Déforestation

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Déforestation le long des axes routiers en Amazonie

La déforestation est la destruction des forêts. C'est une conséquence ancienne de l'économie humaine, en particulier de l'agriculture, mais le mode de production capitaliste a conduit à en faire un problème écologique mondial.

Aujourd'hui, la déforestation est un problème qui a surtout été reporté sur les pays dominés ou intermédiaires. Dans les vieux pays impérialistes, la tendance est plutôt à la progression des forêts, même si la biodiversité y reste faible.

1 Historique

1.1 Sociétés précapitalistes

Historiquement, c'est près des communautés d'agriculteurs qu'il y eut les premières déforestation : les forêts étant défrichées pour permettre de nouvelles cultures. Cela peut causer des problèmes écologiques locaux (perte de biodiversité, érosion des sols...) mais sans réelle conséquence globale.

La conquête des forêts, pour échapper à la dépendance alimentaire, en a constitué une part importante un peu partout dans le monde. En Europe, les grands défrichements ont connu leur apogée entre le 11e et le 13e siècles. L'agriculture se développait rapidement, avec les progrès de l'outillage, et par ailleurs le bois était le principal combustible. Au 14e siècle, il restait semble-t-il moins de forêts qu'aujourd'hui dans le territoire qui est devenu la France.

A la longue et en tout cas à partir du 16e siècle, l'Europe et en premier lieu l'Angleterre a connu une « crise du bois », ce qui a eu pour effet que l'utilisation de la houille comme combustible est devenue plus rentable...

1.2 Révolution industrielle

L'avènement de l'industrie capitaliste a accéléré la déforestation, le bois étant de plus en plus utilisé (comme combustible, pour la construction, pour les meubles, les jouets, les livres...). La moitié des forêts de la planète a été détruite au cours du 20e siècle.[1]

En rouge : les forêts vers l'an 1200

En vert : les forêts vers l'an 2000

Carte-forêts-monde.gif

1.3 Tendances plus récentes

Aujourd'hui les zones les plus menacées par la déforestation sont :

  • l'Amazonie ;
  • l'Afrique équatoriale ;
  • l'Indonésie.

Dans les pays industrialisés, une grande partie des grandes forêts ont disparu, mais la tendance a fini par s'inverser, pour plusieurs raisons :

  • l'utilisation du bois comme combustible y a beaucoup diminué, et les autres usages (meubles, papeterie...) sont moins demandeurs en bois, et ont eux aussi été partiellement remplacés d'autres matériaux (béton, acier, plastique...) ;
  • l'agriculture intensive moderne, en augmentant nettement les rendements, diminue le besoin en emprise au sol ;
  • le coût d'exploitation y est devenu plus élevé, en raison du coût du travail et des normes environnementales plus strictes (fruit notamment des luttes des mouvements écologistes).

Mais le problème de la déforestation n'a fait que se déplacer, tout en continuant à augmenter. A la faveur de la mondialisation du capitalisme, les pays dotés des plus grandes forêts, majoritairement situés dans des pays dominés ou intermédiaires (comme le Brésil), ont été poussés à se spécialiser dans la filière bois ou dans une agriculture qui prenait la place du bois. Une autre cause importante d'aggravation de la déforestation est le réchauffement climatique, notamment en Australie ou en Afrique.

Et un peu partout, le sous-développement généralisé fait que de nombreux pauvres n'ont pas d'autre choix que de couper des arbres, par exemple parce que c'est leur seul moyen de chauffage. Dans les pays en voie de développement les trois quarts du bois exploité servent de combustible[2]. C'est ce qui a causé la déforestation quasi-totale de Haïti.

La déforestation massive est et reste le résultat direct (lors de la guerre du Vietnam, l'armée américaine a détruit avec ses défoliants 42 % des forêts du pays...) ou indirect de la domination capitaliste. 

1.3.1 L'Amazonie

Plus grande forêt du monde (et plus grande forêt primaire), l'Amazonie s'étend sur neuf pays, principalement au Brésil (63 %). Elle a diminué à une vitesse dramatique, en raison de diverses activités stimulées de façon chaotique par le capitalisme mondial (le Brésil a perdu la moitié de sa superficie forestière antérieure à la colonisation européenne) :

  • Au 19e siècle, la culture du caféier commence à s'étendre sur d'immenses plantations.
  • Dans les années 1960, sous couvert de favoriser la colonisation de la forêt par des petits paysans sans terres, les gouvernements brésiliens ont fait percer des routes. Dans les années 1990, près de 70% des zones déboisées ont été transformées en terres agricoles[3].
  • Au Brésil, la forêt est coupée par de gros planteurs de soja et des éleveurs de bovins. En 1990, 75% des terres déboisées en Amazonie, étaient utilisées pour l'élevage[4]. 16 % de la forêt amazonienne a été convertie en surface de culture pour le soja[5].

