Différences entre les versions de « Rapports de production »

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*''Le rapport d’appropriation réelle&nbsp;: qui met réellement en œuvre les moyens de production, qui organise la production.''<br/>Le capitalisme en arrive ensuite à transformer complètement le procès de production. Ce sont les bourgeois qui achètent et mettent en place un nouveau machinisme, un encadrement, ce sont eux (ou leurs cadres, qui sont leurs fondés de pouvoir) qui organisent les moyens de production... Les travailleurs sont effectivement dépossédés des moyens de production, et les bourgeois se présentent désormais comme les "donneurs de travail" face aux "preneurs d'emploi"<ref>Ou encore employeur/employé, arbeitgeber/arbeitnehmer, employer/employee ...</ref>. Le capital imprime sa marque aux forces productives&nbsp;: c’est le stade de la subordination réelle du travail au capital ou «&nbsp;mode de production capitaliste proprement dit&nbsp;»<ref>Marx, "Matériaux pour l'économie", tome II, 1968, p. 372</ref>.
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Les rapports de production socialistes sont caractérisés par la gestion ouvrière de la production. C'est-à-dire que les travailleur-se-s décident démocratiquement de ce qui est produit et comment, et qu'il n'y a plus de classe au dessus d'eux et elles pour les exploiter.
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Ce sont les objectifs communs aux différents mouvements issus du socialisme. En revanche, la façon concrète de mettre en place ces rapports de production nouveaux fait débat. Les [[réformistes|réformistes]] pensent (ou font croire) que les rapports de production capitalistes peuvent être remplacés graduellement, tandis que les révolutionnaires ([[communistes|communistes]] et [[anarchistes|anarchistes]]) tirent la conclusion qu'une [[révolution_sociale|révolution sociale]] est nécessaire.
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Pour les anarchistes, cette révolution sociale, simultanément, [[abolition_de_l'Etat|abolit l'Etat]] le Capital. Pour la plupart des marxistes, cette abolition immédiate de l'Etat est impossible.
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Dans le mouvement socialiste et communiste, il existe une forte tendance étatiste, qui tend à considérer que le critère central pour définir les rapports de production socialistes est la [[nationalisation|nationalisation]] des [[moyens_de_production|moyens de production]]. Pour les socialistes réformistes, ces [[nationalisations|nationalisations]] peuvent être réalisées sans changement majeur au niveau de l'Etat. Pour les communistes [[léninistes|léninistes]], l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]] doit être renversé et remplacé par un [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]], qui ne peut naître qu'au milieu d'une large [[auto-organisation|auto-organisation]] ouvrière.
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''«&nbsp;Le contrôle ouvrier commence dans une entreprise. Le comité d'usine est l'organe du contrôle. Les organes de contrôle dans les usines doivent entrer en liaison les uns avec les autres, suivant les liaisons économiques existant entre les entreprises. A ce stade, il n'y a pas encore de plan économique global. La pratique du contrôle ouvrier ne fait que préparer les éléments de ce plan.''
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''Inversement, la gestion ouvrière de l'industrie à une échelle beaucoup plus importante part d'en-haut, même à ses tous débuts car elle est inséparable du pouvoir et d'un plan économique général. Les organes de gestion ne sont plus les comités d'usine mais les Soviets centralisés. Le rôle des comités d'usine reste important, mais dans le domaine de la gestion de l'industrie, il s'agit d'un rôle auxiliaire et non d'un rôle dirigeant.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/01/320127o.htm ''La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne''], janvier 1932</ref>
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Cela a conduit des courants libertaires<ref>Maurice Brinton, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/01/320127o.htm ''Les bolcheviks et le contrôle ouvrier 1917-1921''], Revue Autogestion et socialisme n°24-25, septembre-décembre 1973</ref> ou de la gauche communiste a critiquer durement le pouvoir bolchévik pour n'avoir pas réellement instauré la gestion ouvrière, mais seulement un contrôle ouvrier qui a facilité la bureaucratisation.
  
 
== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
  
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Version du 20 juillet 2016 à 15:04

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Les rapports de production sont l'organisation sociale autour des moyens de production : qui les possède, qui règle la distribution des marchandises...

Plusieurs rapports de production peuvent cohabiter dans une même société, mais ils doivent être en phase avec le niveau et la nature des forces productives.

Le mode de production d'une société est la combinaison de ces rapports de productions et forces productives en adéquation.

1 Généralités

Les rapports de production sont fondamentaux pour le socialisme scientifique, car une étude basée sur le matérialisme historique montre qu'ils sont l'infrastructure qui détermine en grande partie la superstructure (Droit pour la protéger, idéologies pour la justifier, politiques pour la pérenniser...).

Ils sont en relation directe avec les rapports de propriété (qui possède quoi).

«Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté; ces rapports de production correspondent à un degré du développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s'élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuel. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors, et qui n'en sont que l'expression juridique. Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en de lourdes entraves. Alors commence une ère de révolution sociale....»[1]

Les rapports de production correspondent globalement aux forces productives de la société.

Mais ils peuvent devenir un carcan pour des forces productives en expansion, ce qui ouvre une période de révolutions. A l’inverse, des rapports de production nouveaux peuvent être en avance sur le degré de développement des forces productives dans le pays donné. Ce fut le cas de la révolution bourgeoise victorieuse des Pays-Bas au 16ème siècle, et de la révolution socialiste d’octobre 1917, victorieuse en Russie.

