Loi de la valeur

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La loi de la valeur indique que la valeur d'échange d'une marchandise est déterminée par le travail humain qu'elle incorpore. Il s'agit de la valeur réelle, la valeur de marché oscillant autour de celle-ci en fonction de l'offre et la demande.

1 Définition

La loi de la valeur, énoncée par Marx, indique que la valeur d'échange d'une marchandise est déterminée par le temps de travail socialement nécessaire à sa production. Ainsi, plus la production d'une marchandise demande de temps, plus cette marchandise aura une valeur importante.

Ce qui compte, dans l'établissement de la valeur d'échange d'une marchandise, est le temps de travail socialement nécessaire à sa production, et non le temps de travail réellement fourni pour la produire. Sinon, un vêtement produit par un artisan paresseux ou maladroit, qui travaillerait deux fois plus lentement que la moyenne, aurait une valeur deux fois plus grande que les vêtements identiques produits plus rapidement par d'autres artisans...

2 Preuves de la loi de la valeur

2.1 Preuve analytique

Si on décompose le prix d'une marchandise en ses éléments constituants et qu'on remonte suffisamment loin, on ne trouve que du travail. En effet, le prix d'une marchandise peut être ramené à quatre éléments :

  • l'amortissement du capital fixe (entretien du matériel, etc.) ;
  • l'amortissement du prix des matières premières ;
  • le salaire ;
  • la plus-value.

Le salaire et la plus-value sont du travail pur. Le prix des matières premières est composé en partie du salaire des travailleurs utilisés pour les extraire, en partie du prix d'autres matières premières et de l'amortissement du capital fixe. Le prix du capital fixe se décompose lui-même en une partie de travail et une partie de matières premières, et ainsi de suite. Quand on continue cette analyse suffisamment longtemps, la proportion du travail dans le prix de la marchandise tend vers 100%.

2.2 Preuve logique

Celle-ci est énoncée par Marx au début du Capital. Son raisonnement est le suivant: pour que des marchandises puissent être échangées, il faut qu'elles soient comparables l'une à l'autre, donc qu'elles aient un point commun. Il ne peut pas s'agir de leurs qualités naturelles : ni le poids (par exemple, un kilo d'or et un kilo de beurre n'ont pas la même la valeur), ni la taille, ni la forme ou la couleur, etc. Marx conclut que le seul point commun de ces marchandises qui ne soit pas physique, c'est qu'elles sont des produits du travail humain.

2.3 Preuve par l'absurde

Dans une société où le travail n'existerait pas (où tout serait produit par des robots par exemple), personne ne recevrait de revenu puisque personne n'interviendrait dans la production. Mais si personne n'avait de revenu, alors personne ne pourrait rien acheter, les marchandises ne pourraient pas être vendues, ni, donc, définies par leur valeur.

3 Exceptions

Pour qu'un bien soit une marchandise, dont la valeur est déterminée par la loi de la valeur, il faut que ce bien soit générique, reproductible. Un certain nombre de biens échappent totalement ou partiellement à ce critère.

Les œuvres d’art sont "marchandisées", mais leur valeur marchande est déterminée spéculativement. Le prix d'un tableau original d'un-e "grand peintre" est sans rapport concevable avec le temps de travail socialement nécessaire à sa production, tout simplement parce qu'il n'y a pas de production de masse, pas de "travail social" autour de ce tableau original. En revanche, une reproduction du tableau sera une marchandise dans le plein sens du terme.

Les produits de la recherche scientifiques sont également un cas particulier. Marx souligne qu'ils ont bien été marchandisés par le capitalisme (qu'ils ont contribué à faire naître) :

« Si le procès productif devient sphère d’application de la science, alors la science devient inversement une fonction du procès productif. »[1]

Mais il remarque que ces marchandises sont par nature sous-évaluées par la loi de la valeur :

« En tant que produit du travail intellectuel, la science se trouve toujours au-dessous de sa valeur. Parce que le temps de travail nécessaire à sa reproduction n’a aucun rapport avec le temps de travail nécessaire à sa production originelle. »

On peut étendre ce raisonnement à la plupart des productions intellectuelles marchandisées (concepts brevetés, logiciels...).

4 Origines théoriques

Marx considère encore en 1858 (à l’époque de Misère de la philosophie) la théorie de la valeur de Ricardo comme correcte.[2]

En 1862, il la rejette parce qu’elle mène à la confusion entre valeurs et prix de production.[3]

Marx continuait à travailler sur la valeur au cours des années 1860, et même entre les différentes éditions du Capital.[4]

5 Analyses concurrentes

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L'économiste libéral J. B. Say explique que la plus-value (intérêt, profit , rente), viendrait du travail (qui serait ainsi intégralement payé par le salaire) mais aussi de « services productifs » rendus par les moyens de production : terre, instruments, cuir, etc.

6 Pour approfondir

Guglielmo Carchedi étudie l'articulation des "savoirs" et de la théorie marxiste de la valeur dans son article Capitalism and the age of internet.

7 Notes et sources

  1. K. Marx, Manuscrits de 1861-1863
  2. Lettre de Marx à Lassale, 11 mars 1858
  3. Voir la lettre de Marx à Engels du 2 août 1862
  4. R. Hecker, Zur Entwicklung der Werttheorie von der 1. Zur 3. Auflage des ersten Bandes des « Kapitals » von Karl Marx (1867-1883) in Marx-Engels-Jahrbuch, n. 10, 1987, pp. 147-96.