Patriarcat

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Le patriarcat est la domination des hommes sur les femmes, organisée socialement. C'est une caractéristique des sociétés humaines, qui existait avant que celles-ci soient divisées en classes. L'analyse des fondements du patriarcat d'un point de vue matérialiste et son articulation avec les modes de production sont l'objets de nombreux débats dans le mouvement féministe, y compris parmi les communistes révolutionnaires.

1 Historique

1.1 Continuité avec les animaux ?

Certains soutiennent que l'étude des sociatés d'animaux (sociologie animale, éthologie) peut être utile pour l'étude de l'origine du patriarcat. En effet, étant donné que le darwinisme et la génétique nous apprennent qu'il y a de nombreux éléments de continuité entre nous et les autres animaux, il y a peut-être des éléments de continuité y compris dans certaines formes d'organisation. Cela semble par exemple vérifié pour l'interdit de l'inceste, observé chez les chimpanzés.

Mais il n'y a pour l'instant que des hypothèses difficiles à confirmer. Le point clé serait la capacité des femelles à procréer, qui les aurait placé assez tôt sous un statut de protection par la bande, et donc de contrainte. Cela aurait aussi entraîné des échanges de femelles entre groupes, façon de coopérer pour survivre à l'échelle de l'espèce.

De fait, la division sexuelle du travail est un attribut de notre espèce, homo sapiens. On ne sait pas dire actuellement si la division sexuelle du travail est apparue avant que l'homme soit biologiquement ce qu'il est aujourd'hui (vers -200 000 ans), voire avant même les premiers représentants du genre homo (- 2,5 millions d'années). Certains soutiennent  l'hypothèse que Néanderthal aurait ignoré la division sexuelle du travail, et que ce facteur aurait contribué à sa défaite face aux sapiens.

Parmi les espèces de singes qui nous sont proches, aucune ne pratique une stricte division sexuelle du travail qui éloigne notamment de manière absolue les femelles de la chasse. Mais chez plusieurs espèces, comme par exemple les chimpanzés, la femelle chasse peu et montrent moins d’appétence pour la viande - les biologistes l'expliquent par les contraintes liées à la maternité, mais aussi par le dimorphisme sexuel (différenciation biologique des sexes), beaucoup plus prononcé que chez les hommes.

Chez les singes, on constate que le dimorphisme sexuel favorise des stratégies alimentaires différentes (mais il ne faut pas confondre cela avec la division sexuelle du travail : ces stratégies alimentaires différentes ne conduisent pas à des transferts réguliers et codifiés de nourriture d’un sexe vers l’autre).

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Certains babouins et macaques présentent l’image de mâles exerçant un strict contrôle sur des femelles soumises. Chez les orangs-outangs, le mâle, associé sur un vaste territoire à plusieurs femelles vivant chacune dans leur zone propre, s’investit très peu dans la progéniture. Chez les gorilles un mâle adulte est à la tête d’un groupe composé de plusieurs femelles et de petits, qu’il protège et contribue à éduquer. Les chimpanzés vivent en bandes réunissant plusieurs mâles et femelles adultes, où les mâles semblent bénéficier d’un certain ascendant lié à leur comportement plus solidaire. La situation est inversée chez les bonobos, où ce sont plutôt les femelles qui donnent le ton.

On peut aussi observer une grande diversité de "stratégies sexuelles" (compétition entre mâles ou entre femelles, coopération...). Même au sein d'une espèce, les comportements sont susceptibles de varier considérablement en fonction du milieu, mais aussi, semble-t-il, d’un acquis qui est une forme embryonnaire de « culture ».  Le dimorphisme sexuel semble d'autant plus marqué que la compétition pour l’accès aux femelles est forte. Mais il y a de nombreuses autres organisations que celles fondées sur la compétition.

1.2 Premières sociétés

D'après les connaissances actuelles, il n'a jamais existé de domination féminine (contrairement à un certain mythe du matriarcat). Au contraire, même dans les premières sociétés sans classe, la condition des femmes a varié de l'égalité à la domination masculine. On suppose que les groupes de chasseurs-cueilleurs fournissent un exemple de communisme primitif antérieur à la révolution néolithique, et donc permettent d'en observer les caractéristiques. Certains comme E. Leocock pensent cependant qu'il a existé des sociétés sans domination masculine, et que les sociétés observées (par exemple par F. Héritier et M. Godelier) sont ainsi car elles sont influencées par des sociétés inégalitaires.

Il y a très généralement une division sexuelle du travail. La plupart du temps, ce sont les femmes qui assurent le travail de cueillette, tandis que les hommes chassent. On constate une plus faible mobilité des femmes. Il a été observé qu'un homme chez les Bushmen parcourt une distance moyenne annuelle deux fois plus grande qu'une femme. Autre source majeure de différenciation des rôles : la guerre avec d'autres clans. D'abord, elle est très liée dans sa pratique à la chasse, ce qui tend fortement au monopole des hommes. Cette maîtrise de la guerre aurait permis aux hommes de concentrer très tôt en leurs mains le pouvoir politique. Économiquement, hommes et femmes sont des producteurs et se partagent les produits de leur travail, même de façon inégale. Il y a en même temps complémentarité et hiérarchie. 

