Différences entre les versions de « Lev Kamenev »

De Wikirouge
Aller à la navigation Aller à la recherche
(Page créée avec « {{Infobox Personnalité politique | charte = | nom = Lev Kamenev | image = Lev Kamenev in 1922.jpg | taille image = | légende = Kamenev en 1922. <!-- Fonctions -->... »)
 
m (Remplacement de texte — « Catégorie:Russie / URSS » par « Catégorie:Russie »)
(3 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Infobox Personnalité politique
+
'''[[File:Lev Kamenev 1918.jpg|right|Lev Kamenev 1918.jpg]]Lev Borissovitch Kamenev''' (en russe Лев Борисович Каменев) de son nom de naissance '''Rosenfeld''' (Розенфельд), né le 6 juillet 1883 à Moscou et mort le 25 août 1936 à Moscou est un révolutionnaire [[Bolchévik|bolchévik]].
| charte =
 
| nom = Lev Kamenev
 
| image = Lev Kamenev in 1922.jpg
 
| taille image =
 
| légende = Kamenev en 1922. <!-- Fonctions -->
 
| fonction1 = Membre du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]]
 
| à partir du fonction1 = 1917-1917
 
| jusqu'au fonction1 = 1919-1926 <!-- Paramètres recommandés d'identification ou d'état-civil -->
 
| nom de naissance =Lev Borissovitch Rosenfeld
 
| date de naissance = 6 juillet 1883 julien=oui
 
| qualificatif date = <!-- par exemple : "en France" -->
 
| lieu de naissance = [[Moscou]], [[Empire russe]]
 
| date de décès = [[Date_fin::25 août 1936]]
 
| lieu de décès = [[Moscou]], [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|Russie]], [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]]
 
| nature du décès = Fusillé
 
| sépulture =
 
| nationalité = [[Empire russe|Russe]] <small>(de [[1883]] à [[1917]])</small><br />[[République socialiste fédérative soviétique de Russie|Russe]] <small>(de [[1917]] à [[1922]])</small><br /> [[Union des républiques socialistes soviétiques|Soviétique]] <small>(de [[1922]] à [[1936]])</small>
 
| parti = [[Bolcheviks]], puis<br>[[Parti communiste de l'Union soviétique|Parti communiste]] <!-- Autres paramètres facultatifs sur les personnalités apparentées (uniquement s'ils font l'objet d'un article Wikipédia) -->
 
| père =
 
| mère =
 
| fratrie =
 
| conjoint = Olga Bronstein
 
| enfants =
 
| entourage = <!-- Paramètres d'informations personnelles facultatives -->
 
| université =
 
| profession =
 
| hommage =
 
| religion =
 
| résidence =
 
| site web = <!-- Autres paramètres d'informations politiques facultatives -->
 
| signature =
 
| taille signature =
 
| emblème =
 
| taille emblème =
 
| liste = <!-- Autres paramètres facultatifs -->
 
| féminin =
 
}} '''Lev Borissovitch Kamenev''' (en ru Лев Борисович Каменев) de son nom de naissance '''Rosenfeld''' ({{lang|ru|Розенфельд}}), né le 6 juillet 1883 julien=oui à [[Moscou|Moscou]] et mort le 25 août 1936 à [[Moscou|Moscou]] est un révolutionnaire russe et homme politique [[Soviétique|soviétique]].
 
  
 
== Biographie ==
 
== Biographie ==
Ligne 42 : Ligne 5 :
 
=== Engagement révolutionnaire ===
 
=== Engagement révolutionnaire ===
  
Lev Borissovitch Kamenev est le fils d'un père [[Juif|juif]] laïc et d'une mère [[Christianisme_orthodoxe|orthodoxe]] russe. Son père travaillait comme ingénieur sur la ligne [[Bakou|Bakou]]-[[Batoumi|Batoumi]]<ref>{{harvsp|Robert Service|2013|p=60|id=RS}}.</ref>. Kamenev étudie au lycée classique pour garçons de [[Tbilissi|Tiflis]], en [[Géorgie_(pays)|Géorgie]], et à l'université de Moscou. À l'occasion de ses premières activités révolutionnaires (lectures de la théorie marxiste), il côtoie [[Joseph_Staline|Joseph Vissarionovitch Djougachvili]] (le futur Staline)<ref>{{harvsp|Robert Service|2013|p=60|id=RS}}.</ref>.
+
Lev Borissovitch Kamenev est le fils d'un père [[Juif|juif]] laïc et d'une mère [[Christianisme_orthodoxe|orthodoxe]] russe. Son père travaillait comme ingénieur sur la ligne Bakou-Batoumi<ref>{{harvsp|Robert Service|2013|p=60|id=RS}}.</ref>. Kamenev étudie au lycée classique pour garçons de Tiflis, en Géorgie, et à l'université de Moscou. À l'occasion de ses premières activités révolutionnaires (lectures de la théorie marxiste), il côtoie [[Joseph_Staline|Joseph Vissarionovitch Djougachvili]] (le futur Staline)<ref>{{harvsp|Robert Service|2013|p=60|id=RS}}.</ref>.
  
