Que Faire ?

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Que Faire ? est un traité politique le plus connu de Lénine chez les communistes. Ecrit en 1901 et publié en 1902 où il plaide pour une avant-garde révolutionnaire porteuse de la conscience de classe et de la théorie révolutionnaire dont les ouvriers n'ont pas un sens inné. En effet, Lénine fait valoir que le prolétariat deviens pas spontanément révolutionnaire par des luttes économiques pour les salaires ou pour la réduction du temps de travail et que cette tâche reviens à des « révolutionnaires professionnels », c'est-à-dire la fraction la plus conscienceuse et la plus politisée du prolétariat. 

Que Faire ? constitue un des fondements du parti léniniste. Il fut l'une des œuvres-clés qui provoquèrent quelques mois plus tard la division entre les mencheviks et les bolcheviks.

1 Contexte

2 Contenu

2.1 Dogmatisme et « liberté de critique »

Dans son premier chapitre, Lénine rappelle une des bases de la stratégie révolutionnaire marxiste : l'étude théorique !

Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.

2.2 La spontanéité des masses et la conscience de la social-démocratie

Dans son deuxième chapitre, il expose ensuite ses divergences avec les économistes (représentés par les journaux Rabotchaïa Mysl et Rabotchéïé Diélo), un courant politique qui réduit l'action politique prolétarienne à la seule lutte économique, c'est-à-dire les revendications concernant les salaires et les conditions de travail. Pour Lénine, au contraire, il faut lutter de manière organisée pour le renversement de la bourgeoisie :

Du moment qu'il ne saurait être question d'une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement, le. problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste. Il n'y a pas de milieu (car l'humanité n a pas élaboré une "troisième" idéologie; et puis d ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d'idéologie en dehors ou au dessus des classes). C'est pourquoi tout rapetissement de l'idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l'idéologie bourgeoise. On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l'idéologie bourgeoise, Il s'effectue justement selon le programme du Credo, car mouvement ouvrier spontané, c'est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei; or le trade-unionisme, c'est justement l'asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie. C'est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu'a le trade-unionisme à se réfugier sous l'aile de la bourgeoisie, et de l'attirer sous l'aile de la social-démocratie révolutionnaire

2.3 Politique trade-unioniste et politique social-démocrate

Dans son troisième chapitre, Lénine attaque les positions des terroristes de la Svoboda, qui voient dans l'action ponctuelle violente une tactique d'excitation des masses. La stratégie révolutionnaire doit au contraire être un long et patient travail d'organisation.

La Svoboda préconise le terrorisme comme moyen d'“exciter” le mouvement ouvrier, de lui donner “une vigoureuse impulsion”. Il serait difficile d'imaginer une argumentation se réfutant elle-même avec plus d'évidence ! On se demande : y a-t-il donc si peu de ces faits scandaleux dans la vie russe qu'il faille inventer des moyens d'“excitation” spéciaux ? D'autre part, Il est évident que ceux qui ne sont pas excités ni excitables même par l'arbitraire russe, observeront également, “en se fourrant les doigts dans le nez”, le duel du gouvernement avec une poignée de terroristes. Or, justement, les masses ouvrières sont très excitées par les infamies de la vie russe, mais nous ne savons pas recueillir, si l'on peut s'exprimer ainsi, et concentrer toutes les gouttelettes et les petits ruisseaux de l'effervescence populaire, qui suintent â travers la vie russe en quantité infiniment plus grande que nous ne nous le représentons ni ne le croyons, mais qu'il importe de réunir en un seul torrent gigantesque.

Selon Lénine, les « économistes » et les « terroristes » ont en commun de tout miser sur la spontanéité des masses, et cela fait d'eux des opportunistes car ils renoncent à la diffusion de masse d'une conscience politique de classe.

La Svoboda veut remplacer l'agitation par le terrorisme, reconnaissant ouvertement que “dès que commencera une agitation énergique et renforcée parmi les masses, le rôle excitatif de la terreur aura pris fin” (p. 68 de la Renaissance du révolutionnisme). C'est ce qui montre précisément que terroristes et économistes sous-estiment l'activité révolutionnaire des masses, en dépit de l'évident témoignage des événements du printemps : les uns se lancent à la recherche d'“excitants” artificiels, les autres parlent de “revendications concrètes”. Les uns comme les autres n'accordent pas une attention suffisante au développement de leur propre activité en matière d'agitation et d'organisation de révélations politiques. Or, il n y a rien qui puisse remplacer cela, ni maintenant ni à quelque moment que ce soit. 

2.4 Le travail artisanal des économistes

Dans son quatrième chapitre, Lénine critique le travail « artisanal » des révolutionnaires de l'époque, et la dispersion des cercles ouvriers, peu efficace pour résister à la répression tsariste, et pour réaliser un travail pérenne et cohérent.

Le manque de préparation pratique, de savoir-faire dans le travail d'organisation nous est réellement commun à tous, même à ceux qui dès le début s'en sont toujours tenus au point de vue du marxisme révolutionnaire. Et certes, nul ne saurait imputer à crime aux praticiens ce manque de préparation. Mais ces “méthodes artisanales” ne sont pas seulement dans le manque de préparation; elles sont aussi dans l'étroitesse de l'ensemble du travail révolutionnaire en général, dans l'incompréhension du fait que cette étroitesse empêche la constitution d'une bonne organisation de révolutionnaires; enfin - et c'est le principal - elles sont dans les tentatives de justifier cette étroitesse et de l'ériger en “théorie” particulière c'est à dire dans le culte de la spontanéité, en cette matière également.

2.5 L'organisation des révolutionnaires et le journal politique

Les principes d'organisation de Lénine sont donc la création d'un parti révolutionnaire centralisé, constitué de « révolutionnaires de profession » autour d'un journal de haut niveau considéré comme un organisateur collectif.

Par “têtes intelligentes”, en matière d'organisation, il faut entendre uniquement, comme je l'ai indiqué maintes fois, les révolutionnaires professionnels, étudiants ou ouvriers d'origine, peu importe. Or, j'affirme :

  1. Qu’il ne saurait y avoir de mouvement révolutionnaire solide sans une organisation de dirigeants stable et qui assure la continuité du travail.
  2. Que plus nombreuse est la masse entraînée spontanément dans la lutte, formant la base du mouvement et y participant et plus impérieuse est la nécessité d’avoir une telle organisation, plus cette organisation doit être solide (sinon, il sera plus facile aux démagogues d'entraîner les couches arriérées de la masse);
  3. Qu’une telle organisation doit se composer principalement d’hommes ayant pour profession l’activité révolutionnaire;
  4. Que, dans un pays autocratique, plus nous restreindrons l’effectif de cette organisation au point de n’y accepter que des révolutionnaires professionnels ayant fait l’apprentissage de la lutte contre la police politique, plus il sera difficile de “se saisir” d’une telle organisation;
  5. D’autant plus nombreux seront les ouvriers et les éléments des autres classes sociales qui pourront participer au mouvement et y militer de façon active

En un mot, le “plan d'un journal politique pour toute la Russie” n'est pas une oeuvre abstraite de personnes atteintes de doctrinarisme et d'esprit de littérature (comme ont pu le croire des gens qui n'y ont pas assez réfléchi); c'est au contraire le plan le plus pratique pour qu'on puisse, de tous côtés, se préparer aussitôt à l'insurrection, sans oublier un instant le travail ordinaire, quotidien. 

3 Notes et références

Lire Que Faire ? : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200.htm