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==Les différents mouvements==
 
==Les différents mouvements==
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===Finlande===
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===Finlande et Caréliens===
    
La Finlande faisait partie des pays les plus développés de l'[[Empire_tsariste|Empire tsariste]], et sa classe dirigeante avait réussi à obtenir une petite part d'autonomie. [[Trotsky|Trotsky]] raconte qu'en 1907, on appelait les nationalistes finnois révolutionnaire les ''«&nbsp;activistes&nbsp;»'', et que c'était des alliés des social-démocrates russes.<ref name="MaVie15">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv17.htm Ma vie, 15. Jugement, déportation, évasion]'', 1930</ref>
 
La Finlande faisait partie des pays les plus développés de l'[[Empire_tsariste|Empire tsariste]], et sa classe dirigeante avait réussi à obtenir une petite part d'autonomie. [[Trotsky|Trotsky]] raconte qu'en 1907, on appelait les nationalistes finnois révolutionnaire les ''«&nbsp;activistes&nbsp;»'', et que c'était des alliés des social-démocrates russes.<ref name="MaVie15">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv17.htm Ma vie, 15. Jugement, déportation, évasion]'', 1930</ref>
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Après la [[Révolution_d'octobre|révolution d'octobre]], le pouvoir soviétique tente d'intervenir dans la guerre civile finlandaise.<span>​</span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span>​ L</span>es nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent aussitôt leur indépendance, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats. Les anciens ''«&nbsp;activistes&nbsp;»'' finnois ''«&nbsp;devinrent fascistes et les pires ennemis de la révolution d'Octobre&nbsp;»''.<ref name="MaVie15" />
 
Après la [[Révolution_d'octobre|révolution d'octobre]], le pouvoir soviétique tente d'intervenir dans la guerre civile finlandaise.<span>​</span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span>​ L</span>es nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent aussitôt leur indépendance, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats. Les anciens ''«&nbsp;activistes&nbsp;»'' finnois ''«&nbsp;devinrent fascistes et les pires ennemis de la révolution d'Octobre&nbsp;»''.<ref name="MaVie15" />
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Des '''caréliens''', proches des finnois,vivent côté russe à la frontière avec la Finlande. A partir du 8 juillet 1920, une « commune ouvrière de Carélie » est créée. Elle devient la [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] de Carélie fin 1923.
    
===Pologne===
 
===Pologne===
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===Russie blanche (Biélorussie)===
 
===Russie blanche (Biélorussie)===
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En Russie Blanche, les propriétaires terriens étaient polonais, et le fonctionnariat était russe. Une population juive était importante dans les villes. L’influence du front proche aggrava le fardeau sur la paysannerie biélorusse, mais permit aussi de la gagner à l'influence bolchévique. Aux élections pour l’Assemblée constituante, la masse écrasante des paysans de la Russie Blanche votera pour les bolcheviks.
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En Russie Blanche, les propriétaires terriens étaient polonais, et le fonctionnariat était russe. Une population juive était importante dans les villes. L’influence du front proche aggrava le fardeau sur la paysannerie biélorusse, mais permit aussi de la gagner à l'influence bolchévique.  
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Un [[Double pouvoir|double pouvoir]] s'instaure, comme en Russie, entre :
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* Les soviets ouvriers et paysans, passés des conciliateurs aux bolchéviks au même rythme qu'en Russie.
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* Les organisations [[transclassistes]], de fait dominées par la bourgeoisie, même si son influence diminuait.
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Ainsi aux élections pour l’[[Assemblée constituante russe de 1918|Assemblée constituante]], qui ont eu lieu en novembre 1917, la masse écrasante des paysans de la Russie Blanche votera pour les bolcheviks. En décembre 1917, un congrès biélorusse réunit à Minsk des délégués de toutes sortes d'organisations, et élit un conseil sous la direction de [[Jan Sierada]] (qui deviendra la Rada). La droite du congrès (plutôt de l'ouest du pays) défendait la démocratie bourgeoise et l'indépendance immédiate, tandis que la gauche défendait plutôt un Etat soviétique fédéré avec la Russie. Dans la nuit du 18 décembre, les bolchéviks dispersent le congrès et arrêtent plusieurs participants.
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Le [[Traité de Brest-Litovsk|traité de Brest-Litovsk]] de mars 1918 cède une partie de la Biélorussie aux Allemands. La Rada tente de s'organiser et proclame l'indépendance de la République populaire biélorusse le 25 mars 1918, bien que non reconnue par les Allemands. Avec la [[Révolution allemande de novembre 1918|révolution allemande de novembre 1918]], l'occupant se retire, et l'[[Armée rouge]] revient (5 janvier 1919). La Rada s'exile (et est toujours officiellement en exil actuellement).
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En février 1919, le congrès biélorusse des soviets d'ouvriers, de paysans et de soldats se réunit et proclame une [[République socialiste soviétique|RSS]] de Biélorussie. Un mois plus tard, trois provinces orientales (Smolensk, Vitebsk, Moguilev) sont intégrées à la [[RSFSR|<span class="mw-redirect">RSFSR</span>]].
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===Pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie)===
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===Pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie)===
    
En Estonie et Lettonie, les villages ruraux étaient depuis longtemps opposés aux villes où vivaient la bourgeoisie allemande, russe et juive. Cette lutte séculaire poussa, au début de la guerre, bien des milliers de travailleurs lettons et estoniens à s’engager volontairement dans l’armée. Les régiments de chasseurs composés de journaliers et de paysans lettons comptaient parmi les meilleurs sur le front. Cependant, en mai, ils se prononçaient déjà pour le [[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|pouvoir des soviets]].
 
