Différences entre les versions de « Précariat »

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== Nouvelle classe sociale ? ==
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== Nouvelle classe sociale ? ==
  
À la fin des années 1980, un certain nombre de sociologues français començaient à parler de travail précaire. Dans le monde anglophone, l’ouvrage qui a tenté de systématiser cette idée, c’est ''The Precariat'', de Guy Standing. Il y affirme que le précariat forme une [[classe sociale|classe sociale]] à part entière, distincte de la [[classe ouvrière|classe ouvrière]]. Selon cette lecture, la classe ouvrière, c’est la classe ouvrière syndiquée du monde industrialisé des années 1950 et 1960 : les personnes qui avaient un emploi à temps plein, stable, qui restaient dans la même boîte pendant 20 ou 30 ans, qu’on ne pouvait pas embaucher ou licencier en claquant des doigts, etc.
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À la fin des années 1980, un certain nombre de sociologues français començaient à parler de travail précaire. Dans le monde anglophone, l’ouvrage qui a tenté de systématiser cette idée, c’est ''The Precariat'', de Guy Standing. Il y affirme que le précariat forme une [[Classe sociale|classe sociale]] à part entière, distincte de la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]]. Selon cette lecture, la classe ouvrière, c’est la classe ouvrière syndiquée du monde industrialisé des années 1950 et 1960 : les personnes qui avaient un emploi à temps plein, stable, qui restaient dans la même boîte pendant 20 ou 30 ans, qu’on ne pouvait pas embaucher ou licencier en claquant des doigts, etc.
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Selon Guy Standing, le précariat recouvre un nombre croissant de travailleurs, en particulier parmi les jeunes et les minorités ethniques, embauchés dans des entreprises où les syndicats sont absents, qui sont employés à [[Temps partiel|temps partiel]], et surtout – c’est pour lui le plus important – qui exercent un travail précaire et de courte durée : ce sont des travailleurs qui changent constamment de boulot. L’argument de Standing est donc que cette couche sociale, le précariat, possède un potentiel plus radical que la classe ouvrière. Cette idée d'une époque fondamentalement nouvelle s'accompagne souvent de l'idée que la [[Désindustrialisation|désindustrialisation]] a connu un saut qualitatif.
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Il y a une augmentation réelle du travail à temps partiel, dans le secteur de la santé ou de la grande distribution. Mais dans de nombreux cas, si les employeurs recourent davantage à du travail partiel afin de ne pas payer de [[Cotisations sociales|cotisations sociales]], les [[Travailleurs|travailleurs]] restent néanmoins 10 ou 15 ans dans la même entreprise, tout en n'obtenant jamais un contrat à temps plein. Ce sont surtout les défaites accumulées depuis le [[Tournant néolibéral|tournant néolibéral]] et le démantèlement de la [[Protection sociale|protection sociale]] qui ont aggravé les conséquences du [[Chômage|chômage]] pour les travailleurs d’aujourd’hui, qui sont dans une situation bien pire que celle de l’après-guerre.
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En réalité, c'est peu à peu l'ensemble de la classe travailleuse qui bascule dans ces nouvelles conditions de travail, qui sont en réalité un retour à la situation qui prévalait avant les années 1940. Par ailleurs, sur le plan de la [[Reproduction sociale|reproduction sociale]], il n'y a pas de frontière entre travailleurs "protégés" et précaires.
  
Selon Guy Standing, le précariat recouvre un nombre croissant de travailleurs, en particulier parmi les jeunes et les minorités ethniques, embauchés dans des entreprises où les syndicats sont absents, qui sont employés à [[temps partiel|temps partiel]], et surtout – c’est pour lui le plus important – qui exercent un travail précaire et de courte durée : ce sont des travailleurs qui changent constamment de boulot. L’argument de Standing est donc que cette couche sociale, le précariat, possède un potentiel plus radical que la classe ouvrière. Cette idée d'une époque fondamentalement nouvelle s'accompagne souvent de l'idée que la [[désindustrialisation|désindustrialisation]] a connu un saut qualitatif.
 
