Changement climatique

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L’effet de serre est un phénomène naturel permettant à la Terre de bénéficier d’une température moyenne de 15°C, rendant notamment possible la présence de l’eau sous ses trois états et la vie sous la forme que nous lui connaissons.

Le réchauffement climatique, et plus largement le dérèglement climatique, est la conséquence de l’accentuation de l’effet de serre par les activités humaines. C'est l'un des déséquilibres écologiques les plus préoccupants.

1 Principe de l’effet de serre

Le principe de l’effet de serre est analogue à celui d’une serre agricole. L’atmosphère terrestre, comme le plastique ou le verre transparent, laisse passer la plupart du rayonnement provenant du ciel, mais bloque une grande partie du rayonnement quittant la Terre/serre.

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Physiquement, cela est dû au fait que :

  • le rayonnement solaire est principalement composé de lumière visible et de proche infrarouge
  • le rayonnement réémis par la terre est principalement composé d’infrarouge lointain
  • les gaz à effets de serre présents dans l’atmosphère (H2O, CO2…) absorbent l’infrarouge lointain en s’échauffant
  • l’atmosphère réchauffée réémet un rayonnement a priori dans toutes les directions
  • cet échauffement concernant davantage les couches inférieures de l’atmosphère, la réémission est principalement vers la Terre
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2 Réchauffement anthropique

2.1 Rejet de gaz à effet de serre

L’action de l’homme sur l’effet de serre s’effectue par le rejet de gaz à effets de serre (GES) venant s’ajouter aux gaz naturellement présents. Ces GES n’agissent pas tous avec la même intensité : ils ont une capacité à absorber (absorptivité et « largeur spectrale » sur laquelle ils absorbent) et une « durabilité ». Cet effet est synthétisé dans un indice nommé Potentiel de Réchauffement Global (PRG). Ainsi, le méthane (CH4), même s’il reste beaucoup moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2, a un PRG 23 fois plus élevé que lui.

Mais on ne peut pas en rester à une description générale d'une "cause anthropique". Ce ne sont pas n'importe quelles "activités humaines" qui génèrent ces rejets. On estime que 122 entreprises sont à l'origine de 80% de toutes les émissions de dioxyde de carbone.

2.2 Puits naturels et effets non-linéaires

Le rejet de GES au niveau des sources (transport, industrie…) ne détermine pas directement la quantité moyenne présente dans l’atmosphère. Une certaine proportion seulement l’atteint (« airborne fraction »), qui serait aux environs de 45%. La première des raisons est qu’une bonne moitié (principalement du CO2) est stockée dans les océans, les tourbières, le pergélisol… ce qu’on appelle des « puits naturels ».

Toutefois, de nombreuses études tendent à montrer que cette proportion augmente.[1] Plus généralement, le réchauffement pourrait engendrer des modifications entraînant un saut qualitatif dans le réchauffement climatique :

  • Chute de l'albédo : la glace fond. Or l'eau liquide est de 2 à 8 fois moins réfléchissante que la glace. Donc la chaleur du soleil est de plus en plus captée.
  • Libération du carbone contenu dans le sol : il y a à peu près 3 fois plus de carbone stocké dans le sol que dans l'atmosphère, et le réchauffement pourrait provoquer sa libération dans l'atmosphère, l'aggravant encore plus. [2]
  • Fonte du pergélisol : le pergélisol (les sols gelés du Nord), qui renferme aussi souvent de la tourbe pourrait également libérer du CO2 en grande quantité en fondant. En Sibérie, du méthane piégé depuis des milliers d’années est dores et déjà libéré par ce phénomène.[3]
  • Déforestation : les végétaux sont une grande source d’absorption de CO2. La déforestation est donc un problème cumulatif au regard du réchauffement global.

On peut aussi concevoir qu'il existe des rétroactions contre-balançant l'effet de serre. Par exemple, le réchauffement pourrait entraîner en certains endroits la pousse de végétation, jouant le rôle de puits à carbone. Mais aucun scientifique réputé ne parie actuelle là dessus pour que le bilan soit positif, et la Terre continuera de se réchauffer sans intervention immédiate.

