Différences entre les versions de « Révolution néolithique »

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Développement par influence d’autres civilisations (ex des Celtes, Ibères, Tartessos, au contact des Grecs et Phéniciens).
 
Développement par influence d’autres civilisations (ex des Celtes, Ibères, Tartessos, au contact des Grecs et Phéniciens).
  
#-7000 : çatalhoyük (Turquie)
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Çatal Hoyük (Turquie, -7000 av. JC) a été considéré par certains comme la première ville, mais est aujourd'hui plutôt considéré comme un gros village.
  
 
=== Ecriture ===
 
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La révolution urbaine est en général suivie de l'apparition de l'écriture.
 
La révolution urbaine est en général suivie de l'apparition de l'écriture.
  
Dans certains quartiers d'Uruk où se trouvaient les scribes, les archéologues ont recueilli plus de 5400 textes dont près du tiers sont des textes de comptabilité (en caractères proto-cunéiformes). L'écriture répond aux besoins nouveaux de la cité : consigner, archiver... A Mari, des intendants rendent compte au roi de la gestion des digues en lui transmettant des tablettes d'argile. En Chine, on a retrouvé des inscriptions sur les ossements et des écailles de tortue dans la ville de Yin Xu, capitale de la dynastie des Shang en 1300 av. JC. La civilisation de l'Indus a elle aussi laissé de courtes inscriptions sur des sceaux.
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Dans certains quartiers d'Uruk où se trouvaient les scribes, les archéologues ont recueilli plus de 5400 textes dont près du tiers sont des textes de comptabilité (en caractères proto-cunéiformes). L'écriture répond aux besoins nouveaux de la cité : consigner, archiver... A Mari, des intendants rendent compte au roi de la gestion des digues en lui transmettant des tablettes d'argile. En Chine, on a retrouvé des inscriptions sur les ossements et des écailles de tortue dans la ville de Yin Xu, capitale de la dynastie des Shang en 1300 av. JC. La civilisation de l'Indus a elle aussi laissé de courtes inscriptions sur des sceaux.
  
 
Cependant, il existe des exemples de villes sans écriture, comme Jawa en Jordanie. Parmi les villes qui se dévoleppèrent au III<sup>ème</sup> millénaire av. JC, l'écriture n'apparaît qu'à la fin du IV<sup>ème</sup> siècle av JC.
 
Cependant, il existe des exemples de villes sans écriture, comme Jawa en Jordanie. Parmi les villes qui se dévoleppèrent au III<sup>ème</sup> millénaire av. JC, l'écriture n'apparaît qu'à la fin du IV<sup>ème</sup> siècle av JC.

Version du 23 novembre 2015 à 22:01

La révolution du néolithique est la première grande transformation des sociétés humaines : la découverte de l'agriculture, qui a conduit à la sédentarisation, à la création d'un surproduit social, et en fin de compte à la première révolution sociale donnant naissance aux classes et à l'État. C'est un phénomène qui s'est produit indépendamment en plusieurs endroits différents et qui a rapidement étendu son influence sur les régions alentour.

L'exemple le plus documenté est celui de la révolution néolithique en Mésopotamie vers vers 9000-7000 av. J.-C.

La révolution urbaine est le processus de constitution des premières villes, qui vient après la révolution néolitique mais qui n'est pas confondue avec.

1 Origine du terme

C'est Vere Gordon Childe, dans les années 1920, qui créa l'expression révolution néolithique, pour décrire les premières révolutions agricoles de l'histoire du Moyen-Orient et souligner le bouleversement social qu'il a impliqué. Si l'on parle de révolution, c'est parce qu'à l'échelle des temps préhistoriques, ces innovations agricoles font figure d'évenements ponctuels.

2 Causes

2.1 Une accumulation de connaissances de la nature

La révolution néolithique plonge très probablement ses racines dans une lente accumulation d'expérience de la nature. A ce titre, il paraît probable, comme l'avancent de nombreux chercheurs, que les cueilleurs aient été en pointe dans les découvertes qui ont conduit à la domestication des plantes. Les observations sur les quelques communautés de chasseurs-cueilleurs contemporains semblent indiquer que ce sont principalement les hommes qui chassaient et les femmes qui veillaient au campement et à la cueillette. Par conséquent il est fort possible que les femmes aient eu un rôle prépondérant dans l'accroissement des connaissances liées aux plantes.

