Différences entre les versions de « Révolution bavaroise »

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== Révolution en Bavière ==
 
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Le mouvement révolutionnaire issu de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] frappe l'Allemagne en 1919. Le gouvernement bavarois à la tête duquel se trouve Kurt Eisner et Hoffmann, gouvernement bourgeois du SPD provoque contre lui-même le mécontentement du [[Prolétariat|prolétariat]], ainsi que de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], par sa politique hésitante. Le 21 février 1919 le chef du gouvernement Kurt Eisner se rendant au Landtag est assassiné par un [[Nationalisme|nationaliste]]. Le 17 mars le pouvoir passe aux mains d'un représentant de l'aile droite de la social-démocratie Hoffmann. Cependant ce gouvernement se heurte à la révolte ouvrière, la bourgeoisie quand à elle, se renforçant, mécontente des actions contre le prolétariat qu’elle juge trop molles, réclame des mesures énergiques.
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Le mouvement révolutionnaire issu de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] frappe l'Allemagne en 1919. Le gouvernement bavarois à la tête duquel se trouvent le [[SPD|social-démocrate]] [[Kurt_Eisner|Kurt Eisner]] est un [[gouvernement_bourgeois|gouvernement bourgeois]] qui provoque contre lui-même le mécontentement du [[Prolétariat|prolétariat]], sans contenter non plus la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] à cause de sa politique hésitante.  
  
Le lendemain du meurtre, une assemblée générale des conseils munichois élit un « Conseil central de la République bavaroise », présidé par Ernst Niekisch. Par crainte de nouvelles violences, le Landtag suspend ses travaux et les sociaux-démocrates majoritaires proclament un nouveau gouvernement, dirigé par Johannes Hoffmann, qui échoue à ramener de l’ordre.
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Le 21 février 1919, alors que Kurt Eisner se rend au Landtag, il est assassiné par un [[Nationalisme|nationaliste]]. Le lendemain, une assemblée générale des conseils munichois élit un « Conseil central de la République bavaroise », présidé par [[Ernst_Niekisch|Ernst Niekisch]]. Par crainte de nouvelles violences, le Landtag suspend ses travaux. Le 17 mars, les sociaux-démocrates majoritaires proclament un nouveau gouvernement, dirigé par [[Johannes_Hoffmann|Johannes Hoffmann]], qui appartient à l'aile droite de la social-démocratie.
  
La position sociale-démocrate du gouvernement devenait de plus en plus instable, et celui-ci cherchait en vain une sortie à la situation ainsi créée. Pendant ce temps dans la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] bavaroise influencée par les [[Révolution_russe_(1917)|révolutions russes]] et [[Révolution_hongroise_(1919)|hongroises]] s’affermit l’idée de la [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]] et des conseils ouvriers.
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Cependant ce gouvernement se heurte à la révolte de la classe ouvrière bavaroise, qui est influencée par les [[Révolution_russe_(1917)|révolutions russes]] et [[Révolution_hongroise_(1919)|hongroises]], et s'approprie de plus en plus l’idée de la [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]. La bourgeoisie de son côté se ressaisit également et réclame des mesures plus énergiques pour rétablir l'ordre. La position du gouvernement devient de plus en plus instable, et celui-ci cherche en vain une sortie de crise.
  
 
== Le première "République des Conseils de Bavière" ==
 
== Le première "République des Conseils de Bavière" ==
  
La Bavière vit une situation de vide du pouvoir, et des armes sont distribuées aux conseils d’ouvriers et de soldats. Le 3 avril 1919 à Augsbourg au cours d’une réunion à la demande des socialistes de droite, pour la première fut mentionnée la revendication de création d’une république soviétique. Galvanisés par la nouvelle de la proclamation de la République des conseils de Hongrie, les Conseils d’Augsbourg se prononcent, en présence de Niekisch et des anarchistes Erich Mühsam et Gustav Landauer, en faveur d’une République des conseils de Bavière.
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La Bavière vit une situation de vide du pouvoir, et des armes sont distribuées aux conseils d’ouvriers et de soldats. Le 3 avril 1919 à Augsbourg au cours d’une réunion à la demande des socialistes de droite, la revendication d’une république soviétique est mentionnée pour la première fois. Galvanisés par la nouvelle de la proclamation de la [[Révolution_hongroise_(1919)|République des conseils de Hongrie]], les Conseils d’Augsbourg se prononcent, en présence de Niekisch et des [[anarchistes|anarchistes]] [[Erich_Mühsam|Erich Mühsam]] et [[Gustav_Landauer|Gustav Landauer]], en faveur d’une République des conseils de Bavière.
  
