Différences entre les versions de « Matérialisme »

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== Matérialisme dialectique [[Matérialisme dialectique|[+]]]<br>  ==
 
== Matérialisme dialectique [[Matérialisme dialectique|[+]]]<br>  ==
  
En Allemagne, la philosophie idéaliste s'est beaucoup développée jusqu'au XIXème siècle, aboutissant à son summum, l'hégélianisme. Parmi les intellectuels progressistes d'alors, les "jeunes hégéliens", la critique est féconde. [[Ludwig Feueurbach|Ludwig Feueurbach]] rejette d'abord l'idéalisme et porte le flambeau du matérialisme. Mais son matérialisme est encore mécaniste. C'est ce qui conduira Karl Marx à élaborder la thèse du [[Matérialisme dialectique|matérialisme dialectique]]. <br>  
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En Allemagne, la philosophie idéaliste s'est beaucoup développée jusqu'au XIXème siècle, aboutissant à son summum, l'hégélianisme. Parmi les intellectuels progressistes d'alors, les "jeunes hégéliens", la critique est féconde. [[Ludwig Feueurbach|Ludwig Feueurbach]] rejette d'abord l'idéalisme et porte le flambeau du matérialisme. Mais son matérialisme est encore mécaniste. C'est ce qui conduira Karl Marx à élaborder la thèse du [[Matérialisme dialectique|matérialisme historique, application de la dialectique à l'histoire.]]<br>
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'''<u><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Le
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matérialisme historique</span></u>'''
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'''<u><span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="text-decoration:none" /></span></u>'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Avec Marx et Engels, le
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socialisme devient scientifique, par opposition à leurs prédécesseurs, les
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socialistes utopiques. Chez ces derniers, le socialisme et l’idéal étaient
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surtout fondés sur la révolte et la morale. Avec Marx et Engels, le socialisme
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est fondé sur une analyse scientifique de la société capitaliste elle-même,
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de son fonctionnement, de son économie, de l’évolution des sociétés humaines.
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Marx et Engels ne sont pas
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les premiers à s’être aperçus que les sociétés humaines évoluaient à travers
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l’histoire, qu’elles étaient toujours plus ou moins en mouvement. Et ils ne
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sont pas les premiers non plus à avoir cherché à comprendre et à expliquer les
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mécanismes, le moteur de cette évolution.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>
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'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">La conception
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religieuse de l’histoire</span>'''
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'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>'''<span style="font-size:12.0pt;
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>C’est d&nbsp;‘abord dans la religion que les hommes cherchèrent l’explication. Dans l’Iliade, d’Homère, un des textes les plus anciens que l’on connaisse et qui raconte un épisode des guerres que se livrèrent les cités grecques, au dessus des combattants il y a les dieux&nbsp;; et c’est dans leurs interventions, dans leurs choix qu’il faut chercher les raisons des victoires et des défaites.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Bien plus tard, avec le christianisme, le principe reste le même&nbsp;: c’est toujours, en dernière analyse, la volonté divine qui explique les actions des hommes (les grandes, les actions historiques, comme les petites, les actions individuelles).</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>De fait, dans une telle conception, le destin des hommes, leur histoire leur échappe&nbsp;: il ne leur reste que la prière.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span><span style="mso-spacerun:yes">&nbsp;</span>On voit bien comment une telle façon de voir va dans le sens du soutien à l’ordre établi&nbsp;: puisque tout ce qui existe a en quelque sorte la sanction du dieu. Et de fait, les rois de l’ancien régime plaçaient leur pouvoir sous la protection et le patronage divin.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">La conception
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idéaliste de l’histoire</span>'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:
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10.0pt" />
