Racisme en France

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Cette page revient sur l'histoire du racisme en France, et son actualité.

Le racisme se généralise sous sa forme biologisante vers la fin du 19e siècle, même si on peut y trouver des antécédents auparavant. Il ne cesse ensuite d'être présent, et en confrontation avec la conscience de classe. Les cibles du racisme évoluent, des groupes se retrouvant plus ou moins « assimilés » à ce qui est considéré comme la majorité nationale, et de nouvelles minorités nationales étant visées, notamment suite aux évolutions de l'immigration.

Dans l'après-guerre, le racisme contre les Arabes prend une place de premier plan suite à l'arrivée de nombreux ouvriers que le patronat fait venir pour servir de petites-mains à la croissance des 30 glorieuses. A partir des grandes luttes anti-racistes des années 1980 ("marche des beurs"...) les préjugés et les actes racistes anti-Arabes ont eu tendance à diminuer. Cependant dans les années 2010, cette tendance commence à s'inverser. Si les actes racistes continuent pour l'instant à diminuer, les préjugés augmentent. Dans les sondages, un nombre de plus en plus important de personnes se déclarent elles-mêmes "racistes".[1]

1 Tendances

Le Français Arthur de Gobineau fut un des premiers théoriciens du racialisme « biologisant » moderne. Il écrivit en 1855 qu'il y aurait une race indo-européenne dont descendraient les noblesses européennes.

Comme le reste du monde, la France connaît un essor des idéologies et mouvement fascistes dans la Grande dépression des années 1930.

Les formes les plus haineuses de racisme reculent dans l'après-guerre. C'est l'effet du traumatisme des horreurs du nazisme et de la guerre en général, mais surtout de la croissance sans précédant qu'a connu le capitalisme dans les décennies 1945-1975. Malgré les inégalités, les populations dans leur ensemble voient leur niveau de vie augmenter. De larges pans des populations anciennement immigrées se voient plus acceptées et assimilées. Et en dehors de l'affrontement larvé entre les deux blocs pendant la guerre froide, il n'y a plus d'affrontement direct entre puissances impérialistes, et au contraire une tendance à l'intégration économique et politique (Union européenne, OMC...). Par ailleurs, les progrès des sciences rendent plus difficile pour les intellectuels réactionnaires de continuer à spéculer sur une « inégalité biologique des races ».

Actes racistes recensés en France de 1992 à 2020

Dans ce contexte, les théories racistes semblent reculer. Il reste néanmoins de forts relents de racisme, moins assumé chez les politiciens libéraux (de gauche et de droite), plus assumé dans l'extrême droite, et globalement diffus dans la population. Pour la première fois cependant, des mouvements anti-racistes de masse apparaissent en occident.

Le ralentissement économique à partir des années 1970, suivi du tournant néolibéral, a cependant refermé ces conditions relativement favorables aux idées égalitaires.

Face au chômage, l'État a stoppé l'immigration légale (hors asile et regroupement familial). A présent que les besoins ont drastiquement diminué, les politiciens de droite et d'extrême droite présentent les immigré·es comme des poids pour la société, sous-entendant que c'est en particulier parce que ces immigré·es (celles et ceux des dernières générations) ne sont pas européens :

Claude Guéant : « le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés. » (ces chiffres n'étant d'ailleurs retrouvables nulle part...)[2]

Mais de nombreux patrons apprécient encore d'avoir une main d’œuvre de sans-papiers, prête à s'embaucher dans des métiers que nombre de travailleurs français refuseraient d'exercer, et avec beaucoup moins de droits.

2 Les racismes

2.1 Racisme anti-Maghrébins et islamophobie

Si avant la Seconde guerre mondiale, la grande majorité de l'immigration en France se faisait à partir de pays d'Europe, les immigré·es originaires du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) sont ensuite devenus majoritaires parmi les arrivants. (Ils sont généralement désignés dans l'opinion comme des Arabes, même si en réalité la majorité sont des Kabyles et seule une très faible part des Maghrébins descendent des populations de la péninsule arabique.)

C'est une conséquence de la colonisation française du Maghreb, du fait de la relative proximité, mais aussi d'une politique active de l'État et du patronat dans l'après-guerre, du fait d'une forte croissance et donc d'un important besoin de main d’œuvre. De leur côté les autres pays d'Europe ont cessé d'être des terres d'émigration en se développant, et les anciennes générations d'immigré·es européens ont fini par être quasiment assimilées.

L'immigration était légale et encouragée, et beaucoup de travailleurs (surtout des hommes seuls à l'origine) venaient chercher du travail dans les industries ou comme ouvriers agricoles. Ils devaient partout se contenter de conditions d'infériorité (tâches les moins qualifiées dans les usines, logements les plus dégradés voire bidonvilles, dont le plus connu était celui de Nanterre...). Et ils devaient faire face à un racisme omniprésent, les groupes d'extrême droite étant particulièrement violents dans les années 1970. Rien que l'année 1973, 52 Maghrébins sont tués en France. Plus de 200 ont été assassinés par des racistes et plusieurs centaines d’autres agressés entre 1971 et 1991.[3]

Malgré tout il y avait suffisamment d'espoir alors de voir son sort s'améliorer avec le temps, ce qui poussaient la plupart à beaucoup d'abnégation. Une partie de la deuxième génération va elle s'engager dans des luttes contre le racisme, comme la marche de 1983.

