Différences entre les versions de « Journées de juillet 1917 »

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Depuis la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], la Russie connaît une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]]. Le pays s'est couvert de soviets, en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le gouvernement provisoire de [[Kerensky|Kerensky]].
 
Depuis la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], la Russie connaît une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]]. Le pays s'est couvert de soviets, en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le gouvernement provisoire de [[Kerensky|Kerensky]].
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Le 3 juin 1917 s'ouvre le premier [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] de Russie. Les bolcheviks n'y ont que 105 délégués contre 285 pour les [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] et 248 pour les [[Mencheviks|mencheviks]]<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=380|id=RP}}.</ref>, mais ils dénoncent vigoureusement l'entente avec la bourgeoisie, et [[Lénine|Lénine]] déclare que le Parti bolchevik est prêt à exercer le pouvoir<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=388|id=RP}}.</ref>. Dans le même temps, la tension monte parmi les soldats de Petrograd. Le Congrès des Soviets organise pour le 18 juin une manifestation de soutien aux [[Soviet|soviets]] qui prend un caractère pro-bolchevik. Néanmoins, d<span>ès la manifestation du 18 juin, les bolcheviks mettent publique­ment en garde les ouvriers contre une action prématurée.</span>
 
Le 3 juin 1917 s'ouvre le premier [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] de Russie. Les bolcheviks n'y ont que 105 délégués contre 285 pour les [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] et 248 pour les [[Mencheviks|mencheviks]]<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=380|id=RP}}.</ref>, mais ils dénoncent vigoureusement l'entente avec la bourgeoisie, et [[Lénine|Lénine]] déclare que le Parti bolchevik est prêt à exercer le pouvoir<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=388|id=RP}}.</ref>. Dans le même temps, la tension monte parmi les soldats de Petrograd. Le Congrès des Soviets organise pour le 18 juin une manifestation de soutien aux [[Soviet|soviets]] qui prend un caractère pro-bolchevik. Néanmoins, d<span>ès la manifestation du 18 juin, les bolcheviks mettent publique­ment en garde les ouvriers contre une action prématurée.</span>
  
[[Alexandre_Kerensky|Alexandre Kerensky]], alors ministre de la Guerre et de la Marine, persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire, ordonne pour le 12 juin<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=386|id=RP}}.</ref> une vaste offensive contre les forces austro-hongroises, l'«&nbsp;[[Offensive_Kerensky|offensive Kerensky]]&nbsp;». Le 16 juin, l'armée déclenche d'intenses pilonnage d'artillerie contre les Autrichiens pendant deux jours<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=527|id=OF}}.</ref>, puis passe à l'attaque. D'abord avec succès. Puis les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Refus qui se transforme bientôt en débandade<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=390|id=RP}}.</ref>.
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[[Alexandre_Kerensky|Kerensky]], alors ministre de la Guerre et de la Marine, persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire, ordonne pour le 12 juin<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=386|id=RP}}.</ref> une vaste offensive contre les forces austro-hongroises, l'«&nbsp;[[Offensive_Kerensky|offensive Kerensky]]&nbsp;». Le 16 juin, l'armée déclenche d'intenses pilonnage d'artillerie contre les Autrichiens pendant deux jours<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=527|id=OF}}.</ref>, puis passe à l'attaque. D'abord avec succès. Puis les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Refus qui se transforme bientôt en débandade<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=390|id=RP}}.</ref>.
  
Le 20 juin, le 1<sup>er</sup> Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF">{{harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF}}.</ref>. L'objectif est double&nbsp;: d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=392|id=RP}}.</ref>, mais cela va à l'encontre des engagements pris par le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]]&nbsp;: les soldats ayant fait la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre une «&nbsp;contre-révolution&nbsp;»<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF" />.
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Le 20 juin, le 1<sup>er</sup> Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF">{{harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF}}.</ref>. L'objectif est double&nbsp;: d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=392|id=RP}}.</ref>, car cela va à l'encontre des engagements pris par le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]]&nbsp;: les soldats ayant fait la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la [[contre-révolution|contre-révolution]]<ref name="harvsp|Figes|2007|p=531|id=OF" />.
  
