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'''Le marxisme''' est le système des idées et de la doctrine de Karl Marx et de ceux qui ont continué à utiliser sa méthode.<br>
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'''Le marxisme''' est le système des idées et de la doctrine de Karl Marx et de ceux qui ont continué à utiliser sa méthode.<br>  
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Marx a continué et parachevé les trois principaux courants d'idées du XIXe siècle, la philosophie classique allemande, l'économie politique classique anglaise et le socialisme français. La logique et l'unité remarquables de ses idées sont des qualités reconnues même par ses adversaires, et aujourd'hui timidement et partiellement réhabilités par ceux qui se disent [[marxien|marxiens]].<br>
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Marx a continué et parachevé les trois principaux courants d'idées du XIXe siècle, la philosophie classique allemande, l'économie politique classique anglaise et le socialisme français. La logique et l'unité remarquables de ses idées sont des qualités reconnues même par ses adversaires, et aujourd'hui timidement et partiellement réhabilités par ceux qui se disent [[Marxien|marxiens]].<br>  
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Le marxisme est la base du [[socialisme scientifique|socialisme scientifique]], qui est pour beaucoup de révolutionnaires l'acquis le plus précieux pour l'émancipation de l'humanité.<br>
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Le marxisme est la base du [[Socialisme scientifique|socialisme scientifique]], qui est pour beaucoup de révolutionnaires l'acquis le plus précieux pour l'émancipation de l'humanité.<br>  
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== Les fondements<br> ==
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= Les fondements<br> =
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Le marxisme utilise comme fondements le matérialisme et la dialectique, réunis dans une même théorie de l'évolution qu'est le [[matérialisme dialectique|matérialisme dialectique]].<br>
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Le marxisme utilise comme fondements le matérialisme et la dialectique, réunis dans une même théorie de l'évolution qu'est le [[Matérialisme dialectique|matérialisme dialectique]].<br>  
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=== Le matérialisme<br> ===
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Le marxisme part du [[matérialisme|principe matérialiste]] : le monde est matériel, et l'on doit chercher à expliquer la réalité à partir de la matière.&nbsp;
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Le marxisme part du [[Matérialisme|principe matérialiste]]&nbsp;: le monde est matériel, et l'on doit chercher à expliquer la réalité à partir de la matière.&nbsp;  
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=== La dialectique<br> ===
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== La dialectique<br> ==
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La [[dialectique|dialectique]] est en philosophie une manière de raisonner et d'interpréter le monde qui part des contradictions apparentes et cherche à les dépasser, c'est-à-dire à faire émerger de nouvelles thèses dans lesquelles les contradictions sont résolues.<br>
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La [[Dialectique|dialectique]] est en philosophie une manière de raisonner et d'interpréter le monde qui part des contradictions apparentes et cherche à les dépasser, c'est-à-dire à faire émerger de nouvelles thèses dans lesquelles les contradictions sont résolues.<br>  
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== Les acquis<br> ==
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=== La conception matérialiste de l'histoire ===
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Les acquis du marxisme se situent à la fois sur le plan de l'interprétation de l'histoire, et sur celle de l'analyse économique du capitalisme. Les deux approches ne sont pas dissociables, car chacune fait appel à l'autre.<br>
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Se rendant compte que l'ancien matérialisme était inconséquent, incomplet et unilatéral, Marx conclut qu'il fallait «&nbsp;mettre lascience de la société... en accord avec la base matérialiste, et la reconstruire en s'appuyant sur elle&nbsp;». Si, d'une manièregénérale, le matérialisme explique la conscience par l'être et non l'inverse, cette doctrine, appliquée à la société humaine,exigeait qu'on expliquât la conscience sociale par l'être social. «&nbsp;La technologie, dit Marx, met à nu le mode d'action de l'hommevis-à-vis de la nature, le procès de production de sa vie matérielle, et, par conséquent, l'origine des rapports sociaux et desidées ou conceptions intellectuelles qui en découlent&nbsp;» (Le Capital, livre I). On trouve une formulation complète des thèsesfondamentales du matérialisme appliqué à la société humaine et à son histoire dans la préface de Marx à son ouvrageContribution à la critique de l'économie politique, où il s'exprime comme suit&nbsp;: «&nbsp;... dans la production sociale de leur existence,les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production quicorrespondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports