Différences entre les versions de « Planification économique »

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== Une nécessité urgente ==
 
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Il est difficile d'étudier la structure de la production capitaliste, car elle se remodèle constamment et étant une somme de "propriétés privées", elle n'est recensée par personne. A y mettre le nez dedans, on se rend pourtant vite compte du vrai désordre mondial qu'elle représente. Chaque grande entreprise rationalise sa production et l’organigramme de ses différentes usines, elle le fait en concurrence avec tous les autres, ce qui engendre des absurdités sans nom du point de vue de l'humanité :
 
Il est difficile d'étudier la structure de la production capitaliste, car elle se remodèle constamment et étant une somme de "propriétés privées", elle n'est recensée par personne. A y mettre le nez dedans, on se rend pourtant vite compte du vrai désordre mondial qu'elle représente. Chaque grande entreprise rationalise sa production et l’organigramme de ses différentes usines, elle le fait en concurrence avec tous les autres, ce qui engendre des absurdités sans nom du point de vue de l'humanité :
  
*Chaque année, 60 000 tonnes de poulets sont importées par le Royaume-Uni depuis les Pays-Bas, tandis que les Pays-Bas importent, eux, 30 000 tonnes de poulets britanniques qui voyagent dans l’autre sens.
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*Chaque année, 60 000 tonnes de poulets sont importées par le Royaume-Uni depuis les Pays-Bas, tandis que les Pays-Bas importent, eux, 30 000 tonnes de poulets britanniques qui voyagent dans l’autre sens.  
*dans le domaine des téléphones satellitaires, deux compagnies (Iridium et Globastar) ont lancé des dizaines de satellites pour couvrir en double la planète
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*dans le domaine des téléphones satellitaires, deux compagnies (Iridium et Globastar) ont lancé des dizaines de satellites pour couvrir en double la planète  
*plus de 7000 camions relient chaque jour les 25 sites européens du groupe Renault
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*on peut trouver à Pointe-à-Pitre des oranges venues d’Afrique du Sud, après avoir transité parfois par Rungis, alors qu’on en cultive en Amérique Centrale ou dans la proche Floride…
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*on peut trouver à Pointe-à-Pitre des oranges venues d’Afrique du Sud, après avoir transité parfois par Rungis, alors qu’on en cultive en Amérique Centrale ou dans la proche Floride…  
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*au fil des fusions et des rachats de sous-traitants dans l’industrie automobile, des pièces de moteurs ont pu venir du Brésil ou des États-Unis pour être assemblées en Europe sur des véhicules Renault ou Volkswagen tandis que des pièces équivalentes traversaient l’océan Atlantique dans l’autre sens pour être montées sur des véhicules Mack, Ford ou General Motors.
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*au fil des fusions et des rachats de sous-traitants dans l’industrie automobile, des pièces de moteurs ont pu venir du Brésil ou des États-Unis pour être assemblées en Europe sur des véhicules Renault ou Volkswagen tandis que des pièces équivalentes traversaient l’océan Atlantique dans l’autre sens pour être montées sur des véhicules Mack, Ford ou General Motors.  
  
 
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Le marché capitaliste est au contraire une source permanente de tyrannie, même si elle a l'avantage de paraître a priori sans tyrans. Par exemple :
 
Le marché capitaliste est au contraire une source permanente de tyrannie, même si elle a l'avantage de paraître a priori sans tyrans. Par exemple :
  
