Différences entre les versions de « Journées de juillet 1917 »

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Depuis la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], la Russie connaît une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]]. Le pays s'est couvert de [[soviets|soviets]], en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] de [[Kerensky|Kerensky]]. Etant donné que le gouvernement de collaboration de classe refuse les revendications populaires (la [[Paix|paix]], la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]], la [[Réforme_agraire|réforme agraire]]), les [[bolchéviks|bolchéviks]] mènent une agitation de plus en plus efficace avec les mots d'ordre ''« La paix, le pain et la terre »'' et ''« Tout le pouvoir aux Soviets »''. Ils progressent rapidement, mais surtout dans les milieux ouvriers urbains.
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Depuis la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], la Russie connaît une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]]. Le pays s'est couvert de [[Soviets|soviets]], en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] de [[Kerensky|Kerensky]]. Etant donné que le gouvernement de collaboration de classe refuse les revendications populaires (la [[Paix|paix]], la [[Journée_de_8_heures|journée de 8 heures]], la [[Réforme_agraire|réforme agraire]]), les [[Bolchéviks|bolchéviks]] mènent une agitation de plus en plus efficace avec les mots d'ordre ''« La paix, le pain et la terre »'' et ''« Tout le pouvoir aux Soviets »''. Ils progressent rapidement, mais surtout dans les milieux ouvriers urbains.
  
 
L'Entente fait pression pour une nouvelle offensive militaire russe pour soulager son front. De son côté, [[Alexandre_Kerensky|Kerensky]], alors ministre de la Guerre et de la Marine, est persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire. Le gouvernement lance les préparatifs, ainsi qu'une vague de propagande guerrière et de diffamation anti-bolchévique. Les soldats, marins et travailleurs de Pétrograd étaient particulièrement opposés à l'offensive. La garnison de la capitale craignait d'être disloquée de force et dispersée sur les fronts.
 
L'Entente fait pression pour une nouvelle offensive militaire russe pour soulager son front. De son côté, [[Alexandre_Kerensky|Kerensky]], alors ministre de la Guerre et de la Marine, est persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire. Le gouvernement lance les préparatifs, ainsi qu'une vague de propagande guerrière et de diffamation anti-bolchévique. Les soldats, marins et travailleurs de Pétrograd étaient particulièrement opposés à l'offensive. La garnison de la capitale craignait d'être disloquée de force et dispersée sur les fronts.
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=== Impatience des masses et des bolchéviks ===
 
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Depuis la mi-mai, l’[[Organisation_militaire_bolchevique|Organisation militaire bolchevique]] ([[Vladimir_Nevsky|Nevsky]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]...) demandait au [[Comité_central_bolchevik|comité central]] d'organiser une manifestation des soldats de la garnison. L'enthousiasme du Comité de Petrograd était très fort. Lénine en était partisan également ; lors du vote d'urgence après l'interdiction du congrès, il s'abstient. L'idée de manifestation avait également le soutien de la Fédération anarcho-communiste, et des interrayons dirigés par [[Trotski|Trotski]].
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Depuis la mi-mai, l’[[Organisation_militaire_bolchevique|Organisation militaire bolchevique]] ([[Vladimir_Nevsky|Nevsky]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]...) demandait au [[Comité_central_bolchevik|comité central]] d'organiser une manifestation des soldats de la garnison. L'enthousiasme du Comité de Petrograd était très fort. Lénine en était partisan également ; lors du vote d'urgence après l'interdiction du congrès, il s'abstient. L'idée de manifestation avait également le soutien de la Fédération anarcho-communiste, et des interrayons dirigés par [[Trotski|Trotski]].
  
 
Mais le caractère de la manifestation était déjà ambigü. Le 6 juin, [[Martin_Latsis|Latsis]], dirigeant du [[District_de_Vyborg|district de Vyborg]] et du comité de Pétrograd, affirmait que sans armes la manifestation serait ''« sans relief » ''et''« amateuriste ». ''[[Tcherepanov|Tcherepanov]], un des responsables de l’Organisation militaire, concluait que ''«&nbsp;les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée&nbsp;»''. La question ne fut pas tranchée par un vote. Certains cadres bolchéviks étaient prêts à aller très loin, comme [[Ivan_Smilga|Smilga]] (membre du comité central depuis avril)&nbsp;: ''« le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. »'' Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais [[Martin_Latsis|Latsis]] note alors dans son carnet : ''«&nbsp; je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs »'' (sous-lieutenant au 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg).
 