Quand bien même il n'y a plus de discrimination raciale officielle, les Maghrébins subissent particulièrement un racisme structurel. Un·e Maghrébin·e a 1,75 fois moins de chances d’avoir un logement dans le privé qu’un blanc. Ces 20 dernières années, plus de 100 personnes ont été assassinées par les forces de l’ordre, essentiellement des jeunes d’origine maghrébine, dans les quartiers ghettoïsés. Quant aux contrôles au faciès, ils sont une réalité : un Maghrébin a 8 fois plus de chance qu'un Blanc d'être contrôlé par la police.[4]

Dans les dernières décennies du 20e siècle, le racisme « biologisant » (postulant une inégalité naturelle de races) a beaucoup reculé dans les discours grand public. Cependant il a souvent été remplacé par des discours culturalistes (de supposées valeurs véhiculées par les immigrés qui seraient fondamentalement incompatibles avec « la République »), et en particulier portant sur l'Islam. L'islamophobie est souvent vue aujourd'hui comme la plus importante forme de racisme envers les Maghrébins.[5]

Un vent de stigmatisation s'est levé dans les années 2000 sur les musulmanes portant un voile, entretenant un climat délétère permanent[6]. Les lois racistes - parce que faites intentionnellement pour stigmatiser la population musulmane - se sont alors multipliées : loi de 2004 contre le voile à l'école, loi de 2010 contre le niqab, arrêtés anti-burkini, loi « contre le séparatisme » de 2020...

Tout cela dans un contexte où des terroristes se revendiquant de l'Islam ont commis plusieurs attentats (2012, 2015, 2020...), attisant les amalgames et les haines racistes.

Les militant·es qui tentent de créer des cadres non mixtes, entre personnes issues de l'immigration, pour discuter de leur oppression spécifique, subissent particulièrement le déchaînement réactionnaire.[7][8]

2.2 Racisme anti-Noir·es

Pendant la Révolution française, en février 1794, les députés montagnards votent l'abolition de l'esclavage colonial. Suite à cela, trois nouveaux députés de Saint-Domingue sont élus et rejoignent les bancs de la Montagne : le Blanc Louis-Pierre Dufay, le Métis Jean-Baptiste Mills et le Noir Jean-Baptiste Belley, chaleureusement accueillis à la Convention par Camboulas, Maribon-Montaut, Danton, Delacroix, Levasseur, et l'abbé Grégoire les 3, 4 et 5 février 1794. Momoro les fait inscrire le soir du 4 février au club des Jacobins. Chaumette organise avec les trois nouveau députés une fête au temple de la Raison le 18 février. Hébert publie un article très enthousiaste pour cette fête et l'arrivée des "trois rois mages" le surlendemain (20 février).

Mais l'esclavage est vite rétabli par Napoléon, et ne sera définitivement aboli qu'en 1848.

« Y'a bon » Banania, cliché raciste qui a circulé des décennies dans un nombre incalculable de foyers français

Après les décolonisations, des Noirs d'Afrique subsaharienne francophone ont commencé à immigrer, même si cela représente peu (le trajet est long et souvent mortel, et l'immense majorité des migrations se font au sein de l'Afrique).

Les Noir·es se retrouvent souvent ghettoïsés dans les mêmes quartiers que les Maghrébins, subissant les mêmes violences policières. Un Noir a 6 fois plus de chance qu'un Blanc d'être contrôlé par la police, et 2,5 fois moins de chances d’avoir un logement dans le privé.[4]

Le racisme anti-Noir·es est marqué par l'infériorisation produite par l'héritage de l'esclavage et de toutes les idéologies racialistes produites pour le justifier. D'autant plus que de forts relents de cet héritage refont régulièrement surface, notamment chez des politiciens réactionnaires, comme lorsque Sarkozy a proclamé à Dakar que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire ».

La stigmatisation des Noir·es a lieu aussi dans les restes de colonies françaises, comme à Mayotte. Cette île pauvre, seule possession française au milieu de l'archipel des Comores, voit forcément arriver une immigration des îles voisines encore plus pauvres. Les bourgeois n'ont pas d'autre réponse que de les traiter comme des menaces :

« Il y a une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violence… mais que je ne peux pas quantifier. » Claude Guéant, 11 septembre 2011

2.3 Racisme anti-Roms

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Les Roms sont autant sinon plus touchés par le racisme que les Arabes et les Noirs. En particulier, le mode de vie nomade qu'une partie d'entre eux ont gardé les rend suspects aux yeux des sédentaires, et ce depuis des siècles. Là où ils se sont installés, ils forment souvent des communautés très pauvres.

« Ils vivent avec huit enfants dans une pièce. Lorsqu 'on n'a qu'une pièce, on ne fait pas huit enfants ! » Arno Klarsfeld

« C’est vrai, la délinquance roumaine intervient pour 2% dans la délinquance générale en France et même pour la région parisienne, c’est 3% (…) D’ailleurs il suffit de se promener dans la rue pour voir qu’il y a une forte présence, pour autant qu’on puisse reconnaître la nationalité des gens sur leur visage. » Claude Guéant[9]

En juillet 2013, le député-maire de Cholet Gilles Bourdouleix (UDI) dit à propos de gens du voyage, « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».

