Religion

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Symboles des principales religions

Les religions sont des systèmes de croyances jouant un rôle plus ou moins important en politique selon leur poids social.

1 Considérations théoriques

1.1 Généralités

1.1.1 La religion comme idéologie, comme illusion idéaliste

Pour le socialisme scientifique, d'essence matérialiste, le phénomène religieux est une aliénation et parfois une idéologie dont se parent certains mouvements.

En premier lieu c'est une contrainte socialement imposée ou auto-imposée qui pose toute une série d'interdits et de prescriptions irrationnelles, qui nuisent le plus souvent au libre épanouissement de l'individu et de la société.

Ensuite concernant les religions dominantes (religions d'État notamment), c'est un pouvoir autoritaire spécial octroyé à un clergé qui constitue une aile de la classe dirigeante. Ce pouvoir s'autojustifie par une soi-disant connaissance privilégiée et un rapport plus intime que le simple croyant (a fortiori que l'impie) avec le divin.

Plus fondamentalement, c'est une illusion idéaliste qui consiste pour l'homme à inverser la réalité du monde et à voir son créateur dans l'abstraction, alors que toute abstraction naît d'abord d'un terreau matériel. « L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. »[1]

1.1.2 Tendances dans l'évolution des formes de religion

Il y a chez Marx et Engels l'idée que les formes de religion ont des tendances à évoluer dans un même sens au cours de l'histoire.

Les premières croyances et religions sont historiquement des formes d'animisme et d'adoration de fétiches directement inspirés du monde naturel (animaux, soleil, lune...). Dans ces croyances, il y a une très forte composante magique, et cela correspond à des sociétés dans lesquelles la connaissance des lois physiques est à ses balbutiements. Le “cours des choses" est produit par la volonté d’esprits/divinités arbitraires, et peut être détourné par l'action du sorcier.

Les polythéismes comme la religion de Grèce antique ou l'hindouisme sont une autre variante, qui correspondent en général à des sociétés plus codifiées.

Par la suite il y a eu une tendance à l'adoption de monothéismes (parfois avec des échecs, comme le cas d'Akhenaton). Un des atouts de la forme monothéiste, c'est qu'elle est beaucoup plus universelle. Moins liée à la culture de son aire d'origine, elle peut davantage susciter des conversions. Et de fait l'apparition des monothéismes a déclenché des mouvements d'expansion plus ou moins vastes (christiannisme dans l'Empire romain, islam dans les conquêtes arabes...). De ce point de vue, le judaïsme est vu comme un maillon intermédiaire, parce que tout en étant le premier monothéisme, il se voulait adressé à un peuple élu, et donc moins prosélyte. Néanmoins il y a aussi eu un prosélytisme juif[2].

Dans les monothéismes, il y a par ailleurs moins de croyances dans l'intervention de Dieu sur le monde matériel. Néanmoins il y a en général un certain nombre de miracles, surtout dans les mythes fondateurs (surtout dans le Premier testament). Des formes de religiosité proches de celles du polythéisme, comme le culte des saints dans le catholicisme, peuvent se combiner avec le culte dominant pour le « Dieu unique », notamment par synchrétisme avec les anciennes croyances.

Dans les formes les plus abouties de monothéisme (comme l'Eglise réformée), l'idée d'intervention de Dieu ici-bas est largement repoussée. Dieu a créé les lois de la nature, mais le cours des choses se trouve ensuite soumis à des lois propres, ce qui laisse un vaste champ libre pour la science. Politiquement, cela permettait de délégitimer les institutions se voulant intermédiaire entre Dieu et les croyants (clergé catholique). Dans le déisme des philosophes des Lumières, on trouve cette logique poussée à fond.

Une religion parvenue à ce stade n'est plus qu'une hypothèse qui a de moins en moins d'impact sur la vie sociale. Ce qui permet alors à certains de faire le choix de préférer l'hypothèse matérialiste.

1.1.3 La religion : réactionnaire, progressiste, et/ou révolutionnaire

Cette illusion joue le plus souvent un rôle clé dans des sociétés marquées par la domination. Elle a un versant réactionnaire : apaiser les esprits vaincus, les convaincre de la délivrance prochaine dans l'au-delà, et surtout, qu'ils n'ont pas de pouvoir et surtout pas de légitimité pour agir dans la transformation sociale. Mais elle exprime parfois aussi des mouvements protestataires (diggers, quakers, théologie de la libération...)[3]. Le marxisme, en permettant de comprendre cette double nature (réactionnaire ou protestataire de la religion), est de ce point de vue en rupture avec une vision linéaire de l'histoire héritée des Lumières. Dans une société donnée, la religion n'est pas toujours du côté de la réaction et le matérialisme du côté du progrès ; ainsi, Engels parle en ces termes du rôle révolutionnaire joué par le protestantisme en Angleterre au 17e siècle, contre le matérialisme hobbesien :

« Avec Hobbes, le matérialisme apparut sur la scène, comme défenseur de l’omnipotence et des prérogatives royales ; il faisait appel à la monarchie absolue pour maintenir sous le joug cepuer robustus sed malitiosus [enfant vigoureux mais fourbe] qu’était le peuple. Il en fut de même avec les successeurs de Hobbes, avec Bolingbroke, Shaftesbury, etc ; la nouvelle forme déiste ou matérialiste demeura, comme par le passé, une doctrine aristocratique, ésotérique et par consequent odieuse à la bourgeoisie... Par conséquent, en opposition à ce matérialisme et à ce déisme aristocratiques, les sectes protestantes qui avaient fourni son drapeau et ses combattants à la guerre contre les Stuarts, continuèrent à constituer la force principale de la classe moyenne progressive... »[4]

Engels pensait que la révolution anglaise du 17e siècle était la dernière dans laquelle la religion aurait un rôle déterminant à jouer. La Révolution française, contrairement à sa cousine anglaise, « rejeta totalement l'accoutrement religieux et livra toutes les batailles sur le terrain politique »[4] : désormais, la religion semble condamnée à ne plus pouvoir jouer qu'un rôle réactionnaire. On s'explique ainsi la perplexité de Marx et d'Engels face à la persistance des références au christianisme primitif dans les premiers courants communistes du 19e siècle, notamment français et allemands (derrière Wilhelm Weitling). Engels affirme se sentir plus proche des socialistes anglais, les "owenistes", qui luttent contre les préjugés religieux. Les divergences sur la question religieuse entre Marx et Engels d'une part, les communistes français d'autre part, vont empêcher en 1844 la création d'une revue commune (les Annales franco-allemandes). Trente ans plus tard, Engels constatera avec satisfaction que le mouvement socialiste est devenu non-religieux, terme qui lui semble plus approprié que celui d'athéisme, car :

« Ce terme purement négatif ne s’applique plus à eux, car ils ne sont plus en opposition théorique, mais seulement pratique avec la croyance en Dieu ; il en ont tout simplement fini avec Dieu, ils vivent et pensent dans le monde réel et sont donc matérialistes. »[5]