A cette revendication de la république des conseils, comme seule solution de sortie de la crise gouvernementale firent semblant de se joindre les social-démocrates indépendants, et une partie du ministère Hoffmann, afin de canaliser le mouvement. Le 4 avril lors d’une conférence secrète des ministres sociaux-démocrates il fut proposé aux communistes et aux indépendants d’entrer dans le prochain gouvernement soviétique. Cette proposition fut radicalement rejetée par les communistes, motivant leur décision par leur volonté de ne pas coopérer avec s-d, et par les indépendants croyant qu’il est impossible de prendre aux décisions d’un gouvernement créé grâce à toutes sortes de combinaisons artificielles et par dessus tout, sans aucune participation des masses.
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Les [[USPD|social-démocrates indépendants]] (USPD), et une partie du ministère Hoffmann, reprennent la revendication de république des conseils, y voyant la seule solution de sortie de la crise gouvernementale et de canaliser le mouvement. Le 4 avril lors d’une conférence secrète des ministres sociaux-démocrates il fut proposé aux communistes ([[KPD|KPD]]) et aux indépendants d’[[Ministérialisme|entrer au gouvernement]]. Les communistes refusent de coopérer avec la social-démocratie. Les social-démocrates indépendants refusent également, affirmant que ce gouvernement a été créé par des combinaisons artificielles et sans aucune participation des masses.
  
Dans la nuit du 6 au 7, cette revendication est reprise par le conseil central de Munich : une proclamation, signée par Ernst Niekisch, annonce l’avènement de la République des conseils de Bavière, la dissolution du Landtag et la déchéance du gouvernement Hoffman. Ernst Toller, un poète et dramaturge âgé de 25 ans, devient le chef du nouveau gouvernement révolutionnaire, qui n’est initialement pas reconnu par le KPD. Un télégramme est envoyé à [[Lénine|Lénine]] pour l’informer de l’union du prolétariat de Bavière. En quelques jours, le régime des conseils, dont les membres ne sont nullement préparés à gouverner, se décrédibilise par une série de mesures et de proclamations aberrantes.
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Dans la nuit du 6 au 7, cette revendication est reprise par le conseil central de Munich : une proclamation, signée par Ernst Niekisch, annonce l’avènement de la République des conseils de Bavière, la dissolution du Landtag et la déchéance du gouvernement Hoffman. [[Ernst_Toller|Ernst Toller]], un poète et dramaturge âgé de 25 ans, devient le chef du nouveau gouvernement révolutionnaire, qui est alors une coalition hétéroclite dans laquelle figurent [[USPD|indépendants]], [[Anarchistes|anarchistes]] et même le ministre [[SPD|majoritaire]] [[Ernst_Schneppenhorst|Schneppenhorst]]. Tous se réclament avec plus ou moins de sincérité du [[Socialisme|socialisme]] et de la [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]].  
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En quelques jours, ce gouvernement dont les membres ne sont nullement préparés à gouverner se décrédibilise par une série de mesures et de proclamations aberrantes. Et dans la pratique il ne mène pas une politique de rupture avec le capitalisme.
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Le gouvernement n'est pas reconnu par le [[KPD]]. Un télégramme est envoyé à [[Lénine|Lénine]] pour l’informer de l’union du prolétariat de Bavière. Les communistes mènent une propagande dans les usines pour un véritable gouvernement « soviétique ».
  
 
== La seconde "République des Conseils de Bavière" ==
 
== La seconde "République des Conseils de Bavière" ==
  
Le 7 avril la Bavière fut, solennellement, proclamée république soviétique par une curieuse coalition dans laquelle figurent indépendants, [[Anarchistes|anarchistes]] et même le ministre majoritaire Schneppenhorst. Un nouveau gouvernement, composé pour la plupart d’indépendants, qui en phrases se réclama du [[Socialisme|socialisme]] et de la [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]] n’en persista pas moins à mener la même politique bourgeoise. Pendant ce temps le [[Parti_communiste_allemand|Parti Communiste]] mena une propagande dans les usines, en faisant découvrir aux masses l’essence du véritable gouvernement « soviétique ».
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Le 13 avril, pendant qu'à Munich la contre-révolution se prépare, le conseil ouvrier révolutionnaire et la garnison de Munich renversent le soi-disant gouvernement soviétique et proclament le gouvernement soviétique communiste des ouvriers révolutionnaires.
 