« La présence immigrée des Roms, bien qu'elle ne représente pas un véritable danger pour la sécurité des gens, est particulièrement urticante. » Jean-Marie Le Pen[10]

2.4 Racisme anti-Juif·ves (antisémitisme)

L'antisémitisme a une longue histoire en France. Jusqu'au 19e siècle, il a été surtout véhiculé alors par des chrétiens. Les juifs sont notamment accusés d'être coupables de la mort de Jésus-Christ ("peuple déicide"), et de ne pas s'être convertis à la nouvelle religion. La prière du vendredi saint contient le terme de "juifs perfides" jusqu'en 1965.

Au Moyen Âge, nombre de professions furent interdites aux Juifs. Ils furent exclus de toute fonction administrative, et surtout des corporations de métiers, et des confréries religieuses. Il leur était interdit de posséder des terres pour les cultiver. Ils vivaient donc dans les villes, où ne leur restaient comme possibles activités que celles qui étaient précisément interdites aux chrétiens. Si bien qu’ils furent contraints principalement de s’orienter vers le commerce et le prêt à intérêt, souvent interdit aux chrétiens d’Occident et aux musulmans. De ce fait, certains parmi ces banquiers deviendront des financiers puissants à la fin du féodalisme.

Les Lumières méprisaient majoritairement les Juifs, qu'ils voyaient comme des survivances de l’obscurantisme médiéval (étant très attachés à leur culte), et en tant que soutiens financiers de l’aristocratie.

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Au début du capitalisme industriel, des banquiers Juifs comme les frères Péreire ou la famille Rothschild ont joué un rôle important dans le financement du développement industriel (chemins de fer), ce qui de plus leur apportait des avantages politiques (annoblissement, protection de l'État...). Même si le poids relatif des Juifs a été largement dilué dans la bourgeoisie, ce facteur, mis en perspective historique, servira de base au cliché du Juif-banquier-surpuissant. D'autant plus que les Juifs forment une diaspora présente dans de nombreux pays, ce qui a servi à fantasmer sur le "complot mondial" (un exemple qui sert de base à cette idée, le fait que la famille Rothschild soit présente en France, en Autriche et en Angleterre).

Par conséquent, dans le contexte du 19e siècle, les juifs se retrouvent à la fois ciblés par des attaques venant de nationalistes (ils seraient cosmopolites, sans attache patriotique), et venant de socialistes confus (amalgamant juifs et financiers / capitalistes). Ainsi les Juifs vont être à la fois assimilés aux capitalistes (la « finance juive »), et aux intellectuels de gauche, « modernistes », démocrates ou socialistes, qui ruineraient la Nation de l'intérieur. De nombreuses expressions comme « la finance apatride » ou la « juiverie cosmopolite » jouent sur les deux tableaux.

Il y eut une vague d'antisémitisme en particulier à la fin du 19e siècle, dans de larges couches sociales et y compris dans les milieux populaires. Dans de nombreuses publications, les thèses antisémites anciennes et nouvelles fusionnaient, servant de passerelles confusionnistes entre milieux politiques divers. L'Affaire Dreyfus fut l'occasion d'un déchaînement d'antisémitisme. Puis il tend à reculer, notamment dans le mouvement ouvrier et dans la gauche bourgeoise.

Suite à la dépression économique, le racisme connaît un regain très fort dans les années 1930, et l'antisémitisme en particulier. Les Juif·ves sont alors le bouc émissaire principal de toutes les frustrations qui s'accumulent en Europe et en France.

L'antisémitisme devient une politique criminelle d’État sous l'occupation nazie et le régime collaborateur de Vichy.

Tract anti-communiste et antisémite dans l'Allier, pendant la Seconde guerre mondiale

Après la Seconde guerre mondiale, le contexte a changé. C'est l'effet du traumatisme des horreurs du nazisme et de la guerre en général, mais surtout de la croissance sans précédant qu'a connu le capitalisme dans les décennies 1945-1975. Malgré les inégalités, les populations dans leur ensemble voient leur niveau de vie augmenter. De larges pans des populations anciennement immigrées se voient plus acceptées et assimilées. Par ailleurs, les progrès des sciences rendent plus difficile pour les intellectuels réactionnaires de continuer à spéculer sur une « inégalité biologique des races ». De manière générale, les formes les plus haineuses de racisme reculent dans l'après-guerre.

Ainsi dans la deuxième partie du 20e siècle, l'antisémitisme semble reculer (en particulier l'antisémitisme d’État). En France, l’attentat mortel contre la synagogue de la rue Copernic (1980) ou la profanation de morts juifs au cimetière de Carpentras (1990), passent pour des exceptions résiduelles.

Mais l'antisémitisme tend à regagner en importance à mesure que la crise sociale s'approfondit. A nouveau les thèmes complotistes sont réactivés, ainsi que la même confusion entre un certain anticapitalisme de surface et des milieux d'extrême droite : mouvance de Soral, Dieudonné…

En février 2006, l’assassinat du jeune Ilan Halimi, dont les ressorts étaient clairement antisémites – ses ravisseurs espéraient en effet toucher une rançon importante parce qu’il était juif – constitua un véritable choc dans la population juive. Puis ce fut, en 2012, le djihadiste Mohamed Merah qui assassine des enfants juifs dans une école à Toulouse. En 2015, dans le sillage des attentats de Charlie Hebdo, les terroristes s'en prennent à des Juif·ves dans un Hyper Cacher.