Au 20e siècle, dans un pays comme la France, l'Eglise catholique a connu à la fois un mouvement de lente érosion de son influence, et à la fois un déplacement vers la gauche de son centre de gravité idéologique. Toutefois à la fin du 20e siècle et au début du 21e siècle, on peut constater un revirement : les prêtres engagés à gauche sont vieillissants, les courants conservateurs et réactionnaires renforcent leur influence, notamment dans la jeunesse, et l'Eglise officielle subit la pression de ce rapport de force dégradé. Ainsi par exemple, dans les années 1980 et 1990, les ardinaux Jean-Marie Lustiger et Albert Decourtray faisaient des déclarations répétées contre le danger du Front national, et l'épiscopat se positionnait encore contre le vote Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle de 2002. Mais lors de la présidentielle de 2017, un catholique pratiquant sur deux a voté pour François Fillon au premier tour, et au second tour 4 sur 10 ont voté Marine Le Pen, et l'Eglise ne s'est pas positionnée.[6]

1.2 Genèse de la pensée marxiste de la religion

1.2.1 Chez Marx

On cite souvent une phrase de Marx comme étant la quintessance de sa pensée en matière de religion :

« La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. »[1]

Cependant, il est insuffisant d'en rester là, car :

1. Cette métaphore n'est pas propre à Marx : on la trouve chez nombre d'auteurs, y compris Kant ou Feuerbach. Heinrich Heine écrit en 1840 :

« Bénie soit une religion, qui verse dans l'amer calice de l'humanité souffrante quelques douces et soporifiques gouttes d'opium spirituel, quelques gouttes d'amour, foi et espérance. »

Et en 1843, Moses Hess écrit :

« La religion peut rendre supportable [...] la conscience malheureuse de la servitude [...] de la même façon que l'opium est d'une grande aide dans les maladies douloureuses. »[7]

2. Cette phrase apparaît, chez Marx, dans la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, un article de 1844, époque à laquelle il est encore néo-hégélien : Marx voit la religion comme une aliénation de l'essence humaine, selon une analyse assez anhistorique qui ne fait pas appel aux classes sociales. En 1846, dans L'idéologie allemande, il engage pour la première fois une étude proprement marxiste de la religion comme fait social, et en particulier comme l'une des multiples formes de l'idéologie.

A ce titre, la critique marxiste de la religion en fait quelque chose qui peut s'expliquer à partir des rapports sociaux, avec lesquels elle forme une totalité :

« Il est clair que tout bouleversement historique des conditions sociales entraîne en même temps le bouleversement des conceptions et des représentations des hommes et donc de leurs représentations religieuses. »[8]

Pour combattre les superstitions religieuses, il s'agit d'abord et avant tout de combattre les causes qui les font naître. C'est ce qui a amené le jeune Marx a élargir la critique de la religion, alors cheval de bataille des jeunes-hégéliens, à la critique politique.

« Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé a une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole. [...] La critique de la religion désillusionne l'homme, pour qu'il pense, agisse, forme sa réalité comme un homme désillusionné, devenu raisonnable, pour qu'il se meuve autour de lui et par suite autour de son véritable soleil. La religion n'est que le soleil illusoire qui se meut autour de l'homme, tant qu'il ne se meut pas autour de lui-même. »[1]

1.2.2 Chez Engels

Peut-être à cause de son éducation piétiste, Engels a accordé au phénomène religieux beaucoup plus d'attention que Marx lui-même.

En bon matérialiste, il analyse dès 1850 dans son ouvrage La Guerre des paysans, les religions et les postures religieuses comme des idéologies liées à des classes sociales. Ainsi, en étudiant la naissance du protestantisme en Allemagne au début du 16e siècle, il repère trois camps en présence, chacun étant identifié à la fois par une certaine base sociale et par une idéologie religieuse propre. Ainsi, cette crise religieuse met aux prises :

  • un camp conservateur catholique, qui rassemble les prélats, les grands nobles et une bonne partie des princes de l'Empire germanique ;
  • un camp luthérien, bourgeois modéré, qui rassemble la bourgeoisie urbaine et la petite noblesse ;
  • un camp révolutionnaire, protestant et millénariste sur un plan religieux, plébéien et paysan d'un point de vue social.

Cependant, pour éclairantes que soient de telles analyses, Engels ne résiste pas toujours à la tentation du réductionnisme, et réduit souvent les diverses croyances à de simples déguisements d'intérêts religieux. Il prétend ainsi que Thomas Münzer, chef des paysans révolutionnaires allemands, dissimulait ses convictions révolutionnaires sous une phraséologie chrétienne qui parlait plus à la masse des paysans. La dimension spécifiquement religieuse et mystique du millénarisme münzérien semble lui avoir échappé.

De même, certaines analyses d'Engels sur le calvinisme semblent reprendre l'idée que la religion constitue un simple masque occultant la véritable nature d'une idéologie de nature politique. Ainsi, Engels écrit que dans la révolution anglaise du XVIIe siècle, "le calvinisme s'avère être le véritable déguisement religieux des intérêts de la bourgeoisie de l'époque[9]."

Engels a une approche dialectique de la religion, attentive aux deux aspects et au deux rôles, conservateur et protestataire, de la religion, mais en mettant souvent l'accent sur le second aspect. Ainsi, il met en lumière sa dimension anticipatrice et utopique de l'idéologie religieuse de Münzer :

« Sa doctrine politique correspondait exactement à cette conception religieuse révolutionnaire et dépassait tout autant les rapports sociaux et politiques existants que sa théologie dépassait les conceptions religieuses de l’époque. [...] Ce programme, qui était moins la synthèse des revendications des plébéiens de l’époque, qu’une anticipation géniale des conditions d’émancipation des éléments prolétariens en germe parmi ces plébéiens, exigeait l’instauration immédiate sur terre du Royaume de Dieu, du royaume millénaire des prophètes, par le retour de l’Eglise à son origine et par la suppression de toutes les institutions en contradiction avec cette Eglise, prétendument primitive, mais en réalité, toute nouvelle. Pour Munzer, le royaume de Dieu n’était pas autre chose qu’une société où il n’y aurait plus aucune différence de classes, aucune propriété privé, au aucun pouvoir d’Etat étranger, autonome, s’opposant aux membres de la société. »[10]

On est là très loin d'une théorie de la religion comme reflet de la société : elle n'est pas l'expression des conditions existantes, mais une anticipation géniale des théories communistes de l'avenir.

1.3 Chez Boukharine

« [O]n s'est mis à penser, qu'il y a derrière chaque chose « l'esprit » de cette chose ; la nature tout entière s'est spiritualisée (cette conception est appelée dans la science « animisme » du mot latin anima - âme ou bien animas - l'esprit). Une fois cette conception née, elle a conduit infailliblement à la religion qui a commencé par le culte des ancêtres, des aînés, des dirigeants, des organisateurs. Leurs âmes ou « esprits » étaient considérés comme les plus savants, les plus expérimentés, les plus puissants, capables d'aider chacun et dont dépend tout ce qui existe au monde. C'est cela qu'est déjà la religion. Ainsi, l'origine même de la religion indique qu'elle est née comme reflet de l'image des rapports de production (et en particulier de ces rapports où nous avons la domination - subordination), et du régime politique déterminé par ces rapports. La religion expliquait le monde entier suivant la formule par laquelle s'expliquait la vie intérieure de la société.

