Temps de travail

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Le temps de travail est le temps qu'un employeur fait travailler un salarié, qu'on la mesure en heures / jour ou heures / semaine. Pour l'employeur c'est donc une grandeur directement liée au rendement du salarié, et pour le salarié, bien sûr, à la pénibilité de l'emploi. C'est donc naturellement un des points sur lesquels se cristallise la lutte de classe.

En particulier dans les rapports de production capitalistes, le temps de travail est un paramètre important du taux d'exploitation.

1 Historique

Le temps de travail aux temps des premières communautés humaines est très peu documenté. Il était certainement assez aléatoire, en fonction des chasses et cueillettes. Certains ont estimé qu'on ne travaillait alors que 4 ou 5 h par jour. Néanmoins, en prenant en compte le temps de travail total, sans invisibiliser le travail de préparation de la nourriture généralement assigné aux femmes, on peut estimer un travail allant jusqu'à 70h par semaine.

Par ailleurs, comme le fait remarquer Christophe Darmangeat, le "temps de loisir" n'est pas automatiquement un reflet de la prospérité :

« Au-delà de la discussion sur la durée réelle des loisirs dans ces sociétés, se dessine une autre explication pour ces périodes d'inactivité, qui peuvent résulter bien moins d'un choix que que de la pression de la nécessité. Soit que les chasseurs-cueilleurs aient le ventre creux, mais que les conditions climatiques les condamnent au repos forcé. Soit qu'ils puissent se mettre en quête de fruits ou de gibier supplémentaires, mais qu'une fois l'estomac plein, ils n'aient aucune possibilité d'échanger cette nourriture contre d'autres biens matériels. Tout anachronisme mis à part, le raisonnement qui interprète sans autre forme de procès le loisir des chasseurs-cueilleurs nomades comme un signe de leur prospérité est le même que celui qui, de nos jours, assimile l'oisiveté du chômeur à celle du rentier. »[1]

Marx brosse un tableau grandiose de la lutte de la classe ouvrière pour la réduction de la journée de travail et de l'intervention du pouvoir d'Etat pour la prolonger (XIVe-XVIIe siècles) ou pour la diminuer (législation de fabrique au XIXe siècle).

Au XIXème siècle, il était courant que les ouvriers soient exploités jusqu'à 12 heures par jour, tous les jours à l'exception du dimanche (soit 72 heures par semaine).

En 1848, lorsque la Deuxième république est mise en place, elle est sous forte pression des travailleurs parisiens, qui réclament une "République sociale". Le 2 mars, un décret réduit la journée à 10 heures à Paris (et à 11 heures en province, car le rapport de force y est moins favorable), car « un travail manuel trop prolongé non seulement ruine la santé mais en l'empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l'homme ». Mais à peine quelques mois après, suite aux massacres de juin, la réaction patronale impose l'annulation de cette loi.

En 1868, le gouvernement américain accorde la journée de huit heures à tous les journaliers, ouvriers, artisans, employés par l’administration fédé­rale.

A partir des années 1880, le syndicalisme ouvrier a commencé a gagner en structuration et en puissance, en même temps que l'internationalisme prolétarien. Sa revendication phare était la journée de 8 heures, qui sera obtenue en 1919 en France.

En 1936, le Front populaire porte dans son programme la réduction à 40 heures par semaine, mesure qui ne sera pas appliquée, et, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, on était revenu à 47 heures.

2 Temps de travail et emploi

Pour illustrer la baisse du temps de travail et sa corrélation avec l'emploi, Michel Husson dresse le tableau suivant[2] :

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3 Perspective socialiste

Dores et déjà, de nombreux militants questionnent la répartition actuelle du travail. Considérant la hausse historique de la productivité du travail, qui est loin d'avoir été compensée par la hausse des emplois et la baisse du temps de travail, il est certain que nous pourrions travailler bien moins qu'actuellement. Un collectif publie en 1977 un livre intitulé Travailleur deux heures par jour[3].

Mais il s'agit d'une confiscation du produit de la force de travail qui est répartie dans les poches des capitalistes et l'innefficacité profonde de cette économie. Dépasser ces rapports de production périmés s'impose, mais il faudra une révolution socialiste pour cela.

4 Notes et sources