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Les '''interrayons''' étaient des partisans d'une petite tendance du [[Parti_ouvrier_social-démocratie_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR), entre 1913 et 1917, qui se situait entre les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Bolchéviks|bolchéviks]]. Ce nom vient du russe ''mezhraiontsy'' (межрайонцы), de ''mezh'' (inter) et ''raion'' (sorte de district russe, dont le mot vient de ''« rayon »'' en français). Formellement, leur organisation se nommait ''« '''POSDR (internationalistes)''' »''.
  
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*La plupart des bolchéviks sont ''défaitistes'' ([[Lénine|Lénine]] théorise le ''«&nbsp;[[défaitisme_révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]]&nbsp;»'').
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*La plupart des menchéviks sont ''défensistes'', à l'exception de la minorité ''«&nbsp;internationaliste&nbsp;»'' autour de [[Martov|Martov]].
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En raison de la désillusion populaire croissante face à la guerre, les interrayons connaissent une croissance relative : ils passent de 60-80 membres fin 1915 à 400-500 au moment où la révolution de février 1917 éclate.
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=== Révolution de frévrier 1917 ===
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Les interrayons étaient actifs à Petrograd pendant la révolution. Le 27 février (ancien style), ils saisissent une imprimerie et publient le premier tract appelant à un soulèvement armé. Le soir même, le Soviet de Petrograd se forme, et les interrayons se voient attribuer un siège à son presidium, contre deux sièges pour chaque parti socialiste national : les [[bolcheviks|bolcheviks]], les [[mencheviks|mencheviks]] et les [[socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]].
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Les divisions créées ou révélées par le soutien à la guerre fait évoluer l'objectif initial d'unification des interrayons. Le 12 avril 1917, ils refusent de participer à une conférence d'unification menchévique (de fait dominée par les défensistes).
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A partir de là, leurs positions ont commencé à converger avec les positions bolcheviques, qui ont été de plus en plus radicaux après le retour de Lénine de l'étranger.
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=== Fusion avec les bolchéviks ===
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Pour de nombreux sociaux-démocrates exilés de retour en avril-juin 1917, le groupe interrayon paraît alors le meilleur groupe à rejoindre. Un certain nombre de militants de premier plan le rejoint à ce moment-là, comme [[Léon_Trotsky|Léon Trotsky]], [[Adolf_Joffé|Adolf Joffé]], [[Anatoli_Lounatcharski|Anatoli Lounatcharski]], [[Moïsseï_Ouritski|Moïsseï Ouritski]], [[David_Riazanov|David Riazanov]], [[V._Volodarski|V. Volodarski]], [[Lev_Karakhan|Lev Karakhan]], [[Dmitry_Manouilsky|Dmitry Manouilsky]] et [[Sergey_Osipovich_Ezhov|Sergey Ezhov]].
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Lors des élections aux soviets de district de Petrograd en mai-juin 1917, les interrayons et les bolcheviks forment un bloc.
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Les interrayons (avec environ 4000 membres) fusionnent avec les bolcheviks au 6<sup>e</sup> Congrès du POSDR à la fin juillet-début août 1917. Cette organisation est alors officiellement distincte de celle des menchéviks.
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Beaucoup des anciens interrayons joueront un rôle important pendant la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]], et la [[guerre_civile_russe|guerre civile]].
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Le comité de rédaction de ''Vperiod'' est modifié, et le n°9 de la revue paraît en tant qu'organe du Comité central du POSDR (b). La publication est arrêté en septembre 1917 sur décision du Comité central.
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== Notes et sources ==
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*Miller, Viktor Iosifovich."Konstantin Konstantinovich Yurenev," In Alʹbert Pavlovich Nenarokov (Ed.), ''<span class="mw-redirect">Revvoensovet</span> Respubliki: 6 sentiabria 1918 g.-28 avgusta 1923 g.'' Moscow: Politizdat, 1991.
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*Yurenev, Konstantin K. "Mezhraioka (1911-1917 gg.)" in ''Proletarskaya Revolyutsiya'', 1924, No. 1 and 2.  
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[[Category:Russie / URSS]][[Category:Partis]]

Version du 31 octobre 2016 à 21:13

Les interrayons étaient des partisans d'une petite tendance du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), entre 1913 et 1917, qui se situait entre les menchéviks et les bolchéviks. Ce nom vient du russe mezhraiontsy (межрайонцы), de mezh (inter) et raion (sorte de district russe, dont le mot vient de « rayon » en français). Formellement, leur organisation se nommait « POSDR (internationalistes) ».

Les interrayons, principalement dirigés par Trotsky, rejoignent les bolchéviks durant la révolution de 1917.

1 Historique

1.1 Contexte

Les sociaux-démocrates russes ont dès l'origine été très divisés, et n'ont jamais formé un parti équivalent à celui d'Allemagne, qui servait de modèle dans l'Internationale ouvrière. A partir de 1903, le principal clivage était entre menchéviks et bolchéviks, sur des questions d'organisation à l'origine.