Et toute l'histoire de la religion montre que sa forme se modifie au fur et à mesure que les rapports de production, politiques et sociaux subissaient des transformations : si la société est composée de quelques tribus, rattachées faiblement l'une à l'autre et dont chacune a ses supé­rieurs et ses princes, la religion a la forme polythéiste; et lorsque, par exemple, com­mence le processus d'unification et se crée une monarchie centra­lisée, la même chose se passe au ciel où le seul Dieu monte sur le trône, Dieu aussi cruel que le roi terrestre : si nous sommes en présence d'une République de commerçants et de maîtres d'esclaves (telle que celle d'Athènes au Ve siècle), les dieux aussi sont organisés à la mode républicaine, bien que parmi tous ces dieux, la déesse de la cité victorieuse, Pallas Athénée soit tout particuliè­rement distinguée. Et de même que dans chaque État « qui se respecte », il existe toute une hiérarchie de chefs, de même dans les cieux, les saints, les ancres, les dieux, etc... sont disposés suivant leur rang, obtiennent des charges et des honneurs divers. Mais il y a plus ; parmi les dieux, comme parmi les chefs de la terre, on voit se développer la division du travail ; l'un devient spécialiste en matière militaire (Mars chez les Romains, saint Georges le Vainqueur ou bien l'Archi-stratège, c'est-à-dire le maréchal Michel chez les « chrétiens orthodoxes »), un autre pour le commerce (Mercure), un troisième pour l'agriculture, etc... On arrive ainsi parfois à des choses curieuses. Il y a, par exemple, en Russie, des saints « spécia­listes » en chevaux (Frol, Labre). Et partout où existent des rapports de domination à subordination, on voit la religion refléter ces rapports. Il faut encore observer que de même que dans la vie réelle, il y a des guerres, des révoltes, des violences, de même se rencontrent dans les sphères célestes, d'après les doctrines religieu­ses, des diables, des démons, « des princes des ténèbres » qui ne sont qu'un reflet des chefs ennemis s'efforçant sur la terre, de détruire l'État comme les autres dans le ciel essaient de renverser le pouvoir suprême du Dieu tout-puissant et tout le « régime céleste » existant. »[11]

2 Causes anthropologiques vs matérialisme historique ?

Beaucoup d'auteurs ont mis en avant des explications au moins partiellement naturalistes de la croyance religieuse (l'homme serait porté à ce types de croyances de par le fonctionnement même de son cerveau). Certains marxistes s'y sont opposé en y voyant des explications concurrentes du matérialisme historique. Ainsi Boukharine écrivait :

Ainsi, nous lisons chez [H. Cunow] que « les peuples sauvages et mi civilisés sont tout naturellement (!!!) Dualistes ». Cela ressemble un peu à cet « échange » d'Adam Smith qui constitue une qualité « tout à fait naturelle » à l'homme ou bien à l'explication de l'origine de la science par la faiblesse particu­lière qu'ont les hommes pour « l'explication causale » (ce que les savants allemands appellent Kausalitätstrieb).[11]

Cependant un assez grand nombre de résultats scientifiques convergent vers l'idée que les biais naturels du cerveau humain favorisent les croyances. Il est tout à fait raisonnable d'admettre que la tendance aux croyances en général a un fondement naturel, mais que, comme le dit Bouharine, « sa forme se modifie au fur et à mesure que les rapports de production, politiques et sociaux subissaient des transformations ».

3 Cas concrets

3.1 Religion babylonienne

« Chez les anciens Babyloniens (2 000 à 3 000 ans avant J.-C.) « Le ciel est l'image primitive de la terre ; toutes les choses terrestres ont été créées à l'image de celles des cieux ; un lien indissoluble existe entre les unes et les autres » (prof. B. A. Touriaeff : Histoire de l’Ancien Orient (1re partie). Les dieux sont les tuteurs (esprits) des hommes, ce qui correspond à notre « ange-gar­dien », des rues, des villes, des lieux, etc... « La divinité est liée d'une façon indissoluble au sort de sa ville; … sa majesté grandissait avec l'élargissement des limites du territoire de la cité ; si son peuple s'annexait d'autres cités, les divinités des villes conquises leur devenaient soumises ; au contraire, si l'on emportait l'image du dieu et si l'on détruisait son temple, cela équivalait à la destruction politique de la cité. » À côté des dieux principaux (Anou, Enlil, Ea, Sin, Schamasch, etc.) il existe encore toute une série d'esprits de moindre importance (Iguigui) et souterrains (Anounaki). Parallèlement à la constitution de la monarchie babylonienne une monarchie céleste fut créée : le développement de la puissance babylonienne a entraîné certains changements dans le Panthéon. Le dieu de Babylone devait prendre la première place. Ce dieu s'appelait Mardouk qui portait aussi un nom sumérien C'était la divinité du soleil printanier. La dynastie de Hammourabi (Hammourabi, roi babylonien qui a donné son nom à un recueil de lois retrouvé pendant les fouilles faites sur l'emplacement de l'ancienne Babylone, N. B.) en a fait, en réalité, la ( divinité suprême ». En même temps, les autres dieux supérieurs ont subi « l'évolution » suivante : (Enlil, roi du ciel et de la terre, a transmis à Mardouk... le pouvoir sur les quatre parties du monde et son nom de maître des pays. » En ce qui concerne Ea, on a « proclamé Mardouk son fils premier-né auquel son père avait gracieusement cédé ses droits, sa force et son rôle dans la création du monde. » Lorsque la monarchie babylonienne se fut affermie la conception s'est créée peu à peu d'une puissance divine unique, qui se manifestait sous une multitude de fictions et qui portait, relativement à ses formes, un grand nombre de noms. Les prêtres se sont mis à dire que les autres dieux supérieurs n'étaient que l'image de Mardouk : « Ninipe est Mardouk de la force ; Nergal, Mardouk de la bataille ; Enlil, Mardouk du pouvoir et du royaume. » Voici un passage d'un hymne-prière au dieu Sin, qui représente d'une façon très caractéristique le pouvoir monarchique céleste :

« Dieu maître des dieux, le seul grand dans le ciel et sur la terre... Toi qui as créé la terre, fondé les temples et qui leur as donné les noms, père des dieux et des hommes... chef puissant, dont la profondeur mystérieuse n'a été explorée par aucun dieu... père, créateur de tout ce qui existe ; Seigneur ! qui décide du sort du ciel et de la terre, dont les ordres sont irrévocables, qui détiens le froid et la chaleur, qui gouvernent les êtres vivants, quel dieu t'est comparable ? Qui est grand dans les cieux ? Toi seul. Et qui est grand sur la terre ? Lorsque ta parole retentit dans le ciel, les Iguigues se prosternent. Lorsqu'elle se fait entendre sur la terre, les Anounaki baisent la poussière... Seigneur ! Tu n'as pas de rival pour la domination sur la terre et sur le ciel parmi les dieux, tes frères ». (Cité d'après B. Touraieff.) Sin est représenté ici comme un empereur céleste, envers lequel on garde toute une étiquette (on se prosterne, on baise la terre, etc...). »[11]

3.2 Hindouisme

« Au sujet des anciens Hindous, beaucoup de choses intéressantes ont été dites par Max Weber dans ses études extrêmement curieuses, la morale économique des religions universelles (Max Weber, l. c. tome II : « Hinduismus und Buddhismus). Ici, la division de la société ayant un caractère économique de Classe et de profession a pris la forme de castes consolidées directement par la religion. D'après l'ancien recueil de lois de Manou, les quatre castes principales sont :

  • les brahmanes (prêtres, savants, écrivains nobles);
  • les kshatriyas (chevaliers nobles, guerriers);
  • les vaishyas (agriculteurs, ensuite commerçants et usuriers);
  • et les soudras (esclaves, artisans, etc ...).