2.5 Racisme anti-Polonais·es

Ainsi en France dans les années 1920, c’est l’immigration polonaise qui sera victime d’une stigmatisation et de discriminations. Il se développera d’ailleurs tout un discours qui accusera les enfants polonais de ne pas bien s’adapter à l’école (cette chère école française républicaine...) et ainsi de menacer l’ordre public et l’unité nationale.

2.6 Racisme anti-Chinois·es (sinophobie)

Les premières immigrations chinoises en France se sont aussitôt accompagnées d'un racisme spécifique. Par exemple à Tahiti, les autorités françaises ont fait venir des travailleurs chinois à partir du début du 20e siècle, et peu à peu certains sentiments réactionnaires se sont exprimés. Par exemple le peintre Paul Gauguin, installé à Tahiti, organise un mouvement contre les Chinois, agitant un fantasme de domination :

«Cette tache jaune souillant notre pavillon national me fait monter le rouge de la honte à la face. (…) L’étranger, comme nous, vit d’un certain luxe, et à mesure qu’il fait fortune, il augmente ses dépenses, entretient un courant de capitaux et concourt à la fortune publique. Tandis qu’avec le Chinois, il n’y a rien de tout cela : l’argent entre dans sa caisse et s’en retourne en Chine ; (…) On peut donc voir avec quelle facilité et quelle rapidité le Chinois aura tout absorbé en ne nous laissant à nous autres qui sommes cependant à Tahiti chez nous, une terre française, rien. Rien à nous mettre sous la dent.»[11]

Ces dernières années, des agressions racistes ont eu lieu contre des Chinois à Paris, et ces derniers (particulier les enfants des premières générations) ont commencé à se mobiliser, ce qui visibilise ce racisme largement sous-estimé.[12]

2.7 Racisme anti-Anglais·es

En Normandie, des formes de racisme ont pu exister contre les Anglais au moment de l’introduction de machines venues d'outre-Manche, déqualifiant le travail artisan.

2.8 Racisme anti-Belges

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Les Belges, majoritaires dans la population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes anti-Belges dans les années 1890.

En 1892, le journal républicain Le Grelot publie une caricature des travailleurs Belges, qui « pendant que l’ouvrier mineur français laisse sa famille et ses outils pour accomplir son service militaire, le belge lui prend sa place et travaille a vil prix. »

2.9 Racisme anti-Italien·nes

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La première vague d’immigrants avait quitté l’Italie entre 1871 et 1900, pour fuir la pauvreté. 5 millions d’Italiens immigrèrent dans le Nord de la France et surtout à Marseille, pour y trouver du travail. Cette première vague connut des conditions de vie extrêmement difficiles et la ségrégation dans des ghettos en périphérie des grandes villes comme Paris ou Marseille, sans parler de la promiscuité dans les baraques ouvrières des villes industrielles du Nord.

Ces travailleurs étaient surexploités, acceptant les tâches les plus rudes et des salaires dérisoires, ce qui ne les mettait pas à l’abri de rixes parfois très violentes avec les ouvriers français. Ce racisme anti-italien atteindra son point culminant avec la tragédie d’Aigues-Mortes, le 17 août 1893, qui vit des altercations entre travailleurs italiens et français dégénérer en véritable émeute, durant laquelle la foule excitée poursuivit les Italiens, armée de fourches et de pioches, provoquant un véritable massacre.[13]

En juin 1894, l’assassinat de Sadi Carnot, président de la République, par Caserio, anarchiste italien, provoque de nouvelles émeutes anti-italiennes à Lyon.

« Ils arrivent comme des sauterelles. Ils sont sales, tristes,…Ils s’installent chez les leurs, entres eux, demeurant étranger au peuple qui les accueille, travaillants à prix réduits »-La Patrie-1896

2.10 Racisme anti-Espagnol·es

La fuite de nombreux espagnols suite à la guerre civile (1936-1939) et à la victoire de Franco a engendré des réactions contrastées en France. Tandis que les communistes étaient majoritairement en solidarité avec ces voisins dont beaucoup étaient des camarades, des mouvements d'extrême-droite n'hésitaient pas à s'insurger contre les camps de réfugiés à la frontière (alors même qu'ils étaient traités dans des conditions de profond dénuement). Il leur était particulièrement reprochés d'être farouchement anticléricaux. Par exemple le quotidien de droite bisontin L’Eclair Comtois et La République de l’Est relaient une diatribe du député local, le 4 février 1939, qui parle de "racailles interlopes", et qui ajoute

« rejetons sans scrupules les violeurs, les profanateurs de sanctuaires, les fusilleurs et les tortionnaires. Fermons sans regret et sans hésitation notre porte aux déterreurs de carmélites, aux rôtisseurs de curés et de moines, aux scieurs d’otages entre deux planches » [...] « Quand une bête est prête à crever, la vermine quitte ce qui ne sera bientôt plus qu’un cadavre encombrant. »

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2.11 Racisme anti-Allemand·es (germanophobie)

Les rivalités avec la bourgeoisie allemande ont à certains moments conduit des secteurs de la bourgeoisie française a encourager un véritable racisme anti-allemands.

