Ligue communiste révolutionnaire du Japon

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La Ligue communiste révolutionnaire du Japon (日本革命的共産主義者同盟, Nihon Kakumeiteki Kyōsansugisha Dōmei, parfois abrégé en Kakukyōdō) est un groupe trotskiste fondé en 1957.

Suite à plusieurs scissions, deux autres groupes portent aujourd'hui ce nom :

  • Ligue communiste révolutionnaire du Japon - Comité national (Faction noyau, Chūkaku-ha)
  • Ligue communiste révolutionnaire du Japon - Faction Marxiste Révolutionnaire (Kakumaru-ha)

1 Historique

1.1 Contexte

Dans l'après-guerre, le Parti communiste japonais était très influent dans la jeunesse, et en particulier dans la grande organisation étudiante, la Zengakuren. Par sa politique opportuniste et légaliste, le PCJ a peu à peu écoeuré de nombreux jeunes militant-e-s radicalisé-e-s, notamment après son 6e congrès (juillet 1955) qui acte une politique purement parlementariste. La révolution hongroise de 1956 et sa répression brutale par les staliniens ont accéléré les remises en question. En mars 1956 à Paris, la direction de la Quatrième internationale presse les sympathisants japonais, dont certains sont au PCJ, de former une section. C'est la naissance de ce que l'on appellera au Japon la "nouvelle gauche".

1.2 Fondation

Plusieurs petits groupes qui avaient quitté le PCJ décident lors d'un congrès en 1957 de s'unir dans une nouvelle organisation, d'abord nommée Ligue trotskiste du Japon, avant d'adopter en décembre 1957 le nom de Ligue communiste révolutionnaire du Japon (LCRJ). Le Japon n'avait pas d'antécédents en termes d'organisations trotskystes. La LCRJ décide de s'affilier au Secrétariat international de la Quatrième Internationale, tout en nouant des contacts avec le Socialist Workers Party des Etats-Unis.

1.3 Entrisme et scissions du Chūkaku et du Kakumaru

D'autres membres décident dès 1958 de faire de l'entrisme dans le PCJ (comme Ryū Ōta), mais leur leader, Kyoji Nishi, en est aussitôt exclu.

En 1959, la LCRJ décide de faire de l'entrisme dans le Parti socialiste japonais (PSJ), ce qui provoque la scission d'un groupe, la « LCRJ - Comité national », derrière Kuroda_Kanichi.

A ce moment-là, la Zengakuren est dominée par la Ligue communiste, une organisation communiste anti-stalinienne (mais non trotskiste) dont sera issue la Faction armée rouge. La défaite de la lutte de 1960 contre le Traité américano-japonais provoque des scissions à répétition qui anéantissent l'influence de la Ligue communiste, au profit de la LCRJ.

En 1963, la « LCRJ - Comité national » éclate en deux groupes très hostiles entre eux, et qui évoluent vers la lutte armée :

  • la « LCRJ - Comité national (Faction noyau, Chūkaku-ha) »
  • la « LCRJ - Faction Marxiste Révolutionnaire » (Kakumaru-ha), derrière Kuroda Kanichi.

1.4 La LCRJ - Quatrième internationale

En 1965 est créée une "Section de la quatrième internationale" (Daiyon Intānashonaru Nihon Shibu), par regroupement de Ryū Ōta (pabliste) et de la Faction Kansai (partisan du SWP des Etats-Unis). L'organisation s'appelle elle aussi LCRJ, mais est plus connue sous le nom de Daiyon Intā ou parfois Yontoro.

En 1968, après avoir gagné de nombreux membres dans les protestations contre la guerre du Vietnam, des militants de la première LCRJ ressortent du Parti socialiste.

C'était alors la seule organisation vraiment "trotskiste", et elle ne s'engagea pas dans des luttes fratricides comme le reste de la nouvelle gauche japonaise. Mais elle participa elle aussi à des actions radicales, et eut un rôle important dans la lutte contre la construction de l'aéroport de Narita (jusqu'à l'occupation d'une tour de contrôle en mars 1978) ou dans la lutte de l'université Zenkyōtō de Tokyo. Elle était bien implantée dans les universités de la région de Tōhoku (nord-est) et à l'université Sophia de Tokyo. Les militants portaient des casques avec des insignes faucille_et_marteau. Leur journal s'appelait Révolution mondiale (Sekai Kakumei).