 
Le 13 avril, quand à Munich se préparait la contre-révolution, conseil ouvrier révolutionnaire et la garnison de Munich renversèrent le soi-disant gouvernement soviétique et proclamèrent le gouvernement soviétique communiste des ouvriers révolutionnaires.
 
  
Hoffmannn, réfugié à Bamberg, refuse de s’incliner : le 13 avril, une troupe improvisée de volontaires formée par le gouvernement Hoffmann tente de reprendre Munich, mais est repoussée par l’« Armée rouge » bavaroise aidée des communistes. Les combats font douze morts. Le soir même, des communistes allemands, menés par les militants Eugen Leviné et Max Levien, décrètent de leur propre initiative la fin du gouvernement « anarchiste » de Toller et prennent le pouvoir à Munich, inaugurant une seconde phase de la République des conseils de Bavière ; ils reçoivent ensuite les encouragements de Lénine. Une politique de « terreur rouge » est mise en œuvre et des mesures inspirées de celles des bolcheviks sont annoncées, tandis qu’une véritable Armée rouge commence à être créée.
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Hoffmannn, réfugié à Bamberg, refuse de s’incliner : le 13 avril, une troupe improvisée de volontaires formée par le gouvernement Hoffmann tente de reprendre Munich, mais est repoussée par l’« Armée rouge » bavaroise aidée des communistes. Les combats font douze morts. Le soir même, des communistes allemands, menés par les militants [[Eugen_Leviné|Eugen Leviné]] et [[Max_Levien|Max Levien]], décrètent de leur propre initiative la fin du gouvernement « anarchiste » de Toller et prennent le pouvoir à Munich, inaugurant une seconde phase de la République des conseils de Bavière ; ils reçoivent ensuite les encouragements de [[Lénine|Lénine]]. Une politique de « terreur rouge » est mise en œuvre et des mesures inspirées de celles des bolcheviks sont annoncées, tandis qu’une véritable Armée rouge commence à être créée.
  
Un nouveau gouvernement soviétique ayant à sa tête le communiste Eugène Lévine procéda à l’installation véritable des bases de la dictature prolétarienne. Il procède à la [[Nationalisation|nationalisation]] des entreprises et des banques, organise le contrôle par le Conseil ouvrier révolutionnaire des entreprises et prend les mesures nécessaires en vue de la création d’une armée rouge. En outre le gouvernement soviétique élabora toute une série d’autres activités politiques et économiques de premier plan.
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Le nouveau gouvernement soviétique autour de [[Eugen_Leviné|Eugen Leviné]] procède à l’installation véritable des bases de la dictature prolétarienne. Il procède à la [[Nationalisation|nationalisation]] des entreprises et des banques, organise le contrôle par le Conseil ouvrier révolutionnaire des entreprises et prend les mesures nécessaires en vue de la création d’une armée rouge. En outre le gouvernement soviétique élabora toute une série d’autres activités politiques et économiques de premier plan.
  
 
== La contre-révolution ==
 
== La contre-révolution ==
  
Hoffmann, épouvanté par la crainte d’une révolution bolchevik en Bavière, engage les services de Corps francs du Wurtemberg commandés par l’officier d’extrême droite Franz von Epp, que viennent épauler des troupes régulières. Le 23 avril, l’assaut sur Munich commence, à l’incitation de Noske : les conseils d’ouvriers et de soldats de la ville, terrifiés par la situation, votent une motion de défiance contre le gouvernement de la République des conseils. Dans un contexte de panique et de vacance du pouvoir, une unité de l’armée rouge bavaroise exécute dix otages.
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Hoffmann, épouvanté par une révolution bolchevique en Bavière, engage les services de [[Corps_francs|Corps francs]] du Wurtemberg commandés par l’officier d’[[extrême_droite|extrême droite]] Franz von Epp, que viennent épauler des troupes régulières. Le 23 avril, l’assaut sur Munich commence, à l’incitation de [[Noske|Noske]] : les conseils d’ouvriers et de soldats de la ville, terrifiés par la situation, votent une motion de défiance contre le gouvernement de la République des conseils. Dans un contexte de panique et de vacance du pouvoir, une unité de l’armée rouge bavaroise exécute dix otages.
  