D'un certain point de vue, cette accumulation de connaissances et de savoir-faire est un accroissement des forces productives.

2.2 Un déclencheur géographique-climatique ?

Pour certains chercheurs, le déclencheur qui a conduit à l'adoption de l'agricultre est géographique/climatique.

Ils rappellent que les grandes civilisations de la haute antiquité sont apparues dans des vallées fluviales (Nil, Mésopotamie, Indus, Houang-ho), des plaines côtières (Méditerranée), des hauts-plateaux (Mexique, Andes), entourés de régions arides ou peu hospitalières. Or, des gravures préhistoriques retrouvées au Sahara et dans de nombreux déserts, montrent qu’à la sortie de la glaciation, entre -10000 et -5000, les régions actuellement désertiques d’Afrique, d’Europe et d’Asie étaient des savanes ou des fôrets verdoyantes.

Avec la désertification, une population humaine nombreuse va se trouver "comprimée" sur de maigres espaces exploitables. Les nécessités de rationnaliser l’utilisation de l’eau, de développer l’irrigation, de garantir la paix interne et la sécurité externe de la communauté, vont conduire à l’émergence de ces "fonctions sociales" religieuse et militaire, détachées de la communauté productive et qui peu à peu vont se constituer en castes héréditaires et sacralisées, prélevant un tribut sur la production qui reste collective. On passerait alors à un « mode de production tributaire », ou « mode de production asiatique ».

3 Les révolutions agricoles

Au niveau basique de l'infrastructure, la révolution néolithique est une révolution agricole. C'est la domestication des plantes associée aux premiers outils et techniques d'agriculture qui a été l'élément clé. Il est souvent difficile de déterminer quels sont les zones d'origine de l'agriculture et quels sont les zones qui se sont développées sous influence exogène, mais au moins 7 foyers indépendants ont été identifiés.

3.1 Mésopotamie

L'agriculture se développa fortement vers 9000-7000 av. J.-C dans le Croissant fertile. C'est ce foyer qui s'est notamment exporté en Europe et a rayonné sur une partie de l'Afrique et de l'Asie.

3.2 Plateaux d'Éthiopie

L'élevage est attesté dès le Vème millénaire av. J.C.[1]

3.3 Sahel

2 500 ans av. J.-C

3.4 Asie

On pense que la révolution néolithique se répandit largement en Asie du Sud-Ouest vers 8500 av. J.-C

3.5 Amérique du Nord

Dans ce qui constitue de nos jours l'Est des États-Unis, les Indiens domestiquèrent le tournesol, le « sumpweed » et le chénopode vers 2500 av. J.-C.

3.6 Amérique centrale

Le maïs, le haricot et la courge furent domestiqués en Mésoamérique 3500 ans av. J.-C. environ.

3.7 Amérique du Sud

Les pommes de terre et le manioc furent domestiqués en Amérique du Sud.

4 Développement de l'élevage

Comme bêtes de trait, sources de protéines (lait, viande...), ou encore de cuir, laine ou engrais, les animaux ont été à peu près à la même époque domestiqués et élevés par ces mêmes communautés sédentaires. Il semble que dans un premier temps, les animaux d'élevage aient été utilisés pour leur seule viande. Pour certains (Andrew Sherratt), on doit parler d'une sorte de "révolution des produits secondaires" lorsque les autres usages se sont multipliés (peaux, cuirs, fumier, laine, lait, ou encore force de traction).

Par exemple, le Moyen-Orient fut la source de nombreux animaux domesticables tels que les chèvres et les cochons. Cette région fut également la première à domestiquer les dromadaires. En Amérique, le lama, le cobaye, le canard de barbarie ou encore la dinde étaient domestiqués par les population précolombiennes. En Asie, le buffle, le yak, la poule...

Dans la péninsule ibérique, la domestication a précédé l’agriculture.

