Différences entre les versions de « Rentabilité »

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Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle le « Return on Equity » (ROE). Il exprime la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés à dégager un certain niveau de profit.
 
Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle le « Return on Equity » (ROE). Il exprime la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés à dégager un certain niveau de profit.
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=== Différence entre les deux rentabilités et levier d'endettement ===
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La différence entre les deux rentabilités va dépendre de la différence entre le taux d'intérêt et la rentabilité économique, à proportion du poids de l'endettement. Pour un niveau de taux d'intérêt donné, la rentabilité financière sera d'autant plus éloignée (plus élevée ou plus faible) de la rentabilité économique que l'endettement sera fort : cet effet s'appelle le [[Effet de levier|levier d'endettement]].
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Quand la rentabilité économique est supérieure au taux d'intérêt ( R<sub>eco</sub> > i ), la rentabilité financière est donc une fonction croissante du ratio d'endettement ( DF/KP ). Plus la dette s'accroit, plus la rentabilité financière est forte. C'est l'effet de levier de l'endettement&nbsp;: pour un niveau donné de fonds propres, il est possible d'améliorer la rentabilité financière de ces fonds en s'endettant davantage.
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Au contraire, lorsque la rentabilité économique est inférieure au taux d'intérêt ( R<sub>eco</sub> < i ), la rentabilité financière sera d'autant plus faible que le ratio d'endettement sera fort.
  
 
== La rentabilité prévisionnelle ==
 
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Version du 28 septembre 2019 à 18:30

La rentabilité est le rapport entre un revenu obtenu ou prévu et les ressources employées pour l'obtenir. La notion s'applique notamment aux entreprises mais aussi à tout autre investissement.

La rentabilité rétrospective est le rapport entre un résultat comptable et les moyens en passifs mis en œuvre pour l'obtenir. La rentabilité prévisionnelle est le rapport entre un gain de trésorerie et la valeur d'un investissement.

Le terme est parfois utilisé à tort à la place d'efficacité (ou d'efficience) afin de donner une connotation financière aux propos. Ce taux sert à tous les calculs d'actualisation et est donc un outil spécifique du service financier.

1 Enjeux de la rentabilité

La rentabilité représente l'évaluation de la performance de ressources investies par des apporteurs de capitaux. C'est donc l'outil d'évaluation privilégié par l'analyse financière.

La rentabilité rétrospective permet d'évaluer le MEDAF pouvant permettre de calculer un taux d'actualisation par le coût moyen pondéré du capital. La rentabilité rétrospective est un outil difficilement utilisable directement (à partir du résultat d'exploitation ou du résultat net) pour évaluer les entreprises car elle est biaisée par les décalages temporels de l'entreprise (dus aux délais de paiement par exemple).

La rentabilité prévisionnelle permet d'utiliser les flux de trésorerie pour assurer une évaluation prenant en compte les décalages temporels de l'entreprise.

2 La rentabilité rétrospective

On distingue deux types de rentabilité rétrospective : la rentabilité économique qui mesure le rapport entre le revenu courant et le "capital stable" (dettes financières sous normes internationales et capitaux propres) mis en œuvre et la rentabilité financière qui mesure le rapport entre le revenu courant après paiement des intérêts et des impôts et les capitaux propres. Cette dernière rentabilité est essentielle pour les apporteurs de capitaux puisqu'elle mesure la performance des ressources qu'ils ont investies dans l'entreprise.

2.1 La rentabilité économique

La rentabilité économique est une mesure de la performance économique de l'entreprise dans l'utilisation de l'ensemble de son capital économique, c'est-à-dire des immobilisations, du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie nette.

Le revenu généré est mesuré par l'indicateur financier que constitue le résultat d'exploitation (RE), auquel on soustrait les impôts sur les bénéfices ([math]\displaystyle{ Imp }[/math]). L'ensemble des capitaux employés est égal à la somme des fonds propres ([math]\displaystyle{ KP }[/math]), apportés par les apporteurs de capitaux, plus les capitaux acquis grâce à l'endettement ([math]\displaystyle{ DF }[/math], pour dette financière). La somme des capitaux nets d'exploitation est donc égale à [math]\displaystyle{ CPNE=KP+DF }[/math].

La rentabilité économique est égale à :

[math]\displaystyle{ R_{eco} = \frac{RE-Imp}{CPNE}\, }[/math]

Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle "Return on capital employed" (ROCE). La rentabilité économique est donc indépendante du type de financement des capitaux et exprime la capacité des capitaux investis à créer un certain niveau de bénéfice avant paiement des éventuels intérêts sur la dette. Elle est donc une mesure de la performance économique de l'entreprise dans l'utilisation de son actif : elle détermine quel revenu l'entreprise parvient à générer en fonction ce qu'elle a. C'est donc un ratio utile pour comparer les entreprises d'un même secteur économique.

Il n'y pas de consensus concernant son mode de calcul, ainsi certains calculent la rentabilité économique en prenant en compte le résultat d’exploitation (RE) divisé par la somme des emplois stables (ES) plus le BFR :

[math]\displaystyle{ R_{eco} = \frac{RE}{ES+BFR}\, }[/math]

où bien encore l’excédent brut d’exploitation (EBE) divisé par capitaux investis (CI) autrement dit immobilisations corporelles et incorporelles, plus le besoin en fonds de roulement d’exploitation ( BFRE)

[math]\displaystyle{ R_{eco} = \frac{EBE}{CI+BFRE}\, }[/math]

Par opposition à la rentabilité financière, qui intéresse plus les associés, la rentabilité économique intéresse plus les investisseurs financiers tels que les banques.