 
Malgré leurs premiers succès sur le front, les Russes sont battus (les Allemands interviennent en soutien de l'armée autrichienne) et l'opération se termine le 2 juillet, aussitôt suivie par une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet. L'armée est en décomposition, les [[Désertion|désertions]] se multiplient, les protestations de l'arrière contre la guerre enflent.
 
Malgré leurs premiers succès sur le front, les Russes sont battus (les Allemands interviennent en soutien de l'armée autrichienne) et l'opération se termine le 2 juillet, aussitôt suivie par une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet. L'armée est en décomposition, les [[Désertion|désertions]] se multiplient, les protestations de l'arrière contre la guerre enflent.
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=== Impatience des masses et des bolchéviks ===
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A la mi-mai, la proposition d’organiser une manifestation des soldats de la garnison, afin de protester contre la préparation de l’offensive et d’exiger une paix immédiate, est soumise par la direction de l’[[Organisation_militaire_bolchevique|Organisation militaire bolchevique]] au [[comité_central_bolchevik|comité central]] – sans réponse connue de ce dernier. L’idée gagnant en popularité au sein de la garnison, [[Vladimir_Nevsky|Nevsky]] et [[Podvoïsky|Podvoïsky]] vont la défendre, le 6&nbsp;juin, dans une réunion conjointe du comité central, du comité de Pétrograd (l’organisation bolchevique locale) et de l’Organisation militaire, en s’engageant sur une participation de 60 000 soldats.
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Les avis sont partagés. Un secteur est favorable, dont [[Lénine|Lénine]] et la majorité du Comité de Petrograd ([[Sverdlov|Sverdlov]] défend que ''« l’on se doit d’offrir un canal d’expression organisé au sentiment des masses »''). D'autres, dont Kamenev, mettent en avant le danger de déclencher une confrontation prématurée et affirment que l’état d’esprit est moins combatif dans la classe ouvrière.
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Aucune décision n’est prise et la question est renvoyée à une nouvelle réunion, qui se tient le 8&nbsp;juin. Elargie à près de 150 autres responsables bolcheviques, cette réunion se prononce à une large majorité pour la tenue de la manifestation (131 voix contre 6, avec 22 abstentions), malgré des doutes évidents quant à ses possibilités de succès, qui apparaissent au travers du vote sur la question « les masses descendront-elles dans la rue si le soviet s’y oppose ? » : 47 oui, 42 non et 80 abstentions. L’Organisation militaire et le Comité de Pétrograd se voient confier l’organisation concrète de la manifestation, qui reçoit le soutien de la Fédération anarcho-communiste (bien implantée dans plusieurs unités dont le 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, à la pointe de la contestation) ainsi que des [[interrayons|interrayons]] dirigés par [[Trotsky|Trotsky]].
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Une question amplement discutée, mais non résolue par un vote, est celle de savoir si la manifestation doit ou non être armée. Le 6&nbsp;juin, en réponse au « modéré » [[Fedorov|Fedorov]], qui défend une manifestation ''« pacifique » ''et donc sans armes, [[Martin_Latsis|Latsis]], dirigeant du [[district_de_Vyborg|district de Vyborg]] et du comité de Pétrograd, affirme que sans armes la manifestation serait ''« sans relief » ''et''« amateuriste ». ''[[Tcherepanov|Tcherepanov]], un des responsables de l’Organisation militaire, conclut que''''«&nbsp;les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée&nbsp;»''''.''
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Certains cadres bolchéviks sont prêts à aller plus loin, comme [[Ivan_Smilga|Smilga]] (membre du comité central depuis avril) : ''« le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. »'' Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais [[Martin_Latsis|Latsis]] note alors dans son carnet : ''«  je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs »'' (sous-lieutenant au 1<sup>er</sup> régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg).
  
 
Le 21 juin, Lenine, dans la [[Pravda|''Pravda'']], invitait les ouvriers et les soldats de Petrograd à attendre&nbsp;: ''«&nbsp;Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons&nbsp;: camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment.&nbsp;»'' Le lendemain, même une conférence privée de&nbsp;dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.
 
