Calvinisme

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Le calvinisme est une branche du protestantisme.

Au plus tard dès la fondation en 1559 de l'Académie de Genève par le grand réformateur Jean Calvin (1509- 1564), le calvinisme fut non seulement le courant le plus dynamique de la Réforme protestante, mais il fut le système de pensée le plus prestigieux aux yeux de tous les intellectuels humanistes critiques de l’Europe dans la deuxième moitié du XVIème siècle et le début du XVIIème. Aux éléments généraux de la Réforme protestante (le salut par la foi et non par les oeuvres; le rejet de la transsubstantiation du vin en sang et du pain en chair du Christ, et donc de la messe; le rejet du prêtre et de l’Eglise comme médiateurs entre le croyant et Dieu au profit de la prêtrise de tous les croyants et donc du face à face individualiste de chacun avec Dieu; l’autorité absolue de la Bible et donc la valorisation de l’alphabétisation pour que chacun la lise; le rejet de toutes les “superstitions et idolâtries” “papistes” : la croyance au purgatoire, le culte de la vierge et des saints, les images et les ornements; le rejet de l’autorité temporelle de l’Eglise et de sa hiérarchie, le rejet de la vie monastique; le mariage des pasteurs) le calvinisme rajoutait essentiellement trois éléments :

  1. une rationalisation doctrinale rigoureuse
  2. une insistance particulière sur le dogme de la prédestination des âmes sauvées et des âmes damnées; c’est-à-dire que c’était douter de la toute-puissance divine que d’imaginer que le croyant, par son mérite et donc sa volonté et ses efforts, puisse assurer son salut; que le nombre et l’identité de ceux qui allaient au paradis ou en enfer étaient fixés par Dieu par avance. Le calvinisme est donc très élitiste puisqu’il envisage une élite de “saints” qui seront sauvés tandis que la masse sera damnée.
  3. une organisation ecclésiastique qui soumet la paroisse à l’autorité combinée du pasteur et d’un conseil des “anciens”, coopté, “le presbytère”; donc un groupe de notables laïques issus de la paroisse et non imposés d’en haut par une hiérarchie dEglise ou d’Etat (presbytérianisme).

Le calvinisme fut dans l’Europe des XVIème et XVIIème siècles un protestantisme de gens économiquement plutôt aisés, bien scolarisés et cultivés, voire intellectuels, de rang social intermédiaire, petite noblesse, bourgeois, artisans. Chez les plébéiens, il se heurta à la concurrence (tout en s’y mélangeant) de l’anabaptisme, plus ancien, égalitariste voire communisant, qui insiste sur le baptême, donc la conversion, à l’âge adulte et met en doute tout au-delà et toute organisation ecclésiastique.

Dans le contexte du mouvement puritain anglais, le calvinisme et l’anabaptisme connurent une évolution qui engendra les radicalismes religieux et intellectuels les plus novateurs et audacieux du protestantisme. Le dogme calviniste de la prédestination était très pessimiste. La menace pour chacun, aussi bien qu’il fasse, d’être en réalité damné d’avance aurait dû susciter angoisse, découragement et passivité. Or il suscita un type d’individu très angoissé mais extrêmement dynamique. Car le protestantisme valorisait l’activité pratique et non la contemplation, la fidélité à la voix de sa propre conscience et la prise de responsabilités et non le conformisme et l’obéissance. Et les calvinistes, peu nombreux au départ, étaient convaincus que leur dynamisme et leur courage était le signe qu’ils étaient bel et bien les “saints” prédestinés, sûrs de leur salut, malgré leurs faiblesses.

Le dogme de la prédestination avait une connotation sociale: les “saints” prédestinés étaient les gens d’une certaine élite, propriétaires, cultivés. La masse pauvre, grossière, envieuse, inculte, était les damnés d’avance.

L’Eglise catholique rejetait le dogme de la prédestination et affirmait la possibilité pour chacun d’assurer son salut. ‘On appelait “arminianisme”, du nom d’un théologien calviniste néerlandais, le courant de doctrine au sein du protestantisme qui rejeta la prédestination au profit de la promesse du salut pour tous. Il y eut un “arminianisme” de droite, celui des anglicans laudiens, inclinant vers le catholicisme. Mais il y eut un “arminianisme” de gauche qui affirmait la possibilité pour les pauvres aussi d’aller au paradis. Dans ce sens, les anabaptistes, et leur variante anglaise, les familistes, avaient toujours été “arminiens”.

Notes et sources