Contre le Munich révolutionnaire, ont commencé à se concentrer les troupes blanches au nombre de 10.000 hommes. L’armée rouge remporta un succès, et s’obstina, mais elle fut obligée de reculer. Le 1er mai l’armée blanche entra dans Munich. A partir de ce moment débuta la période de la terreur blanche. D’après les renseignements officiels du 1er au 8 mai 577 personnes furent tuées, 184 fusillées. Pour leur participation au mouvement soviétique la cour condamna 2.209 personnes. Le 3 mai, la République des conseils de Bavière est définitivement écrasée.
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Contre le Munich révolutionnaire, des troupes blanches d'environ 10 000 hommes se concentrent. L’armée rouge remporte un premier succès, mais elle fut obligée de reculer. Le 1er mai l’armée blanche entre dans Munich. A partir de ce moment débute la période de la [[terreur_blanche|terreur blanche]]. D’après les renseignements officiels, du 1er au 8 mai, 577 personnes furent tuées, et 184 fusillées. La cour condamne 2 209 personnes pour leur participation au mouvement soviétique. Le 3 mai, la République des conseils de Bavière est définitivement écrasée.
  
Comme principales raisons de la défaite de la république soviétique de Bavière il faut trouver : l’absence complète de soutien de la paysannerie, la faiblesse du parti communiste, la participation [[Opportuniste|opportuniste]] des éléments du conseil ouvrier révolutionnaire et l’isolement du Munich révolutionnaire de reste de l’Allemagne.
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Comme principales raisons de la défaite de la république soviétique de Bavière il faut citer : l’absence complète de soutien de la [[paysannerie|paysannerie]], la faiblesse du [[KPD|parti communiste]] et la présence de nombreux [[Opportuniste|opportunistes]] parmi le conseil ouvrier révolutionnaire et l’isolement du Munich révolutionnaire de reste de l’Allemagne.
  
  
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Version du 16 juin 2016 à 11:10

Bundesarchiv_Bild_146-1992-092-04,_Revolution_in_Bayern.jpg

Dans les années 1918-1919, les répercussions de la Révolution russe furent considérables. L’agitation toucha de nombreux pays d’Europe, notamment l’Allemagne. Mais le soulèvement y fut violemment réprimé par la social-démocratie. Aujourd’hui il reste à raconter les événements et à étudier les causes de cet échec. Si l’insurrection spartakiste de Berlin est maintenant connue, les révolutions - car on peut employer le pluriel en raison de leur manque de coordination - qui agitèrent le reste de l’Allemagne le sont moins. Parmi elles, la République des conseils de Bavière, l’une des plus radicales.

1 Révolution en Bavière

Le mouvement révolutionnaire issu de la révolution russe frappe l'Allemagne en 1919. Le gouvernement bavarois à la tête duquel se trouvent le social-démocrate Kurt Eisner est un gouvernement bourgeois qui provoque contre lui-même le mécontentement du prolétariat, sans contenter non plus la bourgeoisie à cause de sa politique hésitante.

Le 21 février 1919, alors que Kurt Eisner se rend au Landtag, il est assassiné par un nationaliste. Le lendemain, une assemblée générale des conseils munichois élit un « Conseil central de la République bavaroise », présidé par Ernst Niekisch. Par crainte de nouvelles violences, le Landtag suspend ses travaux. Le 17 mars, les sociaux-démocrates majoritaires proclament un nouveau gouvernement, dirigé par Johannes Hoffmann, qui appartient à l'aile droite de la social-démocratie.

Cependant ce gouvernement se heurte à la révolte de la classe ouvrière bavaroise, qui est influencée par les révolutions russes et hongroises, et s'approprie de plus en plus l’idée de la dictature du prolétariat. La bourgeoisie de son côté se ressaisit également et réclame des mesures plus énergiques pour rétablir l'ordre. La position du gouvernement devient de plus en plus instable, et celui-ci cherche en vain une sortie de crise.

2 Le première "République des Conseils de Bavière"

La Bavière vit une situation de vide du pouvoir, et des armes sont distribuées aux conseils d’ouvriers et de soldats. Le 3 avril 1919 à Augsbourg au cours d’une réunion à la demande des socialistes de droite, la revendication d’une république soviétique est mentionnée pour la première fois. Galvanisés par la nouvelle de la proclamation de la République des conseils de Hongrie, les Conseils d’Augsbourg se prononcent, en présence de Niekisch et des anarchistes Erich Mühsam et Gustav Landauer, en faveur d’une République des conseils de Bavière.

