Plans d'austérité actuels

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Cette page recense les plans d'austérité qui découlent de la crise ouverte depuis 2007-2008, et en particulier de la crise de la dette.

1 Europe

1.1 Royaume-Uni

À la suite des élections législatives de 2010, la coalition des libéraux-démocrates et des conservateurs anonce un plan d'austérité consistant à réduire le budget de l'État de 6,2 milliards de livres (7,2 milliards d'euros)[1]. Le professeur Iain Begg de la London School of Economics commente : « Ces 6 milliards d'économie ne sont pas très lourds, puisqu'ils ne représentent que 1 % des dépenses de l'État, mais c'est un signal important de la part du gouvernement, pour montrer aux marchés financiers qu'il s'est décidé à s'attaquer au problème »[1]. L'objectif est de « réduire à néant le déficit budgétaire qui était de l'ordre de 10,1 % du PIB au moment des dernières élections législatives. »[2]

À la suite du vote de ce plan d'austérité, les LibDems, accusés d'avoir sacrifié leurs promesses de campagne, connaissent une importante baisse de popularité, mais globalement les britanniques sont résignés : 58 % des sondés en octobre 2010 considéraient qu'il n'y a pas d'alternative au plan d'austérité[3].

1.2 Belgique

L'austérité était déjà annoncée mi-2009[4], et le Bureau du Plan avait annoncé peu avant les élections, que pour remettre les finances publiques dans un état stable, des économies d'au moins 22 milliards d'euros seraient nécessaires. Mais la forte instabilité politique de la Belgique suite aux élections a beaucoup retardé les mesures. Les discussions sur les modalités sont en cours[5].

1.3 Grèce

Suite à l'annonce d'un nouveau plan d'austérité par le parlement grec et le gouvernement mené par Georges Papandréou le 5 mars 2010 destiné à économiser 4,8 milliards d'euros avec notamment une augmentation de la TVA qui passe à 21 %, une réduction de 30 % des primes du secteur public, le gel des pensions, et une augmentation des taxes sur l'essence, le tabac et l'alcool, une grève est entamée dans les secteurs public et privé qui va dégénérer jusqu'à des émeutes en 2011 où des manifestants protestent contre les forces de sécurité par des jets de pierres.

Liste non exhaustive de mesures :[6]

  • Hausse de la TVA : de 13% à 23%
  • Création d’un impôt de "solidarité" de 1 à 4 % en fonction des revenus, et d’un impôt supplémentaire de 3 % pour les fonctionnaires.
  • Création de nouveaux impôts et de nouvelle taxes, hausse de 10 % des taxes sur l’essence, le tabac et l’alcool
  • Suppression de 150 000 postes d’ici à 2015 ( plus de 20%)
  • Gel ou réduction (jusqu’à 20 %) des salaires dans la fonction publique
  • Amputation des pensions de retraites de 7 % en moyenne.
  • Recul de l’âge de départ à la retraite de 60 à 67 ans d’ici à 2014.
  • Suppression des allocations de solidarité pour les chômeurs de longue durée, les salariés à faible revenu, les retraités, les paysans, etc.
  • Réduction des allocations de solidarité pour les handicapés.
  • Privatisations :
    • Vente (au rabais) au plus offrant des terrains publics dans des zones touristique
    • Vente de 10 % d’OTE, la société nationale de téléphonie, à son actionnaire principal, Deutsche Telekom
    • Cession de la part de l’Etat dans la Banque postale (34 %)
    • Dans les ports du Pirée (75 %) et de Salonique (75 %)
    • Privatisation d’une partie des actifs publics dans les sociétés nationales de gaz, d'électricité, d’exploitation minière, dans les autoroutes, la poste, la loterie nationale...

1.4 Italie

En mai 2010, le gouvernement Berlusconi adopte un premier plan d'austérité[7], approuvé le 15 juillet 2010 par le Sénat italien[8] et approuvé définitivement le 29 juillet 2010 par la Chambre des députés[9]. Son objectif est de réaliser 24,9 milliards d'euros d'économies et de ramener ainsi le déficit public de 5,3 % du PIB en 2009, à 2,7 % en 2012.