A l'époque de la guerre de 1914-1918, une vraie propagande encourageait la haine "du boche". Un magazine publiait même une "enquête" affirmant que l'urine des Allemands était 30% plus toxique que celle des peuples de l'Entente et des Français en particulier...[14]

3 Mépris envers les « provinciaux »

En France, la Révolution industrielle a provoqué un fort exode rural des provinces vers Paris (Bretons, Auvergnats...). Les classes possédantes parisiennes ont majoritairement développé un profond mépris de classe pour ces nouveaux venus. Une des théories en vogue était alors que les parisiens étaient les fiers descendants des Francs victorieux, tandis que les provinciaux étaient la progéniture dégénérée des Gaulois vaincus.

C'était principalement de la classe dominante, concentrée à Paris, qu'émanait ce racisme. Ainsi le Journal des débats parlait "d'invasion des barbares", le baron Haussmann y voyait une "tourbe de nomades", et Adolphe Thiers une "multitude de vagabonds".

De nombreuses Bretonnes se retrouvent "bonnes" ou prostituées à Paris, ce qui inspire notamment en 1905 l'image de Bécassine, jeune fille naïve (qui d'ailleurs n'a presque jamais de bouche).

« Les principaux traits de la race bretonne sont la malpropreté, la superstition et l'ivrognerie » Manuel de géographie, 1929

En 1831, Auguste Romieu, sous-préfet à Quimperlé, écrit :

« La Basse-Bretagne, je ne cesserai de le dire, est une contrée à part qui n’est plus la France. Exceptez-en les villes, le reste devrait être soumis à une sorte de régime colonial . Je n’avance rien d’exagéré  » « Créons, pour l’amélioration de la race bretonne, quelques-unes de ces primes que nous réservons aux chevaux et faisons que le clergé nous seconde en n’accordant la première communion qu’aux seuls enfants parlant le français  » .

Le même type de mépris et de domination a été renvoyé aux Auvergnat·es :

« Détruisez, si vous pouvez, les ignobles patois des Limousins, des Périgourdins et des Auvergnats, forcez les par tous les moyens possibles à l’unité de la langue française comme à l’uniformité des poids et mesures, nous vous approuverons de grand cœur, vous rendrez service à ses populations barbares et au reste de la France qui n’a jamais pu les comprendre. » Le Messager, 24/09/1840

Quand aux méridionaux, c'est parfois pire... Dès 1793, Fréron dit à la Convention : « Je crois que Marseille est incurable à tout jamais, à moins d’une déportation de tous ses habitants et d’une transfusion d’hommes du nord ». Et Louis Ferdinand Céline écrivait en novembre 1942 :

« Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, Félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage nègrifié.  »

En 1951 est promulguée la loi Deixonne, première loi française autorisant l’enseignement des langues régionales de France, de manière facultative. Un député socialiste réagit, « Comment ! On veut nous apprendre le dialecte des cavernes !  ». 

Aujourd’hui, la relative homogénéisation entre régions a beaucoup atténué ces différenciations, mais elles perdurent, par exemple avec tous les clichés véhiculés sur les gens du Nord (département au plus fort taux de pauvreté après la Seine-Saint-Denis).

Faire la comparaison avec le racisme plus contemporain a ses limites, et est parfois très critiqué. Cependant, cela peut aider à réfléchir aux mécanismes du racisme.

Un livre d'Omar Benlaala établit une comparaison entre son père, ouvrier du bâtiment né en Algérie et venu travailler à Paris dans les années 1960, et Martin Nadaud, ouvrier du bâtiment né en Creuse et venu travailler à Paris au milieu du 19e siècle.[15]

Arguments contre la comparaison Arguments pour la comparaison
Le mépris des « provinciaux » est interne à la majorité nationale française. C'est un mépris qualitativement inférieur à l'oppression raciste des étrangers. La majorité nationale est une notion qui évolue, et qui était encore en construction au 19e siècle. On peut donc considérer que des « provinciaux » (surtout celles et ceux venus se prolétariser à Paris) étaient partiellement racialisés par les dominants pour justifier leur oppression.
Ce n'était pas des racismes structurels car ils ont aujourd'hui quasiment disparu. Des racismes contre des étrangers (Belges, Italiens...) ont aussi quasiment disparu, tandis que d'autres restent forts (Polonais, Arabes...). Ce n'est pas parce qu'un racisme relève de mécanismes structurels qu'il ne peut pas évoluer sur le long terme. L'analyse des conditions économiques est fondamentale pour expliquer ces évolutions.

4 Hiérarchisation des racismes ?

D'un point de vue moral, aucun antiraciste ne peut parler d'une quelconque hiérarchisation entre les différents racismes. Mais les racismes sont de fait plus ou moins présents selon les lieux et les époques, ce qui implique dans les luttes des campagnes ciblant prioritairement des combats. Par ailleurs, les racismes n'ont pas la même force de nuisance selon de nombreux facteurs : sont-ils seulement des sentiments diffus dans la population, une idéologie portée par la classe dominante et/ou une politique d'Etat ? visent-ils une couche particulièrement dominée en terme de classe ?

