Romantisme

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Le romantisme est un mouvement culturel apparu à la fin du 18e siècle en Allemagne et en Angleterre et se diffusant à toute l’Europe au cours du 19e siècle, jusqu’aux années 1850. Il s’exprime dans la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, la politique et la danse et se caractérise par une volonté de l'artiste d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer ses états d'âme. Les thèmes sont profondément renouvelés par rapport au classicisme : le Moyen Âge, l'Orient, l'époque napoléonienne, la littérature étrangère, etc.

Le romantisme est fortement lié à l'essor du capitalisme industriel et de la modernité.

« Issu de bouleversements politiques et sociaux sans précédent, il met l'homme et l'artiste devant un destin, improbable, inquiétant. Cette vision dramatique de l'humanité est alors commune à tous les arts, même au théâtre et à l'opéra, sous la magnificence des décors… Le réel, que les romantiques rendent expressif, dramatique, l'emporte sur le beau idéal ». Stéphane Guéguan, l'Abécédaire du romantisme français, Flammarion, 1995

« Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes ; le peuple qui a passé par 1793 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux. » Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle, Première partie, chapitre II (1836)

Généralement, le romantisme est considéré comme une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé, l'idéal ou le cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique. C'est pourquoi certains parlent volontiers de courant réactionnaire. Cependant les sentiments romantiques peuvent aussi porter vers un romantisme révolutionnaire.

1 Entre pessimisme et romantisme révolutionnaire

Pour Robert Sayre et Michael Löwy, le romantisme n’est pas qu'un simple courant culturel ou littéraire - même s’il est très présent en littérature - des siècles passés, il est une protestation culturelle contre la civilisation industrielle/capitaliste moderne et une des principales formes de culture moderne, qui s’étend du préromantique Jean-Jacques Rousseau jusqu’à nos jours, en tant que structure sensible et vision du monde, il se manifeste dans toutes les sphères de la vie culturelle – littérature, poésie, art, musique, religion, philosophie, idées politiques, anthropologie, historiographie et les autres sciences sociales.

La plupart des spécialistes non marxistes du romantisme le définissent par ses traits communs présents dans les différentes œuvres, mais cette approche est critiquée par Sayre et Löwy car relevant de l’arbitraire. Pourquoi choisir telle ou telle caractéristique soi-disant propre au romantisme et pas à un autre courant ou simplement d’autres caractéristiques ? Cette approche, pas assez politique, superficielle et surtout faisant du terme romantisme un fourre-tout, derrière lequel on met tout et n’importe quoi, analysé uniquement sous l’angle empirique. Cette approche peut donner un aperçu de ce qu’est le romantisme mais n’explique en rien pourquoi ces caractéristiques communes existent. À travers cette approche trop superficielle, le mot a d’autant plus l’air d’un fourre-tout du fait des contradictions qui le traversent. Le romantisme se veut tantôt sous forme non-réaliste, tantôt sous forme réaliste, mystique ou sensuelle, aristocratique ou démocratique, rétrograde ou utopique, réactionnaire ou révolutionnaire pour paraphraser.

La plupart des chercheurs et des gens voient exclusivement l’aspect conservateur, réactionnaire et contre-révolutionnaire du romantisme. Pour nos deux auteurs, cela masque une réalité plus grande qui est celle du caractère profondément anticapitaliste du romantisme qui va parfois jusqu’à tisser des liens forts avec l’avenir et donc avec un aspect révolutionnaire.

D’une manière générale, avec le romantisme, nous avons affaire à une réaction à contre-courant de la modernité. Souvent au nom de valeurs passéistes, mais pas uniquement, dans leur ouvrage (Esprits de feu – figures du romantisme anticapitaliste) Sayre et Löwy proposent de nous éclairer sur des penseurs, des artistes, des militants qui ont en commun d’être romantique de manière révolutionnaire en proposant une critique de la modernité bourgeoise au nom, cette fois-ci, du futur, mais en faisant un détour par le passé.

L'insurrection de juin 1832, gravure sur bois de Beval, 1870.