Malgré l'universalité du patriarcat, on constate une forte variabilité selon les cultures. Chez les aborigènes australiens, la gérontocratie est très marquée, les jeunes femmes sont destinées en priorité aux hommes âgés, et le divorce est inconcevable. A l'inverse, chez les Pygmées ou les Bushmen, les femmes peuvent quitter leur mari librement, avec ou sans leurs enfants, et la violence physique envers elles est très rare. On observe une quasi-égalité chez les indiens Naskapi du Canada.

On constate aussi une forte présence de tabous liés au sang des menstruations, et au danger qu’il y aurait à rapprocher le sang féminin de celui du gibier.[1]

1.3 Agriculture, élévage et filiation

La maîtrise de l'agriculture et de l'élevage ont apporté de profonds changements sociaux. C'est à partir de ce moment que se sont multipliées les sociétés à système linéaire : la descendance des possessions et du pouvoir se fait par les hommes (système patrilinéaire) ou par les femmes (système matrilinéaire), parfois de façon combinée (système bilinéaire).

Dans les communautés agricoles, on trouve de nombreux exemples de sociétés matrilinéaires (Chine néolithique, Akan d'Afrique...) Certains anthropologues suggèrent même que cela pourraît être une étape universelle de l'évolution sociale, la paternité étant moins assurée que la maternité dans un contexte où la mariage ou même la monogamie n'est pas établie. Attention, famille matrilinéaire ne signifie pas "matriarcat" au sens de domination des femmes-mères. Cela signifie simplement que la transmission des biens se fait par la mère. Concrètement, c'est le plus souvent le frère de la mère qui commande le foyer et les enfants.

1.4 Apparition des classes

A l'échelle historique, on peut affirmer que les révolutions néolithiques ont eu pour conséquence l'apparition des classes sociales. La domination de classe est alors venue se combiner à la domination sexuelle.

Il semblerait que la domination masculine se soit renforcée à ce moment-là, en raison du besoin de contrôle des hommes sur leur descendance, pour veiller à la transmission de leur propriété privée.

1.5 Sociétés antiques

Il semble que la condition des femmes en Grèce se soit dégradée sous le "Moyen-Âge hellénique".[2]

Au 5ème siècle av JC, les Athéniennes de bonne famille étaient recluses dans le gynécée, d'où elles ne sortaient, toujours accompagnées d'une esclave, que pour faire un achat personnel, pour participer à des fêtes religieuses ou à l'occasion de cérémonies familiales (mariage, funérailles). Elles n'avaient pas de statut juridique ni de droit politique et étaient sous la dépendance d'un maître, père, mari ou tuteur. Les jeunes filles n'étaient pas consultées sur le choix d'un époux ; c'était leur père qui choisissait. Leur premier devoir, en présence des hommes, était de se taire. La plupart du temps, elles n'assistaient pas aux repas des hommes, auxquels joueuses de flûte et courtisanes, des esclaves, étaient seules admises. Au 4ème siècle av JC encore Aristote semble approuver pleinement ce vers de l'Ajax de Sophocle : « Femmes, le meilleur ornement de votre sexe, c'est le silence ». Quand Aristophane évoque le droit de vote des femmes[3], c'est pour l'aspect burlesque de l'idée...

Toutefois certains auteurs comme Pierre Chantraine estiment qu'à la fin du 5ème siècle av JC une "question féminine" était posée dans les milieux de philosophes, que des femmes brillantes comme Aspasie  impressionnaient. Socrate aurait dit « la nature de la femme n'est nullement inférieure à celle de l'homme, sauf qu'elle manque de savoir et de force ». L'égalité des deux sexes fut  développée par deux disciples de Socrate, Antisthène et Eschine de Sphettos. Chacun d'eux écrivit un dialogue titré Aspasie. Dans celui d'Eschine, Aspasie avance implicitement le fait que le mariage doit être fondé sur un choix.

Antisthène, fondateur de l'École Cynique, professait que « l'homme et la femme ont la même vertu ». Plus tard, le Cynique Cratès de Thèbes épousera la soeur du philosophe Métroclès, de la même École que lui : la belle, riche et noble Hipparchie se fit pauvre et philosophe comme Cratès, et tous deux allaient mendiant leurs repas de maison en maison. Ce fut le modèle des ménages de philosophes.

Platon, proclame dans la République (-315) que les filles devront recevoir, dans sa cité idéale, la même éducation, intellectuelle et physique, que les garçons, et il stipule que les gouvernants seront choisis parmi les femmes comme parmi les hommes. Mais il ne remet pas en cause la supériorité masculine, et pense que seule une relation entre hommes peut faire naître un vrai amour (érôs).

Dans la pièce Médée d'Euripide (-431), des femmes tiennent des propos féministes :

« Entre toutes les créatures vivantes, dit-elle, nous les femmes nous sommes les plus malheureuses... Les hommes prétendent que nous vivons à l'abri du péril dans nos maisons, tandis qu'eux, ils combattent, lance en main. Mensonges ! J'aimerais mieux, le bouclier au côté, prendre part à trois batailles, plutôt que d'enfanter une seule fois ! »
« Notre condition féminine, par un retour de l'opinion publique, acquerra renom et gloire. Voici venir l'heure du prestige pour le sexe féminin »

Cela semble coïncider avec une augmentation des représentations de nu féminin, alors qu'aux 6ème et 5ème siècle av JC c'est la musculature virile qui dominait.