3 Conséquences

3.1 Elévation de la température moyenne

La première conséquence d’un accroissement des émissions de GES est la hausse de la température moyenne sur Terre. C’est ce qui fait que l’on parle le plus souvent avant tout du phénomène de « réchauffement climatique ». C’est le point qui cristallise la controverse sur le réchauffement climatique, certains prétendant que le réchauffement serait naturel. La thèse du réchauffement anthropique fait néanmoins consensus parmi les scientifiques, qui considèrent que la température devrait augmenter de 1,8 à 3,4 °C au XXIème siècle. S’il est tout à fait normal d’apporter des critiques au modèle dominant du GIEC, force est de constater qu’il s’agit davantage d’un modèle sous-estimant le risque que l’exagérant.[4]

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Avec +0,74°C de 1906 à 2005, il ne s’agit pas d’un réchauffement directement perceptible pour les sens des hommes. En revanche, cette élévation suffit à engendrer en cascade toute une série de « changements climatiques ».

3.2 Extension des maladies

Le réchauffement pourrait créer des conditions plus propices aux bactéries et virus dans les zones actuellement trop froides pour eux. On peut craindre notamment l'extension de maladies comme le choléra ou le paludisme.

3.3 Changements dans l’agriculture

Le réchauffement et le changement climatique pourraient probablement bouleverser l'agriculture dans la plupart des pays. Des espèces végétales pourraient ne plus se trouver adaptées au climat dans lequel on les utilise. De façon moins extrême, les rendements agricoles pourraient baisser, comme le craint le GIEC.

Parmi les signes bénins de l'impact sur l'agriculture, on peut constater en France de nombreux cas de vendanges avancées.

3.4 Fonte des glaces et niveau de la mer

Le réchauffement semble être plus rapide que la moyenne au niveau du pôle Nord. La banquise arctique fond à grande vitesse, diminuant de superficie[5], perdant 40% d’épaisseur [6]. La banquise de l’Antarctique est plus stable (le système climatique global semblant créer une dissymétrie entre les deux pôles), mais on observe d’inquiétants craquèlements. [7]

Les glaciers continentaux sont en recul quasiment partout dans le monde. Les glaciers des Alpes ont perdu un tiers de leur surface depuis 1950, et l'accélération du phénomène est très rapide depuis 1980. Toutefois, ce recul avait commencé dès 1850 environ. Le plus probable est que ce recul soit dû à un effet combiné du réchauffement anthropique et de la fin du petit âge glaciaire (1550-1850).

L’élévation du niveau de la mer est une conséquence assez médiatisée du réchauffement. En effet, les océans, qui couvrent la majorité de la planète et ont davantage de capacité thermique que les continents, ont absorbé à ce jour 80 à 90 % du surcroît de chaleur. Cette élévation est due pour 30% à la dilatation thermique directe (l'eau chaude prend plus de place que l'eau froide), et pour 60% à la fonte des glaces. Cette montée s'accélère : de 1,8 mm/an avant 1993, elle est passée à 3,4 mm/an.[8] Selon le GIEC, le niveau de la mer pourrait monter jusqu'à 59 cm.

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A noter que la fonte d'un iceberg (morceau de glace flottant dans l'eau) en soi ne provoque pas d'élévation du niveau de l'eau (principe d'Archimède). Si c'est un morceau d'inlandsis (calotte polaire) qui se détache, l'élévation est déjà effective dès qu'il tombe dans l'océan.

3.5 Perturbations climatiques majeures

3.5.1 Cyclones et tempêtes plus violents

Le rapport de 2007 du GIEC indique qu'il y a 66% de probabilité que les cyclones tropicaux augmentent d'intensité.

Les tempêtes en général pourraient suivre la même tendance.

3.5.2 Circulation thermohaline ralentie

La circulation thermohaline est le grand mouvement des eaux océaniques : l'eau salée et froide, donc plus dense, plonge au niveau de pôles, se réchauffe et refait surface au niveau des tropiques, et clôt ensuite la boucle. On connaît encore très mal son rôle au niveau du système climatique mondial. Si certaines hypothèses, comme le "refroidissement de l'Europe par arrêt du Gulf Stream", semblent peu solides, il est certain que la boucle thermohaline a une importance clé.