En Estonie et Lettonie, les villages ruraux étaient depuis longtemps opposés aux villes où vivaient la bourgeoisie allemande, russe et juive. Cette lutte séculaire poussa, au début de la guerre, bien des milliers de travailleurs lettons et estoniens à s’engager volontairement dans l’armée. Les régiments de chasseurs composés de journaliers et de paysans lettons comptaient parmi les meilleurs sur le front. Cependant, en mai, ils se prononçaient déjà pour le [[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|pouvoir des soviets]].
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Avec l'avancée allemande (Riga tombe le 3 septembre), des milliers de soldats et d'usines avec leurs ouvriers furent évacués des provinces baltes. Ils contribuèrent énormément à diffuser l'était d'esprit révolutionnaire&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks lettons, arrachés au sol natal et entièrement placés dès lors sur le terrain de la révolution, convaincus, opiniâtres, résolus, menaient de jour en jour un travail de sape dans toutes les parties du pays. Des faces aux traits durs, un accent rauque et, en russe, des phrases souvent incorrectes donnaient une impression particulière à leurs indomptables appels pour l'insurrection.&nbsp;»''
 
Avec l'avancée allemande (Riga tombe le 3 septembre), des milliers de soldats et d'usines avec leurs ouvriers furent évacués des provinces baltes. Ils contribuèrent énormément à diffuser l'était d'esprit révolutionnaire&nbsp;: ''«&nbsp;Les bolcheviks lettons, arrachés au sol natal et entièrement placés dès lors sur le terrain de la révolution, convaincus, opiniâtres, résolus, menaient de jour en jour un travail de sape dans toutes les parties du pays. Des faces aux traits durs, un accent rauque et, en russe, des phrases souvent incorrectes donnaient une impression particulière à leurs indomptables appels pour l'insurrection.&nbsp;»''
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La Lettonie a fini par voter à 72&nbsp;% pour les bolcheviks. Les Lettons sont nombreux dans les Gardes rouges qui prennent le Palais d'Hiver, ou encore dans l'Armée rouge et la [[Tchéka|Tchéka]]. Pourtant, les [[Pays_baltes|pays baltes]] seront récupérés par les Blancs grâce à l'aide de l'Allemagne<ref>Marc Ferro, ''Les tabous de l'Histoire'', 2005.</ref>.
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La Lettonie a fini par voter à 72&nbsp;% pour les bolcheviks. Les Lettons sont nombreux dans les [[Gardes rouges]] qui prennent le Palais d'Hiver, ou encore dans l'[[Armée rouge]] et la [[Tchéka|Tchéka]]. Pourtant, les [[Pays_baltes|pays baltes]] seront récupérés par les Blancs grâce à l'aide de l'Allemagne<ref>Marc Ferro, ''Les tabous de l'Histoire'', 2005.</ref>.
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Avec le [[Traité de Brest-Litovsk|traité de Brest-Litovsk]] de mars 1918, les pays baltes sont cédés aux Allemands. Avec la [[Révolution allemande de novembre 1918|révolution allemande de novembre 1918]], l'occupant se retire, et l'[[Armée rouge]] revient. Les bolchéviks tentent de s'appuyer sur les communistes locaux pour former des RSS. Ainsi la RSS de Lituanie est proclamée le 16 décembre 1918, depuis Daugavpils, ville conquise par l'Armée rouge.  Le [[Parti communiste de Lituanie|PC de Lituanie]], fondé en octobre 1918, était dirigé par [[Vincas Mickevičius-Kapsukas|Kapsukas]], qui, passé du mouvement de renaissance national à l'internationalisme social-démocrate de [[Rosa Luxemburg|Luxemburg]], était contre les revendications nationales. Dans la première version de la proclamation de la RSS, il écrivait « Longue vie à la [[RSFSR|<span class="mw-redirect">RSFSR</span>]] avec la Lituanie soviétique incorporée ! ». La version finale revue par [[Staline]] la modifiait en « Longue vie à la République soviétique lituanienne libérée ! ».
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La Lituanie est perdue suite à une nouvelle offensive allemande en février 1919, et les [[Guerre soviéto-polonaise|troupes polonaises de Pilsudski]] prennent Vilnius (avril 1920).
    
===Juifs===
 
===Juifs===
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===Allemands===
 
===Allemands===
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Il existait d'importantes minorités allemandes dans certaines régions de l'Empire (Allemands de la Volga, notamment). Le déclenchement de la Guerre de 1914 contre l'Allemagne a déclenché une vague d'hostilité à leur encontre.
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Il existait d'importantes minorités allemandes dans certaines régions de l'Empire (Allemands de la Volga, notamment). Le déclenchement de la [[Guerre de 1914]] contre l'Allemagne a déclenché une vague d'hostilité à leur encontre.
 