Au 4ème siècle av JC, surtout après la mort d'Alexandre, l'égalité des époux sera reconnue dans des contrats de mariage, les femmes seront juridiquement émancipées[4], des filles seront admises dans les écoles primaires ou secondaires... Mais les femmes n'ont toujours aucun droit politique.

1.6 Société féodale

Au Moyen-Âge, il faut nettement distinguer la condition des femmes nobles des femmes bourgeoises et des femmes paysannes.

Les femmes paysannes étaient surtout cantonnées au foyer, mais elles y réalisaient du travail productif (fabrication de bougies...).

Le développement de la galanterie et de l'amour courtois vers le 12ème siècle a fait reculer les formes les plus brutales de domination au sein de la noblesse, dans une époque où viols et enlèvements étaient courants.

Des nonnes ont été appelées "virago" pour signifier qu'elles avaient "atteint" l'égalité avec des moines. Ce terme était utilisé depuis l'Antiquité pour désigner les figures (souvent mythiques) de femmes s'étant surpassées pour atteindre les "vertus vririles". Dans la renaissance italienne, les femmes cultivées qui impressionnaient leurs homologues masculins recevaient aussi le qualificatif de "virago", qui étaient alors un suprême compliment.

En 1380, Mathieu de Boulogne-sur-Mer écrit une charge misogyne, Les Lamentations, à laquelle répondent Jehan le Fèvre de Ressons par Le livre de Leësce, et La cité des dames de Christine de Pizan.

En même temps que vont s'affirmer les monarchies absolues en Europe, on verra une réaffirmation de la domination masculine, par exemple dans la grammaire (établissement de la règle "le masculin l'emporte sur le féminin").

Les philosophes des Lumières étaient majoritairement misogynes, mais parmi eux certains défendaient l'égalité, l'accès à l'éducation pour les femmes et dénonçait leur oppression comme venant de l'Église.

1.7 Révolution française

2 Capitalisme et patriarcat

2.1 Changements structurels

La croissance capitaliste a de toute évidence eu un effet déterminant sur la condition des femmes, ce qui a permis un développement des luttes féministes. Les rapports de production capitalistes (salariat avec équivalence du travail abstrait, qu'il soit masculin ou féminin) ont tendance à favoriser l'idéologie libérale (individus libres et égaux en droits...) ce qui fournit une base pour l'extension de ces droits aux femmes.

On pourrait citer comme facteurs de transformation de l'infrastructure sociale des rapports sociaux hommes-femmes :

  • la tendance et contre-tendance à l'intégration des femmes au marché du travail
  • la massification de l'éducation publique et intégration des femmes
  • la socialisation partielle de certains travaux domestiques
  • les techniques qui augmentent la maîtrise de son corps (avortement, contraception, PMA, ectogenèse...)

Comme corrolaire de ce lien avec le développement capitaliste, on observe :

  • une tendance à la réaction anti-féministe dans les périodes de crise
  • une différence marquée entre pays riches (principalement les pays impérialistes) et pays dominés

2.2 Accès à l'éducation

Depuis le 19ème siècle, l'éducation (d'abord primaire, puis secondaire, puis universitaire) a tendance à se diffuser lentement.

Les femmes qui ont accès à une éducation sont souvent les plus impliquées dans les revendications féministes. Certaines se heurtent au conservatisme et s'impliquent elles-mêmes dans l'éducation des femmes (Emily Davies, Elisa Lemonnier...). Dans les années

Sous la IIe République, la loi Falloux avait fixé en mars 1850 l'objectif d'une école primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant à 500.

Les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes (y figurent les travaux ménagers et la puériculture). Les couvents et congrégations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles.

Dans le boom de l'après-guerre, les femmes entrent plus massivement dans les universités. Les jeunes étudiantes de cette génération seront le fer de lance du féminisme deuxième vague. Dans de nombreux pays riches, les femmes sont devenues plus diplomées que les hommes (par exemple en France en 2011, 58% des élèves diplômés dans l'enseignement supérieur sont des filles). Mais il existe de grandes disparités selon les filières. En effet, concernant les classes préparatoires aux grandes écoles par exemple, seulement 41% des élèves y sont des femmes.

Depuis le tournant néolibéral des annèes 1980, l'éducation subit de plus en plus les coupes budgétaires. A l'Université, les femmes sont largement plus présentes dans les filières de lettres ou de sciences humaines qui sont les premières impactées par les mesures d'austérité à la fac parce que considérées comme moins rentables. Le harcèlement et les violences sexuelles sont favorisés par la précarisation et le renforcement des pressions liées aux hiérarchies universitaires (président d'université, professeurs « mandarins »...).