Les social-démocrates indépendants (USPD), et une partie du ministère Hoffmann, reprennent la revendication de république des conseils, y voyant la seule solution de sortie de la crise gouvernementale et de canaliser le mouvement. Le 4 avril lors d’une conférence secrète des ministres sociaux-démocrates il fut proposé aux communistes (KPD) et aux indépendants d’entrer au gouvernement. Les communistes refusent de coopérer avec la social-démocratie. Les social-démocrates indépendants refusent également, affirmant que ce gouvernement a été créé par des combinaisons artificielles et sans aucune participation des masses.

Dans la nuit du 6 au 7, cette revendication est reprise par le conseil central de Munich : une proclamation, signée par Ernst Niekisch, annonce l’avènement de la République des conseils de Bavière, la dissolution du Landtag et la déchéance du gouvernement Hoffman. Ernst Toller, un poète et dramaturge âgé de 25 ans, devient le chef du nouveau gouvernement révolutionnaire, qui est alors une coalition hétéroclite dans laquelle figurent indépendants, anarchistes et même le ministre majoritaire Schneppenhorst. Tous se réclament avec plus ou moins de sincérité du socialisme et de la dictature du prolétariat.

En quelques jours, ce gouvernement dont les membres ne sont nullement préparés à gouverner se décrédibilise par une série de mesures et de proclamations aberrantes. Et dans la pratique il ne mène pas une politique de rupture avec le capitalisme.

Le gouvernement n'est pas reconnu par le KPD. Un télégramme est envoyé à Lénine pour l’informer de l’union du prolétariat de Bavière. Les communistes mènent une propagande dans les usines pour un véritable gouvernement « soviétique ».

3 La seconde "République des Conseils de Bavière"

Le 13 avril, pendant qu'à Munich la contre-révolution se prépare, le conseil ouvrier révolutionnaire et la garnison de Munich renversent le soi-disant gouvernement soviétique et proclament le gouvernement soviétique communiste des ouvriers révolutionnaires.

Hoffmannn, réfugié à Bamberg, refuse de s’incliner : le 13 avril, une troupe improvisée de volontaires formée par le gouvernement Hoffmann tente de reprendre Munich, mais est repoussée par l’« Armée rouge » bavaroise aidée des communistes. Les combats font douze morts. Le soir même, des communistes allemands, menés par les militants Eugen Leviné et Max Levien, décrètent de leur propre initiative la fin du gouvernement « anarchiste » de Toller et prennent le pouvoir à Munich, inaugurant une seconde phase de la République des conseils de Bavière ; ils reçoivent ensuite les encouragements de Lénine. Une politique de « terreur rouge » est mise en œuvre et des mesures inspirées de celles des bolcheviks sont annoncées, tandis qu’une véritable Armée rouge commence à être créée.

Le nouveau gouvernement soviétique autour de Eugen Leviné procède à l’installation véritable des bases de la dictature prolétarienne. Il procède à la nationalisation des entreprises et des banques, organise le contrôle par le Conseil ouvrier révolutionnaire des entreprises et prend les mesures nécessaires en vue de la création d’une armée rouge. En outre le gouvernement soviétique élabora toute une série d’autres activités politiques et économiques de premier plan.

4 La contre-révolution

Hoffmann, épouvanté par une révolution bolchevique en Bavière, engage les services de Corps francs du Wurtemberg commandés par l’officier d’extrême droite Franz von Epp, que viennent épauler des troupes régulières. Le 23 avril, l’assaut sur Munich commence, à l’incitation de Noske : les conseils d’ouvriers et de soldats de la ville, terrifiés par la situation, votent une motion de défiance contre le gouvernement de la République des conseils. Dans un contexte de panique et de vacance du pouvoir, une unité de l’armée rouge bavaroise exécute dix otages.

Contre le Munich révolutionnaire, des troupes blanches d'environ 10 000 hommes se concentrent. L’armée rouge remporte un premier succès, mais elle fut obligée de reculer. Le 1er mai l’armée blanche entre dans Munich. A partir de ce moment débute la période de la terreur blanche. D’après les renseignements officiels, du 1er au 8 mai, 577 personnes furent tuées, et 184 fusillées. La cour condamne 2 209 personnes pour leur participation au mouvement soviétique. Le 3 mai, la République des conseils de Bavière est définitivement écrasée.

Comme principales raisons de la défaite de la république soviétique de Bavière il faut citer : l’absence complète de soutien de la paysannerie, la faiblesse du parti communiste et la présence de nombreux opportunistes parmi le conseil ouvrier révolutionnaire et l’isolement du Munich révolutionnaire de reste de l’Allemagne.


5 Notes et références