Le 21 juin, Lenine, dans la [[Pravda|''Pravda'']], invitait les ouvriers et les soldats de Petrograd à attendre&nbsp;: ''«&nbsp;Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons&nbsp;: camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment.&nbsp;»'' Le lendemain, même une conférence privée de&nbsp;dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.
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Le gouvernement provisoire, effrayé du soutien qu'apporte la [[Garde_rouge_(Russie)|Garde rouge]] aux bolcheviks, fait venir des troupes dans la capitale, interdit la ''[[Pravda|Pravda]]'' et donne l'ordre d'arrêter les dirigeants bolcheviques. Une vague de calomnie est lancé sur les bolchéviks, les accusant d'être des traîtres anti-patriotes qui reçoivent de l'argent allemand pour [[Défaitisme|favoriser la défaite]] russe. Lénine (qui se cacha le 6 juillet dans l’appartement de [[Kaïourov|Kaïourov]]) et [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] fuient et entrent dans la clandestinité en Finlande, mais beaucoup d'autres dirigeants bolcheviks sont arrêtés, entre autres [[Lev_Kamenev|Kamenev]], puis [[Anatoli_Lounatcharski|Lounatcharski]] le 22 juillet. [[Trotsky|Trotsky]] est également arrêté le 22 juillet.
 
Le gouvernement provisoire, effrayé du soutien qu'apporte la [[Garde_rouge_(Russie)|Garde rouge]] aux bolcheviks, fait venir des troupes dans la capitale, interdit la ''[[Pravda|Pravda]]'' et donne l'ordre d'arrêter les dirigeants bolcheviques. Une vague de calomnie est lancé sur les bolchéviks, les accusant d'être des traîtres anti-patriotes qui reçoivent de l'argent allemand pour [[Défaitisme|favoriser la défaite]] russe. Lénine (qui se cacha le 6 juillet dans l’appartement de [[Kaïourov|Kaïourov]]) et [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] fuient et entrent dans la clandestinité en Finlande, mais beaucoup d'autres dirigeants bolcheviks sont arrêtés, entre autres [[Lev_Kamenev|Kamenev]], puis [[Anatoli_Lounatcharski|Lounatcharski]] le 22 juillet. [[Trotsky|Trotsky]] est également arrêté le 22 juillet.
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Le gouvernement parvient également à reprendre la [[Anarchisme_en_Russie#La_villa_Dournovo|Villa Dournovo]], ce qu'il avait vainement tenté en juin.
  
 
== Conséquences ==
 
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Le congrès du Parti bolchevik qui se tient au début d'août 1917 décide de suspendre le mot d'ordre&nbsp;: ''«&nbsp;Tout le pouvoir aux soviets&nbsp;»''.
 
Le congrès du Parti bolchevik qui se tient au début d'août 1917 décide de suspendre le mot d'ordre&nbsp;: ''«&nbsp;Tout le pouvoir aux soviets&nbsp;»''.
  
Lénine propose de s'appuyer sur le parti et les [[comités_d'usine|comités d'usine]], dans lesquels les [[bolchéviks|bolchéviks]] sont hégémoniques, pour préparer l'insurrection malgré les soviets.
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Lénine propose de s'appuyer sur le parti et les [[Comités_d'usine|comités d'usine]], dans lesquels les [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont hégémoniques, pour préparer l'insurrection malgré les soviets.
  
 
== Débats historiographiques ==
 
== Débats historiographiques ==
  
Des historiens remettent en question la version défendue par les [[Bolchéviks|bolchéviks]]. Par exemple l'historien de droite Richard Pipes écrit&nbsp;:
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Lles journées de juillet 1917 sont une question historiographique encore débattue. En particulier, la question du rôle exact des bolcheviks reste ouverte. Avaient-ils l'intention de renverser le Gouvernement provisoire<ref name="harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP">{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref>&nbsp;? En avaient-ils les moyens<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=530|id=OF}}.</ref><sup>,</sup><ref>{{harvsp|Figes|2007|p=539 et 541|id=OF}}.</ref>&nbsp;? Ont-ils essayé de le faire&nbsp;? Ou la crainte d'être débordés par un mouvement spontané les a-t-ils dissuadés d'y participer trop activement<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=535|id=OF}}.</ref>&nbsp;? Ont-ils - en particulier Lénine - manqué de résolution&nbsp;? Ont-ils délibérément joué l'apaisement pour attendre une heure plus propice&nbsp;?
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Certains, comme l'historien de droite Richard Pipes, reprennent la version des accusateurs bourgeois de 1917 :
 