Mais le caractère de la manifestation était déjà ambigü. Le 6 juin, [[Martin_Latsis|Latsis]], dirigeant du [[District_de_Vyborg|district de Vyborg]] et du comité de Pétrograd, affirmait que sans armes la manifestation serait ''« sans relief » ''et''« amateuriste ». ''[[Tcherepanov|Tcherepanov]], un des responsables de l’Organisation militaire, concluait que ''«&nbsp;les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée&nbsp;»''. La question ne fut pas tranchée par un vote. Certains cadres bolchéviks étaient prêts à aller très loin, comme [[Ivan_Smilga|Smilga]] (membre du comité central depuis avril)&nbsp;: ''« le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. »'' Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais [[Martin_Latsis|Latsis]] note alors dans son carnet : ''«&nbsp; je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs »'' (sous-lieutenant au 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg).
  
Du 16 au 23&nbsp;juin se tient la Première conférence pan-russe des [[organisation_militaire_bolchevique|organisations militaires bolcheviques]], dans laquelle beaucoup réclament d'urgence que l'on passe à l'assaut du gouvernement. Lénine fait une intervention prônant la patience et la nécessité de gagner d'abord une majorité dans les soviets. Le 21 juin, il écrit dans la [[Pravda|''Pravda'']] : ''«&nbsp;Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons&nbsp;: camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment.&nbsp;»'' Le lendemain, même une conférence privée de&nbsp;dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.
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Du 16 au 23&nbsp;juin se tient la Première conférence pan-russe des [[Organisation_militaire_bolchevique|organisations militaires bolcheviques]], dans laquelle beaucoup réclament d'urgence que l'on passe à l'assaut du gouvernement. Lénine fait une intervention prônant la patience et la nécessité de gagner d'abord une majorité dans les soviets. Le 21 juin, il écrit dans la [[Pravda|''Pravda'']]&nbsp;: ''«&nbsp;Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons&nbsp;: camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment.&nbsp;»'' Le lendemain, même une conférence privée de&nbsp;dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.
  
 
La peur de revivre la situation de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]], une capitale révolutionnaire coupée du reste du pays et réprimée par lui, est très présente dans les raisonnements des leaders bolchéviks.
 
La peur de revivre la situation de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]], une capitale révolutionnaire coupée du reste du pays et réprimée par lui, est très présente dans les raisonnements des leaders bolchéviks.
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Mais le 20, au bout de deux jours, les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Nombre d’entre eux tournent leurs armes contre leurs propres officiers. A l’arrière, les régiments de réserve se mutinent pour ne pas monter au front. Par exemple le 1<sup>er</sup> Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF">{{harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF}}.</ref>. L'objectif est double&nbsp;: d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=392|id=RP}}.</ref>, car cela va à l'encontre des engagements pris par le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]]&nbsp;: les soldats ayant fait la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la [[Contre-révolution|contre-révolution]]<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF" />. Le 21 le régiment vote une motion menaçant de renverser le gouvernement s'il persiste à vouloir démanteler les unités révolutionnaires. Des motions similaires sont passées dans des dizaines d’autres régiments. Mis en veilleuse durant quelques jours, l’esprit insurrectionnel ressurgit. L’Organisation militaire bolchevique encourage.
 
Mais le 20, au bout de deux jours, les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Nombre d’entre eux tournent leurs armes contre leurs propres officiers. A l’arrière, les régiments de réserve se mutinent pour ne pas monter au front. Par exemple le 1<sup>er</sup> Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF">{{harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF}}.</ref>. L'objectif est double&nbsp;: d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=392|id=RP}}.</ref>, car cela va à l'encontre des engagements pris par le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]]&nbsp;: les soldats ayant fait la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la [[Contre-révolution|contre-révolution]]<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF" />. Le 21 le régiment vote une motion menaçant de renverser le gouvernement s'il persiste à vouloir démanteler les unités révolutionnaires. Des motions similaires sont passées dans des dizaines d’autres régiments. Mis en veilleuse durant quelques jours, l’esprit insurrectionnel ressurgit. L’Organisation militaire bolchevique encourage.
  
