Crise de surproduction

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La surproduction est la manifestation principale et centrale des crises économiques du capitalisme.

1 Description

La surproduction est un phénomène relatif à la demande solvable. Il n'y a pas "trop de marchandises" par rapport à ce que les consommateurs voudraient, ni trop de moyens de travail par rapport à la population active. En revanche, les capitalistes sont périodiquement en situation de ne plus pouvoir poursuivre leur accumulation avec un taux de profit suffisant.

« On produit trop de marchandises pour que la valeur et la plus-value qu'elles contiennent puissent être réalisées et reconstituées en capital, dans les conditions de répartition et de consommation inhérentes à la production capitaliste, ou du moins parcourir ce cycle sans catastrophes continuelles. On peut donc dire que si la production de richesses n'est pas trop abondante, on produit périodiquement trop de richesses ayant la forme capitaliste avec les contradictions qui en sont inséparables. »[1]

Lorsqu'éclate une crise de surproduction, c'est un cercle vicieux qui s'enclenche : des entreprises font faillite, mettant de nombreux travailleurs au chômage, ce qui réduit encore les débouchés des autres entreprises, les plaçant en situation de surproduction accrue.

On arrive dans des situations absurdes où des gens sont plongés dans la misère à côté de stocks de marchandises invendables, un des plus cyniques symptomes du fait que la production n'est pas au service des besoins sociaux mais du profit de la bourgeoisie.

2 Caractéristique du capitalisme

Le capitalisme est le seul mode de production dans lequel les crises prennent la forme d'une surproduction. Auparavant, le risque était au contraire en permanence la pénurie, principalement alimentaire (récoltes mauvaises, rupture des routes marchandes...). Tout ce qui était en excédent représentait une bonne santé économique, et un enrichissement, surtout pour les classes possédantes bien sûr.

Les fondateurs du socialisme scientifique ont très tôt remarqué ce symptome de surproduction. Ainsi dès 1847 dans le Manifeste :

« Ces crises détruisent régulièrement une grande partie non seulement des produits fabriqués, mais même des forces productives déjà créées. Au cours des crises, une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s'abat sur la société - l'épidémie de la surproduction. »[2]

Plus tard, Engels revient sur les dernières années dans l'Anti-Dürhing :

« [...] l’effondrement des marchés dans les crises résultant d’une surproduction est caractéristique des cinquante dernières années. »[3]

3 Causes

3.1 Explication marxiste

La surproduction est la manifestation des grandes crises économiques du capitalisme. Dire cela est purement descriptif, et ce n'est pas expliquer pourquoi ces crises surviennent. En effet, d'après les économismes bourgeois, le marché devrait en permanence assurer l'équilibre de l'offre et de la demande. Mille et uns détails des conjonctures locales peuvent expliquer des surproductions sectorielles (fabriquants de magnétoscopes en surproduction momentanée à cause de la généralisation des lecteurs DVD...) mais la surproduction généralisée reste pour eux un mystère.

Les crises sont inhérentes à ce système, à ses contradictions profondes. Elles ont leur racine dans la production capitaliste, où agit la tendance à la baisse du taux de profit. Les bourgeois ont plusieurs leviers pour contre-balancer cette faiblesse profonde, mais toutes sont par nature des palliatifs temporaires :

  • accroissement de l'exploitation pour contre-balancer la hausse de la composition organique du capital, limitée par les résistances ouvrières (et dans l'absolu par le minimum vital nécessaire aux travailleurs)
  • recherche de gros volumes de profits pour compenser la baisse du taux de profit, limitée par la réduction de la consommation imposée aux masses exploitées

3.2 Sous-consommation

Une explication d'une grande banalité consiste à invoquer la "sous-consommation". Bien entendu, surproduction relative équivaut à sous-consommation relative, mais les thèses "sous-consommationnistes" se veulent explicatives, elles prétendent que lorsqu'il y a crise, c'est que la gestion du capitalisme est mauvaise et comprime "artificiellement" la demande. La théorie la plus sérieuse dans ce registre est le keynésianisme, qui soutient qu'il faut une action politique volontariste pour élever le pouvoir d'achat des travailleurs.

« La sous-consommation des masses est une condition nécessaire de toutes les formes de société reposant sur l'exploitation, donc aussi de la société capitaliste; mais seule la forme capitaliste de la production aboutit à des crises. La sous-consommation est donc aussi une condition préalable des crises et elle y joue un rôle reconnu depuis longtemps; mais elle ne nous explique pas plus les causes de l'existence actuelle des crises que celles de leur absence dans le passé. »[3]

4 Exemples

Les tous premiers européens à connaître des formes capitaliste d'économie furent les Hollandais. Ils furent également les premiers à inaugurer la pratique de détruire des ressources lorsqu'ils voulaient faire remonter les cours d'une marchandise. Ainsi James Maitland (comte de Lauderdale) disait que les Hollandais brûlaient, lors d’années où l’offre était trop abondante, de grands stocks d’épices, détruisaient des muscadiers dans certaines îles...

La première grande crise économique de surproduction a touché principalement l'Angleterre de 1825, au début du développement du mode de production capitaliste.

Vient ensuite la crise de 1846-1851, qui s'est conjuguée à la dernière grande crise de subsistance de type Ancien-Régime.

Dans le troisième quart du 19e siècle survient ce que l'on appelle maintenant la Longue dépression.

La surproduction est à nouveau patente dans les années 1920, et débouché sur la crise de 1929.

A la fin des 30 glorieuses, l'économie capitaliste mondiale entre à nouveau dans un état latent de surproduction. Après des décennies de tentatives de trouver des solutions (période néolibérale), nous sommes en plein dans une crise de surproduction.

5 Notes et sources