*Le marché des [[Dettes_publiques|dettes publiques]] et des [[Taux_d'intérêt|taux d'intérêts]] est une pression permanente sur les Etats dominés, et sur les restes de l'Etat-providence en général. Que peut le meilleur des gouvernements démocrates s'il doit d'emblée gérer un budget rétréci ?
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*Le marché des [[Dettes_publiques|dettes publiques]] et des [[Taux_d'intérêt|taux d'intérêts]] est une pression permanente sur les Etats dominés, et sur les restes de l'Etat-providence en général. Que peut le meilleur des gouvernements démocrates s'il doit d'emblée gérer un budget rétréci ?  
*Le [[Marché_du_travail|marché du travail]] et le [[Chômage|chômage]] de masse sont des fléaux pour le prolétariat, que personne n'a décidé démocratiquement.
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*Le [[Marché_du_travail|marché du travail]] et le [[Chômage|chômage]] de masse sont des fléaux pour le prolétariat, que personne n'a décidé démocratiquement.  
*Lorsque le marché engendre gâchis de masses et pollutions dans la production, quelle liberté pour les exploités ?
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*Lorsque le marché engendre gâchis de masses et pollutions dans la production, quelle liberté pour les exploités ?  
*Quand se produit une intoxication alimentaire et que les responsabilités sont noyées dans un enchevêtrement d'intermédiaires, où est le marché optimal et démocratique ?
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== Planification et efficacité ==
 
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== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
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Pour la réflexion :
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*Dianel Elson, [http://www.preavis.org/breche-numerique/article387.html ''Pour la socialisation du marché''], Critique communiste, n° 106-107, avril-mai 1991
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*Maxime Durand, [http://www.preavis.org/breche-numerique/article1003.html ''Planification : 21 thèses pour ouvrir le débat''], Critique communiste, n° 106-107, avril-mai 1991
  
 
[http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky-62/article/ecologie-nature-ravagee-planete-6363 ''Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !''], Cercle Léon Trotsky
 
[http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky-62/article/ecologie-nature-ravagee-planete-6363 ''Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !''], Cercle Léon Trotsky
  
 
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Version du 7 septembre 2016 à 00:23

Planification.png

La planification de l'économie est un objectif des communistes révolutionnaires, afin d'utiliser les moyens de production pour répondre aux besoins de la population et minimiser les dégâts écologiques.

1 Une nécessité urgente

Le capitalisme et sa logique de concurrence pour le profit est incapable de répondre aux besoins sociaux, et au contraire sa crise menace toujours plus d'approfondir les crises sociales. A cela s'ajoute le fait que cette logique, pour les biens qu'elle juge rentable de produire, génère d'incroyables gâchis de travail humain et de ressources naturelles, multipliant les risques écologiques locaux et globaux. Seule une planification socialiste, c'est-à-dire une gestion démocratique de l'économie, peut rationaliser les forces productives de l'humanité.

1.1 Crise sociale permanente

A l'heure actuelle, la productivité du travail de l'humanité lui permettrait largement de satisfaire les besoins sociaux. La famine est une aberration : tandis que les capitalistes de l'agroalimentaire tendent à la surproduction par rapport à la demande solvable, 800 millions d'êtres humains ont faim et 25 000 meurent chaque jour, et quasiment autant meurent d'avoir pu de l'eau non potable. Ce sont des assassinés. Le discours dominant qui regrette seulement qu'il y ait des "pays en développement" est une hypocrisie : les gouvernements des vieux pays impérialistes (USA, UE) sont les principaux responsables de l'oppression néocoloniale qui maintient des peuples entiers dans la misère. Le capitalisme ne développe pas le Tiers Monde, ce n'est pas assez rentable.

Le pouvoir des travailleurs permettrait au contraire de developper rapidement les pays opprimés, sans passer par les déboires du développement capitaliste qu'ont connu les peuples occidentaux. Sans la concurrence entre multinationales, il pourrait y avoir un partage immédiat des meilleures technologies en matière d'énergie, de traitement d'eau, de médicaments, de construction... Sans les dettes et l'exploitation, il y aurait enfin la possibilité de dépenser autant que nécessaire dans l'éducation, la santé ou la culture.

