Patronat

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Le patronat désigne l'ensemble des patrons et leurs intérêts communs. C'est le coeur de la classe capitaliste (bourgeoisie), qui est directement (dans les entreprises) dans un rapport d'exploitation avec les travailleurs-es.

1 Encadrement et domination

On peut distinguer deux "composantes" dans le rôle d'un patron :

  • un rôle d'encadrement, sur un plan technique (coordination de la production, gestion des approvisionnements...)
  • un rôle d'exploiteur, sur un plan social (celui qui possède les moyens de production face à ceux qui vendent leur force de travail, les prolétaires)

« Dans le système capitaliste le travail de direction et de surveillance présente les deux aspects que nous avons signalés plus haut - non seulement il est la conséquence de l'antagonisme de classes, conséquence de l'asservissement du travail au capital, mais il est directement et indissolublement lié aux fonctions productives, qui doivent être assignées à quelques individus dans toute production sociale basée sur le travail combiné d'un grand nombre. »[1]

Ces deux composantes ont beaucoup varié dans leur forme au cours de l'histoire du capitalisme. A ses débuts, avec des usines de taille modeste, ces deux rôles étaient fusionnés et incarnés dans un seul homme, le capitaliste industriel. Mais rapidement, de grands capitaux se sont formés, par concentration et centralisation, et les capitalistes ont commencé à embaucher des directeurs pour remplir les tâches techniques à leur place, et à posséder plusieurs usines avec chacune un directeur...

Marx constatait :

« Après chaque crise on voit en Angleterre nombre d'ex-fabricants devenir directeurs des fabriques dont ils étaient précédemment propriétaires et qu'ils dirigent ensuite, moyennant un traitement peu élevé, pour le compte de leurs créanciers »[1]

Dans ce cas, on peut considérer que le directeur concentre plutôt le rôle d'encadrement, et le capitaliste (devenant peu à peu surtout un financier) le rôle d'exploiteur.

Cette distinction se répercute sur l'analyse du revenu :

  • Le capitaliste détermine son revenu sur les profits qu'il tire de l'exploitation.
  • Le directeur reçoit un salaire qui est la rémunération de son travail qualifié.

Bien sûr, ces distinctions ne sont pas présentes de façon "chimiquement pure" dans la réalité. Dans un grand groupe d'aujourd'hui, il n'y a pas que le président directeur général (PDG) qui tire son revenu des profits. Les directeurs de branches, de filiales, de sites... voire toute une partie des cadres supérieurs reçoivent une part des profits. On a vu aussi l'encouragement de "l'actionnariat salarial" pour susciter un "intéressement". Mais pour la plupart des salariés, ce sont des miettes négligeables, qui ne sont là que pour tenter de masquer la frontière entre ceux ont vraiment le
capital et les autres.

2 Liens entre patronat, médias et politiciens

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3 Autogestion, auto-organisation

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Depuis sa naissance, le capitalisme a nourrit la lutte des classes. Celle-ci a pris des formes différentes, et des objectifs différents selon les courants socialistes qui mènent la bataille. Une des plus anciennes formes de lutte contre le patronat est le mouvement des coopératives. Il s'agit pour les travailleurs de créer ou reprendre des entreprises en autogestion.

En général cela prend la forme d'une opposition "au patron". Mais il est intéressant de noter que le rôle technique peut parfois être dissocié du rôle de capitaliste. Friedrich Engels relevait par exemple :

« Je connais un cas où un fabricant ayant fait faillite après la crise de 1868 devint directeur salarié pour compte de ses anciens ouvriers, qui s'étaient constitués en société coopérative et avaient repris la fabrique après la faillite. »[1]

Pendant la révolution espagnole on a aussi vu des patrons accepter de devenir de simples salariés dans leur entreprise face à la prise de pouvoir des ouvriers révolutionnaires. Dans ce cas, le directeur n'a plus que la fonction technique et n'est plus le représentant du capital.

Les fonctions d'encadrement peuvent aussi être prises en charge collectivement par les travailleurs et ne plus reposer sur une personne en particulier. Cela dépend de la complexité de ces tâches, mais aussi de la confiance en eux-mêmes des travailleurs.

La prise du pouvoir par les travailleurs-ses à l'échelle d'une entreprise correspond à un état de combativité et de conscience de classe élevé, et c'est extrêment progressiste. Mais la limite fondamentale du coopérativisme, c'est qu'une entreprise autogérée continue à subir la pression du capitalisme : pression politique (répression, tentatives de destabilisation, boycott...), et pression économique (la concurrence avec les entreprises capitalistes oblige à s'auto-exploiter).

L'objectif stratégique des communistes révolutionnaires n'est pas opposé à l'autogestion, mais il l'intègre dans un mouvement qui doit gagner toutes les entreprises, se coordonner et renverser l'État capitaliste (auto-organisation).

4 Organisations patronales

Les patrons se sont organisés en "syndicats patronaux", principalement pour faire du lobbying auprès des gouvernements successifs.

4.1 France

En France, les principales organisations patronales furent les suivantes :

  • 1864 : création du Comité des Forges de France, par les patrons de la sidérurgie, lequel est l'ancêtre de l'UIMM
  • 1901 : création de l'Union des Industries métallurgiques et minières (UIMM) pour s’opposer aux réformes sociales des gouvernements radicaux
  • 1919 : création de la Confédération générale de la production français (CGPF) pour représenter tous les secteurs
  • 1936 : après les accords du Front populaire, la CGPF devient Confédération générale du patronat français
  • 1940 : Le régime de Vichy dissout la CGPF, mettant en place les comités d'organisation
  • 1945 : le Conseil national du patronat français (CNPF) est créé pour être l'interlocuteur des gouvernements
  • 1998 : le CNPF devient le Mouvement des entreprises de France (Medef) en 1998.

5 Notes et sources