1.3.2 Indonésie

En Indonésie, c'est la culture des hévéas ou des palmiers à huile (dont s'abreuve l'agro-industrie actuelle) qui pousse à la déforestation.

1.3.3 Afrique

Dans la partie septentrionale de l’Afrique, c'est plus de 140 000 hectares de terrains boisés indigènes qui disparaissent chaque année pour servir de combustible pour le séchage du tabac, ce qui correspond à 12 % de la déforestation annuelle totale dans la région[6].

En Afrique, une grande partie de la déforestation est due à la culture sur brûlis.

Le marché rentable des bois exotiques engendre aussi de nombreux dégâts collatéraux : pour un arbre recherché, c'est souvent une dizaine d'autres qui sont abattus ou brûlés.

1.3.4 France

En France, la superficie des forêts tend à augmenter depuis quelques années, mais la biodiversité ne remonte pas en proportion de la superficie de forêt, notamment en raison de la fragmentation des écosystèmes par les routes, et du fait qu'une bonne partie des nouvelles exploitations forestières, même si elles sont durables, sont des monocultures (une seule espèce d'arbres).

2 Traçabilité, labels...

Les industriels des pays impérialistes se donnent donc une bonne image en multipliant les "labels écosociaux", tandis qu'ils importent massivement du bois des pays dominés. Le commerce du bois aux mains de grandes compagnies capitalistes occupe le 5ème poste du commerce international : par exemple un tiers du bois exporté par la République Démocratique du Congo arrive en France.

Une enquête du WWF a conclu que pour les parquets, portes, fenêtres, escaliers, ébénisterie… des enseignes Casa, Castorama, Ikea, Leroy Merlin, Bricorama, Bricomarché, Habitat et Point P : l'étiquetage ne mentionnait pas la provenance du bois pour plus de 70 % des produits et plus de 90 % des étiquettes oubliaient le nom scientifique de l’essence. Seuls 13 % de ces produits possédaient (en 2007) le label FSC.

Le Parlement européen estimait que dans les années 2000-2010, que 20 % à 40 % du bois tropical vendu dans le monde provenait de coupes illégales (soit : 350 à 650 millions de m3/an).[7]

3 Conséquences écologiques

3.1 Effet de serre

Les arbres et les végétaux en général absorbent le dioxyde de carbone (CO2) naturellement au cours de leur photosynthèse. Or, le CO2 est le principal gaz à effet de serre rejeté par l'industrie actuelle, qui cause en grande partie le changement climatique, un des principaux risques écologiques. La déforestation contribue donc fortement à augmenter la concentration de CO2 dans l'atmosphère : ce serait un facteur pesant de 18% à 30%.

3.2 Fragilisation des sols

Après coupe des forêts, les sols sont souvent stériles pour l'agriculture. Par ailleurs, la déforestation les rend plus sensibles à l'érosion et aux glissements de terrain.

3.3 Mort de nombreuses espèces vivantes

🔍 Voir : Crise écologique.

L'effet le plus direct de la perte d'hectares entiers de forêts comme celle de l'Amazonie, c'est que des écosystèmes parmi les plus riches sont détruits : des espèces animales ou végétales rares disparaissent. Ainsi, suite à la surexploitation des forêts de Malaisie, l'orang-outan est aujourd'hui en voie de disparition. On estime que l'ensemble des forêts tropicales de la planète recèlent au moins 75.2 % des espèces vivantes, animales et végétales.

Une recherche publiée en décembre 2007 par le WWF laisse entendre que l'Amazonie pourrait bien avoir disparu totalement en 2030.

4 Autres conséquences

La conquête de l'Amazonie par les capitalistes a aussi coûté la vie de presque la totalité des Indiens qui y vivaient, assassinés comme le militant écologiste Chico Mendes par les tueurs à gages à la solde des gros intérêts fonciers, ou décimés par les maladies amenées par ce bouleversement.

En plus des problèmes écologiques, la déforestation prive l'humanité de précieux champs d'études, susceptibles d'augmenter notre compréhension des écosystèmes, de faire progresser la médecine ou l'agronomie...

5 Notes et sources