<blockquote>''«&nbsp;Partout l'on cherchait à qui s'en prendre. On accusait d'espionnage, sans exception, tous les Juifs. On mettait à sac les gens dont le nom de famille était allemand. Le GQG du grand-duc Nicolas Nicolaïévitch ordonna de fusiller le colonel de gendarmerie Miassoïédov, comme espion allemand — qu'il n'était probablement pas. &nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr02.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Partout l'on cherchait à qui s'en prendre. On accusait d'espionnage, sans exception, tous les Juifs. On mettait à sac les gens dont le nom de famille était allemand. Le GQG du grand-duc Nicolas Nicolaïévitch ordonna de fusiller le colonel de gendarmerie Miassoïédov, comme espion allemand — qu'il n'était probablement pas. &nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr02.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
Par ailleurs, étant donnée l'histoire des influences allemandes, ''«&nbsp;les états-majors et la Douma accusaient de germanophilie la Cour impériale&nbsp;»''. C'est d'ailleurs par [[Nationalisme|nationalisme]] que [[Saint-Petersbourg|Saint-Petersbourg]], nom allemand, fut renommée en Petrograd dès le début de la guerre. En mai 1915, la foule saccage des maisons allemandes à Moscou.
 
Par ailleurs, étant donnée l'histoire des influences allemandes, ''«&nbsp;les états-majors et la Douma accusaient de germanophilie la Cour impériale&nbsp;»''. C'est d'ailleurs par [[Nationalisme|nationalisme]] que [[Saint-Petersbourg|Saint-Petersbourg]], nom allemand, fut renommée en Petrograd dès le début de la guerre. En mai 1915, la foule saccage des maisons allemandes à Moscou.
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Le 9 octobre 1918, un décret crée la « Commune ouvrière des Allemands de la Volga », un des premiers territoires autonomes au sein de la République soviétique russe. Son chef-lieu est d'abord Saratov, puis Iekaterinenstadt en mai 1919 (rebaptisée Marxstadt le 4 juin). Le 20 février 1924, l'oblast est élevé au rang de [[wikifr:République_socialiste_soviétique_autonome_des_Allemands_de_la_Volga|république socialiste soviétique autonome des Allemands de la Volga]]. Elle est abolie par Staline lorsque Hitler attaque l'URSS en 1941. Staline russifie alors les noms de ville (Marxstadt devient Marks...) et déporte de nombreux Allemands.
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===Légion tchéco-slovaque===
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Lorsqu'éclata la [[Première Guerre mondiale]], les Tchèques et les Slovaques vivant dans l'Empire russe eurent l'accord du tsar pour organiser une armée nationale pour combattre l'Autriche-Hongrie. Le corps d'armée compta jusqu'à 65 000 hommes. Après [[Octobre 1917|Octobre]] et le [[Traité de Brest-Litovsk|traité de Brest-Litovsk]], il est convenu que la légion tchéco-slovaque doit être être évacuée vers la France pour y continuer la guerre. En raison du front, l'évacuation devait être faite par le port de Vladivostok via le transsibérien.
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Mais en chemin, la légion tchéco-slovaque s'empare d'un important territoire proche du chemin de fer sur la Volga, capturant par ailleurs huit wagons chargés d'or de la réserve impériale de Kazan. Après ce fait d'armes, les bolcheviks durent négocier un nouvel arrangement et de l'or pour leur permettre de rejoindre leur pays en 1920. La plupart des hommes de la Légion furent malgré tout évacués par Vladivostok, mais certains se joignirent à l'armée anti-bolchevik de l'amiral Koltchak.
    
===Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan)===
 
===Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan)===
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Aux élections de la Constituante, la Géorgie s'est donnée une majorité [[Menchevik|menchevique]] qui proclame l'indépendance et constitue un gouvernement internationalement reconnu. En février 1919, la majorité menchévique est confirmée avec un résultat électoral de 80%. La « République démocratique de Géorgie », dirigée par [[Noé_Jordania|Noé Jordania]],  procède à une réforme agraire et accorde une certaine autonomie aux minorités abkhaze et ossète. A travers le traité de Moscou de mai 1920, il légalise les organisations bolcheviques géorgiennes, tandis que le pouvoir soviétique reconnaît à nouveau la Géorgie indépendante.  
 
