Semi-colonie

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Un pays semi-colonisé est un pays qui a formellement une indépendance politique (contrairement aux colonies), mais qui est dominé économiquement par un ou plusieurs pays impérialistes.

1 Caractéristiques

1.1 Conception classique

Dans la conception classique, les semi-colonies ont une structure de classe avec :

Les impérialistes bloquent ou freinent le développement du capitalisme dans le pays en exploitant ses ressources et en rappatriant les profits vers la métropole. La classe dirigeante locale sert d'intermédiaire commercial (bourgeoisie compradore) et assure l'ordre établi. Les seules secteurs qui sont développés par les investisseurs impérialistes sont les industries extractives et l'agriculture d'exportation.

Le développement des forces productives étant freiné, les rapports de production féodaux perdurent.

Les semi-colonies peuvent être d'anciennes colonies (Françafrique...), mais pas nécessairement.

2 Historique

2.1 Colonisation et semi-colonisation

Au 19ème siècle, les puissances européennes capitalistes se sont accaparées l'Asie et l'Afrique, au mépris des peuples autochtones. Cela s'est traduit en particulier par la colonisation, qui imposait l'administration directe par les métropoles, et souvent un quasi-esclavage des habitants. Celle-ci avait commencé avant, mais elle n'était pas encore généralisée (Amérique Latine et quelques îles essentiellement) et n'avait pas encore l'importance clé qu'elle allait avoir pour les économies capitalistes.

Mais certains pays n'ont pas été directement colonisés. Par exemple la Chine a longtemps été dominée par différentes puissances (Royaume-Uni, France, Etats-Unis, Japon, Allemagne, Portugal...) qui se découpaient des concessions dans les grandes villes, imposaient des "traités inégaux", voire réprimaient directement sur place les révoltes populaires.

2.2 Après la décolonisation, le dépeçage impérialiste continue

Par ailleurs, dans la plupart des cas, les pays qui ont obtenu leur indépendance politique sont souvent restés sous domination de leur ex-métropole. Si les Etats-Unis ont réussi à développer leur propre capitalisme - qui allait devenir le premier des impérialismes - les pays d'Amérique Latine qui se sont libérés au début du 19ème siècle sont restés très dépendants de l'Espagne ou du Portugal. De manière encore plus marquée, l'indépendance politique des pays africains est purement formelle, les occidentaux étant ouvertement maîtres économiquement et militairement. On parle de néo-colonialisme dans ce cas précis.

🔍 Voir : Françafrique.

Mais l'indépendance politique a une importance pour la concurrence impérialiste : elle desserre les liens entre l'ex-métropole coloniale et le pays dominé, les autres puissances ayant plus de facilités à y faire pénétrer leurs capitaux. Par exemple l'Amérique Latine est rapidement passée sous la domination privilégiée des Etats-Unis, et dans une moindre mesure, la France et le Royaume-Uni ont perdu du terrain (dans les marchés publics et autres concessions habituellement "réservées") face aux multinationales états-uniennes.

3 Amérique latine

L'Amérique latine, même si elle est indépendante depuis longtemps (à l'exception de la Guyane française) n'est pas sortie d'une situation de semi-colonisation. Mais les rapports de force entre puissances impérialistes et bourgeoisies locales sont différents selon les pays et évoluent suivant les gouvernements.

Dans les années 1980-1990, globalement, la tendance a été à un renforcement de la domination via les politiques néolibérales. Celles-ci, dictées par les organismes internationaux (Banque mondiale, FMI...) dirigés par les pays impérialistes, Etats-Unis en tête. La domination par la dette s'est accrue depuis.

Dans les années 2000, une vague de résistance a commencé à se faire jour, portant des revendications ambigües intermédiaires entre celles du mouvement ouvrier et celles de l'anti-impérialisme bourgeois.

Respectivement en 2000 et en 2003, la Bolivie est secouée par des luttes populaires que l'on a appelé Guerre de l'eau puis Guerre du gaz. Il s'agissait de luttes contre la privatisation (et la hausse de prix qu'elle engendrait) et le bradage des ressources du pays aux multinationales étrangères, souvent avec un cynisme total. Par exemple suite à la privatisation de l'eau à Cochabamba, il fut interdit aux habitants de récupérer... l'eau de pluie. Ces luttes ont permis de faire reculer la bourgeoisie comprador et ont mené un gouvernement moins docile au pouvoir, celui d'Evo Morales.

Symbole assez révélateur, certains intellectuels bourgeois progressistes se sont démarqués de la domination sans scrupule. Par exemple en 2000, Joseph Stiglitz, vice-président de la Banque Mondiale, démissionne en dénonçant l'impact du néolibéralisme sur les pays pauvres.

En 2001, l'Argentine, élève modèle du FMI, atteint un endettement insupportable et mène une politique en contradiction partielle avec les intérêts du capital financier impérialiste. Le pays suspend momentanément le paiement de sa dette, rompt la parité fixe avec le dollar, dévalue son peso. Cela lui permet de regagner en compétitivité en rognant les salaires réels (par l'inflation). Mais au milieu de cette politique bourgeoise nationaliste, des luttes importantes de travailleurs ont eu lieu, notamment des expériences de contrôle ouvrier (Zanon, Bruckman...).

En 2003, Rafael Correa, ministre de l'économie de l'Equateur, est poussé à la démission par Washington pour avoir voulu privilégier les dépenses sociales au remboursement de la dette.

4 Notes et sources