deproduction constitue là structure économique de la société, la, base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique etpolitique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de production de la vie matérielleconditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce n'est pas la conscience des hommes quidétermine leur être&nbsp;; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience. A un certain stade de leur développement,les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce quin'en est que l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors. De formesde développement des forces productives qu'ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque derévolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l'énormesuperstructure. Lorsqu'on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'onpeut constater d'une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques,politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennentconscience de ce conflit et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on nesaurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi&nbsp;; il faut, au contraire, expliquer cette conscience parles contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports deproduction... A grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiésd'époques progressives de la formation sociale économique".&nbsp;» (Voir la brève formule que Marx donne dans sa lettre à Engelsen date du 7 juillet 1866&nbsp;: «&nbsp;Notre théorie de la détermination de l'organisation du travail par les moyens de production.&nbsp;») Ladécouverte de la conception matérialiste de l'histoire, ou, plus exactement, l'application conséquente et l'extension dumatérialisme au domaine des phénomènes sociaux, a éliminé les deux défauts essentiels des théories historiques antérieures.En premier lieu, ces dernières ne considéraient, dans le meilleur des cas, que les mobiles idéologiques de l'activité historiquedes hommes, sans rechercher l'origine.de ces mobiles, sans saisir les lois objectives qui président au développement dusystème des rapports sociaux et sans discerner les racines de ces rapports dans le degré de développement de la productionmatérielle. En second lieu, les théories antérieures négligeaient précisément l'action des masses de la population, tandis que lematérialisme historique permet d'étudier, pour la première fois et avec la précision des sciences naturelles, les conditionssociales de vie des masses et les modifications de ces conditions. La «&nbsp;sociologie&nbsp;» et l'historiographie d'avant Marxaccumulaient dans le meilleur des cas des faits bruts, recueillis au petit bonheur, et n'exposaient que certains aspects duprocessus historique. Le marxisme a frayé le chemin à l'étude globale et universelle du processus de la naissance, dudéveloppement et du déclin des formations économiques et sociales en examinantl'ensemble des tendances contradictoires, enles ramenant aux conditions d'existence et de production, nettement précisées, des diverses classes de la société, en écartantle subjectivisme et l'arbitraire dans le choix des idées «&nbsp;directrices&nbsp;» ou dans leur interprétation, en découvrant l'origine detoutes les idées et des différentes tendances, sans exception, dans l'état des forces productives matérielles. Les hommes sontles artisans de leur propre histoire, mais par quoi les mobiles des hommes, et plus précisément des masses humaines, sont-ilsdéterminés&nbsp;? Quelle est la cause des conflits entre les idées et les aspirations contradictoires&nbsp;? Quelle est la résultante de tousces conflits de l'ensemble des sociétés humaines&nbsp;? Quelles sont les conditions objectives de la production de la vie matériellesur lesquelles est basée toute l'activité historique des hommes&nbsp;? Quelle est la loi qui préside à l'évolution de ces conditions&nbsp;?Marx a porté son attention sur tous ces problèmes et a tracé la voie à l'étude scientifique de l'histoire conçue comme unprocessus unique, régi par des lois, quelles qu'en soient la prodigieuse variété et toutes les contradictions.<br>  
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== L'analyse de l'histoire<br> ==
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=== La conception matérialiste de l'histoire  ===
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L'aspect directement pratique du matérialisme dialectique est la conception matérialiste de l'histoire, ou [[matérialisme historique|matérialisme historique]]. Celle-ci permet de comprendre les évolutions de l'humanité à partir des changements intervenus dans la sphère matérielle. De même que l'on ne juge pas une personne selon ce qu'elle pense d'elle-même, on ne doit pas juger une société sur les valeurs qu'elle proclame. On doit à l'inverse chercher dans les conditions de vie des masses et dans les rapports de production les sources de la [[politique|politique]] et des [[idéologies|idéologies]].<br>  
    
=== La lutte des classes  ===
 
=== La lutte des classes  ===