<blockquote>«&nbsp;Nul événement en Russie n'a d'avantage fait l'objet de mensonges délibérés que l'insurrection de juillet 1917. La raison en est simple, ce fut la faute la plus lourde de Lénine, une erreur de jugement qui faillit anéantir le Parti bolchevique, comparable au putsch de Munich d'Hitler en 1923. Afin de nier leur responsabilité, les bolcheviks se portèrent à des extrémités peu communes, présentant le putsch comme une manifestation spontanée qu'ils se seraient évertués à rendre pacifique.&nbsp;»<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Nul événement en Russie n'a d'avantage fait l'objet de mensonges délibérés que l'insurrection de juillet 1917. La raison en est simple, ce fut la faute la plus lourde de Lénine, une erreur de jugement qui faillit anéantir le Parti bolchevique, comparable au putsch de Munich d'Hitler en 1923. Afin de nier leur responsabilité, les bolcheviks se portèrent à des extrémités peu communes, présentant le putsch comme une manifestation spontanée qu'ils se seraient évertués à rendre pacifique.&nbsp;»<ref>{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref></blockquote>  
Plus généralement les journées de juillet 1917 sont une question historiographique encore débattue. En particulier, la question du rôle exact des bolcheviks reste ouverte. Avaient-ils l'intention de renverser le Gouvernement provisoire<ref name="harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP">{{harvsp|Pipes|1993|p=391|id=RP}}.</ref>&nbsp;? En avaient-ils les moyens<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=530|id=OF}}.</ref><sup>,</sup><ref>{{harvsp|Figes|2007|p=539 et 541|id=OF}}.</ref>&nbsp;? Ont-ils essayé de le faire&nbsp;? Ou la crainte d'être débordés par un mouvement spontané les a-t-ils dissuadés d'y participer trop activement<ref>{{harvsp|Figes|2007|p=535|id=OF}}.</ref>&nbsp;? Ont-ils - en particulier Lénine - manqué de résolution&nbsp;? Ont-ils délibérément joué l'apaisement pour attendre une heure plus propice&nbsp;?
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Mais il est avéré que le récit des [[Bolchéviks|bolchéviks]] selon lequel la manifestation serait purement spontanée est également simplificateur. La raison est sans doute qu'ils avaient intérêt à nier leur part de responsabilité dans ce qui est alors devenu un motif de dure répression de la part du gouvernement. Quoi qu'il en soit ce récit a été entretenu par la suite, tant par l’historiographie soviétique (stalinienne) que par la tradition trotskiste.
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Le regard des historiens a commencé à changer après la publication en 1968 du premier ouvrage d'Alexander Rabinowitch. C'est lui qui a notamment montré que l’[[Organisation_militaire_bolchevik|Organisation militaire bolchevik]] et le Comité de Petrograd, ont agi en juillet sans en référer au Comité central.
  
 
== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==

Version du 16 août 2017 à 12:08

Jusqu'en 1918, la Russie utilisait le calendrier julien, qui avait à l'époque 13 jours de retard sur le calendrier grégorien. Le 23 février « ancien style » correspond donc au 8 mars « nouveau style » (n.s.).
Fichier:EmeutesPetrograd1917.jpg
Petrograd, 4 juillet 1917. Dispersion de la foule sur la perspective Nevski après l'ouverture du feu par les troupes du gouvernement provisoire.

Les Journées de juillet désignent les troubles qui éclatent à Petrograd, en Russie, entre le 3 et le 7 juillet 1917 (a.s) pendant lesquels des soldats et des ouvriers de la ville se révoltent contre le gouvernement provisoire. Le mouvement échoue et une vague de répression s'abat sur les bolchéviks. Lénine entre dans la clandestinité, tandis que les autres dirigeants sont arrêtés, ce qui entraîne une baisse temporaire de l'influence bolchevik.

1 Contexte

1.1 Tensions croissantes

Depuis la révolution de Février, la Russie connaît une situation de double pouvoir. Le pays s'est couvert de soviets, en particulier dans les villes, mais il reste dominé par le gouvernement provisoire de Kerensky.