En juillet 2011, un nouveau plan de rigueur de près de 48 milliards d’euros est adopté avec l’objectif annoncé de parvenir à un quasi équilibre budgétaire en 2014 et réduire la dette, l’une des plus élevées du monde (120% du PIB). En septembre 2011, ce plan est renforcé (54,2 milliards d’euros d’ici 2013) avec notamment une hausse de la TVA, le relèvement de l’âge de la retraite des femmes dans le privé ainsi qu’une cosmétique taxe sur les riches.

En novembre 2011, Berlusconi démissionne, et le nouveau gouvernement de Mario Monti renforce le plan d’austérité.

Liste non exhaustive de mesures : [10]

  • Hausse d’un point de la TVA de 20 à 21%
  • Introduction de péages pour certaines liaisons par autoroute.
  • Augmentations de impôts locaux du fait d’une l’amputation de 9,5 milliards d’euros des transferts aux collectivités locales .
  • Les fonctionnaires pourront être mutés ou mis en disponibilité durant deux ans avec une indemnité d’environ 80% de leur salaire, et ce dans les administrations dont les effectifs sont en excédent.
  • Gel sur 3 ans du salaire des fonctionnaires
  • À partir du 1er janvier 2013, l’âge de la retraite pour les fonctionnaires féminines est porté à 65 ans. D’autres augmentations de l’âge de la retraite sont prévues à partir de janvier 2015. Il est prévu d’augmenter encore l’âge de la retraite dès le 1er janvier 2019, puis de nouveau tous les trois ans.
  • Réduction des subventions aux collectivités locales
  • Augmentation de l‘âge du départ à la retraite pour les femmes travaillant dans le privé : de 60 ans à 65 ans et ce dès 2014
  • L’âge de départ en retraite dans le cadre des « pensions de vieillesse » augmentera à 67 ans, contre 65 ans actuellement.
  • Les collectivités locales devront ouvrir les services publics locaux comme l’énergie, les transports, l’eau, et le traitement des déchets déchets à la concurrence et réduire leur participation dans les sociétés gérant ces services.
  • L’État devra vendre une grande partie de ses possessions immobilières.
  • L’apprentissage, le temps partiel et le télétravail sont favorisés par incitation fiscale. Les ordres professionnels seront réformés et les tarifs minimums abolis.
  • Dans un second temps, le gouvernement promet aux patrons Italiens des mesures visant à faciliter les licenciements.

1.5 Roumanie

Annoncé début mai 2010 par le gouvernement d'Emil Boc, le plan d'austérité roumain prévoit, afin de ramener le déficit public à 6,8 % pour 2010, une réduction de 25 % des salaires dans la fonction publique et de 15 % des allocations de chômage, de retraite et de congé de maternité. Il rencontre rapidement une forte opposition, conduisant notamment à une manifestation d'ampleur le 19 mai 2010[11]. Cela n'empêche toutefois pas le gouvernement d'adopter, le 26 mai, ce plan d'austérité « convenu avec le FMI »[12].

Le même jour, les syndicats annoncent pour début juin, jour où le Parlement « débattra des mesures soutenues par le FMI », la tenue d'une grève générale « pour protester contre le plan d'austérité décidé par le gouvernement en échange d'une aide de vingt milliards d'euros du FMI ». Les enseignants quant à eux prévoient une grève illimitée à partir du 31 mai[13].

À partir du 31 mai 2010, la mobilisation contre le plan d'austérité, essentiellement le fait de fonctionnaires et de retraités, prend donc de l'ampleur et se traduit par des manifestations et des grèves[14].

Le 26 juin, la Cour constitutionnelle invalide une partie du plan d'austérité, estimant la réduction des allocations de retraites inconstitutionnelle. On s'attend donc à une nouvelle copie du gouvernement, probablement dans le sens d'une augmentation du taux d'imposition unique et de la TVA[15].

