Différences entre les versions de « Internationale Communiste »

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'''L'Internationale Communiste (I.C.), ou Troisième internationale''', a été crée en 1919 par scission avec l'[[Internationale ouvrière|Internationale ouvrière]], sous l'impulsion des [[Parti bolchévik|bolchéviks]] victorieux. La perspective de la [[Révolution socialiste|révolution socialiste]] est réaffirmée, par opposition à la sclérose du mouvement [[Social-démocrate|social-démocrate]].<br>
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[[File:ViveLaTroisièmeInternationale.jpg|right|ViveLaTroisièmeInternationale.jpg]]L''''Internationale Communiste (IC), ou Troisième internationale''', a été crée en 1919 par scission avec l'[[Internationale ouvrière|Internationale ouvrière]], sous l'impulsion des [[Parti bolchévik|bolchéviks]] victorieux. La perspective de la [[Révolution socialiste|révolution socialiste]] est réaffirmée, par opposition à la trahison du mouvement [[Social-démocrate|social-démocrate]]. Mais l'IC va très vite se staliniser en même temps que l'[[URSS|URSS]], et deviendra un appareil contre-révolutionnaire.
  
== Rupture avec la Deuxième internationale<br>  ==
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=== La guerre et la conférence de Zimmerwald<br>  ===
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Le [[Pacifisme|pacifisme]] était une valeur proclamée des [[Socialiste|socialistes]], et tous les partis [[Social-démocratie|social-démocrates]] de l'[[Internationale ouvrière|Internationale ouvrière]] avaient établi qu'ils déclencheraient la [[Grève générale|grève générale]] européenne si une guerre était déclarée. Le 4 août 1914, alors que la [[Première guerre mondiale|Première guerre mondiale]] vient d'éclater, les députés du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) votent les crédits de guerre. [[Lénine|Lénine]] apprend de Zurich cette trahison du plus grand parti ouvrier au nom de l'Union Sacrée, c'est à dire la collaboration de classe. <br>
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Le [[Pacifisme|pacifisme]] était une valeur proclamée des [[Socialiste|socialistes]], et tous les partis [[Social-démocratie|social-démocrates]] de l'[[Internationale ouvrière|Internationale ouvrière]] avaient établi qu'ils déclencheraient la [[Grève générale|grève générale]] européenne si une guerre était déclarée. Le 4 août 1914, alors que la [[Première guerre mondiale|Première guerre mondiale]] vient d'éclater, les députés du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) votent les crédits de guerre. [[Lénine|Lénine]] apprend de Zurich cette trahison du plus grand parti ouvrier au nom de l'Union Sacrée, c'est à dire la collaboration de classe.
  
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1915/index.htm La conférence de Zimmerwald] (septembre 1915)  
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*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1915/index.htm La conférence de Zimmerwald] (septembre 1915)
 
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1916/index.htm La conférence de Kienthal] (avril 1916)
 
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=== La révolution russe<br>  ===
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=== La révolution russe ===
  
De fait, c'est la [[Révolution russe (1917)|révolution russe]] qui a été la meilleure illustration de ce que peut être une stratégie politique révolutionnaire pour une organisation socialiste. Elle a donc donné immédiatement, par sa victoire pratique, un grand prestige parmi les partisans d'une refondation de l'Internationale, expliquant pourquoi les bolchéviks furent l'avant-garde de l'I.C.  
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De fait, c'est la [[Révolution russe (1917)|révolution russe]] qui a été la meilleure illustration de ce que peut être une stratégie politique révolutionnaire pour une organisation socialiste. Elle a donc donné immédiatement, par sa victoire pratique, un grand prestige parmi les partisans d'une refondation de l'Internationale, expliquant pourquoi les bolchéviks furent l'avant-garde de l'IC.
  
== Programme de l'internationale communiste<br>  ==
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Selon Paul Levi, dirigeant communiste allemand, la révolution russe «&nbsp;rendait le courage aux découragés, le calme à ceux qui désespéraient, l’orgueil aux humiliés, l’humanité aux déshumanisés&nbsp;».
  