Etant donné que le gouvernement de collaboration de classe refuse les revendications populaires (la paix, la journée de 8 heures, la réforme agraire), les bolchéviks mènent une agitation de plus en plus efficace avec les mots d'ordre « La paix, le pain et la terre » et « Tout le pouvoir aux Soviets ». Ils progressent rapidement, mais surtout dans les milieux ouvriers urbains.

Le 3 juin 1917 s'ouvre le premier Congrès des Soviets de Russie. Les bolcheviks n'y ont que 105 délégués contre 285 pour les socialistes-révolutionnaires et 248 pour les mencheviks[1], mais ils dénoncent vigoureusement l'entente avec la bourgeoisie, et Lénine déclare que le Parti bolchevik est prêt à exercer le pouvoir[2]. Dans le même temps, la tension monte parmi les soldats de Petrograd. Le Congrès des Soviets organise pour le 18 juin une manifestation de soutien aux soviets qui prend un caractère pro-bolchevik. Néanmoins, dès la manifestation du 18 juin, les bolcheviks mettent publique­ment en garde les ouvriers contre une action prématurée.

Kerensky, alors ministre de la Guerre et de la Marine, persuadé que la démocratie russe ne pouvait survivre qu'avec une armée forte et disciplinée et que le moral de celle-ci avait besoin du prestige d'une victoire militaire, ordonne pour le 12 juin[3] une vaste offensive contre les forces austro-hongroises, l'« offensive Kerensky ». Le 16 juin, l'armée déclenche d'intenses pilonnage d'artillerie contre les Autrichiens pendant deux jours[4], puis passe à l'attaque. D'abord avec succès. Puis les soldats se mutinent et refusent les ordres d'attaque. Refus qui se transforme bientôt en débandade[5].

Le 20 juin, le 1er Régiment de mitrailleurs, fort de 10000 hommes, la plus importante unité de la capitale, cantonnée à Vyborg, dans la périphérie de Petrograd, reçoit l'ordre d'envoyer 500 mitrailleuses et leurs servants au front, soit la moitié de ses forces[6]. L'objectif est double : d'une part, apporter un renfort sur le front, et d'autre part se débarrasser de troupes agitées. Mais le régiment se mutine sous l'instigation d'agitateurs bolcheviks[7], car cela va à l'encontre des engagements pris par le Gouvernement provisoire : les soldats ayant fait la révolution de Février à Pétrograd ne seraient pas envoyés au front, leur tâche étant de défendre la ville contre la contre-révolution[6].

Malgré leurs premiers succès sur le front, les Russes sont battus (les Allemands interviennent en soutien de l'armée autrichienne) et l'opération se termine le 2 juillet, aussitôt suivie par une contre-offensive des forces allemandes et austro-hongroises, le 6 juillet. L'armée est en décomposition, les désertions se multiplient, les protestations de l'arrière contre la guerre enflent.

1.2 Impatience des masses et des bolchéviks

A la mi-mai, la proposition d’organiser une manifestation des soldats de la garnison, afin de protester contre la préparation de l’offensive et d’exiger une paix immédiate, est soumise par la direction de l’Organisation militaire bolchevique au comité central – sans réponse connue de ce dernier. L’idée gagnant en popularité au sein de la garnison, Nevsky et Podvoïsky vont la défendre, le 6 juin, dans une réunion conjointe du comité central, du comité de Pétrograd (l’organisation bolchevique locale) et de l’Organisation militaire, en s’engageant sur une participation de 60 000 soldats.

Les avis sont partagés. Un secteur est favorable, dont Lénine et la majorité du Comité de Petrograd (Sverdlov défend que « l’on se doit d’offrir un canal d’expression organisé au sentiment des masses »). D'autres, dont Kamenev, mettent en avant le danger de déclencher une confrontation prématurée et affirment que l’état d’esprit est moins combatif dans la classe ouvrière.

Aucune décision n’est prise et la question est renvoyée à une nouvelle réunion, qui se tient le 8 juin. Elargie à près de 150 autres responsables bolcheviques, cette réunion se prononce à une large majorité pour la tenue de la manifestation (131 voix contre 6, avec 22 abstentions), malgré des doutes évidents quant à ses possibilités de succès, qui apparaissent au travers du vote sur la question « les masses descendront-elles dans la rue si le soviet s’y oppose ? » : 47 oui, 42 non et 80 abstentions. L’Organisation militaire et le Comité de Pétrograd se voient confier l’organisation concrète de la manifestation, qui reçoit le soutien de la Fédération anarcho-communiste (bien implantée dans plusieurs unités dont le 1er régiment de mitrailleurs, à la pointe de la contestation) ainsi que des interrayons dirigés par Trotsky.