Aux élections de la Constituante, la Géorgie s'est donnée une majorité [[Menchevik|menchevique]] qui proclame l'indépendance et constitue un gouvernement internationalement reconnu. En février 1919, la majorité menchévique est confirmée avec un résultat électoral de 80%. La « République démocratique de Géorgie », dirigée par [[Noé_Jordania|Noé Jordania]],  procède à une réforme agraire et accorde une certaine autonomie aux minorités abkhaze et ossète. A travers le traité de Moscou de mai 1920, il légalise les organisations bolcheviques géorgiennes, tandis que le pouvoir soviétique reconnaît à nouveau la Géorgie indépendante.  
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En 1920-1922, l'[[Armée_rouge|Armée rouge]] envahit l'Arménie et la Géorgie (Staline s'appuie pour cela sur un simulacre d'insurrection) et réintègre ces pays dans l'orbite russo-soviétique après de violents combats. Fin 1921, la direction du PC russe, notamment Staline et [[Ordjonikidzé|Ordjonikidzé]] (eux-mêmes d'origine géorgienne) voulurent imposer l'intégration de la Géorgie, de l'Arménie et de l’Azerbaïdjan dans la Russie, et reprimèrent durement les communistes géorgiens (''«&nbsp;[[Affaire_géorgienne|Affaire géorgienne]]&nbsp;»''). Cela sera notamment une cause du [[Soulèvement_géorgien_d'août_1924|soulèvement géorgien d'août 1924]] (plus de 10 000 morts).
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En 1920-1922, l'[[Armée_rouge|Armée rouge]] envahit l'Arménie et la Géorgie (Staline s'appuie pour cela sur un simulacre d'insurrection) et réintègre ces pays dans l'orbite russo-soviétique après de violents combats. Fin 1921, la direction du PC russe, notamment Staline et [[Ordjonikidzé|Ordjonikidzé]] (eux-mêmes d'origine géorgienne) voulurent imposer l'intégration de la Géorgie, de l'Arménie et de l’Azerbaïdjan dans la Russie, et réprimèrent durement les communistes géorgiens (''«&nbsp;[[Affaire_géorgienne|Affaire géorgienne]]&nbsp;»''). Cela sera notamment une cause du [[Soulèvement_géorgien_d'août_1924|soulèvement géorgien d'août 1924]] (plus de 10 000 morts).
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La RSS d'Abkhazie est fondée le 31 mars 1921.
    
L’Azerbaïdjan était encore plus sous-développé que la Russie mais avec une concentration ouvrière très forte du fait du pétrole. C’est un exemple extrême de développement inégal et combiné.<ref>Ronald Suny, ''The Baku Commune, 1917-1918: Class and Nationality in the Russian Revolution'' (Studies of the Harriman Institute, Columbia University), 1972</ref> Dans les villes prédominait la population russe et arménienne. L'organisation Azerbaidjani Hummet, musulmane mais évoluant vers le socialisme, fut la seule à être reconnue par les bolcheviks comme un véritable parti socialiste. Elle devint plus tard le noyau du PC de l’Azerbaïdjan.
 
L’Azerbaïdjan était encore plus sous-développé que la Russie mais avec une concentration ouvrière très forte du fait du pétrole. C’est un exemple extrême de développement inégal et combiné.<ref>Ronald Suny, ''The Baku Commune, 1917-1918: Class and Nationality in the Russian Revolution'' (Studies of the Harriman Institute, Columbia University), 1972</ref> Dans les villes prédominait la population russe et arménienne. L'organisation Azerbaidjani Hummet, musulmane mais évoluant vers le socialisme, fut la seule à être reconnue par les bolcheviks comme un véritable parti socialiste. Elle devint plus tard le noyau du PC de l’Azerbaïdjan.
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Parmi les erreurs commises à cette époque, on peut mentionner l’intégration forcée à la République soviétique d’Azerbaïdjan de la région du Haut-Karabakh, peuplée en majorité d’Arméniens – un contentieux qui allait exploser à la fin des années 1980.
 
Parmi les erreurs commises à cette époque, on peut mentionner l’intégration forcée à la République soviétique d’Azerbaïdjan de la région du Haut-Karabakh, peuplée en majorité d’Arméniens – un contentieux qui allait exploser à la fin des années 1980.
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===Bachkirie===
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La Bachkirie fut un important champ de bataille lors de la [[Guerre_civile_russe|Guerre civile russe]]. Le 23 mars 1919, la Bachkirie devint la première république autonome créée au sein de la [[RSFSR|<span class="mw-redirect">RSFSR</span>]].
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===Tatars et bouriates===
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Les meilleures terres avaient été saisies, sous le régime tsariste, par des propriétaires nobles et des paysans russes cossus. Le réveil de l’esprit d’indépendance nationale signifiait ici avant tout la lutte contre les colonisateurs, qui eux défendaient avec acharnement contre ''«&nbsp;le séparatisme&nbsp;»'' des Asiatiques l’unité de la Russie. Des [[Pogroms|pogroms]] contre les bouriates furent menés sous la direction de greffiers de canton et sous-officiers SR revenus du front.
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Le militant tatar [[Mirsäyet_Soltanğäliev|Mirsäyet Soltanğäliev]] (Sultan-Galiev) rejoint les [[Bolchéviks|bolchéviks]] en novembre 1917.
      
===Mongolie===
 
===Mongolie===
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En réaction, des milliers d’enfants musulmans, spécialement des filles, furent retirés des écoles soviétiques&nbsp; par leur famille et démissionnèrent des jeunesses communistes. Des femmes non voilées furent agressées dans les rues, parfois violées et des milliers d’entre elles furent tuées. De nombreux [[Vieux_bolchéviks|''Vieux bolchéviks'']] musulmans furent éliminés, et la liberté religieuse disparut.
 