En [[1900|1900]], Kamenev épouse Olga Davidovna Bronstein ({{Lien|Olga Kameneva}}), la sœur de [[Léon_Trotski|Léon Trotski]]. Le couple a deux fils. En [[1901|1901]], Kamenev rejoint les communistes. En 1902, il interrompt ses études<ref>{{en}} Albert S. Lindemann, ''Esau's Tears: Modern Anti-Semitism and the Rise of the Jews'', Cambridge University Press. p. 430 {{ISBN|0-521-79538-9}}.</ref> et s'engage dans des activités révolutionnaires, il travaille à [[Saint-Pétersbourg|Saint-Pétersbourg]], à Moscou et à Tiflis.
+
En 1900, Kamenev épouse Olga Davidovna Bronstein, la sœur de [[Léon_Trotski|Léon Trotski]]. Le couple a deux fils. En 1901, Kamenev rejoint les communistes. En 1902, il interrompt ses études<ref>{{en}} Albert S. Lindemann, ''Esau's Tears: Modern Anti-Semitism and the Rise of the Jews'', Cambridge University Press. p. 430 {{ISBN|0-521-79538-9}}.</ref> et s'engage dans des activités révolutionnaires, il travaille à [[Saint-Pétersbourg|Saint-Pétersbourg]], à Moscou et à Tiflis.
  
En 1902, Kamenev fait un séjour à l'étranger et rencontre des leaders sociaux-démocrates russes en exil, en particulier [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]]<ref>{{en}} ''Vladimir Lenin's Collected Works'', Volume XX, International Publishers, 1929, ISBN 1-4179-1577-3 p. 353.</ref>, dont il devient un proche collaborateur. Il se rend à [[Paris|Paris]]. Kamenev assiste au 3<sup>e</sup> congrès du [[POSDR|POSDR]] à [[Londres|Londres]] en mars [[1905|1905]]. Il rejoint [[Révolution_russe_de_1905|Pétersbourg]] entre octobre et décembre 1905. Il retourne à Londres pour assister à la 5<sup>e</sup> réunion du RSDLP, où il est élu au Comité central de la mouvance bolchevique. En mai [[1907|1907]], Kamenev est arrêté à son retour en Russie. Il est libéré de prison en [[1908|1908]] et quitte la Russie la même année pour l'étranger et aide Lénine à éditer le magazine ''[[Proletariy|Proletariy]]''. Après l'éviction d'[[Alexandre_Bogdanov|Alexandre Bogdanov]] par Lénine en [[1908|1908]], Kamenev et [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] deviennent les principaux collaborateurs de Lénine à l'étranger. Ils contribuent à expulser Bogdanov et ses partisans en [[1909|1909]]. [[File:1918 Lev Kamenev.jpg|thumb|left|Kamenev en 1918.]] En janvier [[1910|1910]], les léninistes et les partisans de Bogdanov se réunissent à Paris et tentent de réunifier le parti. Kamenev et Zinoviev ont des doutes, mais suivent [[Victor_Noguine|Victor Noguine]], le négociateur de la réunion. Lénine est farouchement opposé à toute réunification, mais il est devenu minoritaire au sein de la direction [[Bolchevique|bolchevique]]. Les principaux participants à la réunion sont parvenus à un accord de principe et aux propositions faites par Trotski.
+
En 1902, Kamenev fait un séjour à l'étranger et rencontre des leaders sociaux-démocrates russes en exil, en particulier [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]]<ref>{{en}} ''Vladimir Lenin's Collected Works'', Volume XX, International Publishers, 1929, ISBN 1-4179-1577-3 p. 353.</ref>, dont il devient un proche collaborateur. Il se rend à Paris. Kamenev assiste au 3<sup>e</sup> congrès du [[POSDR|POSDR]] à Londres en mars 1905. Il rejoint Pétersbourg entre octobre et décembre 1905. Il retourne à Londres pour assister à la 5<sup>e</sup> réunion du POSDR, où il est élu au Comité central de la mouvance bolchevique. En mai 1907, Kamenev est arrêté à son retour en Russie. Il est libéré de prison en 1908 et quitte la Russie la même année pour l'étranger et aide Lénine à éditer le magazine ''[[Proletariy|Proletariy]]''. Après l'éviction d'[[Alexandre_Bogdanov|Alexandre Bogdanov]] par Lénine en 1908, Kamenev et [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] deviennent les principaux collaborateurs de Lénine à l'étranger. Ils contribuent à expulser Bogdanov et ses partisans en 1909.&nbsp; En janvier 1910, les léninistes et les partisans de Bogdanov se réunissent à Paris et tentent de réunifier le parti. Kamenev et Zinoviev ont des doutes, mais suivent [[Victor_Noguine|Victor Noguine]], le négociateur de la réunion. Lénine est farouchement opposé à toute réunification, mais il est devenu minoritaire au sein de la direction [[Bolchevique|bolchevique]]. Les principaux participants à la réunion sont parvenus à un accord de principe et aux propositions faites par Trotski.
  
