Différences entre les versions de « Technologie »

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Dans le ''[[Le Capital|Capital]]'', [[Karl Marx|Marx]] souligne à quel point le [[capitalisme]] a balayé l'ancien mode de transmission des savoir-faire, qui s'opérait au sein des [[corporations]] et était jalousement gardé.
 
Dans le ''[[Le Capital|Capital]]'', [[Karl Marx|Marx]] souligne à quel point le [[capitalisme]] a balayé l'ancien mode de transmission des savoir-faire, qui s'opérait au sein des [[corporations]] et était jalousement gardé.
  
Auparavant, « les différentes branches d'industrie, issues spontanément de la division du travail social, formaient les unes vis-à-vis des autres autant d'enclos qu'il était défendu au profane de franchir. Elles gardaient avec une jalousie inquiète les secrets de leur routine professionnelle dont la théorie restait une énigme même pour les initiés. (...) Un fait des plus caractéristiques, c'est que jusqu'au XVIII° siècle les métiers portèrent le nom de ''mystères.'' Dans le célèbre ''Livre des métiers'' d'Étienne Boileau, on trouve entre autres prescriptions celle-ci :<blockquote>« Tout compagnon lorsqu'il est reçu dans l'ordre des maîtres, doit prêter serment d'aimer fraternellement ses frères, de les soutenir, chacun dans l'ordre de son métier, c'est-à-dire de ne point divulguer volontairement les secrets du métier. »</blockquote>(...) Ce voile, qui dérobait aux regards des hommes le fondement matériel de leur vie, la production sociale, commença à être soulevé durant l'époque manufacturière et fut entièrement déchiré à l'avènement de la grande industrie. Son principe qui est de considérer chaque procédé en lui-même et de l'analyser dans ses mouvements constituants, indépendamment de leur exécution par la force musculaire ou l'aptitude manuelle de l'homme, créa la science toute moderne de la technologie. »<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm Le Capital, Livre I, Quatrième section, XV - IX. - Législation de fabrique]'', 1867</ref>
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Auparavant, « les différentes branches d'industrie, issues spontanément de la division du travail social, formaient les unes vis-à-vis des autres autant d'enclos qu'il était défendu au profane de franchir. Elles gardaient avec une jalousie inquiète les secrets de leur routine professionnelle dont la théorie restait une énigme même pour les initiés. (...) Un fait des plus caractéristiques, c'est que jusqu'au XVIII° siècle les métiers portèrent le nom de ''mystères.'' Dans le célèbre ''Livre des métiers'' d'Étienne Boileau, on trouve entre autres prescriptions celle-ci :<blockquote>« Tout compagnon lorsqu'il est reçu dans l'ordre des maîtres, doit prêter serment d'aimer fraternellement ses frères, de les soutenir, chacun dans l'ordre de son métier, c'est-à-dire de ne point divulguer volontairement les secrets du métier. »</blockquote>(...) Ce voile, qui dérobait aux regards des hommes le fondement matériel de leur vie, la production sociale, commença à être soulevé durant l'époque manufacturière et fut entièrement déchiré à l'avènement de la grande industrie. Son principe qui est de considérer chaque procédé en lui-même et de l'analyser dans ses mouvements constituants, indépendamment de leur exécution par la force musculaire ou l'aptitude manuelle de l'homme, créa la science toute moderne de la technologie. »<ref name=":0">Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm Le Capital, Livre I, Quatrième section, XV - IX. - Législation de fabrique]'', 1867</ref>
  
 
La puissance obtenue par l'application de cette nouvelle [[science]] est telle qu'elle s'étant partout, même là où la façon de travailler est la plus séculaire et cyclique, l'[[agriculture]] :<blockquote>« Dans la sphère de l'agriculture, la grande industrie agit plus révolutionnairement que partout ailleurs en ce sens qu'elle fait disparaître le paysan, le rempart de l'ancienne société, et lui substitue le salarié. (...) L'exploitation la plus routinière et la plus irrationnelle est remplacée par l'application technologique de la science. »<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-10.htm Le Capital, Livre I, Quatrième section, XV - X. - Grande industrie et agriculture]'', 1867</ref></blockquote>
 
