Différences entre les versions de « Réforme agraire »

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Version du 10 janvier 2017 à 21:25

Le partage des terres cultivables (ou redécoupage, redistribution des terres) est l'un des acquis que la paysannerie peut arracher à l'État à l'occasion d'une réforme agraire.

1 Quelques partages historiques

1.1 Russie soviétique

La nuit du 6-7 novembre (a.s : 25 octobre), les bolchéviks devenus majoritaires dans les soviets renversent le gouvernement provisoire de Kerensky, et s'en remettent au 2ème congrès des soviets réuni le 7. Celui-ci approuve l'insurrection, créé un nouveau gouvernement, et prend les premières mesures révolutionnaires tant attendues.

La propriété privée du sol est abolie, et le pouvoir soviétique déclare que la terre appartient à ceux qui la cultivent. Il reconnaît ainsi le partage que les paysans ont réalisé eux-mêmes. Certains bolchéviks regrettent que le partage ait parfois morcelé des terres qui auraient pu être exploitées de façon collective (en 1921, le parcellaire est très morcelé avec près de 24 millions d'exploitations). Mais pour Lénine, non seulement il n'y a pas le choix, mais la priorité est que la lutte de classe de la paysannerie aille jusqu'au bout :

« Nous ne pouvons ignorer la décision de la base populaire, quand bien même nous ne serions pas d’accord avec elle... Nous devons donner aux masses populaires une entière liberté d’action créatrice... En somme, et tout est là, la classe paysanne doit obtenir la ferme assurance que les nobles n’existent plus dans les campagnes, et il faut que les paysans eux-mêmes décident de tout et organisent leur existence. »

Le décret sur la terre prévoit cependant que les grands domaines ne seront pas partagés en petites parcelles mais devront être cultivés de façon collective. Les bolchéviks chercheront à encourager les paysans à se regrouper en coopératives ou entreprises d'Etat.[2]

Conscients donc qu’ils ne pourraient gouverner sans l’appui des masses rurales, l’immense majorité du pays, les bolcheviks convoquent du 10 au 16 novembre un congrès paysan. Malgré une majorité SR hostile aux bolcheviks, ce dernier ratifie le décret sur la terre et apporte son soutien au nouveau gouvernement, consacrant l’union provisoire entre le prolétariat urbain et la paysannerie.

1.2 Chine de Mao

Après la Révolution de 1949, le PCC accède au pouvoir. Parvenus au pouvoir avec l'appuie d'une large base paysanne, les nouveaux dirigeants décident donc de leur redistribuer les terres. Mais le partage atteint vite ses limites : de nombreux petits paysans héritent de sols incultivables ou de petits lopins de terre, quand des dignitaires du Parti s'en octroient de plus grandes. Cette situation engendre de plus en plus de mécontements. Par la suite, Mao punira les contestataires.

2 Perspective communiste

Pour les communistes, le partage des terres n'est pas une fin en soi car cela ne ferait que renforcer les inégalités entre les paysans et nuirait au développement agricole. Il s'agit plutôt de collectiviser les terres, qui sont des moyens de production à part entière. Toutefois, cela ne devrait pas être fait de façon bureaucratique comme l'a réalisé Staline mais plutôt par la persuasion, comme l'indiquait Engels :

« Lorsque nous serons au pouvoir, nous ne pourrons songer à exproprier par la force les petits paysans (que ce soit avec ou sans indemnité), comme nous serons obligés de le faire pour les grands propriétaires fonciers. Notre devoir envers le petit paysan est, en premier lieu, de faire passer sa propriété et son exploitation individuelles à l'exploitation coopérative, non en l'y contraignant, mais en l'y amenant par des exemples et en mettant à sa disposition le concours de la société. »