Opposition ouvrière

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L'Opposition ouvrière se constitue au sein du parti bolchévique russe en 1919. Elle se manifeste surtout au cours de l'hiver 1920-21, lors du débat consacré au problème des syndicats. À la conférence de Moscou, en novembre 1920, près de la moitié des délégués (124 sur 278) se prononcent pour les thèses de l'Opposition. L'Opposition bénéficie d'autre part d'un soutien important des métallurgistes de Pétrograd.

Regroupée autour d'Alexandra Kollontaï et d'Alexandre Chliapnikov, l'Opposition réunit une partie des «  Communistes de gauche » de 1918. Son programme est centré autour du contrôle ouvrier de la production exercé par les syndicats dans lesquels les comités d'usine étaient à ce moment intégrés. Elle s'oppose à l'emploi de spécialistes bourgeois et de managers dans l'industrie, demande l'égalisation des rations et la fin des concessions aux capitalistes russes et étrangers. L'Opposition avait d'autre part des contacts avec le Parti communiste ouvrier d'Allemagne, et publia hors de Russie des appels dénonçant l'idée d'un « front unique » et la coexistence avec les États capitalistes. L'Opposition ouvrière comprenait aussi Medvedev, Kisselev, Loutovinov...

La polémique sur les syndicats commence en novembre 1920 (5e congrès des syndicats) et  atteint son point culminant au 10e Congrès (mars 1921) en pleine insurrection de Kronstadt. Trois positions principales sont en présence durant le Congrès :

  • Le plateforme des 7 (Trotsky, Boukharine, Djerzinsky, Andreïev, Krestinsky, Préobrajenski et Serebriakov) défend la subordination totale des syndicats à l'État, seul investi de l'autorité de nommer et de révoquer les responsables ;
  • La plateforme des 10 (Lénine, Zinoviev, Kamenev, Staline, etc.) propose une position plus souple, les syndicats disposant d'une certaine latitude pour appliquer les décisions étatiques ;

Les positions de l'Opposition Ouvrière, contenues dans la brochure du même nom rédigée par Alexandra Kollontaï y opposent la conception de syndicats « réalisant l'activité créatrice de la dictature du prolétariat dans le domaine économique ». Cependant, pour l'Opposition le parti bolchévique reste « le centre suprême de la politique de classe, l'organe de la pensée communiste, le contrôleur de la politique réelle des soviets ». Tout au plus accuse-t-elle le Parti d'entraver l'initiative ouvrière par « la machine bureaucratique, imprégnée de l'esprit de routine qui préside au système capitaliste bourgeois de production et de contrôle ».

La limite de son opposition à la politique de la direction bolchévique apparaît surtout face au soulèvement de Kronstadt. Celui-ci ne comprenait en son sein aucun membre de l'Opposition, bien que certains participants eussent certainement appartenu à l'Opposition de la flotte (opposition militaire interne au parti). La différence fondamentale entre les cronstadiens et l'Opposition était que ces derniers ne remettaient pas en cause le monopole bolchévique du pouvoir. Ceci explique pourquoi les porte-paroles de l'Opposition multiplièrent les gestes les dissociant des mutins.

Pour éviter que la pression de la petite bourgeoisie qui allait immanquablement renaître de la NEP ne se manifeste trop facilement dans le seul parti dirigeant, le Xe congrès supprima le droit de fractions.

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