L'offensive se termine le 2 juillet, notamment stoppée par des renforts allemands. Aussitôt une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet, provoque une débandade. L’armée russe perd 70 000 hommes au cours des premiers jours, puis se disloque. En de longues colonnes, des dizaines de milliers de paysans-soldats entreprennent de rentrer chez eux. L’armée allemande occupe des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Venant après les événements de Pétrograd, ce désastre militaire met en évidence l’incapacité du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à contrôler quoi que ce soit. Le [[parti_KD|parti KD]] décide à ce moment de s’en retirer, en prenant prétexte d’une concession accordée à la revendication d’autonomie ukrainienne.
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L'offensive se termine le 2 juillet, notamment stoppée par des renforts allemands. Aussitôt une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet, provoque une débandade. L’armée russe perd 70 000 hommes au cours des premiers jours, puis se disloque. En de longues colonnes, des dizaines de milliers de paysans-soldats entreprennent de rentrer chez eux. L’armée allemande occupe des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Venant après les événements de Pétrograd, ce désastre militaire met en évidence l’incapacité du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] à contrôler quoi que ce soit. Le [[Parti_KD|parti KD]] décide à ce moment de s’en retirer, en prenant prétexte d’une concession accordée à la revendication d’autonomie ukrainienne.
  
 
=== Des bolchéviks et des anarchistes lancent le mouvement le 3 juillet ===
 
=== Des bolchéviks et des anarchistes lancent le mouvement le 3 juillet ===
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Mentalement épuisé, peut-être aussi dépassé par les événements, Lénine était parti le 29&nbsp;juin se reposer en Finlande. Rappelé d’urgence, il revient à Pétrograd le matin du 4 juillet.
 
Mentalement épuisé, peut-être aussi dépassé par les événements, Lénine était parti le 29&nbsp;juin se reposer en Finlande. Rappelé d’urgence, il revient à Pétrograd le matin du 4 juillet.
  
<span>Comparativement aux événements chaotiques du jour précédent, les manifesta­tions gigantesques du 4 juillet sont plus ordonnées.</span> Mais la tension est telle que de nombreuses émeutes font plusieurs morts et blessés. Aux abords du palais de Tauride, des manifestants interpellent [[Tchernov|Tchernov]], le principal dirigeant [[Parti_SR|SR]] et ministre de l’agriculture :'' ''«&nbsp;Prend le pouvoir fils de pute, puisqu'on te le donne&nbsp;!&nbsp;»<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=f3ajJshCJ2A Lénine, une autre histoire de la révolution russe] - ARTE </ref><ref>https://fr.internationalism.org/rinte90/russe.htm</ref>'''','' puis le déclarent en état d’arrestation et le font monter dans un véhicule. C’est [[Trotsky|Trotsky]] qui intervient et le sort de là.
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<span>Comparativement aux événements chaotiques du jour précédent, les manifesta­tions gigantesques du 4 juillet sont plus ordonnées.</span> Mais la tension est telle que de nombreuses émeutes font plusieurs morts et blessés. Aux abords du palais de Tauride, des manifestants interpellent [[Tchernov|Tchernov]], le principal dirigeant [[Parti_SR|SR]] et ministre de l’agriculture :''«&nbsp;Prend le pouvoir fils de pute, puisqu'on te le donne&nbsp;!&nbsp;»<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=f3ajJshCJ2A Lénine, une autre histoire de la révolution russe] - ARTE </ref><ref>https://fr.internationalism.org/rinte90/russe.htm</ref>'''','' puis le déclarent en état d’arrestation et le font monter dans un véhicule. C’est [[Trotsky|Trotsky]] qui intervient et le sort de là.
  