La puissance obtenue par l'application de cette nouvelle [[science]] est telle qu'elle s'étant partout, même là où la façon de travailler est la plus séculaire et cyclique, l'[[agriculture]] :<blockquote>« Dans la sphère de l'agriculture, la grande industrie agit plus révolutionnairement que partout ailleurs en ce sens qu'elle fait disparaître le paysan, le rempart de l'ancienne société, et lui substitue le salarié. (...) L'exploitation la plus routinière et la plus irrationnelle est remplacée par l'application technologique de la science. »<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-10.htm Le Capital, Livre I, Quatrième section, XV - X. - Grande industrie et agriculture]'', 1867</ref></blockquote>
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== La technologie au cœur de l'enseignement ==
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<blockquote>« La bourgeoisie, qui en créant pour ses fils les écoles polytechniques, agronomiques, etc., ne faisait pourtant qu'obéir aux tendances intimes de la production moderne, n'a donné aux prolétaires que l'ombre de ''l'Enseignement professionnel.'' Mais si la législation de fabrique, première concession arrachée de haute lutte au capital, s'est vue contrainte de combiner l'instruction élémentaire, si misérable qu'elle soit, avec le travail industriel, la conquête inévitable du pouvoir politique par la classe ouvrière va introduire l'enseignement de la technologie, pratique et théorique, dans les écoles du peuple.
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Il est hors de doute que de tels ferments de transformation, dont le terme final est la suppression de l'ancienne division du travail, se trouvent en contradiction flagrante avec le mode capitaliste de l'industrie et le milieu économique où il place l'ouvrier. Mais la seule voie réelle, par laquelle un mode de production et l'organisation sociale qui lui correspond, marchent à leur dissolution et à leur métamorphose, est le développement historique de leurs antagonismes immanents. C'est là le secret du mouvement historique que les doctrinaires, optimistes ou socialistes, ne veulent pas comprendre. »<ref name=":0" /></blockquote>
  
 
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Version du 30 mars 2020 à 02:36

La technologie est l'étude des outils et des techniques. Le terme désigne tout ce qui peut être dit aux diverses périodes historiques sur l'état de l'art en matière d'outils et de savoir-faire. Il inclut l'art, l'artisanat, les métiers, les sciences appliquées et éventuellement les connaissances.

1 De savoir-faire d'initiés à une science

Dans le Capital, Marx souligne à quel point le capitalisme a balayé l'ancien mode de transmission des savoir-faire, qui s'opérait au sein des corporations et était jalousement gardé.

Auparavant, « les différentes branches d'industrie, issues spontanément de la division du travail social, formaient les unes vis-à-vis des autres autant d'enclos qu'il était défendu au profane de franchir. Elles gardaient avec une jalousie inquiète les secrets de leur routine professionnelle dont la théorie restait une énigme même pour les initiés. (...) Un fait des plus caractéristiques, c'est que jusqu'au XVIII° siècle les métiers portèrent le nom de mystères. Dans le célèbre Livre des métiers d'Étienne Boileau, on trouve entre autres prescriptions celle-ci :

« Tout compagnon lorsqu'il est reçu dans l'ordre des maîtres, doit prêter serment d'aimer fraternellement ses frères, de les soutenir, chacun dans l'ordre de son métier, c'est-à-dire de ne point divulguer volontairement les secrets du métier. »

(...) Ce voile, qui dérobait aux regards des hommes le fondement matériel de leur vie, la production sociale, commença à être soulevé durant l'époque manufacturière et fut entièrement déchiré à l'avènement de la grande industrie. Son principe qui est de considérer chaque procédé en lui-même et de l'analyser dans ses mouvements constituants, indépendamment de leur exécution par la force musculaire ou l'aptitude manuelle de l'homme, créa la science toute moderne de la technologie. »[1] La puissance obtenue par l'application de cette nouvelle science est telle qu'elle s'étant partout, même là où la façon de travailler est la plus séculaire et cyclique, l'agriculture :

« Dans la sphère de l'agriculture, la grande industrie agit plus révolutionnairement que partout ailleurs en ce sens qu'elle fait disparaître le paysan, le rempart de l'ancienne société, et lui substitue le salarié. (...) L'exploitation la plus routinière et la plus irrationnelle est remplacée par l'application technologique de la science. »[2]

2 La technologie au cœur de l'enseignement

« La bourgeoisie, qui en créant pour ses fils les écoles polytechniques, agronomiques, etc., ne faisait pourtant qu'obéir aux tendances intimes de la production moderne, n'a donné aux prolétaires que l'ombre de l'Enseignement professionnel. Mais si la législation de fabrique, première concession arrachée de haute lutte au capital, s'est vue contrainte de combiner l'instruction élémentaire, si misérable qu'elle soit, avec le travail industriel, la conquête inévitable du pouvoir politique par la classe ouvrière va introduire l'enseignement de la technologie, pratique et théorique, dans les écoles du peuple. Il est hors de doute que de tels ferments de transformation, dont le terme final est la suppression de l'ancienne division du travail, se trouvent en contradiction flagrante avec le mode capitaliste de l'industrie et le milieu économique où il place l'ouvrier. Mais la seule voie réelle, par laquelle un mode de production et l'organisation sociale qui lui correspond, marchent à leur dissolution et à leur métamorphose, est le développement historique de leurs antagonismes immanents. C'est là le secret du mouvement historique que les doctrinaires, optimistes ou socialistes, ne veulent pas comprendre. »[1]

3 Notes