Différences entre les versions de « Montagne (Révolution française) »

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Version du 2 août 2011 à 21:09

La Montagne est le nom donné à un groupe politique bourgeois siégeant à la Convention nationale durant la Révolution française. Le nom de Montagnard est devenu synonyme de Jacobin.

1 Rôle historique

1.1 Républicains intransigeants

Personnifiés par des personnages comme Danton, Marat et Robespierre, les Montagnards sont des républicains convaincus. Comme la majorité des révolutionnaires, ils étaient influencés par les Lumières, mais aussi par Rousseau. Ils se voyaient en démocrates et en amis du peuple, et pensaient avoir la tâche d'ériger une République à l'image de la République romaine.

« On appelle ainsi, depuis les premiers temps de la Révolution, une partie de le salle où se plaçait, dans l'Assemblée constituante, un petit nombre de députés qui défendirent la cause du peuple jusqu'au bout, avec le plus de constance et de fidélité. » Maximillien de Robespierre[1]

Ils sont initialement des éléments disparates et sans programme réellement défini. Robespierre les "discernait" parmi la Constituante, mais rien ne les unissait alors formellement, même si beaucoup étaient au Club des Jacobins.

« Dans l'Assemblée actuelle [ ...] Il y a, dans la plaine et dans le pays aquatique, de très braves gens et des Montagnards, et, sur la Montagne, on entend bourdonner quelquefois des insectes feuillantins et de petites mouches girondines échappées du Marais. » [1]

Il représentaient en réalité la petite-bourgeoisie, face aux Girondins qui avaient plutôt l'appui de la grande bourgeoisie commerçante. Contrairement à ces derniers, ils n'étaient pas liés avec l'ancienne classe dominante et la monarchie. En s'appuyant sur l'énergie des masses et principalement des sans-culottes, ils étaient les plus à même de provoquer une rupture révolutionnaire avec la monarchie.

1.2 Une dictature révolutionnaire

Les montagnards sont donc d'abord minoritaires, les modérés Girondins exerçant l'influence politique majeure sur l'Assemblée. Le cours des événements de la Révolution, notamment la guerre contre les monarchies coalisées, vont provoquer d'importants changements. Les Girondins sont incapables de gérer la crise, le fédéralisme qu'ils soutiennent met en péril le pays. C'est dans ce contexte que les Montagnards deviennent une solution pour la bourgeoisie. Leur centralisme ferme est un gage d'efficacité, et surtout leur énergie révolutionnaire et leur populisme leur permettent de sa gagner le soutien de la sans-culotterie. Ils connurent leur apogée au printemps de 1793 avec 300 députés à la Convention nationale, pour la plupart élus de la Seine et des grandes villes. Ils parvinrent même à éliminer les Girondins du pouvoir le 2 juin 1793. Dominant la Convention et le Comité de Salut public, ils imposèrent une politique de Terreur, qui remporta d'immenses succès, et créa les conditions de l'essor du capitalisme en France, et facilitant son expansion en Europe. Mais une fois ces succès passés, la nécessité de leur dictature disparut. Ils se divisèrent rapidement et perdirent un à un leurs soutiens.

1.3 Ecrasés par Thermidor

Robespierre tenta de manoeuvrer quelque temps entre Exagérés et Indulgents, faisant exécuter chaque opposant tour à tour. Mais il perdit peu à peu sa base sans-culotte, qu'il avait contribué à démobiliser, et par suite, ce fut son tour de monter sur l'échafaud, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794).

Après la chute de Robespierre et de ses partisans , les "montagnards de l'an III" (que l'on nomme ainsi pour les distinguer des montagnards « dantonistes », qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), de moins en moins nombreux et réunis dans le groupe des Crêtois, tentèrent de s’opposer à la Convention thermidorienne mais en vain. Ils furent en grande partie éliminés après les insurrections de germinal et de prairial. Par une grande ironie de l'histoire, s'ils avaient servi héroïquement la bourgeoisie, ils se retrouvaient néanmoins victime de la réaction.

2 Courants minoritaires

Plusieurs députés montagnards étaient proches de groupes populaires extra-parlementaires, comme les Enragés de Jacques Roux ou des Hébertistes.

2.1 Les Hébertistes

Menés par Jacques René Hébert, ces agitateurs aussi appelés les Exagérés appelaient sans cesse à l'insurrection.Ils auraient eu à plusieurs reprises un rôle de provocateurs.

Les Hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du 3 au 4 mars 1794 (13-14 ventôse an II), Hébert et les principales figures du club des Cordeliers. Tous furent condamnés à mort et exécutés vingt jours plus tard, le 24 mars 1794.

2.2 Les Enragés

Les Enragés suivaient Jacques Roux , qui tentait déjà d'axer la lutte sur l'égalitarisme et dénoncer l'enrichissement de la bourgeoisie au détriment "du peuple". Même si ce groupe était très minoritaire, il exprimait déjà l'arrivée sur l'arène politique de la lutte socialiste.

3 Origine du nom

Il est bien connu que les Montagnards étaient les députés assis à gauche et sur les bancs les plus élevés, d’où la référence à la « Montagne ». Ce nom a vraiment été connu vers juin 1793, au plus fort de la lutte contre le fédéralisme Girondin.

Il y a aussi probablement d'autres références communes entre ces révolutionnaires bourgeois, concourrant à créer leur idéologie. Nombreux étaient ceux qui avaient lu : la « Vie de Solon », issue des Vies parallèles, où Plutarque (s’inspirant d’Hérodote et d’Aristote) décrit en ces termes les divisions politiques à Athènes : « Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine l’oligarchie ; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernement intermédiaire… ».

D’autre part la référence mystique, biblique et évangélique est aussi présente, même si ce champ idéologique a plutôt été l'apanage de la réaction monarchiste. Car la Montagne est souvent perçue par ses partisans comme un nouveau Sinaï (et les Droits de l’Homme comme un nouveau Décalogue), sans oublier la référence aux « sermons sur la Montagne » du Christ.

4 Réemploi politique

Sous la Seconde République , des députés de l’ extrême gauche (Barbès, Ledru-Rollin) reprirent le nom de Montagne pour désigner leur groupe politique, tandis que les royalistes légitimistes les plus ultras, partisans de « l'appel au peuple » et convaincus que le suffrage universel aboutirait à rétablir la monarchie, adoptaient le nom de « Montagne blanche ».

5 Notes et sources

Les Montagnards, Cosmovisions

  1. 1,0 et 1,1 Robespierre, dans une de ses Lettres à ses commettants (fin novembre ou début décembre 1792)