1.2 Gâchis de ressources et de travail humain

Il est difficile d'étudier la structure de la production capitaliste, car elle se remodèle constamment et étant une somme de "propriétés privées", elle n'est recensée par personne. A y mettre le nez dedans, on se rend pourtant vite compte du vrai désordre mondial qu'elle représente. Chaque grande entreprise rationalise sa production et l’organigramme de ses différentes usines, elle le fait en concurrence avec tous les autres, ce qui engendre des absurdités sans nom du point de vue de l'humanité :

  • Chaque année, 60 000 tonnes de poulets sont importées par le Royaume-Uni depuis les Pays-Bas, tandis que les Pays-Bas importent, eux, 30 000 tonnes de poulets britanniques qui voyagent dans l’autre sens.
  • dans le domaine des téléphones satellitaires, deux compagnies (Iridium et Globastar) ont lancé des dizaines de satellites pour couvrir en double la planète
  • plus de 7000 camions relient chaque jour les 25 sites européens du groupe Renault
  • on peut trouver à Pointe-à-Pitre des oranges venues d’Afrique du Sud, après avoir transité parfois par Rungis, alors qu’on en cultive en Amérique Centrale ou dans la proche Floride…
  • dans les zones où la concurrence est rude entre opérateurs de télécom, il y a un double réseau d'antennes relais
  • au fil des fusions et des rachats de sous-traitants dans l’industrie automobile, des pièces de moteurs ont pu venir du Brésil ou des États-Unis pour être assemblées en Europe sur des véhicules Renault ou Volkswagen tandis que des pièces équivalentes traversaient l’océan Atlantique dans l’autre sens pour être montées sur des véhicules Mack, Ford ou General Motors.

Dans le domaine des transports, l'absurdité est particulièrement criante. Un nombre incalculables de poids lourds et de navires porte-conteneurs pourraient être évités si les moyens de production et de transports étaient planifiés rationellement.

Par ailleurs, c'est la logique même du capitalisme qui a conduit au tout-voiture, et qui a réorganisé complètement la vie de millions de travailleurs, par exemple en concentrant les produits les moins chers dans les hypermarchés en périphérie des villes. Les Etats ont encouragé ce mouvement, en finançant massivement les réseaux routiers, et en parallèle en délaissant les transports collectifs. En France, à force de fermetures de lignes, le réseau SNCF voyageurs est aujourd’hui revenu à sa longueur des années 1890.

2 Planification et démocratie

Déjà du temps de Marx, de nombreux idéologues bourgeois se sont attaqués au socialisme en prétendant que le capitalisme véhicule la démocratie et que s'y opposer c'est nécessairement tomber dans une tyrannie. En niant les classes, ils défendent la "propriété privée" en général, et donc font passer l'expropriation des moyens de production pour une atteinte à la liberté.

La tragique dégénérescence stalinienne de l'URSS a ensuite donné l'occasion aux pro-capitalistes de dire que la planification implique un Etat bureaucratique et dictatorial. Il est indéniable que le fait de posséder tous les principaux moteurs de l'économie a donné un pouvoir considérable à la nomenklatura stalinienne. Mais si elle a pu s'accaparer ce pouvoir, c'est d'abord du fait de l'échec de la révolution mondiale, qui a laissé la Russie dans un état de misère, tuant la démocratie soviétique.

De façon générale, libre marché ou pas, les pays pauvres ont toujours eu tendance à être dirigés par un régime non démocratique : dictatures africaines, Amérique Latine et Asie oscillant entre dictatures et pseudo-démocraties... Dans ces conditions, sous-entendre que sans les communistes la Russie tsariste aurait connu une démocratisation tranquille est plus qu'hasardeux.

Le marché capitaliste est au contraire une source permanente de tyrannie, même si elle a l'avantage de paraître a priori sans tyrans. Par exemple :

  • Le marché des dettes publiques et des taux d'intérêts est une pression permanente sur les Etats dominés, et sur les restes de l'Etat-providence en général. Que peut le meilleur des gouvernements démocrates s'il doit d'emblée gérer un budget rétréci ?
  • Le marché du travail et le chômage de masse sont des fléaux pour le prolétariat, que personne n'a décidé démocratiquement.
  • Lorsque le marché engendre gâchis de masses et pollutions dans la production, quelle liberté pour les exploités ?
  • Quand se produit une intoxication alimentaire et que les responsabilités sont noyées dans un enchevêtrement d'intermédiaires, où est le marché optimal et démocratique ?