<p style="text-align: justify">Il y a une augmentation réelle du travail à temps partiel, dans le secteur de la santé ou de la grande distribution. Mais dans de nombreux cas, si les employeurs recourent davantage à du travail partiel afin de ne pas payer de [[cotisations sociales|cotisations sociales]], les [[travailleurs|travailleurs]] restent néanmoins 10 ou 15 ans dans la même entreprise, tout en n'obtenant jamais un contrat à temps plein. Ce sont surtout les défaites accumulées depuis le [[tournant néolibéral|tournant néolibéral]] et le démantèlement de la [[protection sociale|protection sociale]] qui ont aggravé les conséquences du [[chômage|chômage]] pour les travailleurs d’aujourd’hui, qui sont dans une situation bien pire que celle de l’après-guerre.</p><p style="text-align: justify">En réalité, c'est peu à peu l'ensemble de la classe travailleuse qui bascule dans ces nouvelles conditions de travail, qui sont en réalité un retour à la situation qui prévalait avant les années 1940. Par ailleurs, sur le plan de la [[reproduction sociale|reproduction sociale]], il n'y a pas de frontière entre travailleurs "protégés" et précaires.</p>
 
 
== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
  
[http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=2635 Existe-t-il une classe de précaires ?] Interview de Charles Post, [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article30217 Version complète en anglais]
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[http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=2635 Existe-t-il une classe de précaires&nbsp;?] Interview de Charles Post, [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article30217 Version complète en anglais]
  
 
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[[Category:Classes sociales|Category:Classes_sociales]]
[[Category:Classes_sociales]]
 

Version du 7 avril 2014 à 16:06

Le précariat désigne la couche de travailleurs soumis au travail précaire.

1 Nouvelle classe sociale ?

À la fin des années 1980, un certain nombre de sociologues français començaient à parler de travail précaire. Dans le monde anglophone, l’ouvrage qui a tenté de systématiser cette idée, c’est The Precariat, de Guy Standing. Il y affirme que le précariat forme une classe sociale à part entière, distincte de la classe ouvrière. Selon cette lecture, la classe ouvrière, c’est la classe ouvrière syndiquée du monde industrialisé des années 1950 et 1960 : les personnes qui avaient un emploi à temps plein, stable, qui restaient dans la même boîte pendant 20 ou 30 ans, qu’on ne pouvait pas embaucher ou licencier en claquant des doigts, etc.

Selon Guy Standing, le précariat recouvre un nombre croissant de travailleurs, en particulier parmi les jeunes et les minorités ethniques, embauchés dans des entreprises où les syndicats sont absents, qui sont employés à temps partiel, et surtout – c’est pour lui le plus important – qui exercent un travail précaire et de courte durée : ce sont des travailleurs qui changent constamment de boulot. L’argument de Standing est donc que cette couche sociale, le précariat, possède un potentiel plus radical que la classe ouvrière. Cette idée d'une époque fondamentalement nouvelle s'accompagne souvent de l'idée que la désindustrialisation a connu un saut qualitatif.

Il y a une augmentation réelle du travail à temps partiel, dans le secteur de la santé ou de la grande distribution. Mais dans de nombreux cas, si les employeurs recourent davantage à du travail partiel afin de ne pas payer de cotisations sociales, les travailleurs restent néanmoins 10 ou 15 ans dans la même entreprise, tout en n'obtenant jamais un contrat à temps plein. Ce sont surtout les défaites accumulées depuis le tournant néolibéral et le démantèlement de la protection sociale qui ont aggravé les conséquences du chômage pour les travailleurs d’aujourd’hui, qui sont dans une situation bien pire que celle de l’après-guerre.

En réalité, c'est peu à peu l'ensemble de la classe travailleuse qui bascule dans ces nouvelles conditions de travail, qui sont en réalité un retour à la situation qui prévalait avant les années 1940. Par ailleurs, sur le plan de la reproduction sociale, il n'y a pas de frontière entre travailleurs "protégés" et précaires.

2 Notes et sources

Existe-t-il une classe de précaires ? Interview de Charles Post, Version complète en anglais