En réaction, des milliers d’enfants musulmans, spécialement des filles, furent retirés des écoles soviétiques&nbsp; par leur famille et démissionnèrent des jeunesses communistes. Des femmes non voilées furent agressées dans les rues, parfois violées et des milliers d’entre elles furent tuées. De nombreux [[Vieux_bolchéviks|''Vieux bolchéviks'']] musulmans furent éliminés, et la liberté religieuse disparut.
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===Oudmourtes, Tchouvaches, Komis===
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===Peuples de la Volga (Tatars, Bachkirs, Oudmourtes, Tchouvaches, Komis, Kalmouks)===
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Un certain nombre de populations non-russes vivaient - depuis longtemps - au coeur de l'espace russe, notamment le long de la Volga. Sur des populations finno-ougriennes comme les Oudmourtes (anciennement « Votiaks ») et les Komis (anciennement « Zyrianes »), ou sur les Tchouvaches, Trotski écrivait :
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Un certain nombre de populations non-russes vivaient - depuis longtemps - le long de la Volga. Des [[République socialiste soviétique autonome|républiques socialistes soviétiques autonomes]] (RSSA) furent créées, au sein de la RSS de Russie (contrairement aux RSS fédérées avec la Russie dans l'URSS). Sur des populations finno-ougriennes comme les Oudmourtes (anciennement « Votiaks ») et les Komis (anciennement « Zyrianes »), ou sur les Tchouvaches, Trotski écrivait :
    
''«&nbsp;Les populations et les peuplades sur la Volga, dans le Caucase septentrional, dans l’Asie centrale, réveillées pour la première fois par l’insurrection de Février d’une existence préhistorique, ne connaissaient encore ni bourgeoisie nationale, ni prolétariat. Au-dessus de la masse paysanne ou pastorale se détachait des couches supérieures un léger tégument d’intellectuels. Avant de s’élever jusqu’à un programme d’administration nationale autonome, la lutte se menait autour des questions d’un alphabet que l’on voudrait avoir à soi, d’un maître à soi - parfois... d’un prêtre à soi. Ces êtres les plus opprimés devaient constater par une amère expérience que les patrons instruits de l’État ne leur permettraient pas de bon gré de s’élever. Retardataires entre tous, ils se trouvaient forcés de chercher un allié dans la classe la plus révolutionnaire. C’est ainsi que, par les éléments de gauche de leur jeune intellectualité, les Votiaks, les Tchouvaches, les Zyrianes, les peuplades du Daghestan et du Turkestan commençaient à se frayer des voies vers les bolchéviks.&nbsp;»<ref name="HRR40" />''
 