 
Le soir, une foule se masse sous le balcon de l[[Hôtel_particulier_de_la_Kschessinska|'hôtel de la Kschessinska]], siège du parti bolchévik. Parmi eux, des <span>dizaines de milliers d'ouvriers</span>, et 10 000 marins de Cronstadt venus avec la volonté d'en découdre. <span>[[Zinoviev|Zinoviev]]&nbsp;s'adresse à eux et en­tame son discours avec un ton de plaisante­rie pour détendre l'atmosphère et finit en appelant les ouvriers à rentrer chez eux pa­cifiquement. </span> La foule demande à entendre Lénine, qui renâcle d’abord puis se présente au balcon où il prononce quelques mots<ref name="harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH" />. Selon Rabinowitch,''« son message n’était pas ce que les marins espéraient entendre et beaucoup d’entre eux furent évidemment déçus. Lénine adressa quelques mots de salut et exprima sa certitude que le mot d’ordre "Tout le pouvoir aux soviets" serait finalement vainqueur. Il conclut en appelant les marins à la retenue, la détermination et la vigilance. »''
 
Le soir, une foule se masse sous le balcon de l[[Hôtel_particulier_de_la_Kschessinska|'hôtel de la Kschessinska]], siège du parti bolchévik. Parmi eux, des <span>dizaines de milliers d'ouvriers</span>, et 10 000 marins de Cronstadt venus avec la volonté d'en découdre. <span>[[Zinoviev|Zinoviev]]&nbsp;s'adresse à eux et en­tame son discours avec un ton de plaisante­rie pour détendre l'atmosphère et finit en appelant les ouvriers à rentrer chez eux pa­cifiquement. </span> La foule demande à entendre Lénine, qui renâcle d’abord puis se présente au balcon où il prononce quelques mots<ref name="harvsp|Heller|1985|p=25|id=MH" />. Selon Rabinowitch,''« son message n’était pas ce que les marins espéraient entendre et beaucoup d’entre eux furent évidemment déçus. Lénine adressa quelques mots de salut et exprima sa certitude que le mot d’ordre "Tout le pouvoir aux soviets" serait finalement vainqueur. Il conclut en appelant les marins à la retenue, la détermination et la vigilance. »''
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
  
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*NPA, [https://npa2009.org/idees/histoire/revolution-russe-crise-de-juin-journees-de-juillet ''Révolution russe : Crise de juin, « journées de juillet »''], juin 2017
 
*Alexandre Rabinowitch,''''Prelude to Revolution – The Petrograd Bolsheviks and the July 1917 Uprising'', 1968, Indiana University Press, réédition 1991, Midland Books.  
 
*Alexandre Rabinowitch,''''Prelude to Revolution – The Petrograd Bolsheviks and the July 1917 Uprising'', 1968, Indiana University Press, réédition 1991, Midland Books.  
 
*Alexandre Rabinowitch,''Les Bolcheviks prennent le pouvoir&nbsp;; la révolution de 1917 à Pétrograd'', traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry,Paris la Fabrique Editions, 2016.  
 
*Alexandre Rabinowitch,''Les Bolcheviks prennent le pouvoir&nbsp;; la révolution de 1917 à Pétrograd'', traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry,Paris la Fabrique Editions, 2016.  

Version du 16 août 2017 à 15:52

Jusqu'en 1918, la Russie utilisait le calendrier julien, qui avait à l'époque 13 jours de retard sur le calendrier grégorien. Le 23 février « ancien style » correspond donc au 8 mars « nouveau style » (n.s.).
Fichier:EmeutesPetrograd1917.jpg
Petrograd, 4 juillet 1917. Dispersion de la foule sur la perspective Nevski après l'ouverture du feu par les troupes du gouvernement provisoire.

Les Journées de juillet désignent les troubles qui éclatent à Petrograd, en Russie, entre le 3 et le 7 juillet 1917 (a.s) pendant lesquels des soldats et des ouvriers de la ville se révoltent contre le gouvernement provisoire. Le mouvement échoue et une vague de répression s'abat sur les bolchéviks. Lénine entre dans la clandestinité, tandis que les autres dirigeants sont arrêtés, ce qui entraîne une baisse temporaire de l'influence bolchevik.