Le sociologue Saïd Bouamama considère que l'Etat français est actuellement responsable d'une hiérarchisation des racismes.[16]

5 Racisme « de gauche »

Le mouvement ouvrier est traversé par les idéologies racistes comme le reste de la société, de façon particulière en raison des positions de classe. Ainsi parfois les luttes communes entre travailleur·ses français·es et étranger·ères peuvent créer des solidarités qui font reculer le racisme, parfois à l'inverse, les concurrences entre travailleur·ses font naître des sentiments xénophobes, sur lesquels les classes dominantes s'appuient souvent, dans une logique de « diviser pour mieux régner ».

Le socialisme a toujours eu majoritairement tendance à combattre le racisme, au nom de l'humanisme mais aussi en tant que nécessité pour atteindre une conscience et une solidarité de classe effective. Mais les intellectuels qui forgent les idées socialistes sont parfois marqués par les discours racistes en circulation, ou des idées qui sous couvert d'universalisme républicain cautionnent l'impérialisme et le racisme. Il existe toute une tendance à une forme de racisme "respectable" dans la gauche française, qui remonte à des fondements historiques anciens[17].

Parmi les pionniers du socialisme, Fourrier, Saint-Simon, nombre d’entre eux ont confondu dans leur condamnation les Juifs et les capitalistes, comme ils ont opposé le « peuple producteur » à la « finance juive ». Ainsi en 1845 le fouriériste Alphonse Toussenel écrit un pamphlet intitulé Les juifs, rois de l'époque, qui aura une large influence sur tout un courant antisémite de gauche.

Proudhon, lui, était ouvertement antisémite. Il écrit dans ses carnets le 26 décembre 1847 « Le Juif est l'ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l'exterminer. » ; ses attaquent visaient d'ailleurs aussi Marx, ce « ténia du socialisme ». Blanqui avait également une grille de lecture antisémite.[18]

Suite à la Révolution de 1848, un décret facilitant la naturalisation des ouvriers étrangers est adopté sur proposition du socialiste Louis Blanc, pour contrer des manifestations de xénophobie y compris dans la classe ouvrière.

Vers la fin du 19e siècle, après la Commune, le nationalisme en France ne devient plus qu'un sentiment réactionnaire. Malheureusement, il touche aussi le mouvement ouvrier, comme par exemple lorsque des travailleurs italiens sont tués à Aigues-Mortes (1893).

A ce moment-là l'antisémitisme est aussi très fort en France. Par exemple chez Rochefort, ancien communard, qui sera antidreyfusard et chaud partisan de Boulanger, puis finira à l'Action française. Comme lui, un certain nombre de militants au départ sur des positions anticapitalistes (confuses) évoluent via l'antisémitisme vers l'extrême droite. Une autre partie du mouvement socialiste, comme le Parti ouvrier de Jules Guesde, se tient dans une position « neutre » dans l'Affaire Dreyfus, l'abandonnant à l'antisémitisme.

A propos de la colonisation, la SFIO ne défendait qu'une variante de l'idéologie bourgeoise colonialiste, en prétendant "l'humaniser" et en insistant de façon paternaliste sur le "devoir civilisateur" des Blancs, qui apporteraient avec eux le progrès.

Lors de la rupture communiste et de la formation de la Troisième internationale, un tournant radical vers les luttes des peuples colonisés a été entrepris. Ce sera une période d'efforts de propagande vers les travailleurs et paysans des pays dominés et vers les immigrés des pays dominants. En France comme ailleurs, l'Internationale fait pression pour que les membres adoptent une ligne résolument anti-coloniale et anti-chauvine (cela faisait partie des 21 conditions).

Le jeune Parti communiste (SFIC) est formé en général de ceux qui étaient les plus internationalistes parmi les socialistes, mais des formes de mépris envers les peuples colonisés par la France sont encore présentes dans les rangs. Au Maghreb, par exemple, certains communistes blancs considéraient que la population indigène était trop « arriérée » pour participer au mouvement communiste. Un rapport adopté par le  2e Congrès interfédéral communiste de l’Afrique du Nord en 1922 expliquait que « ce qui caractérise la masse indigène, c’est son ignorance. C’est, avant tout, le principal obstacle à son émancipation »[19].

Néanmoins le parti organisait des militants communistes et anti-impérialistes comme Hadjali Abdelkader, ou Nguyen-Ai-Quac (le futur Ho Chi Minh).[20] L’activité anti-coloniale reposait cependant surtout sur des spécialistes et sur l’auto-organisation des premier·ères concerné·es (comme la rédaction du Paria).[21]

Au fur et à mesure de la bureaucratisation, de la stalinisation de l'Internationale, et de l'épuration des meilleurs éléments, la ligne du parti change. Il cesse d'être anti-impérialiste en même temps qu'il cesse d'être révolutionnaire. Il finira presque par reprendre l'attitude méprisante des socialistes à partir du Front populaire. Entre 1934 et 1936, le Komintern sacrifie la lutte contre l'impérialisme à la lutte contre le fascisme (pour défendre l'URSS face à Hitler). On peut en voir le résultat dans la politique du PCF. Non seulement il s'est mis à approuver les mesures de répression contre les mouvements nationalistes dans les colonies, mais il demandait franchement qu’on brise une organisation comme l’Étoile Nord-Africaine (que des communistes avaient pourtant contribué à créer).[22]

