Révolution néolithique

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La révolution du néolithique est la première grande transformation des sociétés humaines : la découverte de l'agriculture, qui a conduit à la sédentarisation, à la création d'un surproduit social, et en fin de compte à la première révolution sociale donnant naissance aux classes et à l'État. C'est un phénomène qui s'est produit indépendamment en plusieurs endroits différents et qui a rapidement étendu son influence sur les régions alentour.

L'exemple le plus documenté est celui de la révolution néolithique en Mésopotamie vers vers 9000-7000 av. J.-C.

1 Origine du terme

C'est Vere Gordon Childe, dans les années 1920, qui créa l'expression révolution néolithique, pour décrire les premières révolutions agricoles de l'histoire du Moyen-Orient et souligner le bouleversement social qu'il a impliqué.

2 Causes

Si l'on parle de révolution, c'est parce qu'à l'échelle des temps préhistoriques, ces innovations agricoles font figure d'évenements ponctuels, et d'autant plus par rapport à l'histoire ultérieure, qui s'est accélérée. Mais la révolution néolithique plonge très probablement ses racines dans une lente accumulation d'expérience de la nature. A ce titre, il paraît probable, comme l'avancent de nombreux chercheurs, que les cueilleurs aient été en pointe dans les découvertes qui ont conduit à la domestication des plantes. Les observations sur les quelques communautés de chasseurs-cueilleurs contemporains semblent indiquer que ce sont principalement les hommes qui chassaient et les femmes qui veillaient au campement et à la cueillette. Par conséquent il est fort possible que les femmes aient eu un rôle prépondérant dans l'accroissement des connaissances liées aux plantes.

3 Les révolutions agricoles

Au niveau basique de l'infrastructure, la révolution néolithique est une révolution agricole. C'est la domestication des plantes associée aux premiers outils et techniques d'agriculture qui a été l'élément clé. Il est souvent difficile de déterminer quels sont les zones d'origine de l'agriculture et quels sont les zones qui se sont développées sous influence exogène, mais au moins 7 foyers indépendants ont été identifiés.

3.1 Mésopotamie

L'agriculture se développa fortement vers 9000-7000 av. J.-C dans le Croissant fertile. C'est ce foyer qui s'est notamment exporté en Europe et a rayonné sur une partie de l'Afrique et de l'Asie.

3.2 Plateaux d'Éthiopie

L'élevage est attesté dès le Vème millénaire av. J.C.[1]

3.3 Sahel

2 500 ans av. J.-C

3.4 Asie

On pense que la révolution néolithique se répandit largement en Asie du Sud-Ouest vers 8500 av. J.-C

3.5 Amérique du Nord

Dans ce qui constitue de nos jours l'Est des États-Unis, les Indiens domestiquèrent le tournesol, le « sumpweed » et le chénopode vers 2500 av. J.-C.

3.6 Amérique centrale

Le maïs, le haricot et la courge furent domestiqués en Mésoamérique 3500 ans av. J.-C. environ.

3.7 Amérique du Sud

Les pommes de terre et le manioc furent domestiqués en Amérique du Sud.

4 Développement de l'élevage

Comme bêtes de trait, sources de protéines (lait, viande...), ou encore de cuir, laine ou engrais, les animaux ont été à peu près à la même époque domestiqués et élevés par ces mêmes communautés sédentaires. Il semble que dans un premier temps, les animaux d'élevage aient été utilisés pour leur seule viande. Pour certains (Andrew Sherratt), on doit parler d'une sorte de "révolution des produits secondaires" lorsque les autres usages se sont multipliés (peaux, cuirs, fumier, laine, lait, ou encore force de traction).

Par exemple, le Moyen-Orient fut la source de nombreux animaux domesticables tels que les chèvres et les cochons. Cette région fut également la première à domestiquer les dromadaires. En Amérique, le lama, le cobaye, le canard de barbarie ou encore la dinde étaient domestiqués par les population précolombiennes. En Asie, le buffle, le yak, la poule...

5 Conséquences

5.1 Apparition des sociétés de classe

Il n'y a bien sûr pas de causalité mécanique entre la révolution agricole du néolithique et la révolution sociale menant à l'établissement d'une société de classe. Celle-ci apparaît à la fois sous l'effet de cette première condition, objective, et d'autres contigences d'ordre culturel. Ainsi de nombreuses sociétés ont conservé une organisation sociale sans classe un certain temps après être passées à l'agriculture. Le surproduit social, surtout lorsqu'il est modéré et irrégulier, peut n'être pas accaparé et être réutilisé socialement (grands banquets...).

Néanmoins, les sociétés qui ont le plus accentué la division du travail ont aussi accru les forces productives, et le développement de celles-ci à un stade supérieur a requis un renversement des rapports de production "communistes primitifs". En consquence de quoi ces sociétés ont acquiert une puissance plus grande leur permettant de s'étendre et d'imposer leur mode de production aux autres.

5.2 Problèmes sanitaires et environnementaux

La révolution néolithique ne peut pas être vu unilatéralement comme un progrès (social). Elle s'est accompagnée pour une très longue période d'un cortège de problèmes environnementaux et pour la santé humaine.

Il semblerait que la sédentarisation et la révolution agricole du néolithique aient conduit à un appauvrissement de l'alimentation et à une diminution de l'espérance de vie (jusqu'à très récemment).

Les espèces domestiques ont été disséminées sur toute la planète, et les rencontres de pathogènes ont été favorisées, notamment par la déforestation. Les risques de franchissement des barrières d'espèces par les souches virales et bactériennes se sont accrus et de nombreuses nouvelles maladies sont certainement apparues de la sorte. La possibilité d'échanges génétiques entre pathogènes exotiques et locaux peut également aboutir à de nouveaux pathogènes plus virulents. Les recherches ont ainsi établi de fortes corrélations entre la révolution néolithique et l'avènement de nouveaux virus et bactéries (grippe, rougeole, tuberculose...).

Mais on peut considérer rétrospectivement qu'elle a permis de créer les conditions de plus grands progrès ultérieurs.

6 Notes et sources