''«&nbsp;Les populations et les peuplades sur la Volga, dans le Caucase septentrional, dans l’Asie centrale, réveillées pour la première fois par l’insurrection de Février d’une existence préhistorique, ne connaissaient encore ni bourgeoisie nationale, ni prolétariat. Au-dessus de la masse paysanne ou pastorale se détachait des couches supérieures un léger tégument d’intellectuels. Avant de s’élever jusqu’à un programme d’administration nationale autonome, la lutte se menait autour des questions d’un alphabet que l’on voudrait avoir à soi, d’un maître à soi - parfois... d’un prêtre à soi. Ces êtres les plus opprimés devaient constater par une amère expérience que les patrons instruits de l’État ne leur permettraient pas de bon gré de s’élever. Retardataires entre tous, ils se trouvaient forcés de chercher un allié dans la classe la plus révolutionnaire. C’est ainsi que, par les éléments de gauche de leur jeune intellectualité, les Votiaks, les Tchouvaches, les Zyrianes, les peuplades du Daghestan et du Turkestan commençaient à se frayer des voies vers les bolchéviks.&nbsp;»<ref name="HRR40" />''
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En Oudmourtie, les bolchéviks emportent la majorité dans la ville d'Ijevsk le 27 octobre 1917. La région est prise par les Blancs de Koltchak d'avril à juin 1919. L'Oblast autonome oudmourte, a été formé le 4 novembre 1920 sous le nom d’oblast autonome de Votsk. Il a été rebaptisé le <abbr class="abbr" title="Premier">1<sup>er</sup></abbr> janvier 1932 et a été réorganisé en République socialiste soviétique autonome oudmourte le 28 décembre 1934.
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De nombreux '''Tatars''' et '''Bachkirs''' vivent dans cette région, avec des différences culturelles mais aussi de forts points communs, notamment ethnique (peuples turcs) et religieuse (islam). La révolution fit émerger de nombreuses forces politiques dans cette région, mais avec une radicalisation plus marquée vers les bolchéviks côté tatar ([[Mirsäyet_Soltanğäliev|Soltanğäliev]] rejoint par exemple les [[Bolchéviks|bolchéviks]] dès 1917). Un congrès de musulmans plutôt nationalistes proclame le 1<sup>er</sup> mars 1918 la république d'Idel-Oural. Ils sont renversés par l'Armée rouge le 28 mars 1918. Reprenant ces contours géographiques, les bolchéviks soutiennent une « RSSA tatare-bachkire », proclamée le 23 mars 1918<ref>Stalin, ''[https://www.marxists.org/reference/archive/stalin/works/1918/03/23.htm A Tatar-Bashkir Soviet Republic]'', ''March 23, 1918''</ref>, mais avortée par la guerre civile<ref>Stalin, ''Speeches Deliverd as a Conference on the Convening of a Constituent Congress of Soviets of the Tatar-Bashkir Soviet Republic'', May 10-16, 1918</ref>. De plus, des nationalistes bachkirs réclament leur indépendance. La RSSA bachkire est proclamée le 23 mars 1919, et les bolchéviks en prennent acte pour mettre de leur côté les backhirs. C'est alors la première RSSA créée au sein de la [[RSFSR|<span class="mw-redirect">RSFSR</span>]]. Cela provoque de nombreux débats, notamment avec les radicaux tatars<ref>Daniel Evan Schafer, ''[https://deepblue.lib.umich.edu/handle/2027.42/129648 Building nations and building states: The Tatar-Bashkir question in revolutionary Russia (1917-1920)]'', 1995 </ref>. Finalement, la [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] tatare est créée à son tour le 27 mai 1920. Une grave famine (parfois comparée à l'[[Holodomor]]) a tué 2 millions de Tatars en 1921-1922.
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'''En Oudmourtie''', les bolchéviks emportent la majorité dans la ville d'Ijevsk le 27 octobre 1917. La région est prise par les Blancs de Koltchak d'avril à juin 1919. L'Oblast autonome oudmourte, a été formé le 4 novembre 1920 sous le nom d’oblast autonome de Votsk. Il a été rebaptisé le <abbr class="abbr" title="Premier">1<sup>er</sup></abbr> janvier 1932 et a été réorganisé en [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] oudmourte le 28 décembre 1934.
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'''L'Oblast autonome des Tchouvaches''' est créé le 24 juin 1920. Il devient la [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] des Tchouvaches en avril 1925.
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'''L'Oblast autonome des Komis-Zyriènes''' été créé le 22 août 1922. Il devient la [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] des Komis le 5 décembre 1936.
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Les '''Kalmouks''' furent principalement côté [[Armées blanches|Blancs]] au début de la révolution. Le 24 juillet 1919, [[Lénine]] (d’origine en partie kalmouke) lance un appel au peuple kalmouk à se révolter, et leur promet de leur accorder des terres à eux. Ce sera réalisé le 4 novembre 1920, quand l'Oblast autonome kalmouk est créé. Il deviendra la [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] kalmouke le 22 octobre 1935.
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===Sibériens (Iakoutes, Bouriates, Tchouktches, Toungouses)===
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La Sibérie était régie par les réglementations Speransky de 1822, qui créaient quelques institutions locales, actait un peu de tolérance envers les croyances locales, et classifiaient les populations en nomades, sédentaires et vagabonds. L'optique était de développer la région et les [[Fiscalité|taxes]] qui en provenaient<ref>Tomsk State University Journal, ''[http://journals.tsu.ru//vestnik/en/&journal_page=archive&id=1671&article_id=37112 Siberian reforms of 1822 by Speransky as a manifestation of the principles of imperial regionalism]'', 2018</ref>. Le tsarisme avait instauré le [[wikifr:Iassak|yassak]], paiement d'impôts en nature (peaux de bêtes).  Les [[cosaques]], qui étaient les principaux propriétaires terriens en Sibérie, se joignirent majoritairement aux [[Armées blanches|Blancs]].<ref>Cosmic Elk, ''[http://www.cosmicelk.net/1917on.htm Yakutia ASSR and the Sakha Republic from 1917]''</ref>
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'''En Iakoutie''', territoire de la taille de l'Europe occidentale mais de seulement 8000 habitants, quand les nouvelles de la [[Révolution de février 1917|révolution de février]] parviennent, un Comité de salut public est organisé par des [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|SR]], des [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|SD]] et des nationalistes iakoutes. Il est dirigé par le bolchévik [[Grigori Petrovski|Petrovski]] qui avait été exilé ici (il y avait plus de 500 exilés en Iakoutie qui se retrouvent libres). Le vice-gouverneur russe est obligé de reconnaître son autorité. Des [[Syndicats en Russie|syndicats]] et des [[soviets]] sont formés, majoritairement influencés par les SR. Après [[Révolution d'Octobre|Octobre 1917]], la surveillance des Iakoutes par la police russe est abolie, ainsi que le yassak.
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En février 1918, le gouvernement iakoute, dirigé par le SR V.N.Solovyov, proclame l'indépendance. Les bolchéviks répliquent en organisant des grèves à Iakoutsk, notamment une [[Grève générale|grève générale]] de mars à avril 1918. Le soviet de Iakoutsk (aux mains des bolchéviks) proclame la prise du pouvoir, mais doit s'appuyer sur les troupes russes pour renverser le gouvernement le 1<sup>er</sup> juillet. Les nationalistes sont emprisonnés, le [[zemstvo]] dissout et des taxes sont levées sur les plus riches.<ref>James Forsyth, ''[https://books.google.com/books?id=nzhq85nPrdsC&pg=PA254 A History of the Peoples of Siberia: Russia's North Asian Colony 1581-1990]'', Cambridge University Press, 1994</ref>
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L'Oblast autonome des Tchouvaches est créé le 24 juin 1920. Il devient la république socialiste soviétique autonome des Tchouvaches en avril 1925.