Ainsi une caste « est toujours, et d'après son essence même, une union partielle, soit pure­ment sociale, soit professionnelle, à l'intérieur de l'union sociale ». Les brahmanes et les kshatriyas dirigeaient tout. Les vaishyas étaient considérés seulement comme une caste « pure », digne d'offrir aux brahmanes l'eau ou la nourriture. Les soudras se divisent en « purs » et « impurs » ; à ces derniers, un gentilhomme ne prendra jamais l'eau, un pédicure ne donnera jamais de soins, etc... Aux « impurs » soudras se joignent d'autres « impurs » : les uns ne peu­vent pas se montrer dans les temples, les autres sont considérés à tel point impurs que leur attouchement seul salit ; il suffit parfois à un noble ou à un « pur » de s'approcher d'un tel homme à une distance de 60 pieds pour être lui-même « souillé ». Un regard lancé par un « im­pur » sur la nourriture, la salit, etc...; par contre, les excréments d'un brahmane eux-mêmes sont considérés comme sacrés. Des milliers de règles et de cérémonies religieuses protègent l'ordre établi. Les rois et les princes tirent leur origine des kshatriya. L'administration politique aristocratique trouve également son expression dans la vie économique (taxes, impôts en nature, magasins d'État), et s'appuie sur un appareil bureaucratique invraisemblable. Parmi les idées religieuses qui se sont développées sur un pareil terrain social, M. Weber en considère deux comme principales : l'idée de migration des âmes (Samsara) et la doctrine de la récompense (Karma), qui se rattache à la première. Chaque action de l'homme lui est comptée ; il a une sorte de compte courant avec la balance de ses actions, bonnes et mauvaises ; quand il meurt, il est condamné à renaître sous la forme qu'il a méritée et qui est déterminée par la balance de ses actions au moment de sa mort. Il peut renaître roi ou brahmane ; « il peut aussi devenir un ver dans l'intestin d'un chien ». Par quoi les vertus principales sont-elles déterminées ? Par l'observance de l'ordre de caste. Si tu es esclave et impur, garde ta place. Si tu ne l'abandonnes jamais, si tu te souviens toujours que tu es un impur, alors peut-être après ta mort, dans la vie future, deviendras-tu noble, mais, sur la terre le régime de caste est immuable et il serait stupide de songer à le changer. La naissance n'est jamais un « accident » : chacun naît dans la caste qu'il a méritée dans sa vie antérieure, avant sa naissance actuelle. Le reflet du régime social et des intérêts des classes dominantes est ici patent. Nous trouvons ce reflet déjà antérieurement. Ainsi, par exemple, les dieux des Védas, recueil d'hymnes sacrés antiques, « sont des dieux héroïques et exerçant certaines fonctions à l'image des dieux d'Homère, tout comme les héros du temps des Védas, habitant des châ­teaux, bataillant tels les rois guerriers sur des chars de combat entourés de leur suite et ayant à côté d'eux... des paysans s'occupant plus ou moins d'élevage ». Parmi les plus caractéristiques, citons : « Indra, dieu de la tempête, et comme tel (à l'image de Yahveh) guer­rier passionné et héros, ... Varona, dieu sage, voyant tout, dieu de l'ordre éternel et avant tout de l'ordre légal »... (Il est intéressant de noter que du début, le ciel était dévolu seulement aux Brahmanes et aux Kashatryas). À côté de la religion officielle des classes dominantes, il existait encore une religion populaire qui, entre autres attributions, s'appliquait souvent aux actes sexuels. Les Védas appelaient un de ces cultes « mœurs infâmes des subordonnés ». Nous sommes donc ici en présence de plusieurs religions de classe. Voici, par exemple, la description d'un schisme religieux dans l'Inde méridionale (disons à ce propos qu'elle ressemble un peu au schisme religieux russe) : « Une partie des castes inférieures et quelques artisans royaux ont résisté aux Brahmanes et c'est ainsi qu'est née la secte des « valan-gaï » et « l'idan-gaï » qui existe encore aujourd'hui, la caste de la main « gauche » et celle de la main « droite ». »[11]

3.3 Grèce antique

« Chez les Grecs anciens, le régime féodal et le régime d'esclavage ont eu leur reflet dans le ciel, où Zeus était le roi des dieux. Déméter était la déesse de l'agriculture, Hermès, le dieu du commerce et des voies de communication, Helios des « professions libérales » (arts). Et c'est encore la même ligne que suivait la lutte des classes. Dans l'Athènes du Ve siècle (époque de la plus haute floraison et début de la décadence), la religion constitue une des armes principales de la classe dominante, de la « démocratie » marchande : « Selon Sophocle (le plus grand poète, bien-pensant » de ces temps, N. B.), le monde entier tombe en morceaux si la foi disparaît, tout ordre moral et politique reposant, d'après lui, sur la volonté des dieux ». (E. Meyer : Geschichte des Altertums, (Histoire de l'antiquité), tome IV, page 140 : Athènes depuis la paix de 446 jusqu'à sa capitulation en 404 avant J.-C.). L'opposition nobiliaire et les couches déclassées se servent de la critique religieuse comme critique de l'ordre établi. La démocratie marchande punit de mort le moindre doute sur l'existence des dieux. »[11]

3.4 Christianisme primitif

Le christianisme primitif est né dans un contexte très différent du nôtre, que Friedrich Engels a essayé d'étudier dans son ouvrage Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif[3]

Avant cela, il avait écrit, en 1882, un texte intitulé "Bruno Bauer et le christianisme primitif", où il suggérait que la religion chrétienne naissante avait recruté ses premiers adeptes parmi les esclaves romains. En remplaçant les différentes religions païennes locales détruites par l'Empire, et en réformant le judaïsme (abandon de l'idée de peuple élu, des interdits alimentaires...), le christianisme s'est présenté comme une religion universelle.

En 1894-1895, dans Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif, Engels formule une analyse sociologique plus nuancée des premiers chrétiens : Engels y  écrit que le christianisme primitif recrute non seulement parmi les esclaves, mais aussi parmi les hommes libres déchus des villes, les affranchis et les petits paysans criblés de dettes. Comme il n'existait pas de voie d'émancipation commune pour des gens si divers, seule la religion a pu leur offrir un rêve commun, un espoir commun.

L'intérêt d'Engels pour le christianisme primitif vient aussi de deux facteurs politiques contemporains :

1. La mémoire du christianisme primitif reste présente dans les mouvements révolutionnaires, des hérésies médiévales aux premiers mouvements communistes allemands (Wilhelm Weitling), en passant par la guerre des paysans du XVIe s.

2. Engels constate un parallélisme structurel entre christianisme primitif et mouvements socialistes contemporains : dans les deux cas il s'agit de mouvements de masses opprimées, qui proposent une libération imminente de l'esclavage et de la détresse. La différence essentielle tient à ce que les socialistes se battent pour une libération immanente, dans le monde et dans la vie, alors que les premiers chrétiens envisagent la délivrance dans l'au-delà. Mais même cette différence n'est pas toujours aussi tranchée qu'il y paraît : Thomas Münzer, le grand dirigeant de la guerre des paysans allemands du 16e s., voulait faire advenir le royaume de Dieu sur terre.