Une question amplement discutée, mais non résolue par un vote, est celle de savoir si la manifestation doit ou non être armée. Le 6 juin, en réponse au « modéré » Fedorov, qui défend une manifestation « pacifique » et donc sans armes, Latsis, dirigeant du district de Vyborg et du comité de Pétrograd, affirme que sans armes la manifestation serait « sans relief » et« amateuriste ». Tcherepanov, un des responsables de l’Organisation militaire, conclut que'« les soldats ne manifesteront pas sans leurs armes ; la question est réglée »'.

Certains cadres bolchéviks sont prêts à aller plus loin, comme Smilga (membre du comité central depuis avril) : « le parti ne doit pas écarter la possibilité de s’emparer de la poste, du télégraphe et de l’arsenal si l’on en venait à un affrontement armé. » Selon Trotsky, cette proposition est repoussée mais Latsis note alors dans son carnet : «  je ne puis acquiescer à cela (…) Je m’entendrai avec les camarades Semachko et Rakhia pour que l’on soit, en cas de nécessité, sous les armes et qu’on s’empare des gares, des arsenaux, des banques, de la poste et du télégraphe, avec l’appui du régiment de mitrailleurs » (sous-lieutenant au 1er régiment de mitrailleurs, Semachko avait été élu à son commandement par les soldats ; Rakhia était un important dirigeant ouvrier du district de Vyborg).

Le 21 juin, Lenine, dans la Pravda, invitait les ouvriers et les soldats de Petrograd à attendre : « Nous comprenons l'amertume, nous comprenons l'effervescence des ouvriers de Piter. Mais nous leur disons : camarades, une action directe ne serait pas rationnelle pour le moment. » Le lendemain, même une conférence privée de dirigeants bolcheviks plus gauchistes en vint à la même conclusion.

2 Les événements

2.1 Manifestations spontanées

Après des rumeurs concernant un renforcement de la discipline dans l'armée, les soldats de la garnison de Petrograd craignent d'être envoyés au front[8]. La popularité de Kerensky se dégrade et les slogans réclamant le renversement du gouvernement provisoire trouvent un écho particulier.

Les nouvelles de l'échec de l'offensive russe en Galicie déclenchent le 3 juillet à Petrograd une vague de protestations qui se prolongent pendant quatre jours. Les soldats stationnés dans la capitale refusent de repartir au front.

Le 3 juillet, ce sont d'abord des soldats qui se révoltent, et qui entreprennent immédiatement de gagner les ouvriers à leur action. Aux ate­liers Poutilov, la plus grande concentration d'ouvriers en Russie, ils obtiennent un suc­cès décisif :

«Environ dix mille ouvriers s'assemblèrent devant les locaux de l'administration. Acclamés, les mitrailleurs racontèrent qu'ils avaient reçu l'ordre de partir le 4 juillet pour le front, mais qu'ils avaient résolu "de marcher non du côté du front allemand, contre le prolétariat allemand, mais bien contre leurs propres ministres capitalistes". L'état des esprits monta. "En avant ! En avant !" crièrent les ouvriers. »[9]

En quelques heures, le prolétariat de toute la ville, ainsi que les marins de Kronstadt,se soulève, s'arme et se rassemble au­tour du mot d'ordre « tout le pouvoir auxsoviets ». Ce sont d'abord des anarchistes qui les soutiennent. Les protestations des travailleurs se sont rapidement transformées en de violentes émeutes. Un manifestant lance au SR Victor Tchernov : « Prend le pouvoir fils de pute, puisqu'on te le donne ! »[10][11]

L'après-midi du 3 juillet, les délégués des régiments de mitrailleurs parviennent à ga­gner le soutien de la conférence locale des bolcheviks et sont choqués d'apprendre que le parti s'est prononcé contre l'action. Les arguments donnés par le parti - selon les­quels la bourgeoisie veut provoquer le prolétariat de Petrograd pour lui faire porter la responsabilité du fiasco sur le front, que la situation n'est pas mûre pour l'insurrection armée et que le meilleur moment pour une action d'envergure arrivera quand l'effon­drement du front sera connu de tous - mon­tre que les bolcheviks ont immédiatement saisi la signification et le danger des événe­ments.