1 Contexte

1.1 Tensions croissantes

Depuis la révolution de Février, la Russie connaît une situation de double pouvoir. Le pays s'est couvert de soviets, en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le gouvernement provisoire de Kerensky. Etant donné que le gouvernement de collaboration de classe refuse les revendications populaires (la paix, la journée de 8 heures, la réforme agraire), les bolchéviks mènent une agitation de plus en plus efficace avec les mots d'ordre « La paix, le pain et la terre » et « Tout le pouvoir aux Soviets ». Ils progressent rapidement, mais surtout dans les milieux ouvriers urbains.

L'Entente fait pression pour une nouvelle offensive militaire russe pour soulager son front. De son côté, Kerensky, alors ministre de la Guerre et de la Marine, est persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire. Le gouvernement lance les préparatifs, ainsi qu'une vague de propagande guerrière et de diffamation anti-bolchévique. Les soldats, marins et travailleurs de Pétrograd étaient particulièrement opposés à l'offensive. La garnison de la capitale craignait d'être disloquée de force et dispersée sur les fronts.

Le 3 juin 1917 s'est ouvert le premier Congrès des Soviets de Russie. Les bolcheviks n'y ont que 105 délégués contre 285 pour les socialistes-révolutionnaires et 248 pour les mencheviks[1]. L'ébullition de Petrograd n'a pas encore gagné l'ensemble du pays. Le Soviet de Petrograd lui-même n'est pas encore passé aux bolchéviks, même si la section ouvrière a déjà basculé. Un premier conflit oppose les bolchéviks à la majorité conciliatrice, lorsque le Congrès donne l'ordre d'annuler la manifestation bolchévique prévue le 10 juin. Néanmoins, la manifestation pacifique de substitution organisées par l'ensemble des soviets le 18 juin révèle la montée en puissance des mots d'ordre bolchéviks.

1.2 Impatience des masses et des bolchéviks

Depuis la mi-mai, l’Organisation militaire bolchevique (Nevsky, Podvoïsky...) demandait au comité central d'organiser une manifestation des soldats de la garnison. L'enthousiasme du Comité de Petrograd était très fort. Lénine en était partisan également ; lors du vote d'urgence après l'interdiction du congrès, il s'abstient. L'idée de manifestation avait également le soutien de la Fédération anarcho-communiste, et des interrayons dirigés par Trotski.

Mais le caractère de la manifestation était déjà ambigü. Le 6 juin, Latsis, dirigeant du district de Vyborg et du comité de Pétrograd, affirmait que sans armes la manifestation serait « sans relief » et« amateuriste ». Tcherepanov, un des responsables de l’Organisation militaire, concluait que « les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée ». La question ne fut pas tranchée par un vote. Certains cadres bolchéviks étaient prêts à aller très loin, comme Smilga (membre du comité central depuis avril) : « le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. » Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais Latsis note alors dans son carnet : «  je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs » (sous-lieutenant au 1er régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg).

Du 16 au 23 juin se tient la Première conférence pan-russe des organisations militaires bolcheviques, dans laquelle beaucoup réclament d'urgence que l'on passe à l'assaut du gouvernement. Lénine fait une intervention prônant la patience et la nécessité de gagner d'abord une majorité dans les soviets. Le 21 juin, il écrit dans la Pravda : « Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons : camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment. » Le lendemain, même une conférence privée de dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.

La peur de revivre la situation de la Commune de Paris, une capitale révolutionnaire coupée du reste du pays et réprimée par lui, est très présente dans les raisonnements des leaders bolchéviks.

2 Les événements

2.1 L'échec de « l'offensive Kerenski »

Kerenski avait ordonné pour le 12 juin[2] une vaste offensive contre les forces austro-hongroises (on la retiendra comme l'« offensive Kerensky »). Le 16 juin, l'armée déclenche d'intenses pilonnage d'artillerie contre les Autrichiens pendant deux jours[3]. Le 18, elle avance de quelques kilomètres en Galicie, d'abord avec succès, occupant les tranchées en grande partie abandonnées par les troupes autrichiennes.