3.5 Les mouvements millénaristes

🔍 Voir : Millénarisme.

Dès la fin de l'Empire romain, le christianisme était devenue la religion dominante sous la forme du catholicisme romain. Un puissant clergé s'est constitué, et est parvenu à survivre à la chute de l'Empire, et à rester un allié de toutes les classes dominantes de l'Europe féodale (ce qui n'excluait pas des rivalités).

Une interprétation s'est imposée, notamment les idées de Thomas d’Aquin selon qui Dieu assigné sa place à chaque humain à sa naissance : roi, seigneur, serf ou esclave, riche ou pauvre. Le riche doit faire l’aumône mais sans diminuer la capacité de sa famille à tenir son rang assigné par le Ciel. Dans ces conditions, toute expérience sociale différente de la pyramide féodale, toute revendication populaire est considérée comme une hérésie.

Les mouvements populaires et bourgeois se sont quasiment systématiquement appuyés sur des "hérésies" qui professaient une forme ou une autre de millénarisme, sur l'idée d'un retour du Messie balayant les corrompus, y compris la "mauvaise Église".

Des millénarismes similaires ont également existé dans la sphère musulmane, par exemple les Qarmates au 10e siècle en Irak, Syrie, Palestine et dans la région de Bahreïn où ils fondèrent un état (~903-1077) aux prétentions égalitaires.[12]

3.6 Russie

« Chez les anciens Slaves, nous constatons la même chose. Le culte des ancêtres, des dieux nationaux, domestiques, professionnels, existait également. Le dieu principal de l'État était Péroun, dieu des commerçants et des guerriers nobles, en même temps que du tonnerre. Le paradis était ouvert à l'âme des princes morts et de leurs paladins, mais il n'y avait pas de place pour un simple mortel (voir N. AI. Nikolski : Les croyances religieuses primitives et les débuts du christianisme dans l'Histoire russe de Pokrovski. N. M. Nikolski lui-même voit les origines de la religion dans la peur qu'inspirent les morts, etc. ...). Prenons enfin les formes modernes de la religion chrétienne (orthodoxie). L'orthodoxie était et est encore une image exacte de l'auto­cratie byzantino-moscovito-pétersbourgeoise. Dieu est empereur, la Sainte-Vierge est impéra­trice, Nicolas le Thaumaturge et les autres saints favoris sont des ministres. Il y a ensuite tout un état-major de fonctionnaires (anges, archanges, séraphins, chérubins, etc...). Parmi tous ces courtisans, existe une division du travail : l'archistratège Michel est le maréchal (archistratège veut dire en grec, général en chef), la Sainte-Vierge est la première dame patronnesse, la pro­tec­trice ; Nicolas est surtout le dieu de la fertilité du sol, Pantélémon est une sorte de médecin, Georges le Victorieux, un guerrier divin, etc... Aux saints les plus considérables, on voue le plus de respect : on leur offre les meilleures couronnes, sacrifices, etc... La lutte des classes a pris en Russie plus d'une fois les formes religieuses (le raskol, les sectes de chtoundistes, de khlystes, de molokans, etc ...). Mais ce n'est pas ici la place d'en parler en détail ; ajoutons seulement pour conclure que les noms russes qu'on donne à la divinité montrent clairement l'origine de cette aimable idée de Dieu : Gospode veut dire maître (« et nous sommes tes esclaves »). Le mot « Bog » (Dieu), est de même origine que « bogaty » (riche), et ce sont tous les surnoms d'un monarque féodal et nobiliaire céleste, qui regarde le peuple comme des esclaves. Ce n'est pas pour rien que « l'orthodoxie» plaisait tellement à « l'auto­cratie ». »[11]

3.7 Les religions en Extrême-orient

D'assez fortes différences existent entre la façon dont les institutions religieuses se sont développées dans des pays comme le Japon et la Chine. Il n'y a pas eu de domination exclusive d'un clergé comme cela a pu être le cas avec l’Église catholique en occident.

Dans les élites aussi bien que dans les milieux populaires, les différentes formes de cultes des ancêtres, de confucianisme, de taoïsme et de bouddhisme ont eu tendance à cohabiter beaucoup plus librement, et, de façon liée, les liens entre États et organisations religieuses n'ont pas été aussi étroits qu'entre noblesse et clergé en Europe.

Ceci étant dit, les phénomènes de diffusion massive de tel courant, plutôt dans les couches populaires ou plutôt dans telle couche dirigeante, peut souvent être relié à des facteurs matériels et intérêts de classe. Par exemple :

  • Le Japon médiéval a connu au 13e siècle des formes de dissidences religieuses populaires que l'on peut rapprocher du millénarisme en Occident (écoles amidistes de Hônen et Shinran ou hérésies de Ippen et Nichiren...), en contestation des principaux monastères qui accumulaient du pouvoir économique et militaire. La secte ikko inspirée de Shinran sera la principale expression religieuse des grandes révoltes paysannes à partir de la moitié du 15e siècle.
  • Le Zen se développe plutôt parmi l'élite guerrière du shôgunat, qui apprécie sa simplicité et l'absence de nécessité d'études.
  • La bourgeoisie urbaine trouvera son idéologie en particulier dans la secte Hokke (qui hérite de Nichiren), qui joue un rôle proche de celui du protestantisme en Europe.

Il faut également noter que les communautés villageoises ont souvent structuré leur organisation d'autodéfense communale (ikki) à l'occasion de leurs regroupements sur les lieux de cultes locaux (rendus aux esprits kami dans les sanctuaires shintô).[13]

A l'époque moderne, un autre phénomène apparaît : l'arrivée de missionnaires chrétiens européens, fortement corrélée aux tentatives de pénétration impérialiste, par exemple au processus de semi-colonisation de la Chine.

Cependant, cela a parfois eu des effets imprévus. Par exemple, la traduction de la bible en chinois par le missionnaire Karl Gützlaff a été reprise par Hong Xiuquan, qui a dirigé la révolte des Taiping, mouvement ésotérique mais progressiste. Les idées d'égalité présentes dans la bible se sont retournées contre l'objectif de soumission initial. Marx avait bien pris note de ces faits.[14]

La conversion au christianisme eut surtout beaucoup de succès en Corée, où la plupart des couchés lettrées se sont converties (surtout à partir de 1885, au protestantisme anglo-saxon), et où aujourd'hui près de 30% de la population (en Corée du Sud) est chrétienne.

Au Japon en revanche, où la réaction face à l'impérialisme fut bien plus vive et précoce, le christianisme n'atteignit jamais plus de 3% de la population (1% aujourd'hui).

3.8 L'essor du protestantisme

🔍 Voir : Réforme protestante.

Le protestantisme est une religion chrétienne apparue en Allemagne au 16e siècle, à la suite d'un schisme avec l'Eglise catholique. Son développement est concomitant de celui du capitalisme, et l'analyse des rapports entre ce mode de production et cette religion a fait l'objet de commentaires de la part d'auteurs marxistes, à commencer par Marx lui-même, mais aussi d'auteurs non marxistes, comme Max Weber.

L'impression de la Bible de Gutenberg (premier ouvrage imprimé en Europe, en 1455) a joué un très grand rôle : à la fois pour unifier la langue et la nation allemande, et pour favoriser le message protestant (mettant l'accent sur le rapport plus direct avec les écritures, et la critique du clergé catholique) et son contenu réformiste / révolutionnaire de l'époque.