2.3 Intégration au marché du travail et salaires

Par rapport aux modes de production antérieurs où la petite production familiale était centrale, le capitalisme a nettement séparé les lieux de production (entreprises) et les lieux de reproduction (foyer). Dans un premier temps cela s'est traduit par une division sexuelle du travail très nette entre travail domestique (dévolu aux femmes) et travail salarié (hommes).

Le taux d'emploi des femmes tend à augmenter. En France, entre 1901 et 1930, on compte 7 millions de femmes salariées, contre 13 millions d'hommes ; dans l'entre-deux-guerres, elles sont 6,6 millions contre 12,7, en 1968 7,1 contre 12,7, en 1990 10,5 contre 13,5.

Pendant la première guerre mondiale, en France, ce sont les femmes qui firent tourner l'économie. Mais au retour des hommes du front, elles furent repoussées vers le rôle maternel traditionnel, notamment pour assurer un rebond démographique.

Dans le boom de l'après-guerre, les femmes entrent plus massivement sur le marché du travail. Cela leur donne une plus grande autonomie financière. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis. En 1965, en France, les femmes n'ont plus besoin de l'autorisation de leur mari pour prendre un emploi.

Femmes surtout employées dans secteurs de la sous-traitance (dont les zones économiques spéciales, destinées à l'export, sont un cas extrême). Une conséquence est leur invisibilisation par rapport aux secteurs industriels "traditionnels" où l'ouvrier homme est la figure majoritaire.

Les femmes sont aussi surreprésentées dans les services de manière générale, et dans les services publics en particulier. Elles sont particulièrement touchées par les plans d'austérité visant la fonction publique.

L'oppression des femmes la conception selon laquelle leur salaire est un "salaire d'appoint" induit une tolérance aux bas salaires, et donc à la surexploitation par les capitalistes.

En 1982, les femmes représentaient 25% des cadres et professions intellectuelles supérieures ; en 2009, elles sont 40 %. En 1965, 22% des journalistes étaient des femmes, contre 45% en 2009. En 2009, 54% des médecins de moins de 40 ans sont des femmes. Les femmes représentent 58% des magistrats (77% des reçus à l'école de la magistrature sont des femmes).

2.4 Droit de vote et égalité juridique

En France, l'incapacité juridique de l'épouse a été supprimée par la loi du 18 février 1938. Leur égalité juridique n'est venue que dans les années 1960-70 (permission d'utiliser un carnet de chèque sans l'autorisation du mari, responsabilité parentale, etc.).

  • 1931 | Portugal: droit de vote aux femmes qui savent lire et écrire
  • 1972 | Suisse: droit de vote accordé aux femmes
  • 1980 | Vigdis Finnbogadottir est la première femme présidente au monde (Islande)
  • 2000 | Loi sur la parité des listes électorales
  • 2005 | Koweït : les femmes obtiennent le droit de vote | France : Laurence Parisot première femme à la tête du patronat.
  • 2006 | Emirats Arabes Unis : les femmes obtiennent le droit de vote

Dans les pays riches, les constitutions démocratiques réprouvent la discrimination selon le sexe.

2.5 Famille et mariage

La famille patriarcale est un rapport social antérieur au capitalisme, que celui-ci a tendance à dissoudre.

Dans les années 1830, quelques femmes comme Claire Démar revendiquent le droit à l’amour libre, au scandale de l'opinion publique. La question de l’amour libre et du contrôle des naissances divise profondément les féministes de la seconde partie du 19ème siècle.

  • 1967 | Grande-Bretagne: Premier pays à adopter une loi pour l'avortement.
  • 1970 | France: Les femmes touchent 90% de leur salaire durant leur congé Maternité.
  • 1982 | France: Les frais d'avortement remboursés par la SECU
  • 2009 | Inde : Réforme contre les mariages forcés et les violences conjugales

Par ailleurs, à cette époque des innovations vont potentiellement permettre la maîtrise de son propre corps, en particulier la découverte d'une nouvelle technique de contraception (la pilule), et de la méthode « Karman » pour l'avortement...

Cependant depuis plusieurs décennie l'austérité se renforce, et les coupes budgétaires massives dans la santé entraînent la fermeture de centre IVG et la dégradation des conditions d'accueil de maternité.

Dans les pays capitalistes centraux, la légitimité de la violence masculine a perdu sa légitimation par la loi. Contrairement aux sociétés où elle est assise sur la loi ou la coûtume, elle est désormais punissable (violence et viol conjugal...).

2.6 Travail domestique

La quantité de travail domestique globale effectuée a tendance à diminuer sous l'effet des innovations techniques, surtout depuis le boom des "30 glorieuses". En parallèle, on assiste à une lente diminution de l'écart entre le temps de travail domestique réalisé par les hommes et les femmes.

A la naissance d'un enfant, la répartition des tâches, se déséquilibre encore plus : les hommes font un peu plus que ce qu'ils faisaient tandis que les femmes ont tout ce qui se rapporte aux enfants à gérer.

Le travail domestique assumé gratuitement par les femmes (car il est naturel) permet non seulement aux hommes de reconstituer leur force de travail et d'y retourner le lendemain mais aussi de perpétuer ce système par le biais de l'éducation des enfants.

