Contradictions du capitalisme

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Le capitalisme est comme toute société de classe traversé de contradictions vivantes.

1 Généralités sur les contradictions[modifier | modifier le wikicode]

La notion de contradiction est un élément clé du matérialisme dialectique développé par Karl Marx et Friedrich Engels. C'est l'idée que tout réalité est faite de "contradictions", dans un sens très large, sans lesquelles tout serait figé. L'inverse serait une vision métaphysique de la nature, immuable et faite de lois qui la font se reproduire à l'identique.

Dans le matérialisme historique en particulier, les contradictions sont par exemple les intérêts contradictoires des différentes classes sociales, qui sont toujours à l’œuvre, même lorsque des idéologues croient ou veulent voir une société harmonieuse et éternelle. Une analogie peut être faite avec un corps subissant des forces contraires qui temporairement forment une résultante nulle, mais qui peut basculer si une force l'emporte.

2 Les deux principales contradictions du capitalisme[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Capital contre Travail[modifier | modifier le wikicode]

Dans tout mode de production où existent des rapports d'exploitation, on trouve deux groupes sociaux antagoniques, les exploiteurs et les exploités, ces groupes pouvant se diviser eux-mêmes en plusieurs classes sociales. Dans le mode de production capitaliste, ce sont les intérêts des capitalistes (patrons, actionnaires, financiers...) qui s'opposent au reste de la population, centralement le prolétariat, mais aussi la petite-paysannerie et la petite-bourgeoisie.

Les luttes pour les salaires, la réduction du temps de travail, le droit de réunion, la reconnaissance des syndicats, les conditions de travail, etc... sont les nombreuses incarnation de cette contradiction entre le capital et le travail, deux pôles opposés.

Mais ces luttes économiques ne sont qu'un aspect de ce conflit de classe. Aussi longtemps que durera l'exploitation capitaliste, les conquêtes peuvent être attaquées et perdues, et l'aliénation perdurera. Pour y mettre fin, une révolution socialiste doit mettre à bas l'État bourgeois.

Pour Marx, un des facteurs qui favorisait la révolution socialiste était la tendance du capitalisme à faire naître de grandes concentrations ouvrières (la centralisation du capital favorisant les grandes entreprises), jetant ainsi les bases d'une prise de conscience de classe. Cette tendance a continué jusqu'à aujourd'hui, avec notamment le boom économique de l'après-guerre dans les vieux pays impérialistes (l'usine Boeing d'Everett construite en 1967 reste à ce jour la plus grande du monde), ou encore avec les usines géantes en Chine. Cependant des contre-tendances viennent nuancer ce constat : depuis les années 1980, les nombreuses délocalisations et externalisations (sous-traitance et découpage de la chaîne de production pour mieux la mondialiser) ont produit une réduction nette des grandes concentrations ouvrières dans les vieux pays impérialistes.

2.2 Forces productives socialisées et moyens de production privés[modifier | modifier le wikicode]

La contradiction générale et historique entre forces productives et rapports sociaux de production existe également et prend une forme propre au mode de production capitaliste.

D'une part, les forces productives sont socialisées de façon toujours plus profonde. Cela signifie que la production n'a plus de l'association d'un producteur avec un outil pour réaliser une marchandise, mais que les moyens de production modernes ne peuvent être mis en oeuvre que par un ensemble de travailleurs aux rôles interdépendants, et que de très nombreuses marchandises sont également des biens intermédiaires dans d'autres procès de production. Cela signifie qu'il est inenvisageable d'envisager un retrait du marché mondialisé sans engendrer une régression rapide des forces productives.

Dans le capitalisme, ce fait est sans cesse accru : chaque branche de production fait appel à des moyens de production ayant des origines de plus en plus diverses et auxquelles participent de manière dépendante de plus en plus d'individus (ex.: la chimie, au départ, n'était qu'un "ingrédient" au sein de la production industrielle. Les produits chimiques n'étaient alors pas produits pour être vendu sur le marché, mais étaient directement intégrés dans la production sans passer par le circuit de circulation des marchandises. Mais avec le développement industriel est apparue, parallèlement, toute une industrie chimique "autonome" employant des milliers de travailleurs pour produire un produit qui ne sera qu'ultérieurement, à travers l'échange, intégré au reste de la production industrielle). Cette interdépendance plus grande ne s'effectue pas seulement entre différentes branches d'industrie, mais également au niveau national et international.[1]

D'autre part, les moyens de production sont entre un nombre toujours plus restreint de mains. Avec les processus de fusion/rachat de grandes entreprises ou des grandes banques, des monopoles privés tendent à se constituer, ce qui diminue lentement le nombre de personnes profitant directement du mode de production capitaliste.

Ces forces productives socialisées sont en contradiction avec les rapports de production capitalistes, en particulier le caractère privé des moyens de production. En effet, la minorité détentrice des moyens de production fonde sa richesse sur l'exploitation de la majorité, dépossédée de ces mêmes moyens de production, son intérêt s'oppose à la satisfaction des besoins de tous.

Aujourd'hui, cette contradiction se manifeste notamment par le fait aberrant que, malgré que l'humanité bénéficie de ressources suffisantes et de capacités scientifiques et techniques immenses pouvant satisfaire les besoins sociaux élémentaires de toute la population de la planète, c'est tout le contraire qui se produit... Les crises de surproduction régulières en parallèle de la paupérisation relative ou absolue des masses laborieuses est la plus absurde des manifestations de cette contradiction.[1]

Dans la sphère économique, cette contradiction se manifeste précisément dans la baisse tendancielle du taux de profit : les gains de productivité tendent à entraîner une baisse du taux de profit. Plus l'efficacité du travail augmente par la socialisation et l'accumulation de "travail mort", plus le système est menacé. C'est cela qui rend ce système si dépassé : seule la classe ouvrière est capable de faire éclater ses limites pour faire fonctionner à plein les possibilités de la société industrielle.

Ainsi, la tendance croissante du taux de profit général à la baisse est simplement une façon, propre au mode de production capitaliste, de traduire le progrès de la productivité sociale du travail.[2]

3 Crises écologiques[modifier | modifier le wikicode]

Suite à l'approfondissement de notre compréhension des problèmes écologiques, beaucoup de marxistes ont considéré qu'il s'agit également de contradictions du capitalisme, qui viennent s'ajouter aux contradictions « classiques ».

4 Perspective[modifier | modifier le wikicode]

Pour répondre aux besoins sociaux, le mode de production capitaliste doit donc être renversé. Cela permettra non seulement le développement harmonieux des forces productives là où elles font cruellement défaut (industrialisation des pays dominés...), et la gestion de la production dans les métropoles capitalistes où règne un colossal gâchis humain et matériel.

La lutte de classe entre travailleurs et capitalistes est donc aussi l'expression politique de la contradiction entre les forces productives et les rapports de production capitalistes. Les travailleurs auto-organisés ont donc la possibilité historique d'achever la socialisation de la production et par là même d'abolir la division de la société en classes, instaurant le communisme.

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 et 1,1 LCR Formation 72 - Le matérialisme historique.
  2. Le Capital, Livre III, Karl Marx