Mais le protestantisme ne peut pas pour autant être essentialisé comme "religion bourgeoise" : là où il ne s'est pas implanté, le capitalisme s'est développé sous d'autres idéologies, et des courants évangélistes du protestantisme ont pu exprimer des aspirations de travailleur-ses.

3.9 La papauté et les États-nations

Une des particularités de la répartition des pouvoirs dans le Moyen-Âge occidental était la coexistence de différents États européens et d'une autorité religieuse transnationale, l’Église catholique romaine dirigée par le pape. La séparation correspondait globalement à une bureaucratie (clergé) gérant l'appareil idéologique et les autorités gérant l'ordinaire (pouvoir spirituel et pouvoir temporel). Bien que l'Eglise ait en réalité la gestion directe d'un ensemble conséquent de terres rapportant des rentes bien matérielles.

Les identités nationales de ces différents États étaient relativement faibles avant le 19e siècle. Mais au fur et à mesure de leur montée en puissance, des conflits entre les États-nations (en voie de constitution) et l’Église catholique se sont multipliés (les papes d'Avignon, le schisme anglican, le Kulturkampf en Allemagne...).

3.10 Anticléricalisme

🔍 Voir : Anticléricalisme.

Du temps de l'Ancien Régime, lorsque la chrétienté était clairement l'idéologie de la classe noble, la bourgeoisie avait une action progressiste en repoussant l'obscurantisme, même si l'opposition à l'Eglise, puissante, se faisait prudente. C'est pendant la Révolution française et surtout en 1793 avec le fort mouvement populaire de la Commune, qu'éclate la première grande vague d'anticléricalisme.

L'attitude de la bourgeoisie face à la religion, encore ancrée dans les masses et formidable instrument de domination, s'est faite plus variable et ambigüe par la suite. Pour consolider son pouvoir, la bourgeoisie n'a souvent pas hésité à s'appuyer sur le clergé catholique et sa hiérarchie réactionnaire. Napoléon préconisait ainsi à 1807 à une maison d'éducation de jeunes filles : « Elevez-nous des croyantes et non des raisonneuses ! » [15]

C'est pourquoi l'anticléricalisme est longtemps resté une question de positionnement épineuse pour les socialistes.

3.11 Le christianisme contemporain

Comme toute religion, le christianisme est divisé en différents courants.

L'essor du socialisme s'est accompagné de l'apparition de courants chrétiens progressistes, en partie comparables aux anciens millénarismes. Ainsi Louis Jean-Baptiste Tourreil écrit en 1902 « Religion fusionienne, ou Doctrine de l'universalisation réalisant le vrai catholicisme »[16], qui fera quelques émules, notamment l'ancien communard Jules Babick.

La religion catholique n'avait pas la même signification et la même portée, durant les années 1960-1970, pour les travailleurs d’Irlande du nord et pour les dignitaires du régime de Franco.

En 1901, l'Eglise orthodoxe excommunie Tolstoï, qui développe une sorte de morale anarchiste chrétienne. Dans les premières années après la révolution d'Octobre 1917, des débats enflammés ont lieu publiquement dans l'Eglise sur la complémentarité ou non entre christiannisme et socialisme.

« Le baptisme d’un Noir est quelque chose de totalement différent du baptisme d’un Rockfeller. Ce sont deux religions différentes. » (Trotsky)[17]

En mars 1969, six prêtres catholiques s’introduisent dans les locaux de Dow Chemical, qui fournit du napalm à l’armée US qui l'utilise au Vietnam. Ils jettent des dossiers par les fenêtres, accrochent aux murs des portraits de paysans et d’enfants vietnamiens brûlés vifs et aspergent de sang tout le mobilier, et laissent un communiqué vengeur :« vous exploitez, vous spoliez et vous tuez au nom du profit (...) ce que vous vendez c’est la mort »[18]

3.12 Les mouvements islamiques

Les courants se revendiquant plus ou moins de l'islam sont issus d'un contexte historique donné. On peut distinguer notamment :

  • Les théocraties (l'Arabie saoudite ou l'Iran issu de la révolution de 1979) : le conservatisme des classes possédantes fusionnées avec le haut clergé s'expriment par l'Islam.
  • Les mouvements réactionnaires, principalement dans la période 1950-1970 contre les nationalistes arabes plus aux discours ou moins socialistes (Nasser, Ben Bella...).
  • Les mouvements s'appuyant sur des causes progressistes comme la résistance à un envahisseur (Liban, Afghanistan, Irak, Palestine...) ou à une oppression ethnique (les mouvements se nourrissant de la situation des immigrés en Occident). Lorsque les forces de gauche font défaut, il peut être nécessaire de former un front unique avec ces mouvements, à certaines conditions. Au Royaume-Uni, le rapprochement entre le SWP et le MAB est par exemple très controversé.

De manière générale, la tâche des marxistes doit être de s'opposer à son propre impérialisme ou à sa théocratie. Pour un marxiste d'Iran, renverser la "République islamiste" est la priorité. Pour un marxiste français ou états-unien, empêcher une agression US y compris sur des prétextes de lutte contre l'intégrisme est la priorité. Lorsque la bourgeoisie réactionnaire utilise les préjugés racistes pour diviser les exploités "nationaux" et immigrés, la dénonciation de cette stigmatisation (loi sur le voile, loi sur la burqa...) doit être implacable et passer avant l'attaque des supersitions des populations immigrées. Il est important de s'attacher à déceler les positions de classe derrière les phénomènes religieux. Il est évident qu'en France par exemple, l'islam est majoritairement implanté dans la frange immigrée de la classe ouvrière, et que les ultra-catholiques représentent une fraction de la bourgeoisie réactionnaire.

Dans une optique idéaliste, on pourrait penser que les solidarités et les clivages sont déterminés avant tout par la proximité religieuse. Il y a de nombreux contre-exemples. Par exemple lors de la vague d'oppression subie par les Rohingyas (musulmans sunnites de Birmanie), l'Arabie saoudite n'a presque rien dit : la raison est qu'elle ne veut pas se fâcher avec le pouvoir birman (bouddhiste), qui pourrait couper la route des exportations du pétrole saoudien vers la Chine.[19] Ou encore, malgré toute la rhétorique islamophobe du gouvernement polonais de Andrzej Duda (conservatisme catholique), celui-ci n'hésite pas à faire des accords économiques et à rencontrer le dictateur turc Erdogan (s'appuyant lui sur une vision réactionnaire de l'islam pour durcir sa politique intérieure)[20].