La nuit du 3 au 4 juillet, le Comité central du parti et celui de Petrograd décident d'appuyer le mouvement et de se mettre à sa tète, dans le but d'assurer son « caractère pacifique et organisé ». Contrairement aux événements spontanés et chaotiques du jour précédent, les manifesta­tions gigantesques du 4 juillet traduisent « la main organisatrice du parti ».

Au soir du 4 juillet, Zinoviev s'adresse à des dizaines de milliers d'ouvriers, de Poutilov et d'ailleurs. Il en­tame son discours avec un ton de plaisante­rie pour détendre l'atmosphère et finit en appelant les ouvriers à rentrer chez eux pa­cifiquement. Ce que font les ouvriers. Il les a convaincu que l'heure de la révolution n'est pas encore là mais qu'elle arrive.

En parallèle, la défaite en Galicie ouvre une crise ministérielle : le prince Lvov démissionne, et Kerensky se retrouve à la tête du gouvernement provisoire. C'est lui qui prendra des mesures répressives en juillet pour maintenir l'ordre.

2.2 Hésitations des bolchéviks

Les bolcheviks s'opposent à une insurrection prématurée, estimant qu'il est encore trop tôt pour renverser le gouvernement provisoire : ils ne sont majoritaires qu'à Petrograd et Moscou. Dans le reste du pays, les conciliateurs (menchéviks et socialistes-révolutionnaires) conservent une influence majoritaire, ce qui signifie qu'un renversement du gouvernement provisoire ne serait pas soutenu et conduirait à l'échec. Ils préfèrent attendre que le gouvernement se discrédite encore un peu plus.

Mais les soldats et ouvriers de Petrograd qui viennent de se radicaliser ne sont pas des militants organisés suivant les directives du parti, et manifestent spontanément. Le Parti bolchevik est alors face à un dilemme : soit jeter son poids derrière les manifestations et, éventuellement, être écrasé, soit s'abstenir, avec le risque que de nombreux travailleurs perdent confiance en eux.

Les bolcheviks décident finalement de se joidre aux manifestations, pour se lier à cette avant-garde. Mais ils ne cherchent pas à pousser trop loin les actions. Lorsqu'il revient le 4 juillet, Lénine s'adresse aux manifestants du balcon de l'hôtel particulier de la Kschessinska, mais sans enthousiasme[8].

2.3 La répression

Les manifestations sont durement réprimées par le gouvernement, qui en profite pour viser le parti bolchévik.

Le gouvernement provisoire, effrayé du soutien qu'apporte la Garde rouge aux bolcheviks, fait venir des troupes dans la capitale, interdit la Pravda et donne l'ordre d'arrêter les dirigeants bolcheviques. Une vague de calomnie est lancé sur les bolchéviks, les accusant d'être des traîtres anti-patriotes qui reçoivent de l'argent allemand pour favoriser la défaite russe. Lénine (qui se cacha le 6 juillet dans l’appartement de Kaïourov) et Grigori Zinoviev fuient et entrent dans la clandestinité en Finlande, mais beaucoup d'autres dirigeants bolcheviks sont arrêtés, entre autres Kamenev, puis Lounatcharski le 22 juillet. Trotsky est également arrêté le 22 juillet.

Le gouvernement parvient également à reprendre la Villa Dournovo, ce qu'il avait vainement tenté en juin.

3 Conséquences

Avec la répression de la frange la plus révolutionnaire du mouvement, la réaction relève la tête. Le parti KD évolue de plus en plus vers la droite monarchiste et est prêt à sacrifier provisoirement la démocratie pour rétablir l'ordre. Les possédants misent sur le général Kornilov, qui a fait la démonstration dans ses troupes qu'il est prêt à rétablir une discipline de fer. Kerensky accepte de le nommer général des armées, mais la vague réactionnaire le déborde, et Kornilov tente un putsch en lançant ses troupes sur Petrograd (« affaire Kornilov »).