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Si le GIEC n'envisage pas son arrêt, il estime que la fonte des glaces, en modifiant fortement la salinité, pourrait la ralentir.

3.5.3 Inondations et sécheresse

D’après le GIEC, il apparaît que l’écart dans la répartition des pluies se creuse : moins de pluies sur la Méditerranée, le Sahel, l’Afrique australe… plus de pluies sur l’Est de l’Amérique du Nord, le Nord de l’Europe, le centre de l’Asie… Cette tendance va très probablement s'accentuer au cours des prochaines décennies.

Contre toute attente, le réchauffement n'entraînerait pas inexorablement davantage de sécheresse, mais un accroissement des phénomènes climatiques extrêmes.

3.6 Impact sur la faune et la flore

La modification des conditions climatiques affecte bien évidemment les espèces animales et végétales. Chaque espèce a une "aire de répartition" optimale, qui se trouve modifiée par les changements de température, d'humidité (assèchement ou au contraire accroissement des précipitations...), voire par les effets sur les autres espèces.

Par exemple en France, les communautés d'oiseaux se sont déplacées de 100 km vers le Nord en vingt ans[9]. D'autres espèces comme la chenille processionnaire s'étendent vers le Nord. En mer, de nombreux poissons tendent à monter vers les pôles. Pour de nombreuses plantes observées depuis 1930 en Californie, l'optimum climatique a diminué de 80 m d'altitude[10].

Paradoxalement, des espèces peuvent mourir d'une soudaine vague de froid. Par exemple, des courants d'eau froide dus à la fonte accélérée des glaces polaires ont fait échouer des milliers de tortues au Texas.

Les conséquences sont innombrables. Au premier abord, on peut les résumer par une menace sur la biodiversité, d'autant plus que la modification des optimums peut conduire à des extinctions au sein même des parcs naturels. Mais étant donné la profonde complexité de l'écosystème mondial, une extinction brusque d'espèces, comme elle est déjà en train de se produire, pourrait avoir de graves conséquences sur la capacité de contrôle de l'homme sur la nature, et donc sur sa maîtrise de sa propre société.

4 Prolétaires et opprimés en première ligne

Comme pour l'ensemble des problèmes écologiques qui se posent à l'humanité, la division en classes sociales et l'impérialisme font que le prix à payer est par nature inégal entre les hommes.

Si des pays doivent pâtir le plus du changement climatique, ce seront les pays dominés par les grandes puissances. Certes il y a des facteurs purement géographiques à cela, mais ils sont totalement secondaire par rapport à la domination économique.

Par exemple, une montée des eaux menacerait principalement les grandes côtes des pays pauvres, tandis qu'une région comme la Hollande, déjà sous le niveau de la mer, peut se protéger par de puissantes digues, et a bien plus de moyens pour sauver des vies en cas de catastrophe. De même, la profonde détresse sur le plan de la santé dans les pays dominés est un crime au regard de la puissance de l'industrie pharmaceutique occidentale, sourde à cette demande non solvable. Les éventuelles maladies supplémentaires frappant l'ensemble du globe ne feraient qu'accentuer cette inégalité. La chute des rendements agricoles, qui toucherait prioritairement les pays tropicaux, ne ferait qu'ajouter à une inégalité déjà structurelle entre l'agro-alimentaire du Nord et l'agriculture du Sud, artisanale et orientée par les capitalistes vers l'export.

Mais y compris au sein des pays impérialistes, le changement climatique ne peut pas affecter autant les bourgeois que les prolétaires. Dans un pays comme la France, 14% renoncent à des soins pour des raisons pécunières. Face à la montée des eaux, il va de soi que les très riches auront largement le choix entre renforcer leur maison ou acheter où bon leur semble. Si des catastrophes touchent l'agriculture, il va de soi que ce n'est pas la brutale montée des prix qui empêchera les capitalistes de se nourrir...