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;<span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>D’ailleurs, au 18<sup>ème</sup> siècle, l’Eglise devint l’une des cibles principales de la bourgeoisie luttant contre le régime féodal, et des philosophes qui furent ses porte-paroles, comme Voltaire ou Diderot.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Pour les philosophes français du 18<sup>ème</sup>, ce sont bien les hommes qui font l’histoire ou plutôt leurs idées, leurs opinions&nbsp;: et c’est parce que leurs opinions évoluent que la société évolue. Si la société est injuste, c’est parce que les hommes sont aveuglés par les préjugés, par l’ignorance. Et c’est dans ce cadre qu’ils conçoivent leur rôle&nbsp;: lutter contre les préjugés, apporter au peuple les idées, la culture qui leur manque. Et ils attachent beaucoup d’importance à l’éducation. Ces idées ne sont pas vraiment dépassées, en ce sens qu’elles ont encore largement cours aujourd’hui, en particulier chez les intellectuels.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Même si elles comportent une part de vrai, ces idées ne permettent pas d’expliquer grand chose, car dire que ce sont les idées et les opinions des hommes qui expliquent l’histoire ne permet pas de comprendre pourquoi telles ou telle idées sont apparues à tel moment de l’histoire&nbsp;; cela ne permet pas non plus de comprendre pourquoi les sociétés, et donc les idées, se transforment à travers l’histoire.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">La conception
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matérialiste de l’histoire</span>'''<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:
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10.0pt" />
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;<span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Avant Marx et Engels, au début du 19<sup>ème</sup> siècle, sous l’influence de la révolution française, des historiens avaient introduit la notion de classe sociale et d’intérêts de classe. De fait, toute l’histoire des sociétés humaines depuis l’Antiquité est l’histoire des luttes de classes. A travers toute l’histoire, oppresseurs et opprimés ont mené une guerre ininterrompue&nbsp;; une guerre tantôt ouverte, tantôt dissimulée&nbsp;; ce sont ces luttes de classe qui furent le moteur de l’évolution historique et qui permettent de la comprendre.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Marx poussa l’analyse plus loin. Quelle était l’origine de cette division de la société en classe&nbsp;? Quelle est l’origine des classes&nbsp;?</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Marx montra que c’est dans l’économie, et dans le niveau de développement économique que résidait la racine de l’existence des classes sociales. Dans l’existence des hommes, l’économie, c’est-à-dire la production des moyens d’existence, a une place vitale.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Ce qui différencie l’espèce humaine de toutes les autres espèces animales, c’est que l’homme produit ses moyens d’existence. Il ne se contente pas de récolter ce que la nature met à sa disposition pour se nourrir, se vêtir, se loger&nbsp;: par la fabrication d’outils, par l’invention de techniques de production (agriculture, élevage), il a la possibilité de produire ses moyens d’existence, de les améliorer, et donc de se libérer progressivement des contraintes de la nature.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Mais en produisant ses moyens d’existence, l’homme produit aussi ses rapports à l’intérieur de la société. la production a une influence déterminante sur ses rapports que les hommes entretiennent entre eux&nbsp;: sur la façon dont ils se regroupent ou sur la façon dont ils se divisent et s’opposent, c’est-à-dire sur la forme même de la société dans laquelle les hommes vivent.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span>
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Ainsi, dans les sociétés où
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les forces productives sont encore rudimentaires, le travail est une obligation
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pour tous, et c’est pour l’essentiel un travail en commun. Chez les peuples
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chasseurs primitifs, on est obligé souvent de se mettre à plusieurs pour
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chasser le gros gibier&nbsp;; ainsi, les Australiens chassent le kangourou par
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bandes de plusieurs dizaines d’individus&nbsp;; les Esquimaux réunissent toute
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une flottille de canots pour la pêche à la baleine. Les kangourous capturés,
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les baleines capturées en commun sont considérées comme propriété commune. Le
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territoire de chaque tribu, chez les Australiens aussi bien que chez les autres