1.5 Années 1970

Les deux groupes s'affrontent physiquement, jusqu'à faire plusieurs morts par an au milieu des années 1970 (16 pour la seule année 1975). Ni le Chūkaku-ha ni le Kakumaru-ha ne se revendiquent véritablement du trotskisme, qu'ils considèrent comme dogmatique, même s'ils sont clairement anti-staliniens. Ils s'engagent des activités de guerrilla, tout en maintenant des interventions dans les universités au travers de sections de la Zengakuren.

1.6 Implantations syndicales

La LCRJ intervient de plus en plus dans les syndicats, avec quelques succès d'implantation.

1.7 Années 1980

Dans les années 1980, le Chūkaku-ha, derrière Tōru Takagi, est le plus important groupe armé d'extrême-gauche du Japon. Il compte alors 200 membres et 3 000 sympathisants. Elle possède une petite aile politique, et une aile militaire connu comme l'Armée révolutionnaire du Kansai. Le Chūkaku-ha mène alors une politique d'attentats, en majorité contre des bâtiments officiels : lors de la guerre du golfe, de l'extension de l'aéroport international de Narita, de l'envoi de troupes japonaises au Cambodge...

En 1985 et 1986, le groupe a saboté des lignes de chemins de fer pour faire dérailler des trains en réponse à la privatisation des sociétés japonaises de chemin de fer. Il a aussi attaqué des bases navales américaines avec des roquettes incendiaires. Le 4 mai 1986 Chūkaku-ha a attaqué le Sommet Économique de Tōkyō en tirant des roquettes artisanales en direction des chefs d'État. Il n'y a pas eu de victimes. La dernière attaque remonte à 2001 où un engin explosif a détruit la voiture d'un fonctionnaire de la préfecture de Chiba. Le fonctionnaire travaillait sur l'extension de l'aéroport de Narita.

Le 18 janvier 2016 la police a perquisitionné un petit appartement à Kita, à Tokyo, à la recherche de Masaaki Osaka, âgé de 66 ans et militant de Chūkaku-ha. Il est recherché pour la mort d’un policier lors d’une émeute à Shibuya en 1971, émeute dénonçant les termes de la fin de l’occupation d’Okinawa par les États-Unis et son utilisation (bases militaires) dans la guerre du Vietnam. Un policier était mort de ses brûlures après avoir été touché par un cocktail Molotov. Six militants furent arrêtés dont Fumiaki Hoshino, toujours en prison en 2016.

1.8 Depuis les années 1990

Vers la fin des années 1980, la plupart des groupes d'extrême gauche sont sur le déclin. En 1988, un rapport de police estimait que la "JRCL Daiyon Intā" avait 2 000 membres.

En 1989, le groupe éclate suite à une affaire de viol, connue sous le nom de “ABCD Mondai”, donnant naissance à un groupe nommé Conseil national des travailleurs internationalistes (NCIW). En 1991, la LCRJ est "rétrogradée" au statut de sympathisant de la Quatrième internationale (Secrétariat-unifié), tandis que seul reste reconnu membre le Groupe de libération des femmes (Dayon Intâ Josei Kaihô Gurûpu). Peu à peu, les deux groupes issus de la scission se rapprochent, et commencent par publier un hebdomadaire commun, Kakehashi (Le Pont). Un retour critique est fait sur les problèmes de sexisme et de viol fréquents dans la nouvelle gauche.

En 1998, la police saisit des milliers d'enregistrements de conversations internes du Kakumaru.[1] Au niveau international, le Kakumaru avait des liens avec la Ligue Spartaciste (un journal « Spartacist Japan » a été publié en 1982) et entretient maintenant des liens avec la Fraction trotskiste.

2 Liens externes

  • jrcl.net : Site de la LCRJ
  • zengakuren.jp : Site tenu par la LCRJ- Comité national (Chūkaku-ha)
  • jrcl.org : Site de la LCRJ - Faction Marxiste Révolutionnaire (Kakumaru-ha)

3 Notes et sources