Après l'échec de la tentative de réunification, Kamenev continue à travailler pour le journal ''Proletariy'' et enseigne à l'école du parti bolchevique à [[Longjumeau|Longjumeau]] près de Paris. En janvier [[1914|1914]], Kamenev est envoyé à Pétersbourg pour diriger la version russe de la ''Pravda'' et la fraction bolchevik de la [[Douma|Douma]]. Kamenev est arrêté après le déclenchement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]]. Il est exilé en [[Sibérie|Sibérie]] au début [[1915|1915]], et y reste jusqu'à la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]]<ref>{{en}} Adam Bruno Ulam, ''Stalin: The Man and His Era'', Boston, Beacon Press, 1973, ISBN 0-8070-7005-X p. 112.</ref>.
+
Après l'échec de la tentative de réunification, Kamenev continue à travailler pour le journal ''Proletariy'' et enseigne à l'école du parti bolchevique à Longjumeau près de Paris. En janvier 1914, Kamenev est envoyé à Pétersbourg pour diriger la version russe de la ''Pravda'' et la fraction bolchevik de la [[Douma|Douma]]. Kamenev est arrêté après le déclenchement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]]. Il est exilé en Sibérie au début 1915, et y reste jusqu'à la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]]<ref>{{en}} Adam Bruno Ulam, ''Stalin: The Man and His Era'', Boston, Beacon Press, 1973, ISBN 0-8070-7005-X p. 112.</ref>.
  
 
=== Après 1917 ===
 
=== Après 1917 ===
  
[[File:5 May 1919-Trotsky Lenin Kamenev.jpg|thumb|left|<!--LINK 0:37-->, <!--LINK 0:38--> et Kamenev (de gauche à droite), le <!--LINK 0:39--> <!--LINK 0:40--> à Moscou.]]
+
Après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], il est un des principaux dirigeants [[Bolchevik|bolcheviks]]. Il participa à l'''[[Iskra|Iskra]]'' et à la rédaction, en Suisse, de la ''[[Pravda|Pravda]]'', d'abord avec Trotski, puis dans la faction opposée.
  
Après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], il est un des principaux dirigeants [[Bolchevik|bolcheviks]]. Il participa à l'''[[Iskra|Iskra]]'' et à la rédaction, en [[Suisse|Suisse]], de la ''[[Pravda|Pravda]]'', d'abord avec Trotski, puis dans la faction opposée.
+
Il est élu au [[Comité_central_du_Parti_communiste_de_l'Union_soviétique|Comité central]] et participe aux négociations du [[Traité_de_Brest-Litovsk|traité de Brest-Litovsk]]. Il était opposé au projet d'insurrection de Lénine&nbsp;: un article publié avec [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] contre le projet d'insurrection devait rester dans les mémoires, à leur détriment. Un vote de la majorité du parti fut favorable à la stratégie de Lénine. Il se rallia et, après le succès de la révolution, fut élu Président du Comité Central Exécutif —&nbsp;en position de chef de l'État&nbsp;— par le deuxième [[Congrès_des_Soviets|congrès des Soviets]], réuni à la même date en prévision du succès de la révolution. Il fut aussi un des tout premiers membres du [[Politburo_du_Parti_communiste_de_l'Union_soviétique|Politburo]]. Il y avait parmi les collaborateurs de Lénine des divergences politiques et stratégiques&nbsp;: Kamenev, de concert avec Zinoviev et [[Staline|Staline]], s'opposa en 1923 à Trotski mais, trois ans plus tard, après la mort de Lénine, il forma avec Trotski l'[[Opposition_de_gauche|Opposition de gauche]] à Staline&nbsp;; tous deux critiquaient la tendance à la bureaucratie. En 1918, Kamenev devient président du [[Soviet_suprême|Soviet suprême]] de Moscou et peu après vice-président du gouvernement de Lénine et membre du conseil du Travail et de la Défense. Durant la maladie de Lénine, Kamenev est son conseiller, il est [[Commissaire_du_peuple|commissaire du peuple]] et président du [[Politburo|Politburo]]. En collaboration avec [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] et [[Joseph_Staline|Joseph Staline]], il participe à la marginalisation de Trotski. Durant le treizième [[Congrès_du_parti|congrès du parti]], Kamenev obtient une vaste majorité des sièges. La conférence s'est tenue en janvier 1924, juste avant la mort de Lénine.
  