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Mais le 5 août, le soviet doit se rendre face aux Blancs aidés par la [[Légion tchéco-slovaque]]. Les institutions précédentes sont remises en place. Les bolchéviks reprennent la ville en décembre 1919, et 13 leaders anticommunistes sont passés au peloton d'exécution. En 1920, les dettes des Iakoutes envers les marchands russes, qui causaient une grande misère, sont annulées.
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L'Oblast autonome des Komis-Zyriènes été créé le 22 août 1922. Il devient la république socialiste soviétique autonome des Komis le 5 décembre 1936.
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En mars 1921, le leader SR du gouvernement régional de la côte d'Okhotsk se rebelle contre la République d'Extrême-Orient (pro-bolchéviks) et accueille les cosaques blancs de Bochkaryov qui peuvent débarquer à Vladivostok. Il s'allient aux anti-bolchéviks de Iakoutie (le SR P. Kulikovskiy, le marchand tatare Yusup Galibarov...) et au commandant de l'Armée rouge de la province, Tolstoukhov, qui change de camp. Les nationalistes bourgeois iakoutes étaient soutenus par les Japonais qui leur promettaient leur soutien.
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===Sibériens===
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En septembre 1921, une coalition de nationalistes iakoutes, de [[Parti constitutionnel démocratique|KD]] et de [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|SR]], s'emparent du Nord de la région et assiège Iakoutsk. Une armée rouge dirigée par l'ancien anarchiste [[Nestor Kalandarashvili|Kalandarashvili]] part d'Irkoutsk, et parvient à repousser les Blancs jusqu'à la mer d'Okhotsk. La [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] iakoute est créée le 27 avril 1922.
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''«&nbsp;Aux allogènes sibériens écrasés par les conditions naturelles et l’exploitation, leur état primitif, économique et culturel ne permettait pas en général de s’élever au niveau où commencent les revendications nationales. La vodka, le fisc et l’orthodoxie forcée étaient depuis des siècles les principaux leviers du pouvoir de l’État. La maladie que les Italiens appelaient la "maladie française" et que les Français appelait le "mal napolitain" se dénommait chez les peuples sibériens le "mal russe"&nbsp;: cela indique de quelle source venaient les semences de la civilisation. La Révolution de Février n’est pas arrivée jusque-- Il faudra attendre longtemps encore l’aurore pour les chasseurs et les conducteur de rennes des immensités polaires.&nbsp;»''
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'''En Bouriatie''', où vit un peuple proche des Mongols, les meilleures terres avaient été saisies, sous le régime tsariste, par des propriétaires nobles et des paysans russes cossus. Le réveil de l’esprit d’indépendance nationale signifiait ici avant tout la lutte contre les colonisateurs, qui eux défendaient avec acharnement contre ''«&nbsp;le séparatisme&nbsp;»'' des Asiatiques l’unité de la Russie. Des [[Pogroms|pogroms]] contre les bouriates furent menés sous la direction de greffiers de canton et sous-officiers SR revenus du front. Une [[République socialiste soviétique autonome|RSSA]] « bouriate-mongole » est créée le 30 mars 1923. L’écriture basée sur l’alphabet mongol passa à l’alphabet latin et plus tard, en 1939, à l’alphabet cyrillique. Commencée lors du rattachement à la Russie, la [[sédentarisation]] fut achevée à l'époque soviétique ; les yourtes disparurent complètement. Craignant des alliances avec la Mongolie voisine, Staline fait enlever en 1958 l'adjectif « mongol » du nom de la République et en démembre des parties.  
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Au début des années 1920, le nouveau pouvoir soviétique peine à s'imposer dans les régions extrêmes. L'interdiction de la religion, la réorganisation du mode de production économique en collectivités, les tentatives de sédentarisation forcées et l'interdiction du tchouktche mécontentent les populations arctiques. Vers la fin de la décennie les protestations tchouktches se taisent. A part 4 écoles orthodoxes, il n'y avait pas d'écoles avant la fin des années 1920. Les soviétiques introduisent un alphabet latin en 1932, remplacé par le cyrillique en 1937. En 1934, 71% des sont nomades. Les autorités mettent en place 28 [[sovkhozes]] en Tchoukotka basés sur l'exploitation des troupeaux de rennes et la chasse aux mammifères marins. En 1941, 90% des rennes sont encore [[Propriété privée|propriété privée]]. Des propriétaires de troupeaux considérés comme [[koukaks]] existeront jusqu'aux années 1950. Dans les années 1950, les terres tchouktches sont utilisées pour des projets d'exploitation minière, pétrolifère et gazière menaçant durablement le mode de vie des Tchouktches.
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'''Dans la région tchouktche''', il semble n'y avoir pas eu réellement de mouvement national. A part 4 écoles orthodoxes, il n'y avait pas d'écoles avant la fin des années 1920. La région n'est pas formellement intégrée à l'[[URSS]] avant 1928 (jusque-là les chasseurs achètent même leurs fusils auprès des Etats-Unis). Des socialistes, comme [[Vladimir Bogoraz|Bogoraz]], pensaient qu'il fallait laisser ces populations vivre, dans des réserves. D'autres, qui l'emporteront rapidement, pensaient au contraire qu'il fallait apporter le progrès aux tchouktches. Les soviétiques introduisent un alphabet latin en 1932, remplacé par le cyrillique en 1937. En 1934, 71% des sont nomades. Les autorités mettent en place 28 [[sovkhozes]] en Tchoukotka basés sur l'exploitation des troupeaux de rennes et la chasse aux mammifères marins. En 1941, 90% des rennes sont encore [[Propriété privée|propriété privée]]. Des propriétaires de troupeaux considérés comme [[koukaks]] existeront jusqu'aux années 1950. Dans les années 1950, les terres tchouktches sont utilisées pour des projets d'exploitation minière, pétrolifère et gazière menaçant durablement le mode de vie des Tchouktches.
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===Cosaques===
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Au début des années 1920, le nouveau pouvoir soviétique peine à s'imposer dans les régions extrêmes. La répression des chamans et parfois des langues locales, la sédentarisation et collectivisation plus ou moins forcée, mécontentent les populations arctiques. De mai 1924 à mai 1925, une révolte a lieu dans la région côtière d'Okhtosk, avec l'éphémère proclamation d'une [[République toungouse|'''République toungouse''']], qui se termine par la négociation. Vers la fin de la décennie les protestations se tassent.
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Les [[Cosaques|Cosaques]], qui ne sont pas réellement une ethnie, ont majoritairement rejoint les [[Armées_blanches|armées blanches]], même s'il y en eut aussi dans l'[[Armée_rouge|Armée rouge]].
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[[Trotski]] écrivait en 1932 : ''«&nbsp;Aux allogènes sibériens écrasés par les conditions naturelles et l’exploitation, leur état primitif, économique et culturel ne permettait pas en général de s’élever au niveau où commencent les revendications nationales. La vodka, le fisc et l’orthodoxie forcée étaient depuis des siècles les principaux leviers du pouvoir de l’État. La maladie que les Italiens appelaient la "maladie française" et que les Français appelait le "mal napolitain" se dénommait chez les peuples sibériens le "mal russe"&nbsp;: cela indique de quelle source venaient les semences de la civilisation. La Révolution de Février n’est pas arrivée jusque-là- Il faudra attendre longtemps encore l’aurore pour les chasseurs et les conducteur de rennes des immensités polaires.&nbsp;»''
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=== La République d'Extrême-Orient ===
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===La République d'Extrême-Orient===
 