4 Le mouvement ouvrier et la religion

4.1 19e s. en Europe : entre christianisme de gauche et matérialisme

La Révolution industrielle au 19e siècle va engendrer l'essor du prolétariat, et donc jeter les bases d'une conscience de classe ouvrière. Mais l’éveil de la conscience ouvrière est inégal et lent. En Grande-Bretagne et aux États-Unis, l’ardeur ouvrière commence par prendre la forme idéologique de sectes religieuses en rupture plus ou moins radicale avec le clergé dominant. Les « dissidents » l’emportent vers 1850 dans toutes les villes et régions industrielles, face à une Église anglicane à usage des classes moyennes et supérieures. Chaque période de crise économique et sociale amène de nouveaux convertis aux sectes, au moment où, parallèlement, les immigrés irlandais donnent au catholicisme un visage plus dynamique. Plus la population industrielle est récente, plus la piété individuelle peut avoir des chances de l’emporter. En revanche, dans les vieux milieux d’artisans aguerris, le radicalisme et le laïcisme l’emportent. Baptistes, wesleyens, méthodistes primitifs recrutent dans le monde nouveau et déraciné de l’usine : ce lieu infernal suscite des âmes ardentes, toutes tournées vers leur salut personnel, à l’aise dans une religion communautaire et rude d’où les patrons sont exclus. Souvent, des Primitifs donnent les premiers militants du syndicalisme : le salut passe par la justice collective, à grand renfort d’argumentations bibliques. Du non-conformisme religieux au non-conformisme social et politique, le chemin est difficile, mais beaucoup de travailleurs le suivront.[21]

Mais dans la seconde moitié du 19e siècle en Europe, la majorité des leaders du mouvement ouvrier sont des athées. Il existe toute une tendance à la lutte frontale contre la religion. De nombreux socialistes, et en particulier des marxistes, ont combattu cette tendance pour plusieurs raisons.

Malgré l'importance de l'athéisme dans la formation de la pensée matérialiste de Marx, celui-ci n'a pas cherché à imposer comme une condition pour l'adhésion à l'Association internationale des travailleurs (Première internationale). Il est à noter que Bakounine également s'accordait sur le fait qu’il ne saurait être question d’ériger l’athéisme en « principe obligatoire » dans l'AIT, bien que celui-ci constitue le « point de départ […] négatif » de toute « philosophie sérieuse ».

Face à des blanquistes qui voulaient « abolir la religion », Engels prévenait que « les persécutions sont le meilleur moyen d'affermir des convictions indésirables ! »[22]

Au cours du 19e siècle, le mouvement ouvrier naissant s'est souvent emparé de la religion, avec des courants radicaux rompant avec le clergé dominant, et prenant souvent la forme d'un millénarisme. Dans de nombreux pays d'Europe occidentale, la perspective communiste a progressivement remplacé les formes religieuses de lutte. Cependant, là où le marxisme était faible, comme en Angleterre, les formes religieuses ont souvent duré plus longtemps. Par exemple, Trotsky raconte comment, à l'automne 1902, il fut très surpris d'assister à un meeting de socialistes religieux :

« Un dimanche, j'allai, avec Lénine et Kroupskaïa, visiter une église de Londres où se tenait un meeting social-démocrate entremêlé de psaumes chantés. L'orateur était un compositeur-typographe, revenu d'Australie. Il parla de la révolution sociale. Ensuite, toute l'assistance se leva et chanta: "Dieu tout-puissant, fais qu'il n'y ait plus ni rois ni richards..." Je n'en croyais ni mes yeux ni mes oreilles. »[23]

4.2 Le socialistes russes au début du 20e s.

Les social-démocrates russes, qui militaient dans un pays où l'immense majorité des classes populaires croyaient au christianisme orthodoxe, se sont beaucoup intéressés à la religion. Trotsky raconte ainsi ses premières réunions de l'Union ouvrière du Midi (en Ukraine actuelle), en 1897 :

« Certains d'entre eux se disaient baptistes, stundistes, chrétiens évangéliques. Mais ce n'étaient pas les membres de sectes dogmatiques. S'éloignant simplement de l'orthodoxie, ces travailleurs prenaient le baptisme comme étape d'un court trajet vers le chemin de la révolution. Au cours des premières semaines de nos entretiens, certains d'entre eux usaient encore de formules de sectes chrétiennes et cherchaient des analogies avec le christianisme primitif. Mais presque tous se débarrassèrent bientôt de cette phraséologie que raillaient sans cérémonie de plus jeunes ouvriers. »[24]

Lénine en particulier s'est beaucoup intéressé aux moyens de s'adresser aux travailleurs influencés par la religion.[25][26] Lors du 2e congrès du POSDR (1903), Lénine suggéra (avec l'aide de Bontch-Brouïevitch) la publication d’un périodique spécial pour s'adresser aux sectes religieuses (qui comptaient plus de 10 millions de membres à l’époque en Russie).[27] Par conséquent un journal appelé Rassvet (L’aube) fut lancé. Le premier numéro parut en janvier 1904, et continua à paraître – 9 numéros en tout – jusqu’en septembre de la même année. Le travail dans les sectes religieuses était d’une grande valeur pour les socialistes. Il suffit de lire l’autobiographie de Trotsky pour voir comment les quartiers ouvriers où foisonnaient les sectes religieuses s’opposaient à l’église orthodoxe.

Lénine avertissait en 1905 : « en aucun cas nous ne devons nous fourvoyer dans les abstractions idéalistes de ceux qui posent le problème religieux en termes de "raison pure", en dehors de la lutte de classe, comme font souvent les démocrates radicaux issus de la bourgeoisie »[28]. Il dit encore en 1909 que « la propagande athée de la social­-démocratie doit être subordonnée à sa tâche fondamentale, à savoir : au développement de la lutte de classe des masses exploitées contre les exploiteurs. »[29] Ce qu'il exprimait aussi en disant que « l'unité de cette lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée combattant pour se créer un paradis sur la terre nous importe plus que l'unité d'opinion des prolétaires sur le paradis du ciel ».[28]

Il se montre ouvert lorsque le pope Gapone se fait remarquer après le Dimanche rouge (1905) en exprimant la radicalisation de certains secteurs (il avait organisé une manifestation pacifique pour adresser une pétition respectueuse au « père », le Tsar, et suite à la terrible répression il s'écrie « Il n'y a plus de tsar ! »). Lénine dit qu'il est possible que Gapone soit un « socialiste chrétien sincère », et rapelle : « On ne peut douter qu'il y a un mouvement libéral et réformateur parmi certains secteurs de jeunes du clergé russe. »[30]

La révolution d'Octobre a entraîné une vague d'anticléricalisme, relativement populaire. Des églises et des reliques ont été brûlées, d'autres biens sont confisqués, et un bon nombre de membres du clergé orthodoxe ont payé le prix d'une ancestrale collaboration avec le tsarisme. S'ajoute à cela le sentiment anti-religieux propre aux cadres bolchéviks, en tant que militants formés à l'idée que la religion est un pilier de l'aliénation des masses.

Plusieurs organes sont improvisés et traitent de questions religieuses sous des angles différents : un département du Commissariat à la justice (futur département des cultes), la commission des affaires intérieures, la Tchéka, et une section dédiée à la propagande anti-religieuse au Commissariat à l'éducation... En 1922 une commission anti-religieuse est créée au niveau du Comité central, dirigée par Iaroslavski[31]. Zinoviev organise en 1923 un procès à grand spectacle contre l'Église catholique mené par Nikolaï Krylenko, à l'issue duquel les évêques Constantin Budkiewicz, Léonide Féodoroff et Jan Cieplak sont condamnés à mort ou au camp de travail.

Affiche-bolchevique-Azerbaidjan.jpg

Cependant la liberté de croyance n'était pas remise en cause et la direction du parti bolchévik tendait à modérer la propagande anti-religieuse. Lénine s'est battu contre ces tendances à la critique « sans tact »[32] du sentiment religieux des masses. Trotsky écrit également sur la propagande anti-religieuse en 1925 en Russie soviétique, en soulignant les limites des attaques directes.[33]

Les bolchéviks ont aussi porté une attention particulière aux religions minoritaires de l'ancien Empire russe, l'islam et le judaïsme.