Les femmes fournissent 64% du travail domestique[5], et 80% du "noyau dur" des tâches (les plus importantes). La participation des hommes a augmenté de quelques minutes de 1966 à 1986, puis s'est stabilisée et ne progresse plus depuis.

En termes qualitatifs, la répartition reste fortement genrée, les hommes effectuant plutôt les tâches les moins répétitives et les plus visibles (barbecue, réparations...).

ce qu'on appelle la double journée de travail.

2.7 Organisations de femmes

En France en 1830, sous la Restauration, un féminisme militant se développe chez les saint-simoniens et les fouriéristes. Les féministes participent à l'abondante littérature de l'époque, favorisée par la levée de la censure sur la presse. La Femme Libre et La Tribune des femmes paraissent en 1832 ; Le Conseiller des femmes, édité à Lyon par Eugénie Niboyet, est le premier journal féministe de province.

En 1848, un certain essor des revendications féministes est perceptible en Europe et aux États-Unis (où elles sont alliées à la lutte anti-esclavagiste). En France, les femmes luttent et obtiennent le droit au travail dans les ateliers nationaux. Elles élisent des déléguées à la Commission du Luxembourg, en proposant des réformes pour leurs conditions de travail, la création de crèches ou de restaurants collectifs.[6]

En France les premières associations féministes durables et structurées se forment sous la Troisième république.

À la fin des années 1960, une nouvelle vague militante féministe émerge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement étudiant. Le Mouvement de libération des femmes en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons désignent ce mouvement au périmètre fluctuant.

Aux États-Unis, la recomposition qui fait suite au « creux de la vague » des années 1950 débute avec la fondation en 1966 d’une organisation réformiste, la National Organization for Women (NOW) par Betty Friedan. Mais c’est principalement en réaction à la division sexuelle du travail militant qui, au sein même des organisations de la Nouvelle Gauche, relègue les femmes aux positions subalternes que se constitue une multitude de groupes féministes radicaux de petites tailles (New York radical feminists, Redstockings, WITCH, Radicalesbians…).

2.8 Pouvoir politique et économique

Les femmes sont partout minoritaires dans les lieux de pouvoir. Elles sont toutefois globalement plus représentées dans les pays riches, avec de fortes variations : 45% de femmes au parlement suédois, seulement 11% en France et en Italie.

La proportion de femmes élues en France au Parlement européen est passée de 22,2 % en 1979 à 44,4 % 2009. La proportion de femmes dans les conseils municipaux est passée de 2,4 % en 1959 à 35 % en 2008. Les conseils régionaux sont les assemblées parlementaires les plus féminisées en France : de 27,5 % en 1998, elles sont désormais de 47,6 % en 2004, en raison de la loi de parité de juin 2000.

Alors qu'il y a 6,8 % de femmes élues députées en novembre 1946, on n'en compte plus que 1,4 % en 1958, la tendance remontant timidement à partir de 1978 (4,3 %) pour atteindre 10,9 % en 1997 et 19,9 % entre 2007 et 2011. Une partie de la baisse de ce pourcentage s'explique par le recul du PCF, qui a alors l'habitude de présenter bien plus de candidates femmes aux élections ainsi que de la réticence des autres partis politiques.

En 1984, les femmes forment 15 % des effectifs des cabinets ministériels. En 2011, la fonction publique compte 51,7 % de femmes mais elle occupent seulement 20% des postes de directions (10 % des préfets sont des femmes).

En 2012, il y a 24% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises côtés sur Euronext Paris (8,5 % en 2007). Depuis le départ d’Anne Lauvergeon de la tête d’Areva en 2011, aucune entreprise du CAC 40 n’est dirigée par une femme.

2.9 Femmes et recherches

Dans le sillage de l’effort de théorisation de la condition féminine de la deuxième vague, les études féministes pénètrent dans le monde académique à partir des années 1970. L’ensemble des champs du savoir sont ainsi progressivement envisagés sous l’angle de la critique féministe : philosophie féministe, anthropologie féministe, histoire des femmes, critique de la psychanalyse se développent en lien étroit avec les luttes militantes. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, la critique féministe des sciences prend également son essor (Ruth Bleier, Ruth Hubbard, Evelyn Fox Keller, Helen Longino).

L’ancrage institutionnel le plus fort a lieu aux États-Unis où sont créés des départements de Women’s Studies ou de Feminists Studies dont l’approche est souvent interdisciplinaire. Avec le développement de l’usage du concept de genre se développent par la suite des départements d'études de genre. En 2003, on dénombrait ainsi 600 départements de ce type aux États-Unis.

Au-delà de cette conquête de l'espace géographique universitaire, Francine Descarries, professeure de sociologie à l'UQAM, constate en 2004 la difficulté des Women’s Studies au Québec « à s'extraire de la périphérie, de la marge du champ scientifique pour convaincre de sa légitimité et de la compatibilité de ses approches théoriques et méthodologiques avec l'esprit scientifique ». D'après cette sociologue, peu de recherches sont parvenues à pénétrer le « mainstream scientifique »[7].