Le congrès du Parti bolchevik qui se tient au début d'août 1917 décide de suspendre le mot d'ordre : « Tout le pouvoir aux soviets ».

Lénine propose de s'appuyer sur le parti et les comités d'usine, dans lesquels les bolchéviks sont hégémoniques, pour préparer l'insurrection malgré les soviets.

4 Débats historiographiques

Lles journées de juillet 1917 sont une question historiographique encore débattue. En particulier, la question du rôle exact des bolcheviks reste ouverte. Avaient-ils l'intention de renverser le Gouvernement provisoire[12] ? En avaient-ils les moyens[13],[14] ? Ont-ils essayé de le faire ? Ou la crainte d'être débordés par un mouvement spontané les a-t-ils dissuadés d'y participer trop activement[15] ? Ont-ils - en particulier Lénine - manqué de résolution ? Ont-ils délibérément joué l'apaisement pour attendre une heure plus propice ?

Certains, comme l'historien de droite Richard Pipes, reprennent la version des accusateurs bourgeois de 1917 :

« Nul événement en Russie n'a d'avantage fait l'objet de mensonges délibérés que l'insurrection de juillet 1917. La raison en est simple, ce fut la faute la plus lourde de Lénine, une erreur de jugement qui faillit anéantir le Parti bolchevique, comparable au putsch de Munich d'Hitler en 1923. Afin de nier leur responsabilité, les bolcheviks se portèrent à des extrémités peu communes, présentant le putsch comme une manifestation spontanée qu'ils se seraient évertués à rendre pacifique. »[16]

Mais il est avéré que le récit des bolchéviks selon lequel la manifestation serait purement spontanée est également simplificateur. La raison est sans doute qu'ils avaient intérêt à nier leur part de responsabilité dans ce qui est alors devenu un motif de dure répression de la part du gouvernement. Quoi qu'il en soit ce récit a été entretenu par la suite, tant par l’historiographie soviétique (stalinienne) que par la tradition trotskiste.

Le regard des historiens a commencé à changer après la publication en 1968 du premier ouvrage d'Alexander Rabinowitch. C'est lui qui a notamment montré que l’Organisation militaire bolchevik et le Comité de Petrograd, ont agi en juillet sans en référer au Comité central.

5 Bibliographie

  • Alexandre Rabinowitch,''Prelude to Revolution – The Petrograd Bolsheviks and the July 1917 Uprising, 1968, Indiana University Press, réédition 1991, Midland Books.
  • Alexandre Rabinowitch,Les Bolcheviks prennent le pouvoir ; la révolution de 1917 à Pétrograd, traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry,Paris la Fabrique Editions, 2016.
  • Orlando Figes (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, préf. Marc Ferro), La Révolution russe : 1891-1924 : la tragédie d'un peuple, Paris, Denoel, , 1107 p. (ISBN 978-2-207-25839-2)
  • Richard Pipes, La Révolution russe, Paris, P.U.F., coll. « Connaissance de l'Est », , 866 p. (ISBN 978-2-130453734), chap. 10 (« Les bolcheviks en quête du pouvoir »)
  • Michel Heller et Aleksandr Nekrich (trad. Wladimir Berelowitch et Anne Coldefy-Faucard), L'Utopie au pouvoir : Histoire de l'U.R.S.S. de 1917 à nos jours, Paris, Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l'esprit », (1re éd. 1982), 680 p. (ISBN 2-7021-1397-4), chap. 1 (« Les prémisses »)
  • Georges Haupt, « Journées de juillet 1917 », Encyclopædia Universalis.
  • Collectif, Histoire du Parti communiste /bolchévik/ de l'U.R.S.S : Précis rédigé par une commission du Comité central du P.C.(b) de l'U.R.S.S, Moscou, Éditions en langues étrangères, (1re éd. 1938), 408 p., chap. VIII (« Le Parti bolchévik prépare et accomplit la révolution socialiste d'octobtre »)
  • Léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, t. II : La révolution d'octobre, Le seuil, coll. « Points Essais », (1re éd. 1950), 766 p. (ISBN 2-02-026130-8), « Les bolcheviks pouvaient-ils prendre le pouvoir en Juillet ? »

6 Notes