Il est élu au [[Comité_central_du_Parti_communiste_de_l'Union_soviétique|Comité central]] et participe aux négociations du [[Traité_de_Brest-Litovsk|traité de Brest-Litovsk]]. Il était opposé au projet d'insurrection de Lénine&nbsp;: un article publié avec [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] contre le projet d'insurrection devait rester dans les mémoires, à leur détriment. Un vote de la majorité du parti fut favorable à la stratégie de Lénine. Il se rallia et, après le succès de la révolution, fut élu Président du Comité Central Exécutif {{Incise|en position de chef de l'État}} par le deuxième [[Congrès_des_Soviets|congrès des Soviets]], réuni à la même date en prévision du succès de la révolution. Il fut aussi un des tout premiers membres du [[Politburo_du_Parti_communiste_de_l'Union_soviétique|Politburo]]. Il y avait parmi les collaborateurs de Lénine des divergences politiques et stratégiques&nbsp;: Kamenev, de concert avec Zinoviev et [[Staline|Staline]], s'opposa en [[1923|1923]] à Trotski mais, trois ans plus tard, après la mort de Lénine, il forma avec Trotski l'[[Opposition_de_gauche|Opposition de gauche]] à Staline&nbsp;; tous deux critiquaient la tendance à la bureaucratie. [[File:Pogrzeb Lenina1924.jpg|thumb|right|Les porteurs du cercueil de Lénine lors de ses funérailles, depuis la gare Paveletskyl. Devant, <!--LINK 0:54-->, derrière lui, <!--LINK 0:55--> et derrière lui à gauche, Lev Kamenev.]] En [[1918|1918]], Kamenev devient président du [[Soviet_suprême|Soviet suprême]] de Moscou et peu après vice-président du gouvernement de Lénine et membre du conseil du Travail et de la Défense. Durant la maladie de Lénine, Kamenev est son conseiller, il est [[Commissaire_du_peuple|commissaire du peuple]] et président du [[Politburo|Politburo]]. En collaboration avec [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] et [[Joseph_Staline|Joseph Staline]], il participe à la marginalisation de Trotski. Durant le treizième [[Congrès_du_parti|congrès du parti]], Kamenev obtient une vaste majorité des sièges. La conférence s'est tenue en janvier [[1924|1924]], juste avant la mort de Lénine.
+
Après la défaite de Trotski à la 13<sup>e</sup> conférence, les tensions intervenues entre Zinoviev et Kamenev, d'une part, et les tensions avec Staline, d'autre part, deviennent plus prononcées. Néanmoins Kamenev, en particulier aidé par Staline, conserve son poste de [[Secrétaire_général|Secrétaire général]] du [[Comité_central|Comité central]] à l'occasion du 13<sup>e</sup> Congrès du Parti en mai-juin 1924.
  
Après la défaite de Trotski à la {{XIIIe}} conférence, les tensions intervenues entre Zinoviev et Kamenev, d'une part, et les tensions avec Staline, d'autre part, deviennent plus prononcées. Néanmoins Kamenev, en particulier aidé par Staline, conserve son poste de [[Secrétaire_général|Secrétaire général]] du [[Comité_central|Comité central]] à l'occasion du {{XIIIe}} Congrès du Parti en mai-juin [[1924|1924]].
+
Cependant, en octobre 1924, Trotski publie ''Les Leçons d'Octobre'', un résumé détaillé des événements de 1917. Dans l'article, Trotski décrit l'opposition de Zinoviev et Kamenev à la prise du pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917, ce que ces derniers auraient préféré passer sous silence. Cette révélation entraîne un nouveau cycle de lutte au sein du parti entre Zinoviev et Kamenev, une fois de plus allié avec Staline contre Trotski. Eux et leurs partisans accusent Trotski de diverses erreurs durant la [[Guerre_civile_russe|guerre civile russe]] et critiquent sa réputation militaire à tel point qu'il fut contraint de démissionner en tant que commissaire du peuple de l'Armée et de la présidence du conseil militaire révolutionnaire en janvier 1925. Zinoviev exigea l'expulsion de Trotski du Parti communiste, mais Staline refusa de le suivre, jouant habilement le rôle de modéré.
 
 
Cependant, en octobre 1924, Trotski publie ''{{Lien|fr=Les Leçons d'Octobre|trad=Lessons of October}}'', un résumé détaillé des événements de 1917. Dans l'article, Trotski décrit l'opposition de Zinoviev et Kamenev à la prise du pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917, ce que ces derniers auraient préféré passer sous silence. Cette révélation entraîne un nouveau cycle de lutte au sein du parti entre Zinoviev et Kamenev, une fois de plus allié avec Staline contre Trotski. Eux et leurs partisans accusent Trotski de diverses erreurs durant la [[Guerre_civile_russe|guerre civile russe]] et critiquent sa réputation militaire à tel point qu'il fut contraint de démissionner en tant que commissaire du peuple de l'Armée et de la présidence du conseil militaire révolutionnaire en janvier [[1925|1925]]. Zinoviev exigea l'expulsion de Trotski du Parti communiste, mais Staline refusa de le suivre, jouant habilement le rôle de modéré.
 
  
 
=== La chute ===
 
=== La chute ===
  
En 1925, une fois Trotski sur la touche, le [[Triumvirat|triumvirat]] Zinoviev-Kamenev-Staline commence à se désunir. Staline, de son côté, fait alliance avec le [[Théoricien|théoricien]] et éditeur de la ''Pravda'' [[Nikolaï_Boukharine|Nikolaï Boukharine]] et le Premier ministre soviétique [[Alexei_Rykov|Alexei Rykov]]. Zinoviev et Kamenev s'allient à la veuve de Lénine, [[Nadejda_Kroupskaïa|Nadejda Kroupskaïa]], et au commissaire du peuple aux Finances et membre du Politburo, [[Grigori_Sokolnikov|Grigori Sokolnikov]]. Leur alliance est connue sous le nom de «&nbsp;nouvelle opposition&nbsp;».
+
En 1925, une fois Trotski sur la touche, le triumvirat Zinoviev-Kamenev-Staline commence à se désunir. Staline, de son côté, fait alliance avec le théoricien et éditeur de la ''Pravda'' [[Nikolaï_Boukharine|Nikolaï Boukharine]] et le Premier ministre soviétique [[Alexei_Rykov|Alexei Rykov]]. Zinoviev et Kamenev s'allient à la veuve de Lénine, [[Nadejda_Kroupskaïa|Nadejda Kroupskaïa]], et au commissaire du peuple aux Finances et membre du Politburo, [[Grigori_Sokolnikov|Grigori Sokolnikov]]. Leur alliance est connue sous le nom de «&nbsp;nouvelle opposition&nbsp;».
  