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Chacun sait que, dans toute société, les aspirations de certains de ses membres se heurtent à celles des autres, que la viesociale est pleine de contradictions, que l'histoire nous révèle la lutte entre les peuples et les sociétés, ainsi que dans leurpropre sein, et qu'elle nous montre, en outre, une succession de périodes de révolution et de réaction, de paix et de guerre, destagnation et de progrès rapide ou de décadence. Le marxisme a donné le fil conducteur qui, dans ce labyrinthe et ce chaosapparent, permet de découvrir l'existence de lois&nbsp;: la théorie de la lutte des classes. Seule l'étude de l'ensemble des aspirationsde tous les membres d'une société ou d'un groupe de sociétés permet de définir avec une précision scientifique le résultat deces aspirations. Or, les aspirations contradictoires naissent de la différence de situation et de conditions de vie des classes enlesquelles se décompose toute société. «&nbsp;L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, écrit Marx dans le Manifeste du Particommuniste [excepté l'histoire de la communauté primitive, ajoutera plus tard Engels], n'a été que l'histoire de luttes de classes.Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs etopprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre quifinissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classesen lutte... La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes declasses. Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte àcelles d'autrefois. Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié lesantagonismes de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classesdiamétralement opposées&nbsp;: la bourgeoisie et le prolétariat.&nbsp;» Depuis la grande Révolution française, l'histoire de l'Europe a,dans nombre de pays, révélé avec une évidence particulière cette cause réelle des événements&nbsp;: la lutte des classes. Déjà, àl'époque de la Restauration, on vit apparaître en France un certain nombre d'historiens (Thierry, Guizot, Mignet, Thiers) qui,dans leur synthèse des événements, ne purent s'empêcher de reconnaître que la lutte des classes était la clé permettant decomprendre toute l'histoire de France. Quant à l'époque moderne, celle de la victoire complète de la bourgeoisie, desinstitutions représentatives, du suffrage élargi (sinon universel), de la presse quotidienne à bon marché qui pénètre dans lesmasses, etc., l'époque des associations puissantes et de plus en plus vastes, celles des ouvriers et celles des patrons, etc., ellea montré avec plus d'évidence encore (bien que parfois sous une forme très unilatérale, «&nbsp;pacifique&nbsp;», «&nbsp;constitutionnelle&nbsp;») quela lutte des classes est le moteur des événements. Le passage suivant du Manifeste du Parti communiste de Marx montre quecelui-ci exigeait de la science sociale l'analyse objective de la situation de chaque classe au sein de la société moderne, enconnexion avec les conditions de développement de chacune d'elles&nbsp;: «&nbsp;De toutes les classes qui, à l'heure présente,s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent etpérissent avec la grande industrie&nbsp;; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. Les classes moyennes,petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existenceen tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices&nbsp;; bien plus, elles sontréactionnaires&nbsp;: elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est enconsidération de leur passage imminent au prolétariat&nbsp;: elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels&nbsp;;elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.&nbsp;» Dans nombre d'ouvrages historiques (voirBibliographie), Marx donna des exemples brillants et profonds d'histoire matérialiste, d'analyse de la condition de chaque classeparticulière et parfois des divers groupes ou couches au sein d'une classe, montrant jusqu'à l'évidence pourquoi et comment«&nbsp;toute lutte de classes est une lutte politique&nbsp;». Le texte que nous venons de citer montre clairement la complexité du réseaudes rapports sociaux et des transitions d'une classe à l'autre, du passé à l'avenir, que Marx analyse afin de déterminerexactement la résultante du développement historique. La théorie de Marx trouve sa confirmation et son application la plusprofonde, la plus complète et la plus détaillée dans sa doctrine économique.  
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Résultat principal du matérialisme historique : l'histoire est dans ses grandes lignes dessinée par la [[lutte des classes|lutte des classes]].<br>
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== L'analyse économique<br> ==
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Marx a consacré de nombreuses années de sa vie a étudier en détail le fonctionnement du [[capitalisme|capitalisme]], ce qui nous permet aujourd'hui de disposer de résultats d'une précision toujours d'actualité.<br>
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=== Marchandises, valeur d'usage, valeur d'échange<br> ===
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Lorsque l'on s'intéresse aux [[marchandises|marchandises]], on parle de [[valeur d'usage|valeur d'usage]] (utilité sociale) et de [[valeur d'échange|valeur d'échange]] (prix social).<br>
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=== La loi de la valeur  ===
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Marx a montré rigoureusement que la valeur des marchandises correspond au ''temps de travail socialement nécessaire'' pour la produire. C'est ce qu'il a appelé la [[loi de la valeur|loi de la valeur]].