5 Conséquences

5.1 Apparition des sociétés de classe

Il n'y a bien sûr pas de causalité mécanique entre la révolution agricole du néolithique et la révolution sociale menant à l'établissement d'une société de classe. Celle-ci apparaît à la fois sous l'effet de cette première condition, objective, et d'autres contigences d'ordre culturel. Ainsi de nombreuses sociétés ont conservé une organisation sociale sans classe un certain temps après être passées à l'agriculture. Le surproduit social, surtout lorsqu'il est modéré et irrégulier, peut n'être pas accaparé et être réutilisé socialement (grands banquets...).

Néanmoins, les sociétés qui ont le plus accentué la division du travail ont aussi accru les forces productives, et le développement de celles-ci à un stade supérieur a requis un renversement des rapports de production "communistes primitifs". En consquence de quoi ces sociétés ont acquiert une puissance plus grande leur permettant de s'étendre et d'imposer leur mode de production aux autres.

5.2 Problèmes sanitaires et environnementaux

La révolution néolithique ne peut pas être vu unilatéralement comme un progrès (social). Elle s'est accompagnée pour une très longue période d'un cortège de problèmes environnementaux et pour la santé humaine.

Il semblerait que la sédentarisation et la révolution agricole du néolithique aient conduit à un appauvrissement de l'alimentation et à une diminution de l'espérance de vie (jusqu'à très récemment).

Les espèces domestiques ont été disséminées sur toute la planète, et les rencontres de pathogènes ont été favorisées, notamment par la déforestation. Les risques de franchissement des barrières d'espèces par les souches virales et bactériennes se sont accrus et de nombreuses nouvelles maladies sont certainement apparues de la sorte. La possibilité d'échanges génétiques entre pathogènes exotiques et locaux peut également aboutir à de nouveaux pathogènes plus virulents. Les recherches ont ainsi établi de fortes corrélations entre la révolution néolithique et l'avènement de nouveaux virus et bactéries (grippe, rougeole, tuberculose...).

Mais on peut considérer rétrospectivement qu'elle a permis de créer les conditions de plus grands progrès ultérieurs.

5.3 Révolution urbaine

Contrairement aux villages, les villes qui se développent sont en relation avec des espaces bien plus vastes via des routes commerciales et une domination guerrière. Alors que les villageois étaient essentiellement des paysans travaillant les terres alentours, les citadins ne produisent pas tout ce qu’ils consomment.

Tendance à ce que la population gravite de plus en plus autour de centres urbains qui concentrent un pouvoir de décision.

Développement par influence d’autres civilisations (ex des Celtes, Ibères, Tartessos, au contact des Grecs et Phéniciens).

  1. -3500 : Uruk, Susa (Mésopotamie)
  2. -3500 : Hiérakonpolis
  3. -3000 : Caral (Pérou)
  4. -2900 : Mari
  5. -2500 : Mojenjo-Daro (Inde)
  6. -2039 : Thèbes
  7. -2000 : Cnossos, Babylone
  8. -1900 : Erlitou (Chine)
  9. -1700 : Urushalim (Jérusalem)

Çatal Hoyük (Turquie, -7000 av. JC) a été considéré par certains comme la première ville, mais est aujourd'hui plutôt considéré comme un gros village.

5.4 Ecriture

La révolution urbaine est en général suivie de l'apparition de l'écriture.

Dans certains quartiers d'Uruk où se trouvaient les scribes, les archéologues ont recueilli plus de 5400 textes dont près du tiers sont des textes de comptabilité (en caractères proto-cunéiformes). L'écriture répond aux besoins nouveaux de la cité : consigner, archiver... A Mari, des intendants rendent compte au roi de la gestion des digues en lui transmettant des tablettes d'argile. En Chine, on a retrouvé des inscriptions sur les ossements et des écailles de tortue dans la ville de Yin Xu, capitale de la dynastie des Shang en 1300 av. JC. La civilisation de l'Indus a elle aussi laissé de courtes inscriptions sur des sceaux.

Cependant, il existe des exemples de villes sans écriture, comme Jawa en Jordanie. Parmi les villes qui se dévoleppèrent au IIIème millénaire av. JC, l'écriture n'apparaît qu'à la fin du IVème siècle av JC.

Pour les historiens, l'apparition de l'écriture est conventionnellement prise comme marqueur du passage de la « préhistoire » à « l'histoire ».

6 Notes et sources

Jean-Louis Huot, Les premiers villageois de Mésopotamie, 1994