La lutte devient ouverte à la réunion du Comité central de septembre 1925 et au {{XIVe}} congrès du Parti en décembre 1925, lorsque Kamenev demande publiquement le retrait de Staline de son poste de Secrétaire général. Avec sa délégation et avec Zinoviev, il se retrouve en minorité et est battu. Trotski est resté silencieux pendant le Congrès. Zinoviev est réélu au Politburo, mais Kamenev est rétrogradé et, de membre à part entière, il devint un membre sans droit de vote, tandis que Staline a récupéré plus d'alliés au Politburo.
+
La lutte devient ouverte à la réunion du Comité central de septembre 1925 et au 14<sup>e</sup> congrès du Parti en décembre 1925, lorsque Kamenev demande publiquement le retrait de Staline de son poste de Secrétaire général. Avec sa délégation et avec Zinoviev, il se retrouve en minorité et est battu. Trotski est resté silencieux pendant le Congrès. Zinoviev est réélu au Politburo, mais Kamenev est rétrogradé et, de membre à part entière, il devint un membre sans droit de vote, tandis que Staline a récupéré plus d'alliés au Politburo.
  
Dans les [[Années_1920|années 1920]], Kamenev quitta sa première femme pour Tatiana Glebova<ref>Michael Parrish, ''The Lesser Terror: Soviet State Security'', 1939-1953, Westport, CT, Praeger Publishers, 1996, ISBN 0-275-95113-8 p. 69.</ref>.
+
Dans les années 1920, Kamenev quitta sa première femme pour Tatiana Glebova<ref>Michael Parrish, ''The Lesser Terror: Soviet State Security'', 1939-1953, Westport, CT, Praeger Publishers, 1996, ISBN 0-275-95113-8 p. 69.</ref>.
  
Au cours d'une accalmie dans la lutte au sein du parti en [[1926|1926]], Zinoviev, Kamenev et leurs partisans retrouvent les partisans de Trotski et les deux groupes formèrent une alliance. elle fut connue sous le nom d'«Opposition unie&nbsp;». Mais lors de la {{XVe}} Conférence du Parti en octobre 1926, l'opposition est rejetée et Kamenev perd son siège au Politburo.
+
Au cours d'une accalmie dans la lutte au sein du parti en 1926, Zinoviev, Kamenev et leurs partisans retrouvent les partisans de Trotski et les deux groupes formèrent une alliance, qui fut connue sous le nom d'«Opposition unie&nbsp;». Mais lors de la 15<sup>e</sup> Conférence du Parti en octobre 1926, l'opposition est rejetée et Kamenev perd son siège au Politburo.
  
Kamenev resta dans l'opposition à Staline tout au long des années 1926 et 1927 et fut expulsé du Comité central en octobre 1927. Après l'expulsion de Zinoviev et de Trotski du Parti communiste, le [[12_novembre|12 novembre]] [[1927|1927]], Kamenev reste porte-parole du chef de l'opposition au sein du Parti et représenta sa position au {{XVe}} Congrès du Parti en décembre 1927. Le Congrès expulsa Kamenev, comme beaucoup d'opposants, début [[1928|1928]]<ref>{{en}} Elisabeth Kehoe, ''The Titled Americans: Three American Sisters and the English Aristocratic World Into Which They Married'', Atlantic Monthly Press, 2004, ISBN 0-87113-924-3, p.325.</ref>.
+
Kamenev resta dans l'opposition à Staline tout au long des années 1926 et 1927 et fut expulsé du Comité central en octobre 1927. Après l'expulsion de Zinoviev et de Trotski du Parti communiste, le 12 novembre 1927, Kamenev reste porte-parole du chef de l'opposition au sein du Parti et représenta sa position au 15e Congrès du Parti en décembre 1927. Le Congrès expulsa Kamenev, comme beaucoup d'opposants, début 1928<ref>{{en}} Elisabeth Kehoe, ''The Titled Americans: Three American Sisters and the English Aristocratic World Into Which They Married'', Atlantic Monthly Press, 2004, ISBN 0-87113-924-3, p.325.</ref>.
  
Exclu du Parti, il fait amende honorable, demandant sa réintégration, qui lui est accordée en [[1928|1928]].
+
Exclu du Parti, il fait amende honorable, demandant sa réintégration, qui lui est accordée en 1928.
  