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peuples chasseurs, est considéré comme propriété collective.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Ainsi, sur la base de cette production en commun se constituent des formes de sociétés égalitaires, communautaires (le communisme primitif).</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Mais à l’intérieur de ces sociétés égalitaires, le progrès technique a continué. Découverte et perfectionnement de l’agriculture, de l’élevage, perfectionnement des outils ont accru la productivité du travail humain&nbsp;: les sociétés humaines se libéraient progressivement des contraintes naturelles. Le travail de l’homme ne produisait plus seulement de quoi satisfaire ses propres besoins&nbsp;: il produisait au delà. Ce développement de la productivité du travail rendait possible le fait que, dans la tribu, un certain nombre d’hommes soient retirés des tâches directement productives. Il rendait possible ainsi les premières formes de la division du travail&nbsp;: par exemple la spécialisation de certains dans le travail des outils, des peaux, des tissus&nbsp;; donc l’apparition d’artisans. Mais aussi la spécialisation de certains dans les fonctions religieuses, et c’est l’apparition de la caste ds prêtres vivant en dehors de la société et aux dépens des producteurs.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Mais surtout, ce développement de la productivité rendait possible l&nbsp;‘exploitation du travail, c’est à dire le fait qu’une minorité de gens ne travaillant pas vivent du travail des autres.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Et c’est bien ce qui se produisit&nbsp;: et c’est là qu’est la base, le fondement de la division de la société en classes. La première forme d’exploitation du travail, ce fut l’esclavage. Et donc la première grande division de la société en classes opposa hommes libres et esclaves. Cette division marqua toutes les grandes sociétés de l’Antiquité&nbsp;: Égypte, Grèce, Rome. C’est dans les guerres, et dans les prisonniers de guerre, que ces sociétés puisaient de quoi alimenter ou renouveler leur main d’œuvre d’esclaves. Esclaves qui travaillaient non seulement aux tâches domestiques, mais aussi aux tâches productives&nbsp;: dans l’agriculture et dans les mines.</span>
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mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Le Moyen-Âge, en Europe
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occidentale, est né de l’éclatement de l’Empire romain, disloqué par les
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invasions barbares au 5<sup>ème</sup> siècle (Francs, Ostrogoths,
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Wisigoths,...) venues de l’Est. Les populations se replient dans les campagnes
 +
et s’isolent, autour des grands domaines. Progressivement, les propriétaires
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des grands domaines vont concéder des lopins de terre à leurs esclaves&nbsp;:
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en échange, ceux-ci devront verser à leur maître une partie de leur récolte, et
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ils devront venir travailler un certain nombre de jours par semaine sur les terres
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de leur maître. Cette transformation des esclaves en serfs n’a pas été
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provoquée par des scrupules moraux mais par l’intérêt économique&nbsp;: parce
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que les maîtres - seigneurs ou ecclésiastiques - tiraient plus ainsi du travail
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de leurs anciens esclaves. </span>
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Dans le même temps, les
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paysans libres (non esclaves à l’origine) évoluèrent eux aussi vers la
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condition de serfs. En échange de la protection militaire que leur accordèrent
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les seigneurs contre les pillards et agresseurs de toutes sortes, ils durent
 +
payer aux dits seigneurs en nature, en versant une partie de leur récolte, et
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en travail, en allant travailler une partie de la semaine sur les terres du
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seigneur. </span>
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">C’est ainsi que se
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constituèrent les rapports de classe qui caractérisèrent le Moyen-Âge
 +
féodal&nbsp;: une aristocratie militaire ou religieuse vivant aux dépens du
 +
travail des paysans-serfs. L’exploitation du travail était alors facile à
 +
voir&nbsp;: elle se comptabilisait en livraisons obligatoires de produits en
 +
journées de travail obligatoires pour le seigneur. Au paysan, elle laissait
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juste ce qu’il fallait pour vivre&nbsp;; et elle raflait tout le reste pour