Après le bref intervalle du pacte hitléro-stalinien, la logique de collaboration de classe reprit, conduisant les communistes à blanchir le camp des Alliés de ses crimes coloniaux. En 1947 le PCF vote les crédits pour la guerre d’Indochine. En 1956, le même PCF votait les pouvoirs spéciaux au gouvernement du prétendu « socialiste » Guy Mollet pour poursuivre la guerre d’Algérie – entre autres choses, ces pouvoirs spéciaux donnaient à l’armée le droit d’interroger les prisonniers : on en connaît aujourd’hui les effets. Il faut toutefois souligner que dans la base des partis socialiste et communiste (et dans le mouvement trotskiste), il y eut de nombreux militant·es se jetant corps et âme dans le soutien aux luttes de libération nationale.

Dans l’après-guerre, la CGT à longtemps promu un protectionnisme ouvrier. Elle s’est opposée à l’introduction de travailleur·ses étranger·e·s dans la force de travail jusqu’en 1974 et à même été à l’initiative de la création de l’Office national de l’immigration. Quand la CGT a abandonné cette politique étroitement nationaliste, elle a converti ses positions sur l’immigration en une défense pour un retour au pays pour les travailleurs immigrés.

6 Mensonges utilisés par l'extrême droite

6.1 "De plus en plus d'immigrés"

Non. Le recensement de 1990 a comptabilisé 3,6 millions d’étrangers en France, moins qu’en 1982, soit une proportion de 6,4 % de la population totale, comme en 1931. Les ressortissants du Maghreb et d’Afrique noire représentent 45,4 % des étrangers Depuis les sévères restrictions de 1974 ce taux n’a pratiquement pas bougé. Au début des années 1970, près de 200 000 étrangers étaient autorisés à venir travailler en France chaque année. Ils n’étaient plus que 24 388 en 93, dont 59 % venant de l’Union européenne. Le regroupement familial a bénéficié à 32 400 personnes en 1991. Les restrictions à la demande du droit d’asile (l’impossibilité d’obtenir une autorisation de travail, les mesures expéditives de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides) ont entraîné une chute très importante des demandes. Il y en a eu 61 300 en 1989 contre 26 500 en 1993. Parmi celles-ci, seules 28 % ont été acceptées.

6.2 "De plus en plus de clandestins"

Mensonge. L’immigration clandestine est par nature difficile à comptabiliser. Mais en 1981, lors de la régularisation des clandestins rentrés en France depuis 1974, seuls 150 000 dossiers ont été déposés, soit l’équivalent de 21 500 entrées irrégulières par an. Le Bureau international du travail estimait le nombre de clandestins vivant en France à 350 000 en 1991. On est bien loin des chiffres permettant de résorber le chômage. D’autant plus que les clandestins sont utilisés par des patrons qui s’en servent, dans des conditions effroyables, comme main d’oeuvre à très bas prix. Ils n’ont aucun droit et leurs patrons ne payent aucune cotisation. Après l’expulsion des Zaïrois par charter en juillet dernier, Debré disait: " Si nous voulons intégrer les immigrés en situation régulière, il faut être intraitable avec les étrangers en situation irrégulière ". Rien ne distingue un immigré régulier d’un clandestin. Une telle politique ne sert qu’à montrer du doigt tous les immigrés, à développer le racisme envers les Blacks et les Beurs, immigrés ou français. En multipliant les entraves aux démarches administratives, Debré comme Pasqua poussent de plus en plus d’immigrés dans l’irrégularité.

6.3 "Ils prennent le travail aux Français"

En 1992 la France comptait 1,5 million d’actifs étrangers, dont près de la moitié d’origine européenne; bien moins que le nombre de chômeurs. Tous les pays industrialisés, qu’ils soient des pays d’immigration ou non, sont touchés par le chômage massif. Le taux de chômage dépasse les 20 % en Espagne alors qu’il n’y a pratiquement pas d’immigrés. Faire des immigrés les responsables du chômage, c’est faire oublier que ce sont les patrons qui licencient aujourd’hui. De plus, les immigrés sont ceux qui sont le plus touchés par le chômage. De 1975 à 1990 le chômage a été multiplié par 2,75 parmi les Français mais par 4 parmi les immigrés où il atteint le taux de 18,6 %. De 1979 à 1988, le nombre de salariés étrangers a été réduit de 370 000, le chômage des français n’a pas pour autant cessé d’augmenter. Seuls les patrons en ont profité.