Il y aurait, pour les romantiques, qui sont généralement de grands nostalgiques, voire également parfois mélancoliques, quelque chose de précieux qui aurait été perdu, à la fois au niveau de l’individu et au niveau de l’humanité, avec le passage à cette modernité bourgeoise où existent davantage la quantification et le rapport glacial de l’argent au détriment du qualitatif et du sentiment, on parlerait d’aliénation de certaines valeurs. Ainsi, le romantisme devient une vision du monde et dépasse le simple cadre culturel. Il peut s’appliquer à la lutte, en lui conférant certaines façons d’être et peut également se matérialiser davantage encore dans les formes de luttes collectives et les revendications propres à ces mouvements de lutte, lui conférant ainsi aussi une assise socio-historique claire. Par exemple, pour Löwy, l’insurrection républicaine de Paris de juin 1832 est un exemple de ce que peut être un mouvement romantique révolutionnaire impliquant les masses. Même si nombre de prolétaires vont prendre part aux insurrections qui vont traverser la période où le romantisme teinte la révolte, le romantisme reste très lié à la petite-bourgeoisie, historiquement en tout cas.

Pour reprendre une différence entre romantisme entendu dans son sens classique et romantisme révolutionnaire, souvent dans le premier cas nous avons affaire à une critique du progrès, au nom de valeurs précapitalistes et/ou prémodernes, là où dans le deuxième cas, nous pouvons avoir affaire à une critique au nom d’une certaine forme de progrès. Ce qui permet aux romantiques révolutionnaires de rejoindre, en tout cas sur la question du progrès, leurs camarades socialistes/communistes/anarchistes dans leurs conceptions d’une société où le travail aliénant pourrait être aboli grâce à l’aide de la technologie.

Les romantiques sont donc principalement en quête d’un présent débarrassé des, ou de certaines, valeurs bourgeoises où cette aliénation n’est pas encore (ou ne sera plus pour les romantiques révolutionnaires). La plupart d’entre eux cherchent ce présent en tentant de retourner à un passé idéalisé mais d’autres le cherchent dans la promesse d’un avenir meilleur, débarrassé du capitalisme et ne regardent vers le passé que lorsque l’on est en présence de société de type communiste primitive, où justement cette aliénation était moindre. Tous cherchent à rendre une certaine plénitude à l’Homme. Entre tentatives d’évasion vers d’autres sociétés idéalisées (exotisme), tentatives de transformer radicalement l’immédiat ou simplement poser les jalons d’un avenir différent, les romantiques s’échinent à appliquer leur vision du monde.

2 La vision romantique du monde

Esthétisme, utopie, culte de l’amour, de l’enfance. Certaines thématiques sont récurrentes. D’un point de vue marxiste, nous sommes en plein courant chaud du marxisme et dans l’hétérodoxie. Cette critique romantique de la modernité constitue une critique de la réalité qui porte sur cinq thèmes principaux : le désenchantement du monde, sa quantification, sa mécanisation, l'abstraction rationaliste et la dissolution des liens sociaux.

Elle se veut une réaction contre le classicisme, les Lumières et la rationalité. Pour autant, ce n’est pas une attaque frontale et un pur contre-pied. Il s’agit d’une critique, d’une réaction. Aller contre la rationalité au point de tomber dans l’irrationalité n’aurait pas vraiment d’intérêt, ni même de sens. Même lorsque cette vision du monde met l’accent sur les sentiments, elle ne tombe pas forcément dans l’irrationalité. Un être doté de conscience est capable de commander à ses sentiments. Les délaisse-t-il pour autant ? La primauté du sentiment se fait elle au détriment de la raison ?