Ces territoires étaient très peu peuplés, et essentiellement par des colons russes. Par exemple en 1897 étaient recensés dans l'oblast de l'Amour : 68,5 % de Russes, 17,5 % d’Ukrainiens, 6,5 % de Chinois et 2,8 % de Mandchous ainsi que des petites minorités toungouse et coréenne.
 
Ces territoires étaient très peu peuplés, et essentiellement par des colons russes. Par exemple en 1897 étaient recensés dans l'oblast de l'Amour : 68,5 % de Russes, 17,5 % d’Ukrainiens, 6,5 % de Chinois et 2,8 % de Mandchous ainsi que des petites minorités toungouse et coréenne.
    
Pour soulager le front Est pendant la [[Guerre civile russe|guerre civile]], face à la menace des Blancs,du Japon et des États-Unis, les bolchéviks créent un [[État tampon]] le 6 avril 1920, la [[République d'Extrême-Orient]].
 
Pour soulager le front Est pendant la [[Guerre civile russe|guerre civile]], face à la menace des Blancs,du Japon et des États-Unis, les bolchéviks créent un [[État tampon]] le 6 avril 1920, la [[République d'Extrême-Orient]].
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Le nombre relativement important d'Ukrainiens, qui avaient été incités à coloniser l'Est russe sous le tsarisme, a conduit à un petit mouvement pour l'établissement d'une « Ukraine verte » en Extrême orient, ce que les Blancs ont essayé d'instrumentaliser. Ainsi l'hetman [[Grigori Semenov|Semenov]] proclame le 11 avril 1920 le droit à l'autonomie pour les Ukrainiens, dans un État cosaque-bouriate-ukrainien en Extrême-Orient.
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Le nombre relativement important d'Ukrainiens, qui avaient été incités à coloniser l'Est russe sous le tsarisme, a conduit à un petit mouvement pour l'établissement d'une « Ukraine verte » en Extrême orient, ce que les Blancs ont essayé d'instrumentaliser. Ainsi l'hetman [[Grigori Semenov|Semenov]] proclame le 11 avril 1920 le droit à l'autonomie pour les Ukrainiens, dans un État cosaque-bouriate-ukrainien en Extrême-Orient. Après la stabilisation de la région, la République est dissoute dans la [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|RSFSR]] par décret du 15 novembre 1922.
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Quand l'URSS est fondée le 30 décembre 1922, le seul territoire encore contrôlé par les Blancs est la région de la « pepelyayevshchina » (Aïan, Okhotsk, Nelkan). Leurs derniers restes sont vaincus le 6 juin 1923 près d'Aïan.
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===Cosaque===
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Les [[Cosaques|Cosaques]], qui ne sont pas réellement une ethnie, ont majoritairement rejoint les [[Armées_blanches|armées blanches]], même s'il y en eut aussi dans l'[[Armée_rouge|Armée rouge]].
    
==Considérations générales==
 
==Considérations générales==

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