2 Historique

2.1 Esclavagisme

2.2 Servage

2.3 Fermage

2.4 Capitalisme

Les rapports de production capitalistes sont puissants, mais ils ne sont pas apparus "complets et purs". Leur établissement a nécessité la destruction des anciens rapports de production, et des mutations profondes.

Historiquement, on peut considérer qu'ils se mettent en place en deux temps : d'abord ce sont les rapports de propriété qui s'établissent, puis la capital transforme et s'approprie profondément la production.

  • Le rapport de propriété économique : qui possède les moyens de production.
    L'organisation des moyens de production est encore proche de celles des anciens rapports de production, mais ces moyens appartiennent à un unique propriétaire capitaliste, qui s'approprie ainsi le surtravail des travailleurs. La finalité de la production devient la plus-value (et non la valeur d’usage) et est imposé de l’extérieur à un procès de travail préexistant.  C’est le stade de la subordination (ou subsomption) formelle du travail au capital. 
  • Le rapport d’appropriation réelle : qui met réellement en œuvre les moyens de production, qui organise la production.
    Le capitalisme en arrive ensuite à transformer complètement le procès de production. Ce sont les bourgeois qui achètent et mettent en place un nouveau machinisme, un encadrement, ce sont eux (ou leurs cadres, qui sont leurs fondés de pouvoir) qui organisent les moyens de production... Les travailleurs sont effectivement dépossédés des moyens de production, et les bourgeois se présentent désormais comme les "donneurs de travail" face aux "preneurs d'emploi"[2]. Le capital imprime sa marque aux forces productives : c’est le stade de la subordination réelle du travail au capital ou « mode de production capitaliste proprement dit »[3].

2.5 Socialisme

Les rapports de production socialistes sont caractérisés par la gestion ouvrière de la production. C'est-à-dire que les travailleur-se-s décident démocratiquement de ce qui est produit et comment, et qu'il n'y a plus de classe au dessus d'eux et elles pour les exploiter.

Ce sont les objectifs communs aux différents mouvements issus du socialisme. En revanche, la façon concrète de mettre en place ces rapports de production nouveaux fait débat. Les réformistes pensent (ou font croire) que les rapports de production capitalistes peuvent être remplacés graduellement, tandis que les révolutionnaires (communistes et anarchistes) tirent la conclusion qu'une révolution sociale est nécessaire.

Pour les anarchistes, cette révolution sociale, simultanément, abolit l'Etat le Capital. Pour la plupart des marxistes, cette abolition immédiate de l'Etat est impossible.

Il existe une riche expérience d'auto-organisation des travailleur-se-s dans le mouvement communiste (conseils ouvriers en Russie, Allemagne, Hongrie...) et dans le mouvement anarchiste (guerre_civile_espagnole...). Dans ce contexte, l'Internationale communiste a mis en avant le mot d'ordre de contrôle ouvrier sur la production, vu comme une revendication transitoire, incitant les initiatives à la base, dans les entreprises, pour faire progresser vers la gestion ouvrière de l'ensemble de la société.

Dans le mouvement socialiste et communiste, il existe une forte tendance étatiste, qui tend à considérer que le critère central pour définir les rapports de production socialistes est la nationalisation des moyens de production. Pour les socialistes réformistes, ces nationalisations peuvent être réalisées sans changement majeur au niveau de l'Etat. Pour les communistes léninistes, l'Etat bourgeois doit être renversé et remplacé par un Etat ouvrier, qui ne peut naître qu'au milieu d'une large auto-organisation ouvrière.

Mais pour la majorité communiste, Lénine et Trotsky inclus, les rapports de production socialistes sont définis par la gestion par l'Etat ouvrier, avec une importance centrale donnée à la planification. L'Etat ouvrier est bien entendu basé sur des délégués issus de soviets, mais les comités d'usine en deviennent secondaires :

« Le contrôle ouvrier commence dans une entreprise. Le comité d'usine est l'organe du contrôle. Les organes de contrôle dans les usines doivent entrer en liaison les uns avec les autres, suivant les liaisons économiques existant entre les entreprises. A ce stade, il n'y a pas encore de plan économique global. La pratique du contrôle ouvrier ne fait que préparer les éléments de ce plan.

Inversement, la gestion ouvrière de l'industrie à une échelle beaucoup plus importante part d'en-haut, même à ses tous débuts car elle est inséparable du pouvoir et d'un plan économique général. Les organes de gestion ne sont plus les comités d'usine mais les Soviets centralisés. Le rôle des comités d'usine reste important, mais dans le domaine de la gestion de l'industrie, il s'agit d'un rôle auxiliaire et non d'un rôle dirigeant. »[4]

Cela a conduit des courants libertaires[5] ou de la gauche communiste a critiquer durement le pouvoir bolchévik pour n'avoir pas réellement instauré la gestion ouvrière, mais seulement un contrôle ouvrier qui a facilité la bureaucratisation.

3 Notes et sources

  1. Contribution à la Critique de l'Économie Politique, Karl Marx, 1859
  2. Ou encore employeur/employé, arbeitgeber/arbeitnehmer, employer/employee ...
  3. Marx, "Matériaux pour l'économie", tome II, 1968, p. 372
  4. Léon Trotsky, La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne, janvier 1932
  5. Maurice Brinton, Les bolcheviks et le contrôle ouvrier 1917-1921, Revue Autogestion et socialisme n°24-25, septembre-décembre 1973