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=== La valeur  ===
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=== Le fétichisme ===
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La marchandise est, en premier lieu, une chose qui satisfait un besoin quelconque de l'homme&nbsp;; en second lieu, c'est une choseque l'on échange contre une autre. L'utilité d'une chose en fait une valeur d'usage. La valeur d'échange (ou valeur tout court)est, tout d'abord, le rapport, la proportion, dans l'échange d'un certain nombre de valeurs d'usage d'une espèce contre uncertain nombre de valeurs d'usage d'une autre espèce. L'expérience quotidienne nous montre que des millions et des milliardsde tels échanges établissent sans cesse des rapports d'équivalence entre les valeurs d'usage les plusdiverses et les plusdissemblables. Qu'y a-t-il donc de commun entre ces choses différentes, continuellement ramenées les unes aux autres dansun système déterminé de rapports sociaux&nbsp;? Ce qu'elles ont de commun, c'est d'être des produits du travail. En échangeant desproduits, les hommes établissent des rapports d'équivalence entre les genres de travail les plus différents. La production desmarchandises est un système de rapports sociaux dans lequel les divers producteurs créent des produits variés (divisionsociale du travail) et les rendent équivalents au moment de l'échange. Par conséquent, ce qui est commun à toutes lesmarchandises, ce n'est pas le travail concret d'une branche de production déterminée, ce n'est pas un travail d'un genreparticulier, mais le travail humain abstrait, le travail humain en général. Dans la société étudiée, toute la force de travailreprésentée par la somme des valeurs de toutes les marchandises est une seule et même force de travail humain&nbsp;: desmilliards d'échanges le démontrent. Chaque marchandise prise à part n'est donc représentée que par une certaine portion detemps de travail socialement nécessaire. La grandeur de la valeur est déterminée par la quantité de travail socialementnécessaire ou par le temps de travail socialement nécessaire à la production d'une marchandise donnée, d'une valeur d'usagedonnée. «&nbsp;... en réputant égaux dans l'échange leurs produits différents, ils [les producteurs] établissent par le fait que leursdifférents travaux sont égaux. Ils le font sans le savoir.&nbsp;» La valeur est un rapport entre deux personnes, a dit un vieiléconomiste&nbsp;; il aurait dû simplement ajouter&nbsp;: un rapport caché sous l'enveloppe des choses. C'est seulement en considérant lesystème des rapports sociaux de production d'une formation historique déterminée de la société, rapports apparaissant dans lephénomène de masse de l'échange répété des milliards de fois, que l'on peut comprendre ce qu'est la valeur. «&nbsp;En tant quevaleurs, toutes les marchandises ne sont que du travail humain cristallisé.&nbsp;» Après une analyse approfondie du doublecaractère du travail incorporé dans les marchandises, Marx passe à l'examen de la forme de la valeur et de l'argent. Ce faisant,la principale tâche qu'il s'assigne est de rechercher l'origine de la forme monétaire de la valeur, d'étudier le processus historiquedu développement de l'échange, en commençant par les actes d'échange particuliers et fortuits («&nbsp;forme simple, particulière ouaccidentelle de la valeur&nbsp;»&nbsp;: une quantité déterminée d'une marchandise est échangée contre une quantité déterminée d'uneautre marchandise) pour passer à la forme générale de la valeur, lorsque plusieurs marchandises différentes sont échangéescontre une seule et même marchandise, en terminant par la forme monétaire de la valeur, où l'or apparaît comme cettemarchandise déterminée, comme l'équivalent général. Produit suprême du développement de l'échange et de la productionmarchande, l'argent estompe, dissimule le caractère social du travail individuel, le lien social entre les divers producteurs reliésles uns aux autres par le marché. Marx soumet à une analyse extrêmement détaillée les diverses fonctions de l'argent, et ilimporte de souligner qu'ici aussi (comme dans les premiers chapitres du Capital) la forme abstraite de l'exposé, qui paraîtparfois purement déductive, reproduit en réalité une documentation extrêmement riche sur l'histoire du développement del'échange et de la production marchande. «&nbsp;Si nous considérons l'argent, nous constatons qu'il suppose un certaindéveloppement de l'échange des marchandises. Les formes particulières de l'argent&nbsp;: simple équivalent de marchandises,moyen de circulation, moyen de payement, trésor ou monnaie universelle, indiquent, suivant l'étendue variable et laprépondérance relative de l'une ou de l'autre de ces fonctions, des degrés très divers de la production sociale&nbsp;» (Le Capital,livre I).<br>  