 +
l’entretien des classes dirigeantes.</span>
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>
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<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Ce sont les progrès
 +
économiques qui là encore introduisirent de nouvelles différenciations dans
 +
cette société féodale. En effet, le développement de la productivité du travail
 +
des paysans favorisa un nouveau développement du commerce, à l’intérieur des
 +
régions et entre les régions, et même entre les pays. Dans le même temps se
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développa une nouvelle classe de gens&nbsp;: celle des marchands&nbsp;; avec
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eux se développèrent à nouveau les villes et l’artisanat. C’est ainsi que, aux
 +
alentours du 10<sup>ème</sup> siècle, se développa une classe nouvelle,
 +
marginale par rapport à la société féodale&nbsp;: la bourgeoisie.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Cette nouvelle classe a
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pris, au cours des siècles, de plus en plus d’importance économique.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">La découverte de l’Amérique
 +
et les premiers voyages autour de l’Afrique lui offrirent de nouveaux champs
 +
d’action. Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de
 +
l’Amérique, le commerce colonial donnèrent un essor considérable au commerce, à
 +
la navigation, à l’industrie. Et donc à la bourgeoisie, dont la puissance
 +
sociale s’accroissait en proportion. </span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">A l’extension du marché, la
 +
bourgeoisie répondit par l’extension de la production. A côté des corporations
 +
artisanales héritées du moyen-âge elle fit surgir des manufactures qui
 +
rassemblaient dans un même lieu de nombreux artisans de divers métiers. Ce fut
 +
la première forme de travail industriel. Elles firent apparaître aussi dans une
 +
société fondée sur l’exploitation du travail du paysan une nouvelle forme
 +
d’exploitation&nbsp;: celle du travail salarié.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Mais à ce niveau de
 +
développement, les bourgeois se heurtaient à de multiples obstacles&nbsp;: le
 +
régime politique et social, le système juridique de l’ancien régime, hérité de
 +
l’âge féodal constituait une entrave au libre développement bourgeois.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">&nbsp;</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">C’est ainsi par exemple que
 +
la circulation des marchandises se heurtait à l’intérieur du pays à l’existence
 +
d’une multitude de péages, octrois, etc ... qui limitaient les possibilités
 +
d’expansion commerciale sur le marché intérieur. </span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">De fait, l’ancien régime
 +
entrait en contradiction avec le développement des forces productives, dont la
 +
bourgeoisie était porteuse.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Et c’est là qu’est la raison
 +
d’être, l’explication des révolutions bourgeoises qui, à partir de la fin du 18<sup>ème</sup>
 +
siècle en Angleterre, donnèrent le pouvoir politique à la bourgeoisie et
 +
balayèrent tous les obstacles au développement de la production bourgeoise.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">A partir de là, la
 +
bourgeoisie développa de façon considérable les forces productives de la
 +
société, la production. Et elle entraîna dans son circuit l’ensemble du monde,
 +
aucun pays ne pouvant échapper à la pénétration de ses marchandises et de ses
 +
capitaux. </span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Mais l’histoire ne s’arrête
 +
pas là. </span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;mso-bidi-font-size:10.0pt">Et aujourd’hui, depuis en
 +
fait plus de 100ans, nous assistons à un processus analogue à celui qui, à
 +
partir de la fin du 17<sup>ème</sup> siècle, aboutit à la destruction de
 +
l’ancien régime et à son remplacement par la société bourgeoise.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>La période progressiste de la société bourgeoise, du capitalisme, est terminée depuis longtemps. De guerre en crise économique, et de crise économique en guerre, la bourgeoisie détruit plus qu’elle ne construit. Et, à l’échelle du monde, elle produit plus de misère que de richesses.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Le régime bourgeois est à son tour devenu une entrave au développement des forces productives. Il est même un obstacle à la simple utilisation des forces productives existantes.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt"><span style="mso-tab-count:1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span>Le renversement de la bourgeoisie est une nécessité. Ce changement de société ne se fera pas tour seul, automatiquement. Il faudra que des hommes et des femmes le veuillent et y travaillent.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt" />
 +
 
