, la distance à la distribution, etc.[3]
  • Lors de l’accident du tunnel sous le mont Blanc, l’un des poids lourds en cause ramenait vers l’Europe du Nord des pommes de terre qui s’étaient faites transformer en chips en Italie, tandis qu’on transportait du papier hygiénique dans les deux sens ![2]
  • Des crevettes pêchées au Danemark sont décortiquées au Maroc et réexpédiées dans leur pays d'origine, le transport se faisant principalement par camion. La différence de coût de main-d’œuvre de ces deux pays est suffisante pour rendre l'opération économiquement rentable. Autre exemple: des pommes de terre cultivées aux Pays-Bas sont lavées et épluchées en Italie avant de revenir aux Pays-Bas.[4]
  • Une bouteille de ketchup vendue en Suède a subi 52 étapes de transport/traitement, passant par les Pays-Bas, l'Italie, le Royaume-Uni, le Japon, la Belgique, le Danemark.[5]
  • Une boîte de soupe à la tomate parcourt jusqu’à 32 000 kilomètres avant d’être consommée.[6]
  • En comptant tous les déplacements des différents ingrédients d'un yaourt aux fruits, on atteint les 9 000 km.[7]
  • Des pommes de terre cultivées en Bavière (Allemagne) font, en camion, l’aller-retour vers l’Italie uniquement pour être emballées.
  • Le coton produit en Afrique de l’Ouest est transporté vers Le Havre, transformé en tissu dans le nord de la France, expédié au Maroc pour être transformé en vêtements qui seront vendus en France.
  • Les langoustines pêchées en mer d’Écosse sont congelées, décortiquées en Thaïlande (où l'ouvrier-ère est payé-e 28 fois moins), avant d'être réexpédiées en Écosse.[8]
  • De façon générale, un indicateur nommé « kilomètre alimentaire » (food miles) permet de quantifier les distances parcourues par les aliments. Ce kilométrage a connu une hausse très rapide au cours des dernières décennies. La moyenne est de 2000 km.

« Pour peu qu’un grossiste ait trouvé une filière rentable, on peut ainsi trouver à Pointe-à-Pitre des oranges venues d’Afrique du Sud, après avoir transité parfois par Rungis, alors qu’on en cultive en Amérique Centrale ou dans la proche Floride… Chaque grande entreprise, chaque trust rationalise sa production et l’organigramme de ses différentes usines. Mais chacun le fait indépendamment et même en concurrence avec tous les autres. Au fil des fusions et des rachats de sous-traitants dans l’industrie automobile, des pièces de moteurs ont pu venir du Brésil ou des États-Unis pour être assemblées en Europe sur des véhicules Renault ou Volkswagen tandis que des pièces équivalentes traversaient l’océan Atlantique dans l’autre sens pour être montées sur des véhicules Mack, Ford ou General Motors. »[9]

Il est difficile d'estimer tout ce qu'une planification socialiste pourrait générer comme économies d'énergie et de pollution (au moins une division par 2 très rapidement ?[10]), mais c'est sans doute de loin le premier levier d'un véritable écologisme en la matière.

2.7 Privatisations et nationalisations

Dans le cadre du capitalisme, tel ou tel secteur des transports peut être privatisé ou géré par l'Etat.

Les premiers chemins de fer ont été en général créés par des investisseurs privés au début de la révolution industrielle. Lorsque le train est devenu central pour le fonctionnement du système (déplacement des travailleur-se-s comme des bourgeois-e-s), les Etats sont parfois intervenus pour impulser, généraliser ou harmoniser les chemins de fer. Dans une période plus récente, qui coïncide avec le règne de l'automobile et le tournant néolibéral, les chemins de fer ont eu tendance à être privatisés.