3 Sovietisme et patriarcat

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Indépendament du débat sur la nature de l'URSS ou d'autres types de régimes ressemblant, et indépendament du débat sur ce qu'est le féminisme socialiste, il est intéressant d'étudier les évolutions concrètes de la condition des femmes sous le régime issu de la révolution d'octobre 1917.

Les premières mesures des bolchéviks ont été :

  • l'égalité des droits et de nouveaux droits spécifiques : droit au divorce, droit à l'avortement... bien avant que ces droits soient obtenus dans les pays capitalistes occidentaux. Le droit de vote était bien sûr aussi donné aux femmes dans les soviets, mais les soviets sont rapidement devenus virtuels.
  • la tentative d'instaurer des services publics visant à socialiser les tâches réalisées dans les foyers principalement par les femmes, tentative freinée par la misère de la jeune URSS

Alexandra Kollontaï fut nommée commissaire du peuple à l'Assistance publique [Santé] de novembre 1917 à mars 1918. Elle organise de nombreuses conférences (Conférences sur la libération des femmes) ainsi que le 1er congrès panrusse des ouvrières.

Trotsky revient sur les mesures des bolchéviks, leur impact et la limite matérielle qui selon lui a été déterminante :

« La révolution a tenté héroïquement de détruire l'ancien "foyer familial" croupissant, institution archaïque, routinière, étouffante, dans laquelle la femme des classes laborieuses est vouée aux travaux forcés, de l'enfance jusqu'à la mort. A la famille, considérée comme une petite entreprise fermée, devait se substituer, dans l'esprit des révolutionnaires, un système achevé de services sociaux: maternités, crèches, jardins d'enfants, restaurants, blanchisseries, dispensaires, hôpitaux, sanatoriums,  organisations sportives, cinémas, théâtres, etc. L'absorption complète des fonctions économiques de la famille par la société socialiste, liant toute une génération par la solidarité et l'assistance mutuelle, devait apporter à la femme, et dès lors au couple, une véritable émancipation du joug séculaire.  [...]

On n'avait pas réussi à prendre d'assaut l'ancienne famille. Ce n'était pas faute de bonne volonté. Ce n'était pas non plus qu'elle eût une si ferme assise dans les coeurs. Au contraire, après une courte période de défiance envers l'Etat, ses crèches, ses jardins d'enfants, ses divers établissements, les ouvrières et après elles les paysannes les plus avancées apprécièrent les immenses avantages de l'éducation collective et de la socialisation de l'économie familiale. Par malheur, la société se révéla trop pauvre et trop peu civilisée. Les ressources réelles de l'Etat ne correspondaient pas aux plans et aux intentions du parti communiste. La famille ne peut pas être abolie: il faut la remplacer. L'émancipation véritable de la femme est impossible sur le terrain de la "misère socialisée". L'expérience confirma bientôt cette dure vérité formulée par Marx quatre-vingt ans auparavant. » [8]

La fin du rationnement strict, combinée au fait que les services publics étaient très peu développés et de mauvaise qualité a provoqué un retour du travail domestique féminin :

« les ouvriers les mieux payés commencèrent à revenir à la table familiale. [...] La même conclusion s'impose en ce qui concerne les blanchisseries socialisées où l'on vole et abîme le linge plus qu'on ne le lessive. Retour au foyer! Mais la cuisine et la lessive à la maison [...] signifient le retour des femmes aux casseroles et aux baquets, c'est-à-dire au vieil esclavage. »

Il explique également que la socialisation plus faible dans les campagnes rurales (où le travail repose fortement sur le lopin de terre familial) induit une plus grande pression sur les femmes paysannes. On retrouve par ailleurs une fracture de classe entre femmes :

« La condition de la mère de famille, communiste respectée, qui a une bonne, un téléphone pour passer ses commandes, une auto pour ses déplacements, etc., a peu de rapport avec celle de l'ouvrière qui court les boutiques, fait son dîner, ramène ses gosses du jardin d'enfants à la maison — quand il y a pour elle un jardin d'enfants. Aucune étiquette socialiste ne peut cacher ce contraste social, non moins grand que celui qui distingue en tout pays d'Occident la dame bourgeoise de la prolétaire. »

Il ajoute que l'on peut observer un retour de la prostitution (et de la répression des prostituées...), et une réaction au niveau des droits (retrait du droit à l'avortement, taxe sur les divorces...).

« L'histoire nous apprend bien des choses sur l'asservissement de la femme à l'homme, et des deux à l'exploiteur, et sur les efforts des travailleurs qui, cherchant au prix du sang à secouer le joug, n'arrivaient en réalité qu'à changer de chaînes. [...] Mais comment libérer effectivement l'enfant, la femme, l'homme, voilà ce sur quoi nous manquons d'exemples positifs. Toute l'expérience du passé est négative et elle impose avant tout aux travailleurs la méfiance envers les tuteurs privilégiés et incontrôlés. »

4 Le patriarcat aujourd'hui

4.1 Violences

Que ce soit dans la sphère privée (dans la famille ou le ménage) ou du travail, les femmes sont davantage victimes de violences de la part des hommes. Cette violence peut être à tous les niveaux (insultes, intimidation, agressions physiques, agressions sexuelles, viols...). 35,6 % des femmes du monde à l’échelle mondiale subiront des violences sexuelles ou physiques dans leur vie, le plus souvent de la part de leur compagnon[9]. Même en cas d'agressions homophobes ou racistes, ce sont principalement à des femmes que s'en prennent les agresseurs (lesbiennes, femmes voilées...).