 +
'''<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt">A lire</span>'''<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt"> : Plékhanov, La conception matérialiste de l'histoire.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt">Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique.</span>
 +
 
 +
<span style="font-size:12.0pt;
 +
mso-bidi-font-size:10.0pt">Marx, Le manifeste du parti communiste.</span>
 +
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Version du 1 juillet 2013 à 21:55

Le matérialisme englobe toutes les philosophies dites matérialistes qui affirment que la substance du monde est de nature matérielle et immanente, c’est-à-dire que « rien ne se crée, rien ne se perd », les éléments de la nature et leurs phénomènes se suffisent à eux-mêmes, à leur formation, à leur mouvement et à leur développement. Il s'oppose aux philosophies de la transcendance qui sont le spiritualisme et l'idéalisme.

Le matérialisme philosophique compte peu de représentants au cours de l'histoire. Pourtant, ils sont importants et conséquents dans le dévellopement de la pensée et de la science : dès l'Antiquité, Démocrite, Epicure ou Lucrèce ont développé des conceptions matérialistes; Au XIXe siècle, Feuerbach (bien qu'encore idéaliste) puis surtout Marx et Engels rompent avec l'idéalisme hégélien et élaborent une théorie matérialiste.

1 Matérialisme antique [+]

Dans l'Antiquité européenne, les philosophes présocratiques étaient matérialistes : Héraclite, Démocrite, Leucippe, Diogène, Épicure, Lucrèce.

Ils faisaient partir leurs questionnements de sujets de physique sur la continuité de la matière (y a-t-il des grains de matière ? Les atomes évoluent-ils dans le vide ? etc.) et en déduisaient leur éthique.

Pour eux la matière et le réel étaient la base fondamentale pour expliquer les phénomènes, philosopher et produire le savoir.

Ce matérialisme antique sera ensuite supplanté progressivement par l'idéalisme, avec Parménide, Platon, les stoïciens, puis les pères de l'Église chrétienne.

2 Matérialisme mécaniste [+]

Au XVII° siècle, puis au XVIII°, principalement en France, le matérialisme mécaniste connaît une forte ascencion. Il est porté essentiellement par une bourgeoisie offensive face à l'obscurantisme féodal, qui exalte par là même ses valeurs et la supériorité du mode de production dont elle est porteuse.

3 Matérialisme dialectique [+]

En Allemagne, la philosophie idéaliste s'est beaucoup développée jusqu'au XIXème siècle, aboutissant à son summum, l'hégélianisme. Parmi les intellectuels progressistes d'alors, les "jeunes hégéliens", la critique est féconde. Ludwig Feueurbach rejette d'abord l'idéalisme et porte le flambeau du matérialisme. Mais son matérialisme est encore mécaniste. C'est ce qui conduira Karl Marx à élaborder la thèse du matérialisme historique, application de la dialectique à l'histoire.


Le matérialisme historique


 

Avec Marx et Engels, le socialisme devient scientifique, par opposition à leurs prédécesseurs, les socialistes utopiques. Chez ces derniers, le socialisme et l’idéal étaient surtout fondés sur la révolte et la morale. Avec Marx et Engels, le socialisme est fondé sur une analyse scientifique de la société capitaliste elle-même, de son fonctionnement, de son économie, de l’évolution des sociétés humaines.

Marx et Engels ne sont pas les premiers à s’être aperçus que les sociétés humaines évoluaient à travers l’histoire, qu’elles étaient toujours plus ou moins en mouvement. Et ils ne sont pas les premiers non plus à avoir cherché à comprendre et à expliquer les mécanismes, le moteur de cette évolution.

 

La conception religieuse de l’histoire

             C’est d ‘abord dans la religion que les hommes cherchèrent l’explication. Dans l’Iliade, d’Homère, un des textes les plus anciens que l’on connaisse et qui raconte un épisode des guerres que se livrèrent les cités grecques, au dessus des combattants il y a les dieux ; et c’est dans leurs interventions, dans leurs choix qu’il faut chercher les raisons des victoires et des défaites.

            Bien plus tard, avec le christianisme, le principe reste le même : c’est toujours, en dernière analyse, la volonté divine qui explique les actions des hommes (les grandes, les actions historiques, comme les petites, les actions individuelles).

            De fait, dans une telle conception, le destin des hommes, leur histoire leur échappe : il ne leur reste que la prière.

             On voit bien comment une telle façon de voir va dans le sens du soutien à l’ordre établi : puisque tout ce qui existe a en quelque sorte la sanction du dieu. Et de fait, les rois de l’ancien régime plaçaient leur pouvoir sous la protection et le patronage divin.

 La conception idéaliste de l’histoire

             D’ailleurs, au 18ème siècle, l’Eglise devint l’une des cibles principales de la bourgeoisie luttant contre le régime féodal, et des philosophes qui furent ses porte-paroles, comme Voltaire ou Diderot.