En [[1932|1932]], il est à nouveau exclu et demande de nouveau à Staline d'être réintégré&nbsp;: il l'est le 12 décembre 1933 et dirige pendant quelques mois la [[Maison_Pouchkine|Maison Pouchkine]]. Pourtant, à peine trois ans plus tard, il est arrêté et condamné à dix ans de prison au motif d'avoir conspiré pour assassiner Staline.
+
En 1932, il est à nouveau exclu et demande de nouveau à Staline d'être réintégré&nbsp;: il l'est le 12 décembre 1933 et dirige pendant quelques mois la Maison Pouchkine. Pourtant, à peine trois ans plus tard, il est arrêté et condamné à dix ans de prison au motif d'avoir conspiré pour assassiner Staline.
  
Lors du premier des [[Procès_de_Moscou|procès de Moscou]], en août [[1936|1936]], il figure parmi les accusés, avec Zinoviev et d'autres, cette fois pour trahison envers l'État soviétique. Jugé coupable, il est exécuté à [[Moscou|Moscou]] le 25 août 1936.
+
Lors du premier des [[Procès_de_Moscou|procès de Moscou]], en août 1936, il figure parmi les accusés, avec Zinoviev et d'autres, cette fois pour trahison envers l'État soviétique. Jugé coupable, il est exécuté à Moscou le 25 août 1936.
  
Toute la famille de Kamenev disparaît avec lui. Ses enfants sont exécutés, Iouri Kamenev le 30 janvier 1938, à l'âge de 17 ans et Alexandre Kamenev, officier d'aviation, le 15 juillet 1939, à l'âge de 33 ans. Sa première épouse est d'abord envoyée en exil en 1935, rejugée en 1938 et exécutée par le [[NKVD|NKVD]] sur ordre de Staline le 11 septembre 1941 avec 160 autres prisonniers politiques dans la forêt de Medvedev, près d'[[Orel|Orel]]. Seul son plus jeune fils, [[Vladimir_Glebov|Vladimir Glebov]] (1929-1994), issu de son second mariage, a survécu aux prisons et camps de travail staliniens<ref>[[Orlando Figes]], ''Les Chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline'', p. 302, Denoël, 2009, {{ISBN|978-2-207-26085-2}}</ref>.
+
Toute la famille de Kamenev disparaît avec lui. Ses enfants sont exécutés, Iouri Kamenev le 30 janvier 1938, à l'âge de 17 ans et Alexandre Kamenev, officier d'aviation, le 15 juillet 1939, à l'âge de 33 ans. Sa première épouse est d'abord envoyée en exil en 1935, rejugée en 1938 et exécutée par le [[NKVD|NKVD]] sur ordre de Staline le 11 septembre 1941 avec 160 autres prisonniers politiques dans la forêt de Medvedev, près d'Orel. Seul son plus jeune fils, Vladimir Glebov (1929-1994), issu de son second mariage, a survécu aux prisons et camps de travail staliniens<ref>[[Orlando Figes]], ''Les Chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline'', p. 302, Denoël, 2009, {{ISBN|978-2-207-26085-2}}</ref>.
  
== Notes et références ==
+
== Ses écrits ==
  
<references />
+
{{...}}
  
== Bibliographie ==
+
{| width="70%"
 +
|- valign="top"
 +
| style="text-align: center" | 1922
 +
| [https://www.marxists.org/francais/kamenev/works/1922/01/goldenberg.htm Joseph Petrovitch Goldenberg (Mechkovski)]
 +
|}
  
*{{Ouvrage |langue=fr|langue originale=en |auteur1=[[Robert Service]]|titre= [[Staline]]|traduction=Martine Devillers-Argouarc'h|éditeur=Perrin |lieu= Paris|année= 2013|pages totales=736 |isbn=978-2262034559|id=RS}}
+
== Notes et références ==
  
== Liens externes ==
+
{{Ouvrage |langue=fr|langue originale=en |auteur1=[[Robert Service]]|titre= [[Staline]]|traduction=Martine Devillers-Argouarc'h|éditeur=Perrin |lieu= Paris|année= 2013|pages totales=736 |isbn=978-2262034559|id=RS}}
  
 +
<references />
  
  
*
 
  
[[Category:Pages avec des liens de fichiers brisés]] [[Category:Vieux bolchevik]] [[Category:Personnalité de la révolution russe]] [[Category:Personnalité politique soviétique]] [[Category:Victime des purges staliniennes]] [[Category:Naissance dans l'Empire russe]] [[Category:Naissance à Moscou]] [[Category:Naissance en juillet 1883]] [[Category:Décès en août 1936]] [[Category:Décès à Moscou]] [[Category:Décès à 53 ans]] [[Category:Personne fusillée en Union soviétique]] [[Category:Membre du Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique]]
+
[[Catégorie:Russie]][[Catégorie:Marxistes]][[Catégorie:Bolchéviks]]

Version du 8 novembre 2020 à 22:59

Lev Borissovitch Kamenev (en russe Лев Борисович Каменев) de son nom de naissance Rosenfeld (Розенфельд), né le 6 juillet 1883 à Moscou et mort le 25 août 1936 à Moscou est un révolutionnaire bolchévik.