Par exemple, aux Etats-Unis, des histoires comme celles-ci sont monnaie courante :

  • en avril 2012, un pasteur aux Etats-Unis préconise à ses ouailles : « si votre fils de quatre ans a l'air effeminé, cassez-lui le poignet, donnez lui un coup de poing, humiliez-le en le montrant en photo sur Youtube, faites-lui comprendre qu'il doit se comporter en homme »[10].
  • Deux jours avant, à Cleveland, un père de famille témoigne sur une radio de son affollement parce que sa fille serait lesbienne. « Vous devriez la faire violer par un de vos bons copains » lui répond l'animateur...
  • Des suicides de jeunes gays (ou simplement "pas assez virils") innombrables

Plus de 99% des violeurs sont des hommes, et seulement les prisons comptent 3% de femmes.

4.2 Inégalités en droit

Dans de nombreux domaines et dans de nombreux pays, certains droits sont reconnus aux hommes mais pas aux femmes (droit de vote, droit au divorce...).

4.3 Inégalités sociales

sur le marché du travail, les femmes sont généralement moins payées que les hommes, parce qu'elles y occupent souvent des postes moins qualifiés ou à temps partiel, mais des différences de salaires existent y compris pour un même poste. Le taux de chômage des femmes est en général supérieur à celui des hommes. Les patrons sont bien plus souvent des hommes que des femmes. Alors qu'elles sont majoritaires à l'entrée de l'Université, les étudiantes en ressortent plus rapidement, avec des diplômes moins "spécialisés" et moins reconnus sur le marché du travail. Concernant les retraites, la plupart des femmes ont des difficultés à cotiser jusqu'au bout du fait de leurs carrières plus irrégulières liées aux grossesses, aux temps partiels... Et même à temps de travail égal, les écarts de pensions entre homme et femmes sont en moyenne de 33% à cause des écarts de salaire.

4.4 Division sexuelle du travail

Les femmes participent bien plus au travail domestique et au travail d'élevage et d'éducation des enfants que les hommes. Il y a bien plus de mères au foyer que de pères au foyer.

Beaucoup de métiers restent très genrés (exercés majoritairement par des femmes ou par des hommes). Aujourd'hui en France, les femmes occupent moins de 25 % des postes de nuit. Les emplois salariés les plus dangereux pour la santé sont réservés aux hommes. 2/3 des maladies professionnelles ayant entraîné une incapacité permanente sont contractées par des hommes. Le nombre de décès attribués à une maladie professionnelle est plus de 80 fois inférieur chez les femmes que chez les hommes.

En France (2011) les filles sont 74% des diplomés dans les filières littéraires et 30% en filières scientifiques. Dans les IUT, les étudiantes sont un peu plus de 50% dans les filières du secteur tertiaire, pour à peine moins de 10% dans l'informatique.

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Un tiers des travailleuses européennes sont à temps partiel (souvent subi) contre 8 % des hommes.

4.5 Violence symbolique

Sexisme dans la publicité, des les livres pour enfants...

Sexisme dans le langage : La langage reflète l'idéologie dominante lors de sa formation, et donc à ce titre il est imprégné de la prédominance masculine.

Les hommes sont aussi très majoritaires dans les métiers "violents" comme la police et l'armée.

5 Anti-féminisme

5.1 Post-féminisme

5.2 Masculinisme

6 Débats

6.1 Origine de la domination masculine

La domination masculine a-t-elle une base matérielle ? Certains maxistes pensent qu'il existe une différence de force physique moyenne entre hommes et femmes, et qu'elle est la cause originelle de la domination masculine :

« L'ancienne racine biologique de la suprématie masculine - du fait de la violence masculine - est communément obscurcie par les lois et conventions qui régissent les relations entre les sexes dans une culture donnée. Mais elle est là. La possibilité d'une agression mâle se dresse comme un avertissement constant aux « mauvaises femmes » (rebelles, agressives), et donne aux «bonnes femmes» une complicité avec la suprématie masculine. La récompense pour être "bonne(gentille, soumise) est la protection contre la violence masculine aléatoire et, dans certains cas, la sécurité économique. »[11]

Pour la plupart des marxistes, comme l'anthropologue Christophe Darmangeat, l'origine fondamentale de la domination masculine est la division sexuelle du travail.[12]

6.2 Origine de la division sexuelle du travail

La division sexuelle du travail a-t-elle une base matérielle ? Parmi les hypothèses les plus courantes :

  1. La grossesse et l'allaitement aurait engendré une plus faible mobilité des femmes. Les femmes auraient été principalement soit enceintes soit en train d'allaiter (le lait issu de l'élevage n'étant pas encore disponible).
  2. La plus faible mobilité des femmes aurait engendré leur spécialisation dans la cueillette et leur mise à l'écart de la chasse (puis de la guerre...).
  3. Du point de vue de la reproduction, il était prudent de préserver en priorité la vie des femmes. Le contrôle de la capacité reproductrice aurait eu une importance centrale à une époque où l'individu travailleur, faiblement productif et de mortalité élevée, était quasiment le "moyen de production" à lui seul (travail mort négligeable devant le travail vivant).
  4. D'autrent avancent qu'une structure mentale universelle doit-être présente chez les humains.
  5. Se pose également question de savoir si l'apparition de la division sexuelle du travail apparaît avec un type donné de société humaine, ou apparaît bien plus originellement, avec l'évolution de l'espèce homo sapiens.

