Monnaie

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La monnaie (ou l'argent) est une marchandise particulière qui sert de vecteur à l'échange marchand. Elle existe depuis longtemps car elle a été nécessaire, sous une forme ou sous une autre, pour facilité la distribution de la production. L'image "canonique" que l'on retient, c'est celle de ses supports célèbres que sont l'or et l'argent.

1 Vocabulaire

1.1 Étymologie de "monnaie"

Le terme monnaie vient du verbe latin monere, qui signifie « avertir ». En effet la monnaie romaine fut d'abord frappée dans un atelier monétaire voisin du temple de Junon Moneta, — Junon « qui avertit » — sur le Capitole. Ce temple avait reçu ce surnom suite à l'épisode des oies du Capitole.

1.2 Monnaie / Argent

Argent et monnaie passent pour des synonymes dans la langue française, tandis que dans la plupart des autres langues, ils sont confondus et il n'existe qu'un seul mot (money, geld, dinero...). Pourtant, on peut sentir dans les façons différentes que nous avons d'employer ces termes, qu'ils recouvrent une nuance importante.

La monnaie réfère plutôt au support matériel de l'argent, qui est un rapport social. L'argent est donc chargé des divers jugements idéologiques que les hommes peuvent porter (argent mal acquis, argent sale, argent gagné à la sueur de son front...), tandis que la monnaie ne récupère que la fonction neutre de support matériel. Cela explique notamment que l'expression "abolition de l'argent" ait un sens, alors que l'on dirait rarement "abolition de la monnaie".

2 Caractérisation

"L'argent peut être :

  1. étalon de l'échange de marchandises
  2. moyen d'échange
  3. représentant des marchandises (et donc objet des contrats)
  4. marchandise universelle à côté des marchandises particulières.

Ces propriétés découlent simplement de ce qu'il est valeur d'échange matérialisée et séparée des marchandises."[1]

3 Historique

3.1 Formation de la monnaie

La valeur d’échange d’une marchandise est constituée par le temps de travail « cristallisé » en elle (loi de la valeur). Théoriquement, il serait possible de définir au cas par cas le "troc juste" entre deux marchandises. Mais en pratique, évidemment, certaines marchandises ont reçu la fonction "d'équivalent général" (les "haches celtiques", puis le cuivre, l’argent, l’or...).

Par définition, la valeur d'usage de la monnaie est donc justement d'être la valeur d’échange universelle. Ou plutôt le signe de la valeur ; cette symbolique prendra toute son ampleur avec le papier-monnaie et le crédit.

On est passé du troc M-M’ (de marchandise à marchandise) à un échange simple : M-A-M’ (avec un intermédiaire, l'argent).

4 Le fétichisme

Le rapport d’échange entre les marchandises qui était en fait le rapport des temps de travail mis à les fabriquer (donc du rapport social) commence à disparaître derrière la monnaie. On ne dit plus : j’échange deux tabourets contre une chaise (en marquant ainsi un rapport social), mais on dit : une chaise vaut tant. Comme si c’était par magie que tant de pièces de monnaie exprimaient la valeur d’une marchandise. La monnaie devient donc un premier moment d’occultation des rapports réels entre les hommes.

5 Critiques de l'argent

La société bourgeoise engendre des situations sociales absurdes, qui peuvent paraître le fruit d'autres conséquences du capitalisme plutôt que de ses fondements. Par exemple, "l'argent" a été vu par beaucoup comme une malédiction, un vice, voire une véritable manifestation du diable ! Plus prosaïquement et plus "laïquement", beaucoup pensent sincèrement que c'est "l'argent" qui engendre les inégalités, la misère, etc... La plupart du temps donc, les critiques de l'argent sont posées d'un point de vue idéaliste.

5.1 Critiques religieuses

5.2 Abolition de l'argent

Le thème de "l'abolition de l'argent" est lui aussi un cas extrême de revendication chimérique si on le conçoit comme solution en soi aux maux de la société capitaliste, et non comme une conséquence du dépassement révolutionnaire de cette dernière.

"Il est impossible d'abolir l'argent tant que la valeur d'échange reste la forme sociale des produits. Il est nécessaire de s'en rendre compte, si l'on veut éviter d'affronter des tâches impossibles, et si l'on veut bien connaître les limites dans lesquelles les rapports de productions et les conditions sociales correspondantes peuvent être transformées en réformant la monnaie et la circulation."[1]

6 Notes et sources

  1. 1,0 et 1,1 Manuscrits de 1857-1858 ("Grundrisse"), Chapitre de l'argent, Karl Marx