5 Réponses politiques

5.1 L'impasse des mesurettes bourgeoises

Un certain écologisme s'est retrouvé peu à peu intégré au discours politique dominant. Certes, pour cela, il a été expurgé de tous ses aspects subversifs pour ne plus être qu'une sorte de hochet servant aux politiciens, principalement ceux de gauche, à prouver leur profond soucis de l'intérêt général, de l'avenir de nos enfants, d'une gestion raisonnable de nos activités économiques, etc... C'est principalement sous la forme de l'idéologie bien-pensante du développement durable que s'est faite cette assimilation par la classe dominante d'une "conscience écologique" parmi les citoyens.

Cette idéologie lénifiante revenant à l'illusion/mensonge d'un capitalisme vert est le dénominateur commun entre le PCF, le PS, les Verts et l'UMP. Il pose un cadre commun de débat entre des entrepreneurs désireux d'investir un marché vert (réel ou "greenwashed"), des politiciens électoralistes brassant de l'air, et des écologistes sincères mais profondément bernés. En réalité, non seulement les seules mesures possibles à obtenir dans le cadre du capitalisme sont socialement réactionnaires (comme la taxe carbone, les droits à polluer, la hausse du prix de l'énergie...), mais elles sont totalement insuffisantes pour faire face à la situation de crise écologique globale que nous traversons.

L'incapacité des bourgeois et de ceux qui les suivent à résoudre les problèmes écologiques se concentre en un point fondamental : la volonté de ne pas toucher à la propriété privée des moyens de production et d'échange.

5.2 Déni par les libéraux

Parce que des mesures écologiques constitueraient une entrave au principe de libre-échange et de croissance économique, les libéraux adoptèrent très rapidement une position climatosceptique : pour ces derniers, le réchauffement est un évènement normal ou, du moins, anodin de l'histoire de la planète, qui finira, à terme, par se combler...

5.3 Mesures socialistes et internationalistes

Une action profonde et dans tous les domaines, appuyée sur la science mais gérée socialement, ne peut être lancée que si le salariat est aboli et que le prolétariat prend en main la gestion de toute la production. Parmi les mesures que devrait probablement prendre dès que possible un tel gouvernement des travailleurs pour limiter autant que possible le changement climatique :

  • Réorientation de la production d'énergie
    • Généralisation du solaire thermique
    • Utilisation du potentiel géothermique et hydroélectrique là où c'est pertinent
    • Recherches sur le solaire photovoltaïque, installation là où pertinent
    • Recherches sur le niveau de centralisation de la production énergétique pertinent
    • Débat sur la sortie du nucléaire
  • Mesures générales
    • Fin des brevets et transfert total et immédiat de technologies à l'international
    • Indicateurs globaux (énergie grise, bilan carbone...) et fiables généralisés dans l'industrie
    • Recherches interdisciplinaires de fond pour faire progresser notre compréhension de l'écologie


6 Notes et sources

  1. Contributions to accelerating atmospheric CO2 growth from economic activity, carbon intensity, and efficiency of natural sinks, 2010
  2. Selon le chercheur australien Chris Freeman, un bon tiers du carbone terrestre a jusqu'à présent été retenu dans les tourbières grâce entre autres à de faibles températures. Le New Scientist publie en 2004 une autre estimation : la tourbe en Europe, Sibérie et en Amérique du nord contiendrait l'équivalent de 70 ans de développement industriel.
  3. Katey Walter Anthony, Méthane, un péril fait surface, 390, Pour la Science, (avril 2010)
  4. [ http://grit-transversales.org/article.php3?id_article=226 Le point sur le climat], Transversales 2007
  5. Comme le montrent notamment des photos satellites de la NASA
  6. Thinning of the Arctic sea-ice, PNUD, 2008
  7. Voir Robin Bell, « L'eau, une menace pour les calottes polaires », dans Pour la Science, no 367] et Futura Science
  8. La montée des océans : jusqu'où ?, Pour la Science, no 388, février 2010
  9. Résultats du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), Octobre 2005
  10. Report Changes in Climatic Water Balance Drive Downhill Shifts in Plant Species’ Optimum Elevations ; Science 21 January 2011