Trotsky semble dire que les différences biologiques pèsent sur l'inégalité hommes-femmes:

« la plus puissante révolution ne peut faire de la femme un être identique à l'homme ou, pour mieux dire, partager également entre elle et son compagnon les charges de la grossesse, de l'enfantement, de l'allaitement et de l'éducation des enfants. »[8]

Christophe Darmangeat assume ne pas connaître la cause originelle de la division sexuelle du travail. Il estime cependant que son universalité plaide pour une cause biologique, probablement le couple groessesse / allaitement :

« Bien qu'en l'état actuel des connaissances, on en soit réduit aux simples hypothèses, on peut donc supposer que ce sont certaines contraintes biologiques, vraisemblablement liées à la grossesse et à l'allaitement, qui ont fourni, à une époque inconnue, le substrat physiologique de la division du travail et de l'exclusion des femmes de la chasse. »[13]

Mais il estime qu'il n'y pas de correspondance entre les différences biologiques et les formes concrètes qu'ont pris la division sexuelle du travail.

e les justifications idéologiques ont depuis recouvert et surpassé cette cause :

Darmangeat estime que l'on peut raisonnablement penser à un accroissement de productivité du fait de la division sexuelle du travail.

Voir notamment une critique de Christian SCHWEYER à Christophe Darmangeat. [14]

6.3 Critique du terme de patriarcat

Le terme même de patriarcat est critiqué parce que c'est souvent un concept "fourre-tout" (Darmangeat) et qu'il sous-entend une stabilité des formes et des modalités de l'oppression des femmes. On peut parler de domination masculine tout en distinguant le patriarcat :

« Nous pensons que ce terme n’est plus adéquat pour qualifier actuellement notre société (occidentale) qui, bien que ce soit majoritairement les hommes qui détiennent le pouvoir, n’est plus organisée (juridiquement, politiquement) en ce sens. » (Revue Incendo)[15]

Ou encore :

« Le système social que le capitalisme industriel a remplacé était en fait un patriarcat, et j'utilise ce terme ici dans son sens originel, pour désigner un système dans lequel la production est centrée sur le ménage et est présidée par le plus âgé des hommes. Le fait est que le capitalisme industriel [a sapé] le patriarcat. La production est allée dans les usines et les individus se sont détachés de la famille pour devenir des salariés «libres». Dire que le capitalisme a perturbé l'organisation patriarcale de la production et la vie de famille n'est pas, bien sûr, dire que le capitalisme a aboli la domination masculine !  »[11]

Christine Delphy n’utilise ce terme que pour qualifier le mode de domination masculine dans les sociétés contemporaines.

Un débat existe parmi certains marxistes au sujet de la nature du patriarcat, et de son autonomie ou non par rapport au capitalisme.

7 Combat contre le patriarcat

🔍 Voir : Féminisme.

8 Notes et sources

Le pouvoir masculin, Maurice Godelier, Le groupe familial, revue trimestrielle de l'école des parents et des éducateurs, janvier 1978

  1. Cf. Laura Levi Makarius et Raoul Makarius , L'origine de l'exogamie et du totémisme, 1961
  2. Robert Flacelière, Le féminisme dans l'ancienne Athènes, 1971
  3. Aristophane, L’assemblée des femmes
  4. Claude Vatin, Recherches sur le mariage et la condition de la femme mariée à l'époque hellénistique, de Boccard, 1969,
  5. Delphine Roy, « Le travail domestique : 60 milliards d’heures en 2010 », Insee Première, no 1423,‎ novembre 2012.
  6. Michèle Riot-Sarcey, Emancipation des femmes, 1848, 1992
  7. Francine Descaries, « Victoires incomplètes, avenir incertain : les enjeux du féminisme québécois », communication à l’Université féministe d’été 2004 (Université Laval), Enjeux et défis pour l’action et la recherche féministes http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1161
  8. 8,0 et 8,1 Trotsky, La Révolution trahie - Thermidor au foyer, 1936 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Trahie » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  9. Rapport 2013 de l’OMS sur les violences faites aux femmes
  10. N.C. Preacher Tells Parents to Crack Wrists, Punch Effeminate Children
  11. 11,0 et 11,1 Barbara Ehrenreich, What is Socialist Feminism?, 2001 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Barbara » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  12. Voir les livres et le blog de Christophe Darmangeat.
  13. Christophe Darmangeat, Le Communisme primitif n’est plus ce qu’il était
  14. http://cdarmangeat.blogspot.fr/2014/01/une-lettre-propos-de-lorigine-de-la.html
  15. http://incendo.noblogs.org/genresetclasses/petit-lexique/