Après la défaite de la première révolution russe en 1905, tant les bolcheviks que les bolchéviks perdent des membres (sous l'effet de la répression et de la démoralisation), et tendent à se fragmenter en fractions plus petites. En janvier 1912, la fraction bolchevik dominante dirigée par Lénine tient une réunion à Prague, et expulse les mencheviks du parti. En réponse, les menchéviks, les partisans de Trotsky, le Bund juif et d'autres groupes sociaux-démocrates ethniques se réunissent à Vienne en août 1912, proclament que la décision de Lénine est illégale et forment leur propre direction du POSDR, le « Bloc d'août ». On distingue alors le POSDR (b) et le POSDR (m).

Fin 1912, il y avait donc deux organisations distinctes du parti dans la capitale russe : le « Comité de Saint-Pétersbourg du POSDR » (bolchevik) et le « Groupe d'initiative du POSDR » (bloc d'Août). Certains sociaux-démocrates de Saint-Pétersbourg, mécontents de cette scission, créaient une organisation alternative qui revendiquait l'objectif de réunir toutes les tendances de la social-démocratie révolutionnaire. Ils n'incluaient pas dans ces tendances une frange des menchéviks qui se concentrait sur l'opposition légale au régime au détriment de l'activité révolutionnaire.

1.2 Formation des interrayons

Le groupe interrayons est fondé en novembre 1913 par un menchevik, N. M. Egorov et trois bolcheviks (K. Yurenev, A. M. Novosyolov et E. M. Adamovich).

Yurenev était le leader informel de l'organisation jusqu'en mai 1917, sauf pour un an entre février 1915 et février 1916, où est en prison pour « activités subversives ».

Politiquement, ils défendent une position « centriste » entre bolcheviks et mencheviks.

Le groupe interrayon publie un journal, Vpériod, qui est interdit en 1915.

1.3 Croissance pendant la guerre

Au début de la Première Guerre mondiale en juillet-août 1914, les clivages politiques au sein du POSDR sont radicalement redessinés sur la question du soutien ou non à la guerre. Ceux qui ont soutenu la guerre ont été appelés « défensistes » et ceux qui étaient opposés étaient appelés « défaitistes ».

  • La plupart des bolchéviks sont défaitistes (Lénine théorise le « défaitisme révolutionnaire »).
  • La plupart des menchéviks sont défensistes, à l'exception de la minorité « internationaliste » autour de Martov.
  • La plupart des interrayons sont défaitistes (même si Trotsky avait des nuances par rapport au défaitisme révolutionnaire).

En raison de la désillusion populaire croissante face à la guerre, les interrayons connaissent une croissance relative : ils passent de 60-80 membres fin 1915 à 400-500 au moment où la révolution de février 1917 éclate.

1.4 Révolution de frévrier 1917

Les interrayons étaient actifs à Petrograd pendant la révolution. Le 27 février (ancien style), ils saisissent une imprimerie et publient le premier tract appelant à un soulèvement armé. Le soir même, le Soviet de Petrograd se forme, et les interrayons se voient attribuer un siège à son presidium, contre deux sièges pour chaque parti socialiste national : les bolcheviks, les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires.

La publication de Vperiod reprend de juin à août 1917 en tant qu'organe du Comité interrayon de Saint-Pétersbourg des social-démocrates unis (Internationalistes). Huit numéros sont publiés été mis hors.

Les divisions créées ou révélées par le soutien à la guerre fait évoluer l'objectif initial d'unification des interrayons. Le 12 avril 1917, ils refusent de participer à une conférence d'unification menchévique (de fait dominée par les défensistes).

A partir de là, leurs positions ont commencé à converger avec les positions bolcheviques, qui ont été de plus en plus radicaux après le retour de Lénine de l'étranger.

1.5 Fusion avec les bolchéviks

Pour de nombreux sociaux-démocrates exilés de retour en avril-juin 1917, le groupe interrayon paraît alors le meilleur groupe à rejoindre. Un certain nombre de militants de premier plan le rejoint à ce moment-là, comme Léon Trotsky, Adolf Joffé, Anatoli Lounatcharski, Moïsseï Ouritski, David Riazanov, V. Volodarski, Lev Karakhan, Dmitry Manouilsky et Sergey Ezhov.

Lors des élections aux soviets de district de Petrograd en mai-juin 1917, les interrayons et les bolcheviks forment un bloc.

Les interrayons (avec environ 4000 membres) fusionnent avec les bolcheviks au 6e Congrès du POSDR à la fin juillet-début août 1917. Cette organisation est alors officiellement distincte de celle des menchéviks.

Beaucoup des anciens interrayons joueront un rôle important pendant la Révolution d'Octobre, et la guerre civile.

Le comité de rédaction de Vperiod est modifié, et le n°9 de la revue paraît en tant qu'organe du Comité central du POSDR (b). La publication est arrêté en septembre 1917 sur décision du Comité central.

2 Notes et sources

  • Miller, Viktor Iosifovich."Konstantin Konstantinovich Yurenev," In Alʹbert Pavlovich Nenarokov (Ed.), Revvoensovet Respubliki: 6 sentiabria 1918 g.-28 avgusta 1923 g. Moscow: Politizdat, 1991.
  • Yurenev, Konstantin K. "Mezhraioka (1911-1917 gg.)" in Proletarskaya Revolyutsiya, 1924, No. 1 and 2.