3 Planification et efficacité

Face à l'idée de planification, les zélateurs bourgeois défendent le désordre capitaliste en invoquant Adam Smith et la théorie du marché comme économie optimale. Mais il y a eu des crises économiques de plus en plus brutales, et des périodes de stagnation qui semblaient insurmontables (fin 19e, années 1930...), qui ont aidé l'idée de planification à gagner du terrain. En particulier, pendant la Grande dépression des années 1930, l'URSS n'était pas affectée par la crise capitaliste mondiale et affichait des taux de croissance records.

Plus généralement, les économies planifiées du Bloc de l'Est se sont industrialisées rapidement par rapport aux pays aussi pauvres au départ et ayant un marché ouvert.[1] Et cela alors que c'était de la planification bureaucratique, qui engendre nécessairement une baisse d'efficacité. Car sans démocratie, il y a un retrait de l'implication des travailleurs et donc un système aveugle provoquant des absurdités.

4 Perpsective historique

4.1 Premières planifications

La planification n'a pas vraiment de sens pour les premières sociétés, dont l'économie était si rudimentaire qu'il n'y avait pas grand chose à planifier. Mais de fait il y a toujours eu à l'origine une grande part d'organisation collective. Les chasseurs-cueilleurs nomades décidaient collectivement quand et comment se procurer et distribuer leur nourriture (communisme primitif). Lorsque les premières divisions du travail ont été possible, il s'agissait avant tout de répondre à des besoins directs de la collectivité (artisanat pour la production d'outils...).

On ne peut pas parler de planification pour l'agriculture primitive, aléatoire et centrée sur des familles/lignages, mais pour tout ce qui relevait de toute la communauté (grands travaux, infrastructures...), la décision était collective. L'apparation des sociétés de classes (révolution urbaine) a fait reculer la démocratie mais renforcé la division du travail. Les classes dominantes ont érigé des Etats qui ont eu recours à de véritables planifications bureaucratiques, notamment dans le domaine des infrastructures de transport, de communication, dans l'armée...

Parallèlement et de façon tout sauf linéaire, des couches de la population sont apparues qui comptaient toujours plus sur le développement du marché : les marchands, les artisans, les banquiers... Parmi certains artisans, à des périodes où le commerce était florissant, on commençait à produire "pour le marché", c'est-à-dire sans savoir a priori contre quoi, en échangeant contre de l'argent, qui permettrait ensuite de se procurer les marchandises d'autres personnes ayant vendu "à l'aveugle", etc... Ce processus est très ancien, mais pendant longtemps il a été trop fragile pour être le moteur de la société. Il suffisait que les noblesses dirigeantes mettent des entraves à leur développement, directement ou par des guerres tuant les échanges, pour que l'on se réfugie dans le troc de proximité.

4.2 La "main invisible" de la société bourgeoise

Avec le développement sans précédant de l'échange marchand dans l'Europe de l'époque moderne, les caractéristiques capitalistes commencent à se dessiner, particulièrement dans les pays les plus intégrés à cette "mondialisation" naissante (Angleterre, Pays-Bas...). La division du travail s'accentue, et comme même à s'internationaliser. C'est la classe bourgeoise qui a un rôle dirigeant dans cette transformation de l'économie, et même si elle s'appuie sur son Etat, elle tient à sa "liberté d'entreprendre". Ces entrepreneurs se mettaient à produire avant tout pour dégager un profit, et le résultat fut une augmentation rapide du surproduit social, surtout après la révolution industrielle.