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Un point sur lequel Marx insiste beaucoup : les marchandises et leur prix, aussi concrets qu'ils soient, sont des constructions sociales. Leur réalité n'est pas une donnée intemporelle et immuable, mais le reflet des rapports de production actuels. Ce phénomène de [[fétichisme|fétichisme]] est illustré de façon plus frappante par la [[monnaie|monnaie]], la marchandise servant d'équivalent universel.<br>  
    
=== La plus-value  ===
 
=== La plus-value  ===
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=== Le socialisme  ===
 
=== Le socialisme  ===
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On voit par ce qui précède que si Marx conclut à la transformation inévitable de la société capitaliste en société socialiste, c'estentièrement et exclusivement à partir des lois économiques du mouvement de la société moderne. La socialisation du travail quiprogresse toujours plus rapidement sous mille formes diverses et qui, pendant le demi-siècle écoulé depuis la mort de Marx,s'est surtout manifestée par l'extension de la grande production, des cartels, des syndicats et des trusts capitalistes, ainsi quepar l'accroissement immense des proportions et de la puissance du capital financier&nbsp;; et c'est là que réside la principale basematérielle de l'avènement inéluctable du socialisme. Le moteur intellectuel et moral, l'agent physique de cette transformation,c'est le prolétariat éduqué par le capitalisme lui-même. La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, revêtant des formesdiverses et de plus en plus riches de contenu, devient inévitablement une lutte politique tendant à la conquête du pouvoirpolitique («&nbsp;dictature du prolétariat&nbsp;»). La socialisation de la production ne peut manquer d'aboutit à la transformation desmoyens de production en propriété sociale, à «&nbsp;l'expropriation des expropriateurs&nbsp;». L'augmentation énorme de la productivitédu travail, la réduction de la journée de travail, la substitution du travail collectif perfectionné aux vestiges, aux ruines de lapetite production primitive et disséminée, telles sont les conséquences directes de cette transformation. Le capitalisme romptdéfinitivement la liaison de l'agriculture avec l'industrie, mais il prépare en même temps, par son développement à un niveausupérieur, des éléments nouveaux de cette liaison&nbsp;: l'union de l'industrie avec l'agriculture sur la base d'une applicationconsciente de la science, d'une coordination du travail collectif, d'une nouvelle répartition de la population (mettant un terme àl'isolement de la campagne, à son état d'abandon et d'inculture, de même qu'à l'agglomération contre nature d'une populationénorme dans les grandes villes). Les formes supérieures du capitalisme moderne préparent une nouvelle forme de la famille, denouvelles conditions quant à la situation de la femme et à l'éducation des nouvelles générations&nbsp;; le travail des femmes et desenfants et la dissolution de la famille patriarcale par le capitalisme prennent inévitablement, dans la société moderne, les formesles plus terribles, les plus désastreuses et les plus répugnantes. Toutefois, «&nbsp;la grande industrie, par le rôle décisif qu'elleassigne aux femmes, aux adolescents et aux enfants des deux sexes, dans les procès de production socialement organisés endehors de la sphère familiale, crée une nouvelle base économique sur laquelle s'élèvera une forme supérieure de la famille etdes relations entre les deux sexes. Il est naturellement aussi absurde de considérer comme absolue tant la forme germanochrétiennede la famille que les anciennes formes romaine, grecque, orientale, qui constituent, d'ailleurs, une série dedéveloppements historiques successifs. Il est également évident que la composition du personnel ouvrier, regroupant desindividus de tout âge des deux sexes, constitue, dans sa forme capitaliste primitive et brutale pour laquelle l'ouvrier n'existe quepour le procès du travail et non pas ce dernier pour l'ouvrier, une source