2.1 Le désenchantement du monde

Marx et Engels constatent dans le Manifeste que les frissons sacrés, les pieuses exaltations et l’enthousiasme chevaleresque du passé ont été noyés par la bourgeoisie « dans les eaux glacées du calcul égoïste ». Weber de rajouter lors d’une conférence sur la science comme vocation : « le destin de notre époque, caractérisé par la rationalisation, par l’intellectualisation et surtout par le désenchantement du monde, a conduit les humains à bannir les valeurs suprêmes les plus sublimes de la vie publique. Elles ont trouvé refuge soit dans le royaume transcendant de la vie mystique, soit dans la fraternité des relations directes et réciproques entre individus isolés. »

Dans leurs tentatives, souvent désespérées, de réenchanter le monde, les romantiques ont recours au mystérieux, au mystique, au religieux pour certains d’entre eux, mais sont aussi intéressés par la magie, les arts ésotériques, la sorcellerie, l’alchimie et l’astrologie. Ils tentent d’explorer les royaumes du rêve et du fantastique dans leurs arts – littéraires ou autres. Par opposition à la lumière de la raison, certains d’entre eux tenteront de prolonger la nuit. Ils sont en effet fascinés par la nuit.

La stratégie du mythe leur apparaît donc comme bonne car elle regroupe un peu tout cela. Mythes anciens oubliés, revisités ou encore nouveaux comme chez les surréalistes, qui se voient comme la queue de la comète romantique, comète qui voyage encore. Les surréalistes sont considérés comme les derniers romantiques et ont de particulier qu’en tant qu’anticléricaux, ils ont cherché à réenchanter le monde sans la substance religieuse du mythe pour renouer avec le sacré, mais profane.

2.2 La quantification du monde

Le capitalisme est né avec la diffusion des livres de comptes des marchands, c’est-à-dire avec le calcul froid et rationnel des recettes et des dépenses. L’éthos du capitalisme, c’est le calcul froid et rationnel de l’argent. Les romantiques critiques l’argent placés au cœur de nos relations, institués comme divinité nouvelle. Pour eux l’uniformisation ennuyeuse de la vie réduit la part des valeurs qualitatives, sociales et religieuses, ainsi que de l’imagination et de l’esprit poétique. Tout cela est tout doucement remplacé par un rapport purement « utilitaire » entre êtres humains et entre eux et la nature. Pour eux, l’empoisonnement de la vie sociale par l’argent (avilissement des sentiments) trouve un écho malheureux dans l’empoisonnement de l’air par les fumées toxiques d’industries.

2.3 La mécanisation du monde

Au nom du naturel, de l’organique, du vivant et du « dynamique », les romantiques manifestent souvent une profonde hostilité à tout ce qui est mécanique, artificiel, construit. Nostalgiques de l’harmonie perdue entre l’homme et la nature vouant à celle-ci un culte mystique, ils observent avec mélancolie et désolation les progrès de machinisme, de l’industrialisation, de la conquête mécanisée de l’environnement. L’usine capitaliste leur apparaît un lieu infernal, et les ouvriers comme des damnés – pas forcément car ils sont exploités mais parce qu’ils sont obligés de suivre le mouvement mécanique, le rythme uniforme du piston des machines à vapeur à un rythme qui « montait et descendait monotonement comme la tête d’un éléphant fou de mélancolie ». (Dickens, Temps difficiles). Les romantiques sont donc également hantés par la terreur d’une mécanisation de l’être humain lui-même. Certains romantiques vont jusqu’à critiquer le caractère inorganique de l’État et appellent à son abolition. D’autres se contentent de comparer l’État comme institution trop mécanique, froide et impersonnelle, à une usine.

2.4 L’abstraction rationaliste

Selon Marx, l’économie capitaliste est fondée sur un système de catégories abstraites : le travail abstrait, la valeur abstraite d’échange. Pour Weber, la rationalisation est au cœur de la civilisation bourgeoise moderne, qui organise la vie économique, sociale et politique d’après les exigences de la rationalité-in-finalité – ou rationalité instrumentale. Enfin, Karl Mannheim montre le lien entre rationalisation, désenchantement du monde et quantification dans la modernité capitaliste : selon lui, « cette forme de pensée ‘’rationalisante’’ et ‘’quantificatrice’’ est enracinée dans une forme de comportement envers les choses et le monde qui peut être caractérisée comme ‘’abstraite’’ et qui a son pendant dans le système économique moderne fondé sur la valeur d’échange ».