Mais le 20, au bout de deux jours, les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Nombre d’entre eux tournent leurs armes contre leurs propres officiers. A l’arrière, les régiments de réserve se mutinent pour ne pas monter au front. Par exemple le 1er Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces[4]. L'objectif est double : d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks[5], car cela va à l'encontre des engagements pris par le Gouvernement provisoire : les soldats ayant fait la révolution de Février à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la contre-révolution[4]. Le 21 le régiment vote une motion menaçant de renverser le gouvernement s'il persiste à vouloir démanteler les unités révolutionnaires. Des motions similaires sont passées dans des dizaines d’autres régiments. Mis en veilleuse durant quelques jours, l’esprit insurrectionnel ressurgit. L’Organisation militaire bolchevique encourage.

L'offensive se termine le 2 juillet, notamment stoppée par des renforts allemands. Aussitôt une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet, provoque une débandade. L’armée russe perd 70 000 hommes au cours des premiers jours, puis se disloque. En de longues colonnes, des dizaines de milliers de paysans-soldats entreprennent de rentrer chez eux. L’armée allemande occupe des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Venant après les événements de Pétrograd, ce désastre militaire met en évidence l’incapacité du gouvernement provisoire à contrôler quoi que ce soit. Le parti KD décide à ce moment de s’en retirer, en prenant prétexte d’une concession accordée à la revendication d’autonomie ukrainienne.

2.2 Des bolchéviks et des anarchistes lancent le mouvement le 3 juillet

Après des rumeurs concernant un renforcement de la discipline dans l'armée, les soldats de la garnison de Petrograd craignent d'être envoyés au front[6]. La popularité de Kerensky se dégrade et les slogans réclamant le renversement du gouvernement provisoire trouvent un écho particulier. Les nouvelles de l'échec de l'offensive furent le déclencheur.

Le 3 juillet en fin d’après-midi, les militants bolcheviks et anarchistes du 1er régiment de mitrailleurs, prennent l'initiative d'un soulèvement. Ils entreprennent immédiatement de gagner les ouvriers à leur action. Aux ate­liers Poutilov, la plus grande concentration d'ouvriers en Russie, ils obtiennent un suc­cès décisif :

«Environ dix mille ouvriers s'assemblèrent devant les locaux de l'administration. Acclamés, les mitrailleurs racontèrent qu'ils avaient reçu l'ordre de partir le 4 juillet pour le front, mais qu'ils avaient résolu "de marcher non du côté du front allemand, contre le prolétariat allemand, mais bien contre leurs propres ministres capitalistes". L'état des esprits monta. "En avant ! En avant !" crièrent les ouvriers. »[7]

En quelques heures, de nombreuses usines, ainsi que les marins de Kronstadt,se soulèvent, s'arment et se rassemblent puis convergent en plusieurs vagues vers le centre-ville et le palais de Tauride, siège du soviet. Une fois la manifestation engagée, l’Organisation militaire et le comité de Pétrograd des bolcheviks appellent à la rejoindre. Mais quel en est exactement le but, et comment s’organiser ? Le dirigeant anarcho-communiste Bleichman répond que ce n’est pas un problème, « la rue nous organisera ». Les délégués du 1er régiment de mitrailleurs sont choqués d'apprendre que le parti bolchevik s'est prononcé contre l'action.

2.3 Hésitations des bolchéviks

Dans la nuit, le comité central bolchevique, mis devant le fait accompli, décide de mobiliser le parti pour encadrer le mouvement qui doit se poursuivre le lendemain.

Les soldats et ouvriers de Petrograd récemment radicalisés, ne sont pas des militants organisés suivant les directives du parti. D'autant plus que des leaders du parti (Organisation militaire et Comité de Petrograd ont eux-mêmes enfreint le centralisme). Le Comité central est alors face à un dilemme : soit jeter son poids derrière les manifestations et, éventuellement, être écrasé, soit s'abstenir, avec le risque que de nombreux travailleurs perdent confiance en eux. Il fait le choix de se lier à cette avant-garde. En se mettant à la tête du mouvement, le parti tente au maximum d'assurer son « caractère pacifique et organisé ».

