Opportunisme

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L'opportunisme désigne dans le mouvement socialiste les tendances à la collaboration de classe.

Cette page ne traite pas des politiciens bourgeois du début de la IIIe République que l'on a appelé « les opportunistes ».

1 Manifestations

L'opportunisme consiste par exemple pour des dirigeants de partis ouvriers à s'appuyer sur des alliances avec des partis bourgeois, dans l'illusion d'en faire bénéficier le prolétariat, voire pour asseoir leur position personnelle.

Dans un parti aux bases théoriques marxistes, l'opportunisme étant en principe en contradiction avec l'orientation générale, il s'accompagne souvent d'un révisionnisme théorique, visant à justifier une orientation réformiste.

2 Racines

L'opportunisme n'est pas un phénomène à considérer comme une tendance qui planerait de façon intemporelle au dessus des socialistes. Elle s'ancre dans les forces sociales et change qualitativement selon la structure de la société.

On doit principalement distinguer :

  • l'opportunisme avant 1890, qui est principalement porté par la petite-bourgeoisie
  • l'opportunisme d'après les années 1890, qui repose principalement sur l'aristocratie ouvrière dont les intérêts divergent du prolétariat

3 Exemples historiques

Le socialiste Ferdinand Lassale est un des premiers à avoir été qualifié d'opportuniste par les marxistes. Lassalle cherchait à négocier directement avec l'État prussien, dans l'espoir d'une unification progressiste de l'Allemagne.

La dégénérescence de la social-démocratie au début du 20e siècle est l'illustration de plus grande ampleur de la trahison que représente l'opportunisme dans le mouvement ouvrier.

Dans sa critique du programme d'Erfurt, en 1891, le vieil Engels s'inquiétait déjà d'une tendance à ne plus trop se préoccuper des buts du socialisme, mis au second plan derrière les succès immédiats :

« Cet oubli des grandes considérations essentielles devant les intérêts passagers du jour, cette course aux succès éphémères et la lutte qui se livre tout autour, sans se préoccuper des conséquences ultérieures, cet abandon de l'avenir du mouvement que l'on sacrifie au présent, tout cela a peut-être des mobiles honnêtes. Mais cela est et reste de l'opportunisme. Or, l'opportunisme « honnête » est peut-être le plus dangereux de tous. » [1]

Les bolchéviks qualifiaient les menchéviks d'opportunistes. En 1904, Trotsky qui est menchévik critique vertement les conceptions de Lénine, et entre autre son emploi extensif du terme opportuniste :

« Comme notre intrépide polémiste [Lénine] ne se décide quand même pas à mettre Axelrod et Martov dans la catégorie des opportunistes en général (ce serait si attirant du point de vue de la clarté et de la simplicité !), il crée pour eux la rubrique « opportu­nisme en matière d'organisation ». Le concept d'opportunisme est privé alors de tout contenu politique. Cela devient le « croque mitaine », avec lequel on fait peur aux petits enfants. »[2]

Après cela, l'opportunisme n'a pas cessé d'exister au sein du "mouvement socialiste" (jusqu'à ce qu'il devienne la norme et que les "partis socialistes" dans la plupart des pays deviennent des partis purement bourgeois), et du "mouvement communiste" (Fronts populaires, participation aux "unions de la gauche"...).

4 Notes et sources