Par conséquent les romantiques, dans leur combat contre l’abstraction, en appellent bien souvent à un retour au concret : le romantisme politique allemand oppose aux droits naturels, les droits concrets, historiques, traditionnels de chaque pays ou région. Il oppose à la Liberté, les « libertés » concrètes de chaque région. Et aux doctrines universalistes, les traditions nationales ou locales, aux règles et principes généraux, les aspects concrets, particuliers, spécifiques de la réalité. Un aspect qui en découle, et qui est plus intéressant, est que face à une raison qui se veut intemporelle et humaine/abstraite, le romantisme historicise davantage. À force d’étude de cas particulier, il a pu ainsi apporter des précisions dans les sciences sociales et améliorer la pensée humaine sur certains aspects, pour le coup trop abstraits.

Dans le fameux non rationnel romantique, on trouve au premier plan les comportements amoureux. L’opposition romantique à l’abstraction rationnelle peut aussi s’exprimer en tant que réhabilitation des comportements non rationnels / non rationalisables. Cela vaut notamment pour son thème classique, l’amour. Amour comme émotion pure, comme élan spontané irréductible à tout calcul et contradictoire avec toutes les stratégies rationnelles de mariages – le mariage d’argent, le « mariage de raison ».

2.5 La dissolution des liens sociaux

Les romantiques ressentent douloureusement l’aliénation des rapports humains – la destruction des anciennes formes « organiques », communautaires de la vie sociale, l’isolement de l’individu dans son moi égoïste – qui constitue une dimension importante de la civilisation capitaliste, dont le haut lieu est la ville (bourgeoise). Nombre de héros romantiques se sentent seuls et incompris, incapables de communiquer d’une manière significative avec leurs semblables, et ceci au centre même de la vie sociale moderne, dans le « désert de la ville ».

La solitude et le rapport à sa propre conscience est également un grand thème romantique, on le retrouvera dans la littérature, notamment sous forme de monologue intérieur traduisant le tragique de l’échec de la communication des êtres humains de la société moderne.

Ces critiques et ces idées vont converger pour, en mai 1968, réémerger en critique de l’égoïsme de l’oligarchie bourgeoise qui confisque les fruits du progrès et en une critique d’autant plus forte de l’exploitation des prolétaires. Émergera aussi une critique artiste de l’aliénation et de l’oppression au nom de la liberté.

2.6 L’utopie

Critiqués par Marx et Engels, les socialistes utopiques ont certaines caractéristiques en commun avec les romantiques révolutionnaires. Chez ces derniers en effet, la défense de l’Utopie comme moteur du changement est affirmée et défendue. Les tentatives de vivre avec le mode de vie communautaire comme application immédiate du rêve d’une société meilleure sont dans les phalanstères de Fourier comme chez les autres, empruntes d’une certaine forme de romantisme au sens où nous l’entendons (vision du monde). Les utopies littéraires, comme par exemple « nouvelles de nulle part » de William Morris, tiennent également une grande place dans la pensée romantique révolutionnaire puisqu’elles mettent en avant ce mode vie ou carrément une société idéale débarrassée de l’aliénation capitaliste, avec toujours un rapport à la technologie particulier, pas forcément réactionnaire, mais en tout cas où celle-ci s’accorde au mieux avec la pérennité de la nature. Les rapports sociaux, et les modes de production et d’échange, y sont également décrits de manière idéalisée et l’art tient une place importante dans ces histoires utopiques.

3 Pluralité des courants romantiques

Il ne s’agit pas de catégories fixes, certains comportements entrecoupent plusieurs catégories. Le capitalisme est un système tellement mortifère qu’il génère, jusque chez les fascistes, des élans romantiques.

Romantique restitutionniste : en un sens, le plus proche de l’essence du phénomène global, puisqu’il se définit comme l’aspiration à restituer, restaurer un certain passé, souvent, mais pas toujours, de l’époque médiévale.

Romantique conservateur : pour les romantiques conservateurs, le but n’est pas de rétablir un passé perdu mais de maintenir des éléments traditionnels (prémodernes) dans la modernité.

