Parti révolutionnaire

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Un parti révolutionnaire est un parti qui défend l'objectif de réaliser une révolution. Pour de nombreux marxistes, notamment depuis Lénine, il est nécessaire de constituer un parti révolutionnaire du prolétariat - et plus largement une internationale révolutionnaire - pour réaliser la révolution socialiste.

1 Parti de masse ou parti révolutionnaire ?

Dans une perspective marxiste, il faut non seulement s'atteler à construire un parti ouvrier, mais il faut que ce soit un parti de masse, et un parti révolutionnaire. Il existe une contradiction partielle entre ces deux objectifs, dans la mesure où la conscience de classe n'est pas "innée" dans le prolétariat, et n'est jamais "acquise" pour toujours.

Pour la construction du nécessaire parti révolutionnaire de classe et de masse, il n'y a donc pas de recette politique à appliquer de façon intemporelle. Il y a un certain nombre d'expériences à retenir du passé, et une compréhension dialectique de la situation présente à atteindre. 

Un des enjeux pour les révolutionnaires est de conserver une délimitation suffisante pour pouvoir mener leur propre politique face aux réformistes : développer les possibilités de mobilisation les plus avancées possibles de chaque lutte, formuler des mots d'ordre transitoires, défendre un projet de société alternatif au capitalisme... Un enjeu tout aussi vital est bien entendu d'acquérir et de garder le plus possible une confiance, une écoute dans la classe ouvrière, de ne pas se couper d'elle, même si elle n'a pas encore de conscience révolutionnaire. Cela nécessite bien sûr des débats sur les différentes politiques à mener.

« Des organisations révolutionnaires comptant non pas quelques centaines, mais une dizaine de milliers de membres permettent d'avoir un espoir réaliste d'engager la bataille avec l'appareil réformiste, dans des conditions objectivement plus favorables. La composition sociale des organisations, leur capacité à recruter un nombre suffisant de cadres ouvriers reconnus comme dirigeants réels ou du moins potentiels de leur classe sur les lieux de travail dans la période avant la crise, voilà aussi des éléments déterminants que l'on peut étudier en détails dans quelques cas concrets: le parti bolchevik entre 1912 et 1914; la gauche de l'USPD allemand entre 1917 et 1920, la gauche révolutionnaire espagnole entre 1931 et 1936. »[1]

2 Historique

2.1 XIXème siècle - AIT

Marx et Engels tenaient à l'objectif de "fusionner le parti communiste et la classe ouvrière". C'est ce qu'ils expriment dans le Manifeste lorsqu'ils ecrivent "Les communistes n'ont pas d'intérêts distincts des intérêts du prolétariat.". C'est notamment pour cela qu'ils ne cherchaient pas à créer des partis sectaires à côtés de partis déjà implantés dans la classe ouvrière, même si ces partis avaient des stratégies erronées. En revanche, tout en rejoignant ces militants (comme le parti de Lassalle en Allemagne), ils n'ont jamais caché leurs objectifs et toujours essayé de convaincre largement de la nécessité pour le parti de définir une stratégie révolutionnaire.

2.2 Internationale ouvrière

La social-démocratie et particulièrement sa section allemande (SPD et syndicats), exprime le mieux ce double objectif. L'objectif d'une organisation de masse du prolétariat a été spectaculairement réussi au tournant du XXème siècle. Officiellement, le SPD était aussi un parti révolutionnaire, s'appuyant sur la théorie marxiste. Mais l'émergence de l'impérialisme modifia profondément la base sociale de la social-démocratie : dans le prolétariat émergeait une aristocratie ouvrière qui avait un intérêt immédiat au maintien de l'ordre capitaliste. Sur cette base, et au sein de la longue "Belle Époque", la social-démocratie avait une pratique de plus en plus dominée par un syndicalisme de cogestion et un parlementarisme appaisé. C'est pourquoi son aile droite (Bernstein...), même si elle n'a pas "officiellement" imposé son révisionnisme avant 1914, avait un poids objectif grandissant et écartait la perspective révolutionnaire. L'aile gauche révolutionnaire (Rosa Luxemburg...) n'a pas vu le risque que représentait la dérive réformiste et l'absence d'organisation propre des révolutionnaires en face, tandis que les "centristes" (Kautsky) voulaient à tout prix garder l'unité du parti, y compris après la trahison de 1914. Dans ce cas pourtant, la divergence stratégique exprimait une divergence d'intérêts de classe, et il fallait oser s'opposer à ce parti ouvrier à direction bourgeoise qu'était devenu le SPD. Quand l'appareil du SPD s'est intégré à l'État bourgeois allemand, comme la Révolution allemande l'a montré, sa base ouvrière avancée s'est détournée de lui, et c'est là que l'absence de parti ouvrier révolutionnaire, même minoritaire, a été un lourd handicap.

2.3 Années 1920 - Internationale communiste

La rupture avec la social-démocratie et la fondation de partis communistes s'est souvent, en réaction, accompagnée d'un sectarisme gauchiste. Sous prétexte de ne rien avoir à faire avec des traîtres, beaucoup se sont isolés des travailleurs qui avaient encore des illusions dans ces directions traîtresses. Un des plus durs combats menés par l'Internationale communiste et Lénine sera de pousser les partis communistes (KPD principalement) à réellement et efficacement s'adresser largement à la base prolétaire de la social-démocratie. Cette politique conduira notamment en Allemagne aux succès temporaires que furent la fondation du VKPD et les fronts uniques en 1922. 

2.4 Après-guerre

Après la Seconde guerre mondiale, il y a eu un grand nombre "d'aggiornamentos" dans les partis ouvriers bourgeois, de mises à jour de leur idéologie. Cela a été accéléré par la relative prospérité économique ("30 glorieuses") qui a donné l'impression à beaucoup de commentateurs que le prolétariat disparaissait pour laisser place à une grande classe moyenne... C'est ce qui a fait dire à André Gorz « adieu au prolétariat » (1980).

Le SPD allemand a officiellement rompu avec le marxisme au congrès de Bade-Godesberg en 1959. Il parlait notamment de couvrir l’« espace intermédiaire ». Lorsque Tony Blair transforme le Parti Travailliste en New Labour au milieu des années 1990, il le justifie de la même façon. La direction de Syriza, qui se droitise rapidement au fur et à mesure de la crise grecque, évoque également cette notion d'espace intermédiaire à couvrir, en réponse à l'effondrement des partis traditionnels.[2]

3 Critiques et débats

Anton Pannekoek, Remarques générales sur la question de l’organisation, Novembre 1938

Hal Draper, Toward a New Beginning – On Another Road, 1971

Hal Draper, Anatomy of the Micro-Sect, 1973

Hal Draper, The Myth of Lenin’s “Concept of The Party”, 1990

4 Notes et sources