1.6 France

1.7 Espagne

1.8 Irlande

Différents plans d'austérité se sont succédés en Irlande.[16] Mais le marché du travail et la fiscalité d'entreprises était déjà parmi les plus attractifs d'Europe. La situation sociale en Irlande s'est surtout dégradée du fait de l'éclatement de l'énorme bulle de croissance fondée sur la bulle immobilière.

  • Augmentation de l’impôt sur le revenu
  • Mise en place d’une taxe carbone, ainsi que d’autres sur l’eau (jusque ici gratuite) et la propriété
  • Suppression de 25 000 postes de fonctionnaires (sur 250 000) et gel des embauches
  • Coupes budgétaires s’élevant à 10 milliards d’euros d’ici à 2014 dans la fonction publique
  • Baisse des salaires jusqu’à 15 % (notamment parmi les enseignants et les forces de police)
  • Réduction de 4 % des pensions des retraités du secteur public supérieures à 12 000 euros par an
  • Baisse du salaire minimum de 11,6 %. Soit 1€ de baisse (de 8,65 à 7,65 euros)
  • Recul de l’âge de la retraite, de 65 à 66 ans en 2010, et à 68 ans en 2018
  • Réduction de 25 % des budgets de la santé et des services sociaux d’ici à 2014

1.9 Lettonie

1.10 Portugal

La classe laborieuse portugaise a déjà subi 4 plans d'austérité en 2 ans.[17]

En mars 2010 le gouvernement "socialiste" de Socrates annonce un programme de stabilité et de croissance (PEC) pour ramener le déficit sous la barre des 3% d’ici 2013 et d’amorcer une réduction de la dette (76,6% du PIB). Dans l'immédiat, le ministre des finances, Teixeira dos Santos, a également annoncé une série de décisions pour garantir la réduction du déficit à 7,3 %, notamment le gel jusqu'à la fin de l'année des investissements publics non encore engagés. Le gouvernement annonce de nouvelles mesures pour le budget 2011 en septembre 2010.[18]

Mais Jean-Claude Junker, chef de file des ministres des finances de la Zone Euro, a rappelé que l'essentiel est dans la dévalorisation de la force de travail : «Nous exhortons les autorités portugaises à soutenir les mesures budgétaires par des réformes structurelles supplémentaires, susceptibles de renforcer le potentiel de croissance» Ces réformes devront "se concentrer sur la suppression des rigidités du marché du travail et de la formation des salaires", ainsi que sur l'amélioration "de la productivité afin que le Portugal puisse inverser le déclin de compétitivité" qu'il connaît.

En mars 2011, le Premier ministre José Socrates démissionne après le rejet de son quatrième programme d’austérité. En octobre 2011, le nouveau gouvernement ("social-démocrate", encore plus à droite) de Pedro Passos Coelho présente un budget 2012 d’austérité renforcée.

Une liste non exhaustive de mesures :

  • TVA augmentée de deux points et portée à 23%, même sur le gaz et l'électricité où elle était à 6%
  • une demi-heure de temps de travail en plus dans le privé
  • non remplacement d'un fonctionnaire sur deux
  • hausse de 15% des tarifs des transports
  • baisse de 27% du traitement des fonctionnaires et gel de leur salaire sur 4 ans
  • gel des retraites
  • réduction de la durée et du montant des allocations-chômage
  • âge de départ en retaite passé de 60 ans en 2005 à 65 ans, avec 40 ans de cotisations
  • réduction de 20 % des allocations du revenu social d’insertion (RSI)et durcissement des conditions (97 000 personnes l'ont perdues dans les trois premiers mois de l’année).
  • 20% des étudiants (plus de 12 000) ont perdu leur droit à la bourse
  • plus de 13 000 enfants ont perdu la revalorisation des allocations familiales due à leur handicap
  • Accélération du programme de privatisations d'une trentaine d’entreprises publiques ou parapubliques devant rapporter 5,5 milliards d’euros d’ici 2013. Il comprendra notamment la compagnie aérienne nationale TAP, Aéroports du Portugal (Ana), la poste CTT et un désengagement du capital du groupe électrique EDP, comme de Galp Energia (pétrole et gaz) et de REN (réseau électrique).