Par exemple pour la Belgique :

  • de 1835 à 1843, l'Etat construit 556 km de lignes
  • de 1844 à 1870, l'Etat construit seulement 25 km de lignes alors que 39 compagnies privées sont autorisées à en construire et à en exploiter 2 545 km
  • à partir de 1870, l'Etat rachète progressivement les compagnies privées (création de la SNCB en 1926) ; en 1912 il ne reste plus que 275 km de lignes privées et l'Etat gère 4 786 km. C'est à la fois une volonté d'harmonisation (les tarifs et horaires sont tous différents et rendent le transport de voyageurs et le commerce plus difficile) et de protectionnisme (certaines compagnies étaient aux mains de capitaux étrangers)
  • en 2005, le gestionnaire du réseau (Infrabel) est séparé de la SNCB

2.8 Organisation capitaliste et "choix" individuels

Aujourd'hui, de fait, il existe pour des voyageurs une part de choix entre différents modes de transport. Certains écologistes - et souvent l'écologie "officielle" des gouvernements - font alors reposer le sort de la planète sur la responsabilité individuelle. Il suffirait que chacun évite de prendre l'avion ou la voiture pour régler les problèmes. En réalité la part de choix individuel est réduite à peau de chagrin.

« Dans l’Union européenne, le transport par route représente 85 % des déplacements de voyageurs. Mais l’immense majorité des « voyageurs » sont en réalité des travailleurs qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture pour se rendre quotidiennement à leur travail parce que le réseau des transports publics est insuffisant, inexistant dans certaines localités ou à certaines heures, de surcroît de mauvaise qualité dans bien des endroits. Combien d’usagers doivent prendre un bus puis un train puis un métro ou encore un autre bus pour se rendre à leur travail et en revenir, y compris après une journée de travail harassante. En France, à force de fermetures de lignes, le réseau SNCF voyageurs est aujourd’hui revenu à sa longueur des années 1890. Demander aux particuliers de ne pas prendre leur voiture les jours de fortes pollutions sans rendre gratuits les transports collectifs, ne serait-ce que ces jours-là, sans construire et entretenir des réseaux collectifs pratiques, fréquents et confortables, est une imposture… Comme c’est une imposture de leur demander de faire leurs courses à pied, près de leur domicile, quand les géants de la distribution ont concentré en périphérie de la plupart des villes, les magasins les mieux achalandés et ceux dont les prix sont les plus abordables. »[9]

On peut ajouter que pour traverser les océans il n'y a quasiment pas d'alternative à l'avion au kérosène aujourd'hui, la filière du transport par bateau n'étant pas développée.

2.9 Pseudo planifications incitatives

Les gouvernements capitalistes prennent parfois des mesures pour limiter certains déplacements. Des études sont parfois faites pour tenter d'évaluer les tendances, même si le marché pose une difficulté supplémentaire du fait de son caractère incontrôlé.[11]

Mais globalement ces mesures, toujours a posteriori et toujours limitées par l'impératif de rentabilité, sont loin du compte.

3 Socialisation des transports

Pendant la révolution russe de 1917, les transports sont désorganisés par les grèves massives, et en tant que secteur stratégique ils contribuent notablement à l'effondrement du tsarisme puis du gouvernement provisoire. Un symbole de ce pouvoir stratégique est la pathétique déconvenue du tsar Nicolas II lorsqu'il tente de rejoindre Petrograd en train après le déclenchement de la révolution de février, et se retrouve dévié sans cesse par les cheminots.

Mais après la prise du pouvoir par les bolchéviks en Octobre, ceux-ci tentent de remettre de l'ordre dans l'économie, et commencent en particulier par les transports.

Le 26 mars 1918, les Izvestias du Comité Exécutif Central Panrusse publient un décret du Conseil des Commissaires du Peuple sur la «  centralisation de la direction des Chemins de Fer »[12]. Ce décret mettait fin au contrôle ouvrier dans les chemins de fer et insistait sur le fait qu'il était urgent d'instaurer une «  discipline de fer dans le travail » et une «  direction individuelle » dans les chemins de fer, et accordait des pouvoirs «  dictatoriaux » au Commissariat des Voies de Communication. L'article 6 proclamait la nécessité de sélectionner des individus qui agiraient comme des « dirigeants technico-administratifs » dans chaque centre local cantonal ou régional des chemins de fer. Ces individus seraient «  responsables devant le Commissaire du Peuple des Voies de Communication ». Ils devaient être «  l'incarnation de la totalité du pouvoir dictatorial du prolétariat dans chaque centre des chemins de fer ».