pestilentielle de corruption et d'esclavage qui doitinversement se transformer, dans des conditions adéquates, en une source de développement humain&nbsp;» (Le Capital, livre I, findu 13e chapitre). Le système de fabrique nous montre «&nbsp;le germe de l'éducation de l'avenir, éducation où le travail productifs'unira, pour tous les enfants au-dessus d'un certain âge, à l'instruction et à la gymnastique, et cela non seulement commeméthode destinée à accroître la production sociale, mais comme la seule et unique méthode pour produire des hommescomplets&nbsp;» (Ibidem). C'est sur la même base historique que le socialisme de Marx pose les problèmes de la nationalité et del'Etat, non seulement pour expliquer le passé, mais aussi pour prévoir hardiment l'avenir et entreprendre une action audacieuseen vue de sa réalisation. Les nations sont un produit et une forme inévitables de l'époque bourgeoise de l'évolution dessociétés. La classe ouvrière n'aurait pu se fortifier, s'aguerrir, se former, sans «&nbsp;s'organiser dans le cadre de la nation&nbsp;», sansêtre «&nbsp;nationale&nbsp;» («&nbsp;quoique nullement au sens bourgeois du mot&nbsp;»). Mais le développement du capitalisme brise sans cesseles barrières nationales, détruit l'isolement national, substitue les antagonismes de classes aux antagonismes nationaux. C'estpourquoi, dans les pays capitalistes développés, il est parfaitement vrai que «&nbsp;les ouvriers n'ont pas de patrie&nbsp;» et que, tout aumoins dans les pays civilisés, leur «&nbsp;action commune&nbsp;» «&nbsp;est une des premières conditions de l'émancipation du prolétariat&nbsp;»(Manifeste du Parti communiste)". L'Etat, cette violence organisée, a surgi inévitablement à un certain degré d'évolution de lasociété lorsque celle-ci, divisée en classes inconciliables, n'aurait pu subsister sans un «&nbsp;pouvoir&nbsp;» placé prétendument audessusde la société et séparé d'elle jusqu'à un certain point. Né des antagonismes de classes, l'Etat devient «&nbsp;l'Etat de laclasse la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquementdominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée. C'est ainsi que l'Etat antique étaitavant tout l'Etat des propriétaires d'esclaves pour mater les esclaves, comme l'Etat féodal fut l'organe de la noblesse pour materles paysans serfs et corvéables, et comme l'Etat représentatif moderne est l'instrument de l'exploitation du travail salarié par lecapital&nbsp;» (F. Engels&nbsp;: L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, où il expose ses vues et celles de Marx). La formemême la plus libre et la plus progressive de l'Etat bourgeois, la république démocratique, n'élimine nullement ce fait, mais enmodifie seulement l'aspect (liaison du gouvernement avec la Bourse, corruption directe et indirecte des fonctionnaires et de lapresse, etc.). Le socialisme, en menant à la suppression des classes, conduit par là même à la suppression de l'Etat. «&nbsp;Lepremier acte dans lequel l'Etat apparaît réellement comme représentant de toute la société, ó la prise de possession desmoyens de production au nom de la société, ó est en même temps son dernier acte propre en tant qu'Etat. D'un domaine àl'autre, l'intervention d'un pouvoir d'Etat dans les rapports sociaux devient superflue et entre alors naturellement en sommeil. Legouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'Etat n'estpas , il s'éteint&nbsp;» (F. Engels&nbsp;: Anti-Dühring). «&nbsp;La société, qui réorganisera la production sur la base d'une association libre etégalitaire des producteurs reléguera toute la machine de l'Etat là où sera dorénavant sa place&nbsp;: au musée des antiquités, à côtédu rouet et de la hache de bronze&nbsp;» (F.Engels&nbsp;: L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat). Enfin, en ce quiconcerne la position du socialisme de Marx à l'égard de la petite paysannerie, qui existera encore à l'époque où lesexpropriateurs seront expropriés, il importe de mentionner cette déclaration d'Engels, qui exprime la pensée de Marx&nbsp;:«&nbsp;...lorsque nous serons au pouvoir, nous ne pourrons songer à exproprier par la force les petits paysans (que ce soit avec ousans indemnité), comme nous serons obligés de le faire pour les grands propriétaires fonciers. Notre devoir envers le petitpaysan est, en premier lieu, de faire passer sa propriété et son exploitation individuelles à l'exploitation coopérative, non en l'ycontraignant, mais en l'y amenant par des exemples et en mettant à sa disposition le concours de la société. Et ici les moyensne nous manquent pas pour faire entrevoir au petit paysan des avantages qui lui sauteront aux yeux dès aujourd'hui&nbsp;» (F.Engels&nbsp;: La Question paysanne en France et en Allemagne, édit. Alexéïéva, p. 17. La traduction russe contient des erreurs. Voirl'original dans la Neue Zeit).<br>