Romantique fasciste : leur rejet du capitalisme se mélange avec une condamnation violente de la démocratie parlementaire aussi bien que du communisme. Son « anticapitalisme » est souvent teinté d’antisémitisme ; les capitalistes, les riches et tous les représentants de l’esprit de la ville et de la modernité, apparaissent sous les traits du juif. La critique romantique de la rationalité est, avec les romantiques fascistes, portée à ses dernières limites, pour devenir la glorification de l’irrationnel à l’état pur, de l’instinct brut dans ses formes les plus agressives.

Romantique résigné : ils estiment que la modernité et l’industrialisation néfaste est un phénomène irréversible et en concluent, à grands regrets, que la modernité est un fait auquel il faut se résigner. Autrement dit, ils sont très pessimistes.

Romantique réformiste : ils estiment que les valeurs du passé peuvent être rétablies par des réformes légales et par une évolution lente de la conscience. Souvent on retrouve chez une eux, un décalage – voire une contradiction – entre la radicalité de la critique et la timidité des solutions envisagées.

Romantique révolutionnaire et/ou utopique : cette forme projette la nostalgie pour un passé précapitaliste dans l’espoir d’un avenir radicalement nouveau. Ils rejettent à la fois l’illusion d’un retour, purement et simplement, aux communautés organiques ou son amélioration par le moyen de réformes, et ils aspirent – de façon plus ou moins radicale, plus ou moins contradictoire – à l’abolition du capitalisme et à une utopie égalitaire dans laquelle certains aspects ou certaines valeurs des sociétés antérieures réapparaîtraient. À l’intérieur de ce type, on peut distinguer plusieurs courants distincts, qu’on pourrait caractériser de la manière suivante : jacobin-démocrate, populiste, socialiste utopique/humaniste, libertaire, écologiste (ou écosocialiste), marxiste. Pour eux, la nostalgie du paradis perdu est ainsi investie dans l’espérance d’une nouvelle société.

4 Profil sociologique du romantique

Ils viennent de tous groupes sociaux, mais souvent issus de l’intelligentsia « classique » ou traditionnelle, par opposition au groupe des intellectuels plus modernes : scientifiques, techniciens, ingénieurs, etc. Leur univers mental est régi par des valeurs qualitatives d’ordre éthique, esthétique, religieux, politique, etc. – qui constitue leur raison d’être en tant qu’intellectuels. Leur audience ne compte, historiquement, pas trop les prolétaires. Aujourd’hui un plus grand accès à l’information chez les classes populaires grâce au net, voit s’accroître la diffusion des idées romantiques, sous des formes nouvelles bien sûr, parmi les masses. Cela est dû, aussi en partie, au fait de la détérioration qu’amène le capitalisme dans bien des domaines de la vie et qui voit donc réémerger ou émerger de plus en plus de forme de protestation, de contestation.

Les femmes, indépendamment de leur origine de classe, entretiennent un rapport particulier avec le romantisme dès ses débuts car elles ont été historiquement exclues de la création des principales valeurs de la modernité (par les scientifiques, les hommes d’affaires, les industriels, les politiciens). De plus, historiquement, leur rôle social est défini comme centré sur les valeurs qualitatives : famille, sentiments, amour, culture.

Troublés par la progression de la très néfaste modernité comme elle est conçue sous le capitalisme, les romantiques du 19e et du 20e étaient souvent mélancoliques et pessimistes dans leurs perspectives. Bouleversés par un sentiment tragique et par des prémonitions effroyables, ils représentaient l’avenir sous les plus sombres couleurs. Pourtant, la réalité a devancé leurs bien pires cauchemars au cours du 20e siècle. Il reste maintenant à voir comment ceux qui relèveront le drapeau romantique – consciemment ou malgré eux – relèveront également les défis qui s’imposeront très bientôt à nous tous, et ce, en tentant d’imaginer des alternatives utopiques à la civilisation actuelle ou en leur donnant vie immédiate ou encore en posant les premiers jalons d’un avenir différent, idéalement meilleur bien sûr, et idéalement pour tous.

5 Sources