Nous sommes les 99 %

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Une affiche du mouvement

« Nous sommes les 99 % » (« We are the 99% » en anglais) est un slogan qui a émergé du mouvement Occupy Wall Street (2011).

Il exprime une contestation des inégalités économiques, sociales et démocratiques entre les « élites » et le reste des citoyens des États-Unis[1].

« Ce que nous avons tous en commun, c'est que nous sommes les 99 % qui ne tolèrent plus l'avidité et la corruption des 1 % restant. »

— OccupyWallSt.org, ‘Occupy Wall Street' to Turn Manhattan into ‘Tahrir Square'[2]

C'est un slogan progressiste, dans la mesure où il montre un début de conscience de classe. Le fait qu'il y ait tant de misère dans le pays le plus riche du monde, le fait que celle-ci s'aggrave au point de toucher des couches sociales qui étaient jusqu'à présent plus intégrées au système (comme des étudiants sur-endettés, nombreux dans le mouvement), tout cela est de moins en moins toléré.

Il est cependant important pour les marxistes révolutionnaires de pousser plus loin la politisation, car ce slogan montre une faiblesse dans le constat qu'il pose, qui peut conduire des mouvements dans des impasses. En effet :

  • La classe bourgeoise est loin de ne représenter que 1% de la population. Même s'il y a bien sûr une hiérarchie entre les grands capitalistes, le gros des bourgeois (dont la plupart des politiciens, des hauts fonctionnaires, des grands journalistes, etc.), et les petits-patrons, le capitalisme arrive à intégrer à son hégémonie matérielle (retombées économiques pour ces couches sociales) et idéologique bien au delà du 1%.
  • Ce qui est souvent visé dans le 1%, c'est la couche spécifique des financiers (le mouvement a pris pour cible Wall Street). Cela peut facilement glisser dans l'illusion qu'il serait possible d'opposer un « bon capitalisme industriel » à un « capitalisme financier parasitaire », en faisant bloc avec la plupart de la bourgeoisie pour appliquer quelques réformes pour réguler la finance.

Cela ne signifie bien sûr pas que les révolutionnaires doivent tourner le dos à ce mouvement, car il est tout à fait possible de le pousser en avant, de faire prendre conscience largement, en s'appuyant sur l'expérience de la lutte, que les racines du capitalisme sont plus larges, et nécessitent une lutte de long terme pour la collectivisation non seulement des banques, mais des grandes entreprises. Cette conscience est de fait en train de progresser dans la jeunesse aux États-Unis.

Dans un contexte différent (années 1930), cette fois nettement réactionnaire parce qu'il s'agissait d'une dégradation de la conscience communiste, les staliniens ont adapté leur discours aux nazis, parlant de « révolution nationale » au lieu de révolution prolétarienne, et reprenant leur discours opposant les 95% aux 5%.

Trotski répondait :

Évidemment 95 %, sinon 98 % du peuple sont exploités par le capital financier. Mais cette exploitation est organisée de façon hiérarchique : il y a des exploiteurs. Il y a des sous-exploiteurs, etc. C'est seulement grâce à cette hiérarchie que les super-exploiteurs dominent la majorité de la nation. Pour que la nation puisse effectivement se reconstruire autour d'un nouveau pivot de classe, elle doit se reconstruire idéologiquement, et ceci n'est réalisable que dans le cas où le prolétariat, sans se dissoudre dans le "peuple", dans la "nation", mais au contraire en développant "son" programme de la révolution "prolétarienne", obligera la petite bourgeoisie à choisir entre deux régimes. [3]

Notes