Jacobins

De Wikirouge
Révision datée du 25 décembre 2020 à 23:56 par Wikirouge (discussion | contributions) (Remplacement de texte — « Trotsky » par « Trotski »)
Aller à la navigation Aller à la recherche

Les Jacobins étaient les membres du Club des Jacobins. Le nom est devenue en juin 1793 synonyme de Montagnards, à l'époque où la composition du Club est rapidement passée de la bourgeoisie commerçante Girondine à la jeune bourgeoisie parisienne révolutionnaire, "la Montagne".

Les Jacobins et le "jacobinisme" sont des termes qui ont acquis une signification chargée depuis la Révolution française.

1 Révolution française

Voir les pages suivantes :

2 Réutilisations ultérieures

Une partie des militants du Conseil de la Commune de Paris (1871) est qualifiée de jacobine.

En 1953, il a existé un « club des jacobins », proche de la gauche radicale, animé par Charles Hernu.

L'adjectif "jacobin" désigne aujourd'hui, souvent péjorativement, les républicains défendant un Etat fort et centralisé.

3 Marxisme et jacobinisme

Le débat sur la référence aux jacobins est très présent parmi les marxistes révolutionnaires. Certains pensent que les partis ouvriers révolutionnaires doivent se concevoir comme une avant-garde du prolétariat par analogie avec les jacobins comme avant-garde de la bourgeoisie. Cela se rapporte au débat sur l'analogie souhaitable ou pas entre révolution bourgeoise et révolution socialiste.

Ce débat a par exemple été très présent dans la social-démocratie russe. dans les années 1903-1905. Dès 1903, au moment du Second congrès, assistant à une des premières manifestations de la détermination inébranlable de Lénine, Plékhanov dit à Axelrod : « C'est de cette pâte que l'on fait les Robespierre ».[1] Les bolchéviks, qui défendaient une organisation centralisée de « révolutionnaires professionnels », étaient critiqués pour leur jacobinisme par les menchéviks,[2] y compris le jeune Trotski.[3] Ce débat était aussi mené au niveau de la Deuxième internationale, entre Rosa Luxemburg (qui insistait sur l'auto-activité des masses) et Karl Kautsky (soutenu par Lénine).

Pour Karl Korsch, la dialectique est un héritage bourgeois au sein de la théorie communiste, « une théorie qui sous tous les rapports, dans le contenu comme dans la méthode, porte les caractères distinctifs du jacobinisme, de la théorie bourgeoise de la révolution. »

La critique du « jacobinisme » des bolchéviks a été reprise après la révolution de 1917 par les menchéviks et autres démocrates modérés qui se rassuraient sur le fait que le régime chuterait inévitablement, comme les Jacobins après la Terreur. Trotski répondait à cela :

« Les analogies historiques avec la grande Révolution française (chute des Jacobins) qu’établissent le libéralisme et le menchévisme et avec lesquelles ils se consolent sont superficielles et inconsistantes. La chute des Jacobins était prédéterminée par le manque de maturité des rapports sociaux : la gauche (artisans et marchands ruinés), privée de la possibilité de développement économique, ne pouvait être un appui ferme pour la révolution ; la droite (bourgeoisie) croissait fatalement ; enfin, l’Europe, économiquement et politiquement plus arriérée, empêchait la révolution de se déployer au-delà des limites de la France. Sous tous ces rapports, notre situation est incomparablement plus favorable. Chez nous, le noyau en même temps que la gauche de la révolution sont le prolétariat, dont les tâches et objectifs coïncident entièrement avec la réalisation de l’idéal socialiste. »[4]

Les luxemburgistes ont également accusé les bolchéviks de jacobinisme.[5]

Victor Serge écrit fin mai 1945 :

« Ni la doctrine ni les intentions du parti bolchevik ne visaient à l'établissement d'un État totalitaire-policier pourvu des camps de concentration les plus vastes du monde. Le parti bolchevik voyait dans les périls auxquels il faisait face l'excuse de ses méthodes jacobines. Il n'est pas niable, je crois, que son jacobinisme contenait en germe le totalitarisme stalinien ; mais le bolchévisme contenait aussi d'autres germes, d'autres possibilités d'évolution, la preuve en est dans les luttes, les initiatives et le sacrifice final de ses oppositions variées. »[6]

4 Notes et sources

Tamara Kondratieva, Bolcheviks et Jacobins, Itinéraire des analogies, 1989

  1. Léon Trotski, Ma vie, 1930
  2. Lénine, Un pas en avant, deux pas en arrière, 1904
  3. Trotski, Nos tâches politiques, 1904
  4. Léon Trotski, Cours Nouveau, 1923
  5. Helmut Wagner, Thèses sur le bolchevisme, 1934
  6. Victor Serge, Lenin’s Heir?, 1945