De fait, la bourgeoisie avait un rôle progressiste, à la fois dans le développement des forces productives et dans les idées. C'est ce constat qui poussa Adam Smith à théoriser les bienfaits du "marché libre" : à rebours de toute planification, la concurrence des capitalistes génèrerait d'elle-même le meilleur des résultats possibles, comme si une "main invisible" guidait le marché. Comme Marx le reconnaîtrait, Smith était brillant et il avait commencé à découvrir quelques lois du nouveau mode de production. Mais ce système allait s'avérer bien moins harmonieux que prévu. Il avait en réalité de profondes contradictions internes, qui allaient générer d'un côté une concentration des capitaux et de la liberté, de l'autre une concentration de la pauvreté et de l'aliénation. Et la nouvelle classe dominante allait bien sûr devenir la très réactionnaire gardienne de ce système.

4.3 Les planifications partielles dans le capitalisme

Cependant, le libre-marché ne reste pas dans un état stationnaire, mais conduit à une centralisation du capital en des industries et entreprises de plus en plus grandes. Même si cela conduit davantage à des oligopoles qu'à des monopoles, on assiste à une « socialisation objective » de plus en plus forte. Les travailleur-se-s font de fait partie d'un immense réseau interdépendant et très productif, mais l'appropriation de leur travail reste privée.

Dans un certain nombre de domaines, les capitalistes privés ne réalisaient pas les investissements nécessaires pour répondre aux exigences du prolétariat, ou à l'intérêt général des capitalistes. C'est pourquoi les Etats bourgeois ont souvent nationalisé les réseaux de chemins de fer, les réseaux électriques, les hopitaux...

Par ailleurs, le domaine militaire est par nature celui qui reste le plus chapeauté par l'Etat, même bourgeois. Plus généralement, en tant de guerre, les Etats ont tendance à nationaliser des pans entiers de l'économie afin de planifier la production en fonction de ses besoins impératifs.

Au cours du 20e siècle, en particulier, les guerres et les grandes crises de l'époque impérialiste ont fortement ébranlé le crédo libéral et pour beaucoup de politiciens et d'économistes (keynésiens notamment) il devenait évident qu'un interventionnisme étatique était nécessaire. Les diverses directions réformistes social-démocrates ou staliniennes ont par ailleurs soutenu cette aile de la bourgeoisie, en présentant cet interventionnisme comme un pas vers le socialisme, alors que c'était avant tout un étai pour le capitalisme.

Ainsi en France, dans l'Après-guerre, il y avait au sommet de la hiérarchie administrative un Commissariat général du Plan, qui exerçait une forme de dirigisme et de planification incitative.

Avec le tournant néolibéral, ce genre d'organes politiques ont partout été réduits à des structures d'études prospectives, tandis que les contrôles et règlementations sur les entreprises ont tendu à être levés. Néanmoins, le terme de planification est encore très présent dans le discours public, même s'il se borne à des études (rendues difficile car estimées à partir des tendances non voulues du marché[2]) et à des moyens incitatitfs.

4.4 Le socialisme : l'humanité maîtrisant ses propres forces

L'idée centrale du socialisme, c'est de mettre l'économie au service de l'intérêt général, en résolvant la question sociale (misère, inégalités...). Les ruptures entre grands courants du socialisme se sont faites sur les moyens d'y parvenir. Parmi les courants utopistes, une grande partie rêvent de communautés organisées autour de patrons d'usines généreux (Fourier, Owen...), ou d'une société de petits producteurs (Proudhon). D'autres cherchent davantage la solution dans une organisation plus juste et rationnelle de l'industrie (Saint-Simon, Louis Blanc, Blanqui, Bakounine, Marx..).

Marx s'inscrit dans le courant collectiviste, et il met l'accent sur le fait que la collectivisation ne peut venir que de la classe ouvrière. Le courant marxiste veut donc réaliser une planification démocratique par l'ensemble des producteurs/rices, c'est-à-dire une réelle gestion ouvrière de l'industrie.

5 Notes et sources

Pour la réflexion :

Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !, Cercle Léon Trotsky