En 1920 les chemins de fer russes avaient pratiquement cessé de fonctionner, à cause de la guerre civile mais également d'une certaine défiance du syndicat des cheminots envers la direction bolchévique.

En avril 1920, Trotski est placé à la tête du Commissariat aux transports pour le remettre en ordre, tout en gardant son poste à la Défense. Le Politbureau s'engagea à l'appuyer quelle que soit la sévérité des mesures qu'il pourrait décider. Il commença à mettre tout le personnel des chemins de fer et des ateliers de réparation sous le régime de la loi martiale. Quand le syndicat des cheminots souleva des objections, Trotski révoqua ses chefs et en désigna d'autres.

Début septembre, Trotski créa le Tsektran (Commission Centrale des Transports) en fusionnant de force le Commissariat du Transport, les Syndicats des Chemins de fer et les organes du parti (« départements politiques ») dans ce secteur. Tout le système des chemins de fer et des transports fluviaux dépendait du Tsektran. Trotski fut placé à sa tête. Il dirigea le Tsektran en employant des méthodes militaires. Bientôt les chemins de fer fonctionnèrent à nouveau. Mais l'affaire causa des dommages incalculables à l'image du Parti dans les masses.

4 Dégâts écologiques

4.1 Gaz à effet de serre

🔍 Voir : Changement climatique.

Les transports actuels, qui sont basés dans leur écrasante majorité sur les énergies fossiles (pétrole, électricité produite par du charbon...) génèrent d'importants rejets de gaz à effet de serre (GES). Près de 25 % des GES sortent des pots d’échappement. Les transports sont une des causes principales du changement climatique, rivalisant avec la consommation d'énergie pour le chauffage. On peut bien sûr s'intéresser à telle ou telle solution technique permettant de réduire la consommation des transports actuels, mais cela toujours insuffisant si les moyens de productions restent aux mains de la concurrence capitaliste.

4.2 Pollution de l'air

🔍 Voir : Pollution de l'air.

Les transports, essentiellement routiers, engendrent une pollution de l'air (monoxyde de carbone ou d’azote, d’aérosols ou d'additifs divers) qui peut devenir très nocive avec la concentration, donc en particulier dans les grandes villes.

4.3 Pollution des sols

🔍 Voir : Pollution des sols.

Les véhicules routiers, surtout les camions, sont responsables d'une grande partie des problèmes de pollution des sols, à cause des rejets d'hydrocarbures sur les routes.

4.4 Fragmentation des écosystèmes

Les routes et les chemins de fer engendrent souvent de la fragmentation des écosystèmes. Concrètement, cela signifie que cela coupe des zones (forêts, plaines...) où vivent des espèces animales qui après coup ne peuvent plus passer, ou en tout cas sont tués massivement en essayant de le faire.

Parfois les animaux s'adaptent, mais le plus souvent cela a des conséquences sur leur survie et reproduction, et cela peut être une cause d'extinctions d'espèces.

5 Notes et sources

  1. http://faostat.fao.org/site/535/default.aspx
  2. 2,0 et 2,1 Serge Latouche, Le pari de la décroissance
  3. Thèse de Stéphanie Böge publiée en 1993 par le Wuppertal Institut (Silence n° 167, juillet 1993)
  4. Documents de Greenpeace Suisse cités par Jean-Luc Wingert, La vie après le pétrole
  5. ÉTUDE DE CAS / KETCHUP SUÉDOIS
  6. Source : Centre d’éducation à l’environnement de la Province d’Anvers
  7. Bernard Pellecuer, Energies renouvelables et agriculture: perspectives et solutions pratiques, 2007
  8. On peut même délocaliser des langoustines...
  9. 9,0 et 9,1 Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !, Cercle Léon Trotski
  10. Tendance CLAIRE du NPA, Sortir du capitalisme = diviser par 2 les gaz à effets de serre, juin 2017
  11. Chambre de commerce et d'industrie, La logistique urbaine, fonction vitale pour la métropole parisienne, 2010
  12. V. Lenin, Selected Works, vol. 7, notes, p. 505.