Politique militaire prolétarienne

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La politique militaire prolétarienne est une ligne politique adoptée par les trotskistes aux États-Unis peu avant l'entrée de leur pays dans la Seconde guerre mondiale.

1 Contexte

Les États-Unis étaient depuis longtemps dans une politique isolationniste, se concentrant sur leurs affaires intérieures.

Dans les années 1930, le sentiment majoritaire, y compris dans la classe ouvrière, est un pacifisme opposé à certains secteurs de la classe dominante qui veulent passer à une politique interventionniste en Europe. En 1937, Trotski préconise de dialoguer avec ce sentiment en soutenant l'amendement Ludlow qui prévoit qu'un référendum doit être réalisé avant toute entrée en guerre.

Cet amendement est mis en échec, et bientôt, après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, la bourgeoisie prépare le pays à la guerre, insistant sur le péril nazi pour convaincre l'opinion. Trotski va alors adapter ses conseils au SWP et préconiser une « politique militaire prolétarienne » pour dialoguer avec le nouveau sentiment majoritaire.

2 La nouvelle ligne

Il s'agissait de populariser l'idée que l'on ne peut faire aucune confiance à classe dominante pour mener la guerre contre l'Axe sans y poursuivre de politique impérialiste, et surtout de promouvoir l'organisation des soldats du rang, issus des classes populaires, à part du commandement, en popularisant l'objectif de transformer la guerre en lutte pour le socialisme.

On retrouve dans la Manifeste d'Alarme[1] ou le Programme de transition des formules qui font référence à la nouvelle situation, bien que dans leur contenu elles ne font reprendre des axes programmatiques de Lénine[2] et de la période révolutionnaire de l'Internationale communiste :

Il faut arracher, une fois pour toutes, la libre disposition du destin des peuples des mains des cliques impérialistes avides et impitoyables qui agissent derrière le dos des peuples. En accord avec cela, nous revendiquons:

– Abolition complète de la diplomatie secrète; tous les traités et accords doivent être accessibles à chaque ouvrier et paysan.

– Instruction militaire et armement des ouvriers et des paysans sous le contrôle immédiat des comités ouvriers et paysans.

– Création d'écoles militaires pour la formation d'officiers venus des rangs des travailleurs, choisis par les organisations ouvrières.

– Substitution à l'armée permanente, c'est-à-dire de caserne, d'une milice populaire en liaison indissoluble avec les usines, les mines, les fermes, etc.

La guerre impérialiste est la continuation et l'exacerbation de la politique de pillage de la bourgeoisie; la lutte du prolétariat contre la guerre est la continuation et l'exacerbation de sa lutte de classe. L'apparition de la guerre change la situation et partiellement les procédés de lutte entre les classes, mais ne change ni les buts ni la direction fondamentale de celle-ci.[3]

3 L'entrée en guerre

C'est finalement lorsque les États-Unis seront directement touchés par l'expansionnisme japonais dans le Pacifique (Pearl Harbor) qu'ils entreront en guerre.

4 Critiques et débats

Certains auteurs marxistes comme Perry Anderson ont reproché à Trotski d'avoir été totalement neutre face aux deux camps de la Seconde guerre mondiale (Alliés et Axe). D'autres, comme le courant trotskiste de la Ligue communiste internationale (spartaciste), d'avoir abandonné le défaitisme révolutionnaire et de s'être adapté au « camp démocratique ».[4]

5 Notes