1.11 Au niveau de l'Union européenne

Le programme européen d'aide alimentaire aux pauvres sera réduit de 75 % en 2012.

La bureaucratie de la Confédération européenne des syndicats (CES) ne veut évidemment pas être accusée de ne pas réagir face à une attaque qui est commune à tous les pays européens. Elle a donc appellé à une Journée d'action européenne le mercredi 29 septembre 2010 avec une euro-manifestation à Bruxelles[19].

À terme, selon le centre de recherche économique CEE Council, le retour à l’orthodoxie financière prôné par le gouvernement allemand et la BCE et la politique de rigueur généralisée qui en découle nécessiteront une révision du traité de Lisbonne, car ils pourraient avoir pour conséquence de réduire les prérogatives budgétaires et fiscales des États-membres au-delà des dispositions du traité dans sa forme actuelle.[20]

2 Amérique

2.1 États-Unis

Barack Obama annonce en août 2011 un grand plan d'austérité sur les années à venir[21]. Il est le fruit d'un accord au sommet entre les deux grands partis bourgeois (républicains et démocrates). Il s'agirait d'économiser 2 100 000 000 000 $US, dont 900 milliards immédiatement et entre 1,2 et 1,5 billions au cours des dix prochaines années. Les mesures précises sont négociées par un comité de républicains et de démocrates, mais l'accord prévoit que si le comité n'arrive pas à se mettre d'accord, les dépenses diminueront tout de même automatiquement.

3 Notes et sources

  1. 1,0 et 1,1 « Premières coupes dans le budget britannique », Le Figaro Économie, 25 mai 2010, p. 23.
  2. « L'Europe se serre la ceinture », 7 octobre 2010
  3. « 58 % des Britanniques favorables au plan d'austérité », Le Télégramme, 22 octobre 2010.
  4. Guy Vanhengel : "Ce sera l’austérité absolue...", Le Soir en ligne, 29/07/2009
  5. http://www.lalibre.be/actu/crise-politique/article/700420/epure-budgetaire-ce-qu-elio-di-rupo-propose.html
  6. http://www.tantquil.net/2011/11/12/liste-des-mesures-des-plans-dausterite-en-grece-alors-que-la-majorite-de-la-classe-politique-extreme-droite-comprise-sallie-contre-les-prolos/
  7. L'Italie adopte un plan d'austérité de 24 milliards d'euros, Le Monde en ligne, 25/05/2010
  8. Italie, austérité pour les pauvres, l'Humanité en ligne, 16/07/2010
  9. L'Italie vote un plan d'économies de 25 milliards et entérine sa réforme des retraites, La Tribune en ligne, 29/07/2010
  10. http://www.tantquil.net/2011/11/13/details-de-mesures-des-plans-dausterite-en-italie-berlusconi-est-parti-et-ca-ne-change-rien/
  11. Roumanie : climat social explosif contre la pire cure d’austérité de l’Union européenne, Le Courrier des Balkans, 18 mai 2010
  12. Roumanie : le plan d'austérité adopté, Le Figaro en ligne, 26 mai 2010
  13. Grève générale contre l'austérité début juin en Roumanie, Reuters, 26 mai 2010
  14. Les Roumains fâchés avec le plan d’austérité, France Info en ligne, 1er juin 2010
  15. Roumanie : revers pour le plan d'austérité, l'aide du FMI est repoussée, RTBF en ligne, 26 juin 2010
  16. http://www.tantquil.net/2011/11/11/details-des-mesures-dausterite-en-irlande-le-vent-de-lausterite-sest-levenormal-que-les-jeunes-fuient-le-pays/
  17. http://www.tantquil.net/2011/11/09/portugal-une-generation-de-galeriens/
  18. http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/09/30/le-portugal-a-l-heure-de-l-austerite_1417967_3214.html
  19. http://www.etuc.org/a/7406
  20. Nicolas Firzli, « Greece and the EU Debt Crisis », The Vienna Review de mars 2010
  21. Austérité made in USA : « Obama a surpassé Reagan »