2.2 La rentabilité financière

La rentabilité économique n'est toutefois pas significative pour les apporteurs de capitaux : ce qui est pertinent pour eux est la rentabilité non pas de l'ensemble des capitaux (CPNE=KP+DF), mais des seuls capitaux propres ([math]\displaystyle{ KP }[/math]).

Le bénéfice analysé est le résultat net courant (RN), c'est-à-dire le résultat d'exploitation (RE) auquel on a soustrait l'impôt sur les bénéfices (Imp) et les intérêts versés aux dettes financières (iDF, avec [math]\displaystyle{ i }[/math] le taux d'intérêt moyen sur les dettes financières de l'entreprise). On divise ce résultat net courant par le montant des capitaux propres de l'entreprise.

La rentabilité financière sera donc égale à :

[math]\displaystyle{ R_{fi} = \frac{RN}{KP}\ = \frac{RE-Imp-iDF}{KP}\, }[/math]

Ce ratio correspond à ce que la comptabilité anglo-saxonne appelle le « Return on Equity » (ROE). Il exprime la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés à dégager un certain niveau de profit.

2.3 Différence entre les deux rentabilités et levier d'endettement

La différence entre les deux rentabilités va dépendre de la différence entre le taux d'intérêt et la rentabilité économique, à proportion du poids de l'endettement. Pour un niveau de taux d'intérêt donné, la rentabilité financière sera d'autant plus éloignée (plus élevée ou plus faible) de la rentabilité économique que l'endettement sera fort : cet effet s'appelle le levier d'endettement.

Plus précisément, on a :

[math]\displaystyle{ R_{fi} = \frac{RE-Imp-iDF}{KP}\ = \frac{R_{eco}(KP+DF)-iDF}{KP}\, }[/math]

[math]\displaystyle{ R_{fi} = R_{eco} + (R_{eco}-i) \frac{DF}{KP}\, }[/math]

Quand la rentabilité économique est supérieure au taux d'intérêt ( Reco > i ), la rentabilité financière est donc une fonction croissante du ratio d'endettement ( DF/KP ). Plus la dette s'accroit, plus la rentabilité financière est forte. C'est l'effet de levier de l'endettement : pour un niveau donné de fonds propres, il est possible d'améliorer la rentabilité financière de ces fonds en s'endettant davantage.

Au contraire, lorsque la rentabilité économique est inférieure au taux d'intérêt ( Reco < i ), la rentabilité financière sera d'autant plus faible que le ratio d'endettement sera fort.

3 La rentabilité prévisionnelle

La rentabilité prévisionnelle pour un investisseur dans une entreprise sous forme de souscription ou achat d'actions n'est pas directement la rentabilité rétrospective financière constatée pour l'entreprise elle-même. La rentabilité prévisionnelle de l'investissement est ici la somme actualisée des flux de trésorerie.

  • des revenus encaissés (dividendes...)
  • et de la plus ou moins value potentielle due à la variation du prix de l'action. Elle dépend notamment d'un élément exogène, le prix de marché de l'action, mais d'autres facteurs que la rentabilité de l'entreprise interviennent. En particulier le prix d'achat de l'action est déterminant, ainsi que les tendances boursières si l'action est côtée sur un marché organisé.

4 Notions à ne pas confondre avec rentabilité

Le rendement est une notion utilisée plutôt par les épargnants et investisseurs concernant les revenus directs de leurs placements (dividendes, intérêts...), notamment à taux fixe. S'y ajoutent les variations de valeur du capital pour obtenir la rentabilité (parfois appelée "performance") totale du placement.

La productivité (ou rendement physique) est le rapport d'un élément quantitatif à un élément financier ou le rapport de deux éléments quantitatifs. Par exemple, on rapportera le chiffre d'affaires d'une entreprise aux effectifs de cette entreprise pour exprimer la productivité apparente d'un salarié. Ou alors, on rapportera le nombre de véhicules produits par heure travaillée pour exprimer la productivité du travail.

La rentabilité diffère aussi de la profitabilité, ou le taux de marge. Ce dernier est le rapport entre le résultat net et le chiffre d'affaires, et exprime la capacité du chiffre d'affaires à créer un certain niveau de bénéfice.

Les apporteurs de capitaux sont constitués des actionnaires, associés et au sens large de tous individus ou organisations apportant des ressources à l'entreprise.

Les capitaux propres nets d'exploitation n'incluent pas les dettes d'exploitation et par conséquent ne représentent pas tout l'actif de l'entreprise. Néanmoins, c'est eux qui supportent par le financement de l'ensemble des outils économiques utilisés par l'entreprise (c'est-à-dire hors créance court terme...).

5 Rentable ou non rentable ?

A côté de la notion quantitative de taux de rentabilité, on emploie souvent la notion de rentabilité pour différencier ce qui "est rentable" de ce qui est "non rentable".

Cette notion est difficile à appréhender a priori, puisqu'elle ne repose pas sur des critères bien définis. En théorie, dès qu'il existe un retour sur un investissement défini, aussi "long" soit-il, un investissement donné est rentable. Mais en réalité, plus le profit est à long terme, plus les risques dissuadent les investisseurs, surtout dans une période de stagnation de l'économie, où les prévisions sont mauvaises.

L'appréciation du délai acceptable varie selon les types d'investisseurs. La finance est par nature le secteur où les transactions sont les plus rapides à réaliser, donc celle où les retours sur investissements doivent être les plus rapides. Dans l'industrie, on admet que le profit se réalise parfois à plus long terme. L'Etat capitaliste est en général davantage disposé à réaliser des investissements de plus long terme.

En France, l'Agende de l'Eau, qui distribue des subventions pour certains investissements permettant de diminuer les consommations d'eau ou la pollution rejetée, considère que les projets "non rentables" sont ceux pour lesquels le retour sur investissement est supérieur à 5 ans (projets qu'elle ne subventionne pas).

6 Notes et sources