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On voit par ce qui précède que si Marx conclut à la transformation inévitable de la société capitaliste en société socialiste, c'estentièrement et exclusivement à partir des lois économiques du mouvement de la société moderne. La socialisation du travail quiprogresse toujours plus rapidement sous mille formes diverses et qui, pendant le demi-siècle écoulé depuis la mort de Marx,s'est surtout manifestée par l'extension de la grande production, des cartels, des syndicats et des trusts capitalistes, ainsi quepar l'accroissement immense des proportions et de la puissance du capital financier&nbsp;; et c'est là que réside la principale basematérielle de l'avènement inéluctable du socialisme. Le moteur intellectuel et moral, l'agent physique de cette transformation,c'est le prolétariat éduqué par le capitalisme lui-même. La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, revêtant des formesdiverses et de plus en plus riches de contenu, devient inévitablement une lutte politique tendant à la conquête du pouvoirpolitique («&nbsp;dictature du prolétariat&nbsp;»). La socialisation de la production ne peut manquer d'aboutit à la transformation desmoyens de production en propriété sociale, à «&nbsp;l'expropriation des expropriateurs&nbsp;». L'augmentation énorme de la productivitédu travail, la réduction de la journée de travail, la substitution du travail collectif perfectionné aux vestiges, aux ruines de lapetite production primitive et disséminée, telles sont les conséquences directes de cette transformation. Le capitalisme romptdéfinitivement la liaison de l'agriculture avec l'industrie, mais il prépare en même temps, par son développement à un niveausupérieur, des éléments nouveaux de cette liaison&nbsp;: l'union de l'industrie avec l'agriculture sur la base d'une applicationconsciente de la science, d'une coordination du travail collectif, d'une nouvelle répartition de la population (mettant un terme àl'isolement de la campagne, à son état d'abandon et d'inculture, de même qu'à l'agglomération contre nature d'une populationénorme dans les grandes villes). Les formes supérieures du capitalisme moderne préparent une nouvelle forme de la famille, denouvelles conditions quant à la situation de la femme et à l'éducation des nouvelles générations&nbsp;; le travail des femmes et desenfants et la dissolution de la famille patriarcale par le capitalisme prennent inévitablement, dans la société moderne, les formesles plus terribles, les plus désastreuses et les plus répugnantes. Toutefois, «&nbsp;la grande industrie, par le rôle décisif qu'elleassigne aux femmes, aux adolescents et aux enfants des deux sexes, dans les procès de production socialement organisés endehors de la sphère familiale, crée une nouvelle base économique sur laquelle s'élèvera une forme supérieure de la famille etdes relations entre les deux sexes. Il est naturellement aussi absurde de considérer comme absolue tant la forme germanochrétiennede la famille que les anciennes formes romaine, grecque, orientale, qui constituent, d'ailleurs, une série dedéveloppements historiques successifs. Il est également évident que la composition du personnel ouvrier, regroupant desindividus de tout âge des deux sexes, constitue, dans sa forme capitaliste primitive et brutale pour laquelle l'ouvrier n'existe quepour le procès du travail et non pas ce dernier pour l'ouvrier, une source pestilentielle de corruption et d'esclavage qui doitinversement se transformer, dans des conditions adéquates, en une source de développement humain&nbsp;» (Le Capital, livre I, findu 13e chapitre). Le système de fabrique nous montre «&nbsp;le germe de l'éducation de l'avenir, éducation où le travail productifs'unira, pour tous les enfants au-dessus d'un certain âge, à l'instruction et à la gymnastique, et cela non seulement commeméthode destinée à accroître la production sociale, mais comme la seule et unique méthode pour produire des hommescomplets&nbsp;» (Ibidem). C'est sur la