            Pour les philosophes français du 18ème, ce sont bien les hommes qui font l’histoire ou plutôt leurs idées, leurs opinions : et c’est parce que leurs opinions évoluent que la société évolue. Si la société est injuste, c’est parce que les hommes sont aveuglés par les préjugés, par l’ignorance. Et c’est dans ce cadre qu’ils conçoivent leur rôle : lutter contre les préjugés, apporter au peuple les idées, la culture qui leur manque. Et ils attachent beaucoup d’importance à l’éducation. Ces idées ne sont pas vraiment dépassées, en ce sens qu’elles ont encore largement cours aujourd’hui, en particulier chez les intellectuels.

            Même si elles comportent une part de vrai, ces idées ne permettent pas d’expliquer grand chose, car dire que ce sont les idées et les opinions des hommes qui expliquent l’histoire ne permet pas de comprendre pourquoi telles ou telle idées sont apparues à tel moment de l’histoire ; cela ne permet pas non plus de comprendre pourquoi les sociétés, et donc les idées, se transforment à travers l’histoire.

 La conception matérialiste de l’histoire

             Avant Marx et Engels, au début du 19ème siècle, sous l’influence de la révolution française, des historiens avaient introduit la notion de classe sociale et d’intérêts de classe. De fait, toute l’histoire des sociétés humaines depuis l’Antiquité est l’histoire des luttes de classes. A travers toute l’histoire, oppresseurs et opprimés ont mené une guerre ininterrompue ; une guerre tantôt ouverte, tantôt dissimulée ; ce sont ces luttes de classe qui furent le moteur de l’évolution historique et qui permettent de la comprendre.

            Marx poussa l’analyse plus loin. Quelle était l’origine de cette division de la société en classe ? Quelle est l’origine des classes ?

            Marx montra que c’est dans l’économie, et dans le niveau de développement économique que résidait la racine de l’existence des classes sociales. Dans l’existence des hommes, l’économie, c’est-à-dire la production des moyens d’existence, a une place vitale.

            Ce qui différencie l’espèce humaine de toutes les autres espèces animales, c’est que l’homme produit ses moyens d’existence. Il ne se contente pas de récolter ce que la nature met à sa disposition pour se nourrir, se vêtir, se loger : par la fabrication d’outils, par l’invention de techniques de production (agriculture, élevage), il a la possibilité de produire ses moyens d’existence, de les améliorer, et donc de se libérer progressivement des contraintes de la nature.

            Mais en produisant ses moyens d’existence, l’homme produit aussi ses rapports à l’intérieur de la société. la production a une influence déterminante sur ses rapports que les hommes entretiennent entre eux : sur la façon dont ils se regroupent ou sur la façon dont ils se divisent et s’opposent, c’est-à-dire sur la forme même de la société dans laquelle les hommes vivent.

           

Ainsi, dans les sociétés où les forces productives sont encore rudimentaires, le travail est une obligation pour tous, et c’est pour l’essentiel un travail en commun. Chez les peuples chasseurs primitifs, on est obligé souvent de se mettre à plusieurs pour chasser le gros gibier ; ainsi, les Australiens chassent le kangourou par bandes de plusieurs dizaines d’individus ; les Esquimaux réunissent toute une flottille de canots pour la pêche à la baleine. Les kangourous capturés, les baleines capturées en commun sont considérées comme propriété commune. Le territoire de chaque tribu, chez les Australiens aussi bien que chez les autres peuples chasseurs, est considéré comme propriété collective.

            Ainsi, sur la base de cette production en commun se constituent des formes de sociétés égalitaires, communautaires (le communisme primitif).

 

            Mais à l’intérieur de ces sociétés égalitaires, le progrès technique a continué. Découverte et perfectionnement de l’agriculture, de l’élevage, perfectionnement des outils ont accru la productivité du travail humain : les sociétés humaines se libéraient progressivement des contraintes naturelles. Le travail de l’homme ne produisait plus seulement de quoi satisfaire ses propres besoins : il produisait au delà. Ce développement de la productivité du travail rendait possible le fait que, dans la tribu, un certain nombre d’hommes soient retirés des tâches directement productives. Il rendait possible ainsi les premières formes de la division du travail : par exemple la spécialisation de certains dans le travail des outils, des peaux, des tissus ; donc l’apparition d’artisans. Mais aussi la spécialisation de certains dans les fonctions religieuses, et c’est l’apparition de la caste ds prêtres vivant en dehors de la société et aux dépens des producteurs.