1 Biographie

1.1 Engagement révolutionnaire

Lev Borissovitch Kamenev est le fils d'un père juif laïc et d'une mère orthodoxe russe. Son père travaillait comme ingénieur sur la ligne Bakou-Batoumi[1]. Kamenev étudie au lycée classique pour garçons de Tiflis, en Géorgie, et à l'université de Moscou. À l'occasion de ses premières activités révolutionnaires (lectures de la théorie marxiste), il côtoie Joseph Vissarionovitch Djougachvili (le futur Staline)[2].

En 1900, Kamenev épouse Olga Davidovna Bronstein, la sœur de Léon Trotski. Le couple a deux fils. En 1901, Kamenev rejoint les communistes. En 1902, il interrompt ses études[3] et s'engage dans des activités révolutionnaires, il travaille à Saint-Pétersbourg, à Moscou et à Tiflis.

En 1902, Kamenev fait un séjour à l'étranger et rencontre des leaders sociaux-démocrates russes en exil, en particulier Lénine[4], dont il devient un proche collaborateur. Il se rend à Paris. Kamenev assiste au 3e congrès du POSDR à Londres en mars 1905. Il rejoint Pétersbourg entre octobre et décembre 1905. Il retourne à Londres pour assister à la 5e réunion du POSDR, où il est élu au Comité central de la mouvance bolchevique. En mai 1907, Kamenev est arrêté à son retour en Russie. Il est libéré de prison en 1908 et quitte la Russie la même année pour l'étranger et aide Lénine à éditer le magazine Proletariy. Après l'éviction d'Alexandre Bogdanov par Lénine en 1908, Kamenev et Grigori Zinoviev deviennent les principaux collaborateurs de Lénine à l'étranger. Ils contribuent à expulser Bogdanov et ses partisans en 1909.  En janvier 1910, les léninistes et les partisans de Bogdanov se réunissent à Paris et tentent de réunifier le parti. Kamenev et Zinoviev ont des doutes, mais suivent Victor Noguine, le négociateur de la réunion. Lénine est farouchement opposé à toute réunification, mais il est devenu minoritaire au sein de la direction bolchevique. Les principaux participants à la réunion sont parvenus à un accord de principe et aux propositions faites par Trotski.

Après l'échec de la tentative de réunification, Kamenev continue à travailler pour le journal Proletariy et enseigne à l'école du parti bolchevique à Longjumeau près de Paris. En janvier 1914, Kamenev est envoyé à Pétersbourg pour diriger la version russe de la Pravda et la fraction bolchevik de la Douma. Kamenev est arrêté après le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il est exilé en Sibérie au début 1915, et y reste jusqu'à la révolution de Février[5].

1.2 Après 1917

Après la révolution d'Octobre, il est un des principaux dirigeants bolcheviks. Il participa à l'Iskra et à la rédaction, en Suisse, de la Pravda, d'abord avec Trotski, puis dans la faction opposée.

Il est élu au Comité central et participe aux négociations du traité de Brest-Litovsk. Il était opposé au projet d'insurrection de Lénine : un article publié avec Grigori Zinoviev contre le projet d'insurrection devait rester dans les mémoires, à leur détriment. Un vote de la majorité du parti fut favorable à la stratégie de Lénine. Il se rallia et, après le succès de la révolution, fut élu Président du Comité Central Exécutif — en position de chef de l'État — par le deuxième congrès des Soviets, réuni à la même date en prévision du succès de la révolution. Il fut aussi un des tout premiers membres du Politburo. Il y avait parmi les collaborateurs de Lénine des divergences politiques et stratégiques : Kamenev, de concert avec Zinoviev et Staline, s'opposa en 1923 à Trotski mais, trois ans plus tard, après la mort de Lénine, il forma avec Trotski l'Opposition de gauche à Staline ; tous deux critiquaient la tendance à la bureaucratie. En 1918, Kamenev devient président du Soviet suprême de Moscou et peu après vice-président du gouvernement de Lénine et membre du conseil du Travail et de la Défense. Durant la maladie de Lénine, Kamenev est son conseiller, il est commissaire du peuple et président du Politburo. En collaboration avec Grigori Zinoviev et Joseph Staline, il participe à la marginalisation de Trotski. Durant le treizième congrès du parti, Kamenev obtient une vaste majorité des sièges. La conférence s'est tenue en janvier 1924, juste avant la mort de Lénine.

Après la défaite de Trotski à la 13e conférence, les tensions intervenues entre Zinoviev et Kamenev, d'une part, et les tensions avec Staline, d'autre part, deviennent plus prononcées. Néanmoins Kamenev, en particulier aidé par Staline, conserve son poste de Secrétaire général du Comité central à l'occasion du 13e Congrès du Parti en mai-juin 1924.

Cependant, en octobre 1924, Trotski publie Les Leçons d'Octobre, un résumé détaillé des événements de 1917. Dans l'article, Trotski décrit l'opposition de Zinoviev et Kamenev à la prise du pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917, ce que ces derniers auraient préféré passer sous silence. Cette révélation entraîne un nouveau cycle de lutte au sein du parti entre Zinoviev et Kamenev, une fois de plus allié avec Staline contre Trotski. Eux et leurs partisans accusent Trotski de diverses erreurs durant la guerre civile russe et critiquent sa réputation militaire à tel point qu'il fut contraint de démissionner en tant que commissaire du peuple de l'Armée et de la présidence du conseil militaire révolutionnaire en janvier 1925. Zinoviev exigea l'expulsion de Trotski du Parti communiste, mais Staline refusa de le suivre, jouant habilement le rôle de modéré.