Des débats traversent l'Internationale communiste sur l'attitude à avoir envers la religion. Par exemple, Boukharine reprochait à Gorter une trop grande neutralité :

« Comme conclusion de notre analyse de la religion, nous devons dire qu'une telle conception de la religion conduit directement le prolétariat à la nécessité d'une lutte active contre elle. Gorter, dans son livre sur le Matérialisme historique, non seulement s'éloigne du matérialisme philosophique, mais encore comprend d'une façon opportuniste et bourgeoise la proposition : « la religion - affaire privée ». Selon lui, cela veut dire qu'il est inutile pour nous de nous occuper de la religion qui, soi-disant, disparaîtra d'elle-même. Rien cependant n'arrive de soi-même dans une société et Marx, dans un de ses ouvrages si brillants et mordants (La Critique du Programme de Gotha) se moquait cruellement de la conception à la Gorter de la « religion - affaire privée ». D'après Marx, ce mot d'ordre ne signifie qu'une revendication des ouvriers, adressée à l'État bourgeois, pour que celui-ci ne fourre pas son nez policier dans ce qui ne le regarde pas et nullement une revendication adressé ; à eux-mêmes, afin de les rendre « tolérants » envers tout l'héritage des régimes ignobles et envers toute force réactionnaire. La conception de Gorter ne peut nullement sous ce rapport, être qualifiée de révolutionnaire et communiste. C'est un point de vue purement social-démocrate. »[11]

4.3 Stalinisme

Avec la stalinisation, un durcissement s'opère. La politique passe d'une attitude plutôt laïque à un athéisme d'État, et à une répression de toute pratique religieuse[34]. Après la mort de Lénine, de nombreuses églises ont été détruites par le régime (par exemple à Oulianovsk[35]). En 1925 Iaroslavski est placé à la tête d'une organisation de masse destinée à promouvoir activement l'athéisme, l'Union des sans-dieu.

La saisie de tous les biens restant à l'Église est ordonnée en 1934, officiellement pour lutter contre la Grande Famine. Avec la Seconde guerre mondiale, la politique soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change : pour souder la population autour du régime, il ne s'agit plus de persécuter, mais d'instrumentaliser l'Église, en même temps qu'est instrumentalisé désormais ouvertement le nationalisme grand-russe. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l'élection d'un nouveau patriarche en 1943 (le dernier n'avait pas été remplacé à sa mort en 1925). Staline s'adresse à la radio aux citoyens en utilisant non plus le terme de « camarades » mais celui de « frères ». Pratiquer l'orthodoxie ne conduit plus au Goulag et même des membres du Parti et de la Nomenklatura finissent par s'y adonner.

4.4 Autres

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En 1920 est créée la Ligue internationale des socialistes religieux[36], organisation sœur de l'Internationale socialiste, qui regroupe des socialistes chrétiens.

En 1971, après l'indépendance du Bangladesh qui provoque la chute de la dictature militaire, le Parti du peuple pakistanais accède au pouvoir, et le président Zulfikar Ali Bhutto mène une politique se réclamant du socialisme islamique conduisant à la nationalisation des principales banques et industries du pays. Après un nouveau coup d’État militaire en 1977, l'économie est largement re-privatisée, en même temps que l'islamisation de la société est favorisée par l'État.

Au début du 21e siècle, l'islamophobie est un sujet majeur qui divise l'extrême gauche, notamment en France où la gauche a une tradition antireligieuse très forte.[37][38]

5 Notes et sources

5.1 Notes

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Karl Marx, Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel, Introduction, 1843
  2. http://www.historionomie.com/archives/2016/08/15/34190635.html
  3. 3,0 et 3,1 Michael Löwy, Opium du peuple ? Marxisme critique et religion, Contretemps.eu, 7 février 2010
  4. 4,0 et 4,1 Friedrich Engels, Introduction à l'édition anglaise de Socialisme utopique et socialisme scientifique, in K. Marx, F. Engels Sur la religion, op. cit., p. 297-298.
  5. Friedrich Engels, Littérature d’émigrés, 1874, SR, p. 143.
  6. http://www.liberation.fr/debats/2018/04/02/henri-tincq-la-montee-des-forces-de-droite-au-sein-du-catholicisme-est-une-cruelle-deception_1640560
  7. Cité par Michaël Löwy,
  8. Karl Marx, Friedrich Engels, Compte rendu du livre de G.F. Daumer, « La religion de l’ère nouvelle », 1850, SR, page 94.
  9. Friedrich Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, in K. Marx, F. Engels, Sur la religion, Paris, Editions sociales, 1960, p. 259.
  10. Karl Marx, Friedrich Engels, Sur la religion, Paris, Editions sociales, 1960, p. 114.
  11. 11,0 11,1 11,2 11,3 11,4 11,5 et 11,6 Boukharine, La théorie du matérialisme historique, 1921
  12. https://fr.wikipedia.org/wiki/Qarmates
  13. Pierre-François Souyri, Histoire du Japon médiéval, 2013
  14. David Riazanov, Karl Marx on China, février 1926
  15. https://academiedecherbourg.wordpress.com/2010/06/07/madame-henriette-campan-1752-1822/
  16. Religion fusionienne, ou Doctrine de l'universalisation réalisant le vrai catholicisme, édition de 1902 sur Gallica
  17. Trotsky, La question noire aux États-Unis, 1933
  18. David Farber, The sixties : From Memory to History, 1994
  19. Libération, Rohingyas : l’Arabie saoudite étrangement silencieuse, octobre 2017
  20. http://www.liberation.fr/planete/2017/10/18/l-etrange-lien-amical-entre-varsovie-et-ankara_1603985
  21. Jean-Pierre Rioux, La révolution industrielle, Points, 1971
  22. Friedrich Engels Le programme des émigrés blanquistes de la Commune, 1873
  23. Léon Trotsky, Ma vie, 11. Première émigration, 1930
  24. Léon Trotsky, Ma vie, 7. Ma première organisation révolutionnaire, 1930
  25. Lénine, De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion, 13 mai 1909
  26. Lénine, L’attitude des classes et des partis à l’égard de la religion et de l’Église, 4 juin 1909
  27. Lénine, Draft Resolution on the Publication of a Periodical for Members of Religious Sects, 1903
  28. 28,0 et 28,1 Lénine, Socialisme et religion, 1905
  29. Lénine, De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion, 1909
  30. Lénine, Father Gapon, Vpériod n°4, 31 janvier 1905 (8 janvier a.s)
  31. Anderson, John (1994). Religion, State and Politics in the Soviet Union and Successor States. Cambridge, England: Cambridge University Press. pp. 3. ISBN 0-521-46784-5.
  32. Lénine, Télégramme à V. M. Molotov, 1921
  33. Trotsky, Sens et méthodes de la propagande anti-religieuse, 1925
  34. https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_anti-religieuse_soviétique
  35. https://fr.wikipedia.org/wiki/Oulianovsk
  36. http://www.ilrs.org/
  37. Lutte ouvrière, Le piège de la « lutte contre l’islamophobie », février 2017
  38. NPA, Combat contre l’islamophobie : quand Lutte Ouvrière inverse la hiérarchie des normes, février 2017

5.2 Sources