2.4 Emeutes du 4 juillet

Mentalement épuisé, peut-être aussi dépassé par les événements, Lénine était parti le 29 juin se reposer en Finlande. Rappelé d’urgence, il revient à Pétrograd le matin du 4 juillet.

Comparativement aux événements chaotiques du jour précédent, les manifesta­tions gigantesques du 4 juillet sont plus ordonnées. Mais la tension est telle que de nombreuses émeutes font plusieurs morts et blessés. Aux abords du palais de Tauride, des manifestants interpellent Tchernov, le principal dirigeant SR et ministre de l’agriculture :« Prend le pouvoir fils de pute, puisqu'on te le donne ! »[8][9]', puis le déclarent en état d’arrestation et le font monter dans un véhicule. C’est Trotsky qui intervient et le sort de là.

Le soir, une foule se masse sous le balcon de l'hôtel de la Kschessinska, siège du parti bolchévik. Parmi eux, des dizaines de milliers d'ouvriers, et 10 000 marins de Cronstadt venus avec la volonté d'en découdre. Zinoviev s'adresse à eux et en­tame son discours avec un ton de plaisante­rie pour détendre l'atmosphère et finit en appelant les ouvriers à rentrer chez eux pa­cifiquement. La foule demande à entendre Lénine, qui renâcle d’abord puis se présente au balcon où il prononce quelques mots[6]. Selon Rabinowitch,« son message n’était pas ce que les marins espéraient entendre et beaucoup d’entre eux furent évidemment déçus. Lénine adressa quelques mots de salut et exprima sa certitude que le mot d’ordre "Tout le pouvoir aux soviets" serait finalement vainqueur. Il conclut en appelant les marins à la retenue, la détermination et la vigilance. »

2.5 La répression

Le lendemain, des troupes fidèles au gouvernement investissaient Pétrograd et la répression commençait. De leur côté l'essentiel des manifestants étaient rentrés dans leurs casernes ou avaient repris le travail.

Les manifestations sont durement réprimées par le gouvernement, qui en profite pour viser le parti bolchévik. En parallèle, la défaite en Galicie ouvre une crise ministérielle : le prince Lvov démissionne, et Kerensky se retrouve à la tête du gouvernement provisoire. C'est lui qui prendra des mesures répressives en juillet pour maintenir l'ordre.

Le gouvernement provisoire, effrayé du soutien qu'apporte la Garde rouge aux bolcheviks, fait venir des troupes dans la capitale, interdit la Pravda et donne l'ordre d'arrêter les dirigeants bolcheviques. Une vague de calomnie est lancé sur les bolchéviks, les accusant d'être des traîtres anti-patriotes qui reçoivent de l'argent allemand pour favoriser la défaite russe. Lénine (qui se cacha le 6 juillet dans l’appartement de Kaïourov) et Grigori Zinoviev fuient et entrent dans la clandestinité en Finlande, mais beaucoup d'autres dirigeants bolcheviks sont arrêtés, entre autres Kamenev, puis Lounatcharski le 22 juillet. Trotsky est également arrêté le 22 juillet. Le gouvernement parvient également à reprendre la Villa Dournovo, ce qu'il avait vainement tenté en juin.

3 Conséquences

Avec la répression de la frange la plus révolutionnaire du mouvement, la réaction relève la tête. Le parti KD évolue de plus en plus vers la droite monarchiste et est prêt à sacrifier provisoirement la démocratie pour rétablir l'ordre. Les possédants misent sur le général Kornilov, qui a fait la démonstration dans ses troupes qu'il est prêt à rétablir une discipline de fer. Kerensky accepte de le nommer général des armées, mais la vague réactionnaire le déborde, et Kornilov tente un putsch en lançant ses troupes sur Petrograd (« affaire Kornilov »).

Le congrès du Parti bolchevik qui se tient au début d'août 1917 décide de suspendre le mot d'ordre : « Tout le pouvoir aux soviets ».