1.3 La chute

En 1925, une fois Trotski sur la touche, le triumvirat Zinoviev-Kamenev-Staline commence à se désunir. Staline, de son côté, fait alliance avec le théoricien et éditeur de la Pravda Nikolaï Boukharine et le Premier ministre soviétique Alexei Rykov. Zinoviev et Kamenev s'allient à la veuve de Lénine, Nadejda Kroupskaïa, et au commissaire du peuple aux Finances et membre du Politburo, Grigori Sokolnikov. Leur alliance est connue sous le nom de « nouvelle opposition ».

La lutte devient ouverte à la réunion du Comité central de septembre 1925 et au 14e congrès du Parti en décembre 1925, lorsque Kamenev demande publiquement le retrait de Staline de son poste de Secrétaire général. Avec sa délégation et avec Zinoviev, il se retrouve en minorité et est battu. Trotski est resté silencieux pendant le Congrès. Zinoviev est réélu au Politburo, mais Kamenev est rétrogradé et, de membre à part entière, il devint un membre sans droit de vote, tandis que Staline a récupéré plus d'alliés au Politburo.

Dans les années 1920, Kamenev quitta sa première femme pour Tatiana Glebova[6].

Au cours d'une accalmie dans la lutte au sein du parti en 1926, Zinoviev, Kamenev et leurs partisans retrouvent les partisans de Trotski et les deux groupes formèrent une alliance, qui fut connue sous le nom d'«Opposition unie ». Mais lors de la 15e Conférence du Parti en octobre 1926, l'opposition est rejetée et Kamenev perd son siège au Politburo.

Kamenev resta dans l'opposition à Staline tout au long des années 1926 et 1927 et fut expulsé du Comité central en octobre 1927. Après l'expulsion de Zinoviev et de Trotski du Parti communiste, le 12 novembre 1927, Kamenev reste porte-parole du chef de l'opposition au sein du Parti et représenta sa position au 15e Congrès du Parti en décembre 1927. Le Congrès expulsa Kamenev, comme beaucoup d'opposants, début 1928[7].

Exclu du Parti, il fait amende honorable, demandant sa réintégration, qui lui est accordée en 1928.

En 1932, il est à nouveau exclu et demande de nouveau à Staline d'être réintégré : il l'est le 12 décembre 1933 et dirige pendant quelques mois la Maison Pouchkine. Pourtant, à peine trois ans plus tard, il est arrêté et condamné à dix ans de prison au motif d'avoir conspiré pour assassiner Staline.

Lors du premier des procès de Moscou, en août 1936, il figure parmi les accusés, avec Zinoviev et d'autres, cette fois pour trahison envers l'État soviétique. Jugé coupable, il est exécuté à Moscou le 25 août 1936.

Toute la famille de Kamenev disparaît avec lui. Ses enfants sont exécutés, Iouri Kamenev le 30 janvier 1938, à l'âge de 17 ans et Alexandre Kamenev, officier d'aviation, le 15 juillet 1939, à l'âge de 33 ans. Sa première épouse est d'abord envoyée en exil en 1935, rejugée en 1938 et exécutée par le NKVD sur ordre de Staline le 11 septembre 1941 avec 160 autres prisonniers politiques dans la forêt de Medvedev, près d'Orel. Seul son plus jeune fils, Vladimir Glebov (1929-1994), issu de son second mariage, a survécu aux prisons et camps de travail staliniens[8].

2 Ses écrits

🚧 Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !
1922 Joseph Petrovitch Goldenberg (Mechkovski)

3 Notes et références

Robert Service (trad. de l'anglais par Martine Devillers-Argouarc'h), Staline, Paris, Perrin, , 736 p. (ISBN 978-2262034559)

  1. Robert Service 2013, p.60.
  2. Robert Service 2013, p.60.
  3. (en) Albert S. Lindemann, Esau's Tears: Modern Anti-Semitism and the Rise of the Jews, Cambridge University Press. p. 430 (ISBN 0-521-79538-9).
  4. (en) Vladimir Lenin's Collected Works, Volume XX, International Publishers, 1929, ISBN 1-4179-1577-3 p. 353.
  5. (en) Adam Bruno Ulam, Stalin: The Man and His Era, Boston, Beacon Press, 1973, ISBN 0-8070-7005-X p. 112.
  6. Michael Parrish, The Lesser Terror: Soviet State Security, 1939-1953, Westport, CT, Praeger Publishers, 1996, ISBN 0-275-95113-8 p. 69.
  7. (en) Elisabeth Kehoe, The Titled Americans: Three American Sisters and the English Aristocratic World Into Which They Married, Atlantic Monthly Press, 2004, ISBN 0-87113-924-3, p.325.
  8. Orlando Figes, Les Chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline, p. 302, Denoël, 2009, (ISBN 978-2-207-26085-2)