6.4 "Les immigrés sont des profiteurs de la SECU"

En 1991, Chirac avait repris ce mensonge en affirmant que grâce aux aides sociales, une famille d’immigrés vivait mieux qu’une famille française. Une enquête des élèves de l’ENA faite en 1984 montrait que les étrangers cotisent plus qu’ils ne perçoivent dans les deux secteurs déficitaires de la Sécu. Ils cotisent à hauteur de 7,6 % pour le régime maladie alors qu’ils ne touchent que 6,3 % des prestations. De même ils cotisent à hauteur de 7,9 % pour les retraites alors qu’ils n’en perçoivent que 5 %. Ceci est dû à la jeunesse de leur population et au fait qu’ils consultent moins souvent le médecin : 3,7 fois par an en moyenne pour les Maghrébins contre 6,6 fois pour les Français (1991). Par ailleurs, ayant rarement les moyens de cotiser à une mutuelle complémentaire, le taux de remboursement des dépenses médicales n’étaient que de 56,4 % pour les immigrés en 1991 contre 77,8 % pour les Français. Leur contribution est déficitaire dans la seule caisse qui ne l’est pas : la caisse d’allocation familiale. Ils versent 7,9 % mais touchent 14,4 % des prestations. C’est le résultat d’un taux de natalité plus important qui ne cesse cependant de diminuer, et d’une grande jeunesse de leur population.

6.5 "Les immigrés sont la cause de la délinquance"

A condition sociale identique, la délinquance n’est pas plus élevée chez les immigrés que chez les Français. La petite délinquance est généralement plus importante dans les milieux défavorisés où se retrouvent les immigrés venant des pays pauvres. Sur les condamnations prononcées en 1991, 15,7 % concernaient des étrangers. Mais un quart des délits se rapporte à des infractions aux lois sur l’immigration. Infractions qui ne cessent d’augmenter du fait d’une législation de plus en plus dure. Le harcèlement incessant de la police explique aussi le fait que les immigrés soient plus souvent mis en cause. Les chiffres sont encore plus biaisés en ce qui concerne l’incarcération : 27 % des détenus sont étrangers. Mais pour une même infraction, 35 % des personnes seront envoyées au parquet si elles sont françaises contre 63 % si elles sont maghrébines. En 1986, 40,5 % des inculpés étrangers étaient en détention provisoire contre 27,4 % pour les Français.

6.6 "Les immigrés squattent les HLM"

Mensonge. Trois ménages immigrés sur quatre vivent dans le privé. Les étrangers occupent 7 fois plus souvent des logements précaires et 4 fois plus souvent des logements surpeuplés que les Français de même condition sociale. Un quart des familles manquent soit d’un W.C. soit d’une installation sanitaire. Un dixième seulement des HLM est occupé par une famille étrangère. En 1988, 9,5 % des HLM parisiens étaient occupés par des cadres supérieurs. Le gouvernement Balladur a augmenté en 1993 le plafond d’accès au HLM, défavorisant encore les familles les plus nécessiteuses. Dans le même temps, alors que 60 000 familles prioritaires avaient fait une demande de logement en région parisienne on y comptabilisait plus de 120 000 logements vacants.

7 Notes et sources

  1. Libération, «On assistait à un recul des préjugés racistes, la tendance s'est inversée», 2012
  2. http://www.slate.fr/story/38703/gueant-integration-education-chiffres-polemiques
  3. « ARABICIDES », de Fausto Giudice Le mal chronique, Le Monde, juillet 1992.
  4. 4,0 et 4,1 Didier Fassin, Le contrôle au faciès bientôt condamné ?, Le Monde, 2012
  5. Olivier Roy : La critique de l’islam comme religion permet de reprendre un discours anti-immigration en le « déracialisant ». Interview 11 mai 2005
  6. « Affaires du voile islamique en France » sur Wikipédia
  7. Le Figaro, Un camp d'été «décolonial» interdit aux blancs, 2016
  8. Le Monde, Les ateliers « en non-mixité raciale » du syndicat SUD-Education 93 créent une polémique, 2017
  9. http://www.slate.fr/tribune/43905/gueant-exorciste
  10. 20 minutes, « Je n'ai jamais fait de provocations verbales », 05/10/2012
  11. Welcome Tahiti, Chinois de Tahiti : Des premiers migrants à la naturalisation 1865 – 1973, 19 janvier 2017
  12. France info, Le racisme anti-asiatique est vu comme moins grave parce qu’il est banalisé, janvier 2018
  13. http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/immigration-en-italie-quand-68128
  14. Cité par Boukharine in Imperialism and World Economy, 1915
  15. https://www.babelio.com/livres/Benlaala-Tu-nhabiteras-jamais-Paris/1059880
  16. Saïd Bouamama, La construction étatique d’une hiérarchisation « des racismes », 25 avril 2015
  17. Les fondements historiques et idéologiques du racisme « respectable » de la « gauche » française, Revue Que faire, Avril/mai 2012
  18. Universalis, Éclosion de l'antisémitisme au XIXe siècle
  19. Texte publié dans le Bulletin communiste du 7 et 14 décembre 1922. Une note dans le numéro du 4 janvier 1923 précise que « l’article […] a paru pendant la courte période où le BC était aux mains des centristes ». Mais l’article reflétait l’opinion de la grande majorité des communistes algériens.
  20. Selim Nadi, Sur l’anticolonialisme et les communistes français (1919-1939), Revue Contretemps, 2016
  21. Ian Brichall, « Le Paria ». Le Parti communiste français, les travailleurs immigrés, et l’anti-impérialisme (1920-24), Revue Contretemps, 2011
  22. Jacob Moneta, Le PCF et la question coloniale, Paris, 1971