Lénine propose de s'appuyer sur le parti et les comités d'usine, dans lesquels les bolchéviks sont hégémoniques, pour préparer l'insurrection malgré les soviets.

4 Débats historiographiques

Lles journées de juillet 1917 sont une question historiographique encore débattue. En particulier, la question du rôle exact des bolcheviks reste ouverte. Avaient-ils l'intention de renverser le Gouvernement provisoire[10] ? En avaient-ils les moyens[11],[12] ? Ont-ils essayé de le faire ? Ou la crainte d'être débordés par un mouvement spontané les a-t-ils dissuadés d'y participer trop activement[13] ? Ont-ils - en particulier Lénine - manqué de résolution ? Ont-ils délibérément joué l'apaisement pour attendre une heure plus propice ?

Certains, comme l'historien de droite Richard Pipes, reprennent la version des accusateurs bourgeois de 1917 :

« Nul événement en Russie n'a d'avantage fait l'objet de mensonges délibérés que l'insurrection de juillet 1917. La raison en est simple, ce fut la faute la plus lourde de Lénine, une erreur de jugement qui faillit anéantir le Parti bolchevique, comparable au putsch de Munich d'Hitler en 1923. Afin de nier leur responsabilité, les bolcheviks se portèrent à des extrémités peu communes, présentant le putsch comme une manifestation spontanée qu'ils se seraient évertués à rendre pacifique. »[14]

Mais il est avéré que le récit des bolchéviks selon lequel la manifestation serait purement spontanée est également simplificateur. La raison est sans doute qu'ils avaient intérêt à nier leur part de responsabilité dans ce qui est alors devenu un motif de dure répression de la part du gouvernement. Quoi qu'il en soit ce récit a été entretenu par la suite, tant par l’historiographie soviétique (stalinienne) que par la tradition trotskiste.

Le regard des historiens a commencé à changer après la publication en 1968 du premier ouvrage d'Alexander Rabinowitch. C'est lui qui a notamment montré que l’Organisation militaire bolchevik et le Comité de Petrograd, ont agi en juillet sans en référer au Comité central.

5 Bibliographie

  • NPA, Révolution russe : Crise de juin, « journées de juillet », juin 2017
  • Alexandre Rabinowitch,''Prelude to Revolution – The Petrograd Bolsheviks and the July 1917 Uprising, 1968, Indiana University Press, réédition 1991, Midland Books.
  • Alexandre Rabinowitch,Les Bolcheviks prennent le pouvoir ; la révolution de 1917 à Pétrograd, traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry,Paris la Fabrique Editions, 2016.
  • Orlando Figes (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, préf. Marc Ferro), La Révolution russe : 1891-1924 : la tragédie d'un peuple, Paris, Denoel, , 1107 p. (ISBN 978-2-207-25839-2)
  • Richard Pipes, La Révolution russe, Paris, P.U.F., coll. « Connaissance de l'Est », , 866 p. (ISBN 978-2-130453734), chap. 10 (« Les bolcheviks en quête du pouvoir »)
  • Michel Heller et Aleksandr Nekrich (trad. Wladimir Berelowitch et Anne Coldefy-Faucard), L'Utopie au pouvoir : Histoire de l'U.R.S.S. de 1917 à nos jours, Paris, Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l'esprit », (1re éd. 1982), 680 p. (ISBN 2-7021-1397-4), chap. 1 (« Les prémisses »)
  • Georges Haupt, « Journées de juillet 1917 », Encyclopædia Universalis.
  • Collectif, Histoire du Parti communiste /bolchévik/ de l'U.R.S.S : Précis rédigé par une commission du Comité central du P.C.(b) de l'U.R.S.S, Moscou, Éditions en langues étrangères, (1re éd. 1938), 408 p., chap. VIII (« Le Parti bolchévik prépare et accomplit la révolution socialiste d'octobtre »)
  • Léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, t. II : La révolution d'octobre, Le seuil, coll. « Points Essais », (1re éd. 1950), 766 p. (ISBN 2-02-026130-8), « Les bolcheviks pouvaient-ils prendre le pouvoir en Juillet ? »

6 Notes