Mondialisation
La mondialisation est l'extension d'un phénomène à l'échelle internationale. On emploie souvent ce terme au sens de mondialisation économique.
1 Historique sur le long terme
Depuis les deux ou trois dernières décennies, on parle beaucoup de mondialisation, comme d'un phénomène nouveau. Pourtant, c'est un phénomène ancien. Ainsi, Marx remarquait déjà en 1848 : « La grande industrie a fait naître le marché mondial, que la découverte de l’Amérique avait préparé. […] En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a dérobé le sol national sous les pieds de l’industrie. »[1]
1.1 Grandes découvertes
A partir du XVème siècle commença la période dite des "grandes découvertes", qui élargit rapidement le "monde connu" des Européens. Ce sont à la fois des avancées techniques (caraque, gouvernail d'étambot, cartographie...) et des appétits économiques qui poussèrent à l'exploration. Ce furent d'abord les Portuguais et les Espagnols qui furent en pointe sur les mers, avec la recherche de la route des Indes, le contournement du continent Africain, et la découverte de l'Amérique. En retour ces découvertes et la colonisation, ainsi que l'installation de comptoirs ont amorcé une hausse des échanges commerciaux mondiaux.
1.2 Colonisation et commerce triangulaire
Ces nouvelles terres ont donné aux puissances européennes des occasions de commercer, avec l'Afrique et l'Asie d'abord, puis avec les nouvelles colonies d'Amérique également. La première période de la colonisation a surtout touché l'Amérique, du Sud pour les Ibériques, du Nord pour les Français et les Anglais. Le commerce d'esclaves, dont le fameux "commerce triangulaire", était alors déjà fréquent, mais ce n'a été qu'à partir du XVIIIème siècle qu'il a vraiment pris un caractère généralisé. La révolution industrielle a ensuite donné au Royaume-Uni un avantage considérable et lui a assuré une suprématie mondiale avec le plus puissant Empire colonial.
1.3 Impérialisme
Au tournant du XXème siècle, la concentration du capital s'est fortement accrue. Les capitalistes les plus puissants ont avalé les entreprises moins efficaces et formé des conglomérats toujours plus tentaculaires. Le besoin de débouchés et de matières premières à bas prix stimule le colonialisme, qui acquiert alors une toute autre importance qu'auparavant. Lénine décrivit ce phénomène sous le nom d'impérialisme, la stade suprême du capitalisme dans lequel nous sommes entrés.
2 Historique récent
Par la suite, l'intégration des économies dans un marché mondial est allé croissant, de même que la domination des puissances impérialistes. Les flux commerciaux ont fortement augmenté, avec à la fois l'accroissement de la production, de la division internationale du travail et le perfectionnement des moyens de transports (cargos ou avions plus gros, plus rapides, moins chers...).
2.1 Milieu du XXème siècle
Bien que la mondialisation n'ait pas été arrêtée, il est certain que la Grande dépression des années 30, suivi de la Seconde guerre mondiale, a beaucoup freiné les échanges mondiaux. En premier lieu la spirale de mesures protectionnistes que prirent les différentes États décourageait les investissements. Mais cela eu aussi de fortes conséquences sur les premières décennies d'Après-Guerre : l'étau légèrement desserré de l'impérialisme coïncidait avec un vaste mouvement décolonisateur, parmi ces nouveaux États indépendants, un certain nombre tentèrent une industrialisation auto-centrée, et les puissances européennes se concentrèrent plutôt sur les débouchés de leur marché intérieur.
2.2 Depuis les années 1970
Le tendance à la baisse du taux de profit et l'épuisement des marchés solvables dans les métropoles impérialistes ont donné une nouvelle impulsion à la domination impérialiste depuis les années 1970, et par suite aux échanges mondiaux. De nombreux capitalistes se sont mis à élargir leur champ d'action à l'étranger : de 7000 firmes multinationales en 1970, on est passé à 37 000 firmes en 1996.
Mais les flux de capitaux ont bien plus augmenté que les flux matériels, ce qui traduit la fuite en avant dans le capital fictif, fortement facilitée par le développement de l'informatique et des transactions par internet.
Une des remarquable conséquences fut une accélération de la centralisation du capital, par de fréquentes opérations de fusion-acquisitions.
Quant à l'immigration de travailleurs pauvres vers les métropoles capitalistes, jadis encouragée, elle a été interdite (par exemple en 1974 en France), ce qui a pour principal effet de rendre celle-ci clandestine, et donc de dégrader les conditions d'exploitation des sans-papiers, et par suite de l'ensemble des travailleurs.