            Mais surtout, ce développement de la productivité rendait possible l ‘exploitation du travail, c’est à dire le fait qu’une minorité de gens ne travaillant pas vivent du travail des autres.

 

            Et c’est bien ce qui se produisit : et c’est là qu’est la base, le fondement de la division de la société en classes. La première forme d’exploitation du travail, ce fut l’esclavage. Et donc la première grande division de la société en classes opposa hommes libres et esclaves. Cette division marqua toutes les grandes sociétés de l’Antiquité : Égypte, Grèce, Rome. C’est dans les guerres, et dans les prisonniers de guerre, que ces sociétés puisaient de quoi alimenter ou renouveler leur main d’œuvre d’esclaves. Esclaves qui travaillaient non seulement aux tâches domestiques, mais aussi aux tâches productives : dans l’agriculture et dans les mines.

 

Le Moyen-Âge, en Europe occidentale, est né de l’éclatement de l’Empire romain, disloqué par les invasions barbares au 5ème siècle (Francs, Ostrogoths, Wisigoths,...) venues de l’Est. Les populations se replient dans les campagnes et s’isolent, autour des grands domaines. Progressivement, les propriétaires des grands domaines vont concéder des lopins de terre à leurs esclaves : en échange, ceux-ci devront verser à leur maître une partie de leur récolte, et ils devront venir travailler un certain nombre de jours par semaine sur les terres de leur maître. Cette transformation des esclaves en serfs n’a pas été provoquée par des scrupules moraux mais par l’intérêt économique : parce que les maîtres - seigneurs ou ecclésiastiques - tiraient plus ainsi du travail de leurs anciens esclaves.

Dans le même temps, les paysans libres (non esclaves à l’origine) évoluèrent eux aussi vers la condition de serfs. En échange de la protection militaire que leur accordèrent les seigneurs contre les pillards et agresseurs de toutes sortes, ils durent payer aux dits seigneurs en nature, en versant une partie de leur récolte, et en travail, en allant travailler une partie de la semaine sur les terres du seigneur.

C’est ainsi que se constituèrent les rapports de classe qui caractérisèrent le Moyen-Âge féodal : une aristocratie militaire ou religieuse vivant aux dépens du travail des paysans-serfs. L’exploitation du travail était alors facile à voir : elle se comptabilisait en livraisons obligatoires de produits en journées de travail obligatoires pour le seigneur. Au paysan, elle laissait juste ce qu’il fallait pour vivre ; et elle raflait tout le reste pour l’entretien des classes dirigeantes.

 

Ce sont les progrès économiques qui là encore introduisirent de nouvelles différenciations dans cette société féodale. En effet, le développement de la productivité du travail des paysans favorisa un nouveau développement du commerce, à l’intérieur des régions et entre les régions, et même entre les pays. Dans le même temps se développa une nouvelle classe de gens : celle des marchands ; avec eux se développèrent à nouveau les villes et l’artisanat. C’est ainsi que, aux alentours du 10ème siècle, se développa une classe nouvelle, marginale par rapport à la société féodale : la bourgeoisie.

Cette nouvelle classe a pris, au cours des siècles, de plus en plus d’importance économique.

La découverte de l’Amérique et les premiers voyages autour de l’Afrique lui offrirent de nouveaux champs d’action. Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de l’Amérique, le commerce colonial donnèrent un essor considérable au commerce, à la navigation, à l’industrie. Et donc à la bourgeoisie, dont la puissance sociale s’accroissait en proportion.

A l’extension du marché, la bourgeoisie répondit par l’extension de la production. A côté des corporations artisanales héritées du moyen-âge elle fit surgir des manufactures qui rassemblaient dans un même lieu de nombreux artisans de divers métiers. Ce fut la première forme de travail industriel. Elles firent apparaître aussi dans une société fondée sur l’exploitation du travail du paysan une nouvelle forme d’exploitation : celle du travail salarié.

Mais à ce niveau de développement, les bourgeois se heurtaient à de multiples obstacles : le régime politique et social, le système juridique de l’ancien régime, hérité de l’âge féodal constituait une entrave au libre développement bourgeois.