même base historique que le socialisme de Marx pose les problèmes de la nationalité et del'Etat, non seulement pour expliquer le passé, mais aussi pour prévoir hardiment l'avenir et entreprendre une action audacieuseen vue de sa réalisation. Les nations sont un produit et une forme inévitables de l'époque bourgeoise de l'évolution dessociétés. La classe ouvrière n'aurait pu se fortifier, s'aguerrir, se former, sans «&nbsp;s'organiser dans le cadre de la nation&nbsp;», sansêtre «&nbsp;nationale&nbsp;» («&nbsp;quoique nullement au sens bourgeois du mot&nbsp;»). Mais le développement du capitalisme brise sans cesseles barrières nationales, détruit l'isolement national, substitue les antagonismes de classes aux antagonismes nationaux. C'estpourquoi, dans les pays capitalistes développés, il est parfaitement vrai que «&nbsp;les ouvriers n'ont pas de patrie&nbsp;» et que, tout aumoins dans les pays civilisés, leur «&nbsp;action commune&nbsp;» «&nbsp;est une des premières conditions de l'émancipation du prolétariat&nbsp;»(Manifeste du Parti communiste)". L'Etat, cette violence organisée, a surgi inévitablement à un certain degré d'évolution de lasociété lorsque celle-ci, divisée en classes inconciliables, n'aurait pu subsister sans un «&nbsp;pouvoir&nbsp;» placé prétendument audessusde la société et séparé d'elle jusqu'à un certain point. Né des antagonismes de classes, l'Etat devient «&nbsp;l'Etat de laclasse la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquementdominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée. C'est ainsi que l'Etat antique étaitavant tout l'Etat des propriétaires d'esclaves pour mater les esclaves, comme l'Etat féodal fut l'organe de la noblesse pour materles paysans serfs et corvéables, et comme l'Etat représentatif moderne est l'instrument de l'exploitation du travail salarié par lecapital&nbsp;» (F. Engels&nbsp;: L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, où il expose ses vues et celles de Marx). La formemême la plus libre et la plus progressive de l'Etat bourgeois, la république démocratique, n'élimine nullement ce fait, mais enmodifie seulement l'aspect (liaison du gouvernement avec la Bourse, corruption directe et indirecte des fonctionnaires et de lapresse, etc.). Le socialisme, en menant à la suppression des classes, conduit par là même à la suppression de l'Etat. «&nbsp;Lepremier acte dans lequel l'Etat apparaît réellement comme représentant de toute la société, ó la prise de possession desmoyens de production au nom de la société, ó est en même temps son dernier acte propre en tant qu'Etat. D'un domaine àl'autre, l'intervention d'un pouvoir d'Etat dans les rapports sociaux devient superflue et entre alors naturellement en sommeil. Legouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'Etat n'estpas , il s'éteint&nbsp;» (F. Engels&nbsp;: Anti-Dühring). «&nbsp;La société, qui réorganisera la production sur la base d'une association libre etégalitaire des producteurs reléguera toute la machine de l'Etat là où sera dorénavant sa place&nbsp;: au musée des antiquités, à côtédu rouet et de la hache de bronze&nbsp;» (F.Engels&nbsp;: L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat). Enfin, en ce quiconcerne la position du socialisme de Marx à l'égard de la petite paysannerie, qui existera encore à l'époque où lesexpropriateurs seront expropriés, il importe de mentionner cette déclaration d'Engels, qui exprime la pensée de Marx&nbsp;:«&nbsp;...lorsque nous serons au pouvoir, nous ne pourrons songer à exproprier par la force les petits paysans (que ce soit avec ousans indemnité), comme nous serons obligés de le faire pour les grands propriétaires fonciers. Notre devoir envers le petitpaysan est, en premier lieu, de faire passer sa propriété et son exploitation individuelles à l'exploitation coopérative, non en l'ycontraignant, mais en l'y amenant par des exemples et en mettant à sa disposition le concours de la société. Et ici les moyensne nous manquent pas pour faire entrevoir au petit paysan des avantages qui lui sauteront aux yeux dès aujourd'hui&nbsp;» (F.Engels&nbsp;: La Question paysanne en France et en Allemagne, édit. Alexéïéva, p. 17. La traduction russe contient des erreurs. Voirl'original dans la Neue Zeit).<br>  
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Le site [http://www.marxists.org/francais/index.htm Marxists.org]<br>
 
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