Médias capitalistes

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Les médias bourgeois sont les médias dominants des sociétés capitalistes actuelles. La critique marxiste de l'idéologie dominante permet de comprendre comment ils contribuent au maintien des différentes façons de penser de la bourgeoisie (mythes de la méritocratie, de l'égalité des chances, de l'ascenseur social, idée qu'il n'y a pas d'alternatives aux contre-réformes en faveur des entreprises...).

1 Faits et idéologie

Dans les pays capitalistes développés, les médias « mainstream » sont dans leur quasi-totalité la propriété de grand groupes capitalistes. Mais la critique des médias bourgeois ne doit pas conduire à une vision naïve dans laquelle les capitalistes seraient tout puissants et pourraient façonner l'opinion à leur guise en maquillant librement les faits.

1.1 Influence limitée sur les faits

Les PDG et actionnaires des groupes de presse ne contrôlent pas méticuleusement chaque article édité par les milliers de journalistes, pour façonner « la vérité ». De manière générale, le problème avec la presse bourgeoise ne vient pas de fausses informations. Au contraire même : un fait a plus de probabilité d’être vrai s’il est diffusé par un média ayant pignon sur rue que s’il est proclamé sur un « média alternatif » peu connu. Tout simplement parce que les rédactions des grands médias ont plus de moyens pour recouper les informations, et ont beaucoup à perdre (en audience en particulier) si elles perdent en crédibilité. A l'inverse, les gens qui diffusent dans des médias peu connus sont souvent des bénévoles, certes libres de toute pression patronale, mais aussi libres de rediffuser massivement les moindres rumeurs sans avoir à rendre compte à personne.

En dehors de la véracité de l'information, il y a un problème de manque de certaines informations. Il arrive que la direction fasse pression pour qu’un dossier qui nuit à l’image d’un actionnaire ne soit pas diffusé, ou que des journalistes s’autocensurent parce qu’ils ne veulent pas nuire à leur carrière. Mais d’autres mécanismes viennent limiter ce risque de manque d’information : le journaliste choqué fera fuiter l’info censurée au Canard enchaîné, un média concurrent se fera un plaisir de reprendre l’information, la tentative de censure amplifie la diffusion (effet Streisand)…

D'autres problèmes existent, comme le manque de moyens donnés au journalisme d'investigation. Celui-ci intéresse moins les grands médias, d'abord parce qu'il est moins rentable. Néanmoins, d'autres médias, d'envergure moindre, ont repris ce créneau et permettent de disposer d'informations qui manqueraient autrement (Médiapart...).

En résumé, il n'y a quasiment pas de faits inventés dans la presse dominante, il peut y avoir certains faits cachés, mais de façon très limitée.

1.2 Influence idéologique

Le problème essentiel avec la presse bourgeoise n'est pas de l'ordre des « faits » (faits cachés, faits inventés). Il vient du traitement idéologique de l’information : le fait de mettre en avant plutôt telle information, de l’interpréter d’une certaine façon, de l’instrumentaliser pour faire passer tel message. Le Figaro ne va pas construire sa Une de la même façon que Libération, Valeurs actuelles va se jeter sur un attentat pour distiller son racisme etc. Ce qui nous fait parler de presse bourgeoise, c’est le fait qu’au-delà de leurs différences, ces médias acceptent les présupposés qui justifient le capitalisme : les mythes de la méritocratie, du « ruissellement », l’idée qu'il n'y a pas d'alternative à la course à la compétitivité et aux politiques en faveur des entreprises… Ce point commun idéologique n’est pas le fruit d’un conclave secret de capitalistes se mettant d’accord sur la propagande, mais le fruit de la sociologie des dominants. Les grands journalistes (les présentateurs de JT, les « éditocrates »…) fréquentent le même milieu que les politiciens et les patrons, partagent les mêmes idées, ces idées confortables qui en font « l’élite éclairée » méritant sa position sociale. Cela ne peut fonctionner que parce que hors période révolutionnaire, suffisamment de personnes dans les couches sociales intermédiaires, mais aussi dans la classe ouvrière, sont soit convaincues soit ne voient pas d’alternative.