 

C’est ainsi par exemple que la circulation des marchandises se heurtait à l’intérieur du pays à l’existence d’une multitude de péages, octrois, etc ... qui limitaient les possibilités d’expansion commerciale sur le marché intérieur.

De fait, l’ancien régime entrait en contradiction avec le développement des forces productives, dont la bourgeoisie était porteuse.

Et c’est là qu’est la raison d’être, l’explication des révolutions bourgeoises qui, à partir de la fin du 18ème siècle en Angleterre, donnèrent le pouvoir politique à la bourgeoisie et balayèrent tous les obstacles au développement de la production bourgeoise.

A partir de là, la bourgeoisie développa de façon considérable les forces productives de la société, la production. Et elle entraîna dans son circuit l’ensemble du monde, aucun pays ne pouvant échapper à la pénétration de ses marchandises et de ses capitaux.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Et aujourd’hui, depuis en fait plus de 100ans, nous assistons à un processus analogue à celui qui, à partir de la fin du 17ème siècle, aboutit à la destruction de l’ancien régime et à son remplacement par la société bourgeoise.

            La période progressiste de la société bourgeoise, du capitalisme, est terminée depuis longtemps. De guerre en crise économique, et de crise économique en guerre, la bourgeoisie détruit plus qu’elle ne construit. Et, à l’échelle du monde, elle produit plus de misère que de richesses.

            Le régime bourgeois est à son tour devenu une entrave au développement des forces productives. Il est même un obstacle à la simple utilisation des forces productives existantes.

            Le renversement de la bourgeoisie est une nécessité. Ce changement de société ne se fera pas tour seul, automatiquement. Il faudra que des hommes et des femmes le veuillent et y travaillent.

A lire : Plékhanov, La conception matérialiste de l'histoire.

Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique.

Marx, Le manifeste du parti communiste.

4 Articles connexes

Matérialisme antique
Matérialisme mécaniste
Matérialisme dialectique et matérialisme historique
Philosophes matérialistes
Matérialismes méthodologiques

5 Notions importantes

5.1 Mots liés à la philosophie matérialiste

  • Trinités matérialistes ("-" chaïne inaliénable) : esprit-âme-corps ; atome-énergie-mouvement; atomisme-empirisme-irréligion ; monisme-réalisme-science
  • Causes et conséquences : Scepticisme , cynisme, épicurisme, athéisme, science, évolution, dialectique

5.2 Antagonismes

  • Matérialisme/ spiritualisme, idéalisme
  • Immanence / transcendance
  • Monisme / Dualisme
  • Sensible  / Insensible
  • Origine / Commencement
  • Détermination, déterminisme / Prédestination
  • Hasard, contingent, nécessité, dialectique, évolutionnisme / nécessitarisme, fixisme, dessein, providence, intention, volonté
  • Mécanisme, Phénomène /  Métaphysique
  • Objectivité / Subjectivité
  • Dialectique / Evolutionnisme

5.3 Les amalgames

Les matérialismes sont souvent confondus avec de nombreuses doctrines dans leur acception seule. Ainsi, l’atomisme, le monisme, l’utilitarisme, l’athéisme, le réalisme et même la seule matière ne sont pas suffisants à eux-seuls pour être classés en tant que matérialismes. D’autre part, les matérialismes sont parfois assimilés à d'autres courants de type hédoniste tels que le libertinage que le langage courant classe sous le terme d’épicurisme. Enfin, on a pu classer parmi les matérialistes des philosophes dont les conceptions sont encore naturalistes comme Spinoza, D'Alembert, Helvétius ou Friedrich Nietzsche. D’où l’importance de reconnaître ce que n’est pas le matérialisme autant que ce qu’est le matérialisme. En effet, le matérialisme est autant un débat entre les autres philosophies impliquant une transcendance qu’un véritable système de pensée impliquant les avancées scientifiques.

* réductionnisme, Naturalisme, Libertinage, Vitalisme, Fatalisme, Nécessitarisme, Monisme, Irréligion, Atomisme, Empirisme, Athéisme, Fixisme, gradualisme, cartésianisme, spinozisme, utilitarisme, scientisme, positivisme, nietzschéanisme… etc