2 Historique

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2.1 Tournant néolibéral

En particulier depuis vingt ans, la multiplication des réseaux et des organes de communication, de plus en plus souvent contrôlés par les mêmes groupes industriels, n'a plus abouti qu'à la communication répétée du même type de message; la pluralité des titres n'a plus débouché sur un vrai pluralisme des commentaires, mais uniquement sur l'apparence d'un débat, sur la production d'un simulacre, auquel se sont parfois prêtés ceux pour qui combat idéologique rimait avec notoriété médiatique. Et qui, par ce Jeu-là, installaient le pouvoir des médias de trancher de toute chose, d'être à la fois les bastions de l'ordre social et ceux qui mimaient sa contestation.

"Si la formation des grands groupes multimédias est souvent présentée comme liée à la mutation technique du numérique et de l'Internet, elle résulte d'abord du profond processus de dérégulation (ou déréglementation) de l'audiovisuel et des télécommunications. Enclenché aux Etats-Unis et en Europe dès la fin des années 70, ce mouvement de dérégulation s'est étendu à la planète entière au cours des vingt dernières années, sous l'impulsion du GATT puis de l'OMC." [1]

Du "people" pour le peuple, mais du people contrôlé
"Cécilia Sarkozy, entre le cœur et la raison", un petit truc people, allait être publié par les éditions First, avant que Sarkozy ne convoque l'éditeur au ministère de l'Intérieur pour le menacer de "foudres judiciaires et variées" si le livre paraissait. La promotion du livre était bien entamée mais sa sortie a été immédiatement reportée, officiellement parce "qu'il n'était pas très opportun de faire paraître le livre compte tenu de ce qui se passe actuellement en France".

Idem avec des photos publiées dans Paris-Match... et que Sarkozy a demandé à son pote Arnaud Lagardère de retirer.

Même si on se fout pas mal de la vie de Cécilia, ça semble un peu facile de choisir ce qui paraît ou pas... surtout quand on a tellement choisi de se dévoiler aux médias (Sarko appelle lui-même les caméras quand il fait son jogging...).

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Certains médias qui conservent une certaine liberté de ton subissent une forte pression pour s'intégrer au moule dominant. Par exemple Rue89, qui était au départ indépendant, a d'abord commencer par accepter d'être dépendant... de la publicité, puis s'est fait racheter en 2012 par Claude Perdriel (le Nouvel Observateur, Challenges et Sciences et Avenir...).

3 Critique marxiste vs complotisme

La critique marxiste des médias présentée ici n'a rien à voir avec la vision complotiste du monde.

Malheureusement il arrive que des militants d'extrême gauche, dans leur agitation, diffusent des critiques simplistes des médias qui sont compatibles avec une telle vision. Aujourd'hui il n'est pas rare de voir des complotistes reprendre des termes « anticapitalistes » pour justifier de n'accorder aucune confiance dans la « presse des milliardaires », les « médias dominants », etc. Tout débunkage des théories du complot se heurte alors à un cercle vicieux : pour apporter des sources contradictoires il faut presque toujours avoir recours aux grands médias (étant donné leur professionnalisation et leurs moyens ils sont incontournables), or les complotistes suspectent d'emblée ces derniers de cacher / déformer la vérité.

C'est pourquoi il est très important pour les militant·es :

  • de diffuser leur vision critique du monde capitaliste pour ne pas laisser la radicalité se tourner vers des impasses (qui par ailleurs sont souvent récupérées par l'extrême droite) ;
  • d'être rigoureux dans leur critique et de bien spécifier qu'elle se situe principalement au niveau de l'idéologie, et non dans des « faits alternatifs ».

4 Références

4.1 Livres / films

  • Les nouveaux chiens de garde, essai de Serge Halimi, publié en 1997 et actualisé en 2005, préface de Pierre Bourdieu
  • Les nouveaux chiens de garde, son adaptation cinématographique sortie en janvier 2012, réalisée par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat

4.2 Notes