=== L'I.C et les révolutions coloniales  ===
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=== Les 21 conditions ===
  
Au cours des premières années de la [[Révolution russe (1917)|révolution russe]] se posa avec force le [[Question nationale|problème des nationalités]] qui avaient été opprimées par le [[Russie tsariste|régime tsariste]] ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la [[Révolution russerévolution|Révolution russe]]. Aussi l'[[Internationale Communiste]] fut-elle amenée à prendre des positions sur la question nationale et [[Colonialisme|coloniale]], notamment à ses 2e 4e et 5e Congrès. Voici les conclusions de l'I.C.&nbsp;:
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Lors de son deuxième congrès, l'IC fixe des conditions précises pour l'appartenance d'un parti, connues comme les "[[21_conditions|21 conditions]]". Celles-ci visaient à assurer que la rupture avec la Deuxième internationale soit complète et irrémédiable.
  
#L'I.C. se prononce pour le droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes, jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque&nbsp;: par exemple [[Rosa Luxemburg]] considérait que seule la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] en profiterait.  
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== Programme de l'internationale communiste ==
#L'I.C. considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier international que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'[[Impérialisme|impérialisme]] peuvent être des alliés de la [[Révolution socialiste|révolution socialiste]]. Dans la [[Internationale Ouvrière|Seconde Internationale]] avant 1914, certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation. L'I.C. a donc dû débarrasser de leurs préjugés d'anciens cadres socialistes de l'I.C.  
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#L'I.C. se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles.  
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=== L'I.C et les révolutions coloniales ===
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Au cours des premières années de la [[Révolution russe (1917)|révolution russe]] se posa avec force le [[Question nationale|problème des nationalités]] qui avaient été opprimées par le [[Russie tsariste|régime tsariste]] ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la [[Révolution russerévolution|Révolution russe]]. Aussi l'Internationale Communiste fut-elle amenée à prendre des positions sur la question nationale et [[Colonialisme|coloniale]], notamment à ses 2e 4e et 5e Congrès. Voici les conclusions de l'I.C.&nbsp;:
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#L'I.C. se prononce pour le droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes, jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque&nbsp;: par exemple [[Rosa Luxemburg|Rosa Luxemburg]] considérait que seule la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] en profiterait.
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#L'I.C. considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier international que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'[[Impérialisme|impérialisme]] peuvent être des alliés de la [[Révolution socialiste|révolution socialiste]]. Dans la [[Internationale Ouvrière|Seconde Internationale]] avant 1914, certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation. L'I.C. a donc dû débarrasser de leurs préjugés d'anciens cadres socialistes de l'I.C.
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#L'I.C. se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles.
 
#L'I.C. envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste.<ref>Notons que les textes de Marx mentionnés ici étaient pour la plupart encore inconnus. L'apport de l'I.C. sur ces questions était sans aucun doute extrêmement considérable, mais il n'y était pas question de révolution permanente. En outre, il subsistait dans cet apport une large confusion sur la nature de classe des formations nationalistes révolutionnaires avec lesquelles il était question de faire des alliances.</ref>
 
#L'I.C. envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste.<ref>Notons que les textes de Marx mentionnés ici étaient pour la plupart encore inconnus. L'apport de l'I.C. sur ces questions était sans aucun doute extrêmement considérable, mais il n'y était pas question de révolution permanente. En outre, il subsistait dans cet apport une large confusion sur la nature de classe des formations nationalistes révolutionnaires avec lesquelles il était question de faire des alliances.</ref>
  
== Histoire et politique de l'I.C.<br>  ==
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Les transformations de l'IC étaient loin de se limiter aux textes de congrès. Par exemple, la 4<sup>ème</sup> des [[21 conditions|21 conditions]] d'appartenance à l'IC soulignait «&nbsp;''la nécessité absolue de mener une propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les troupes''&nbsp;», tandis que la 8<sup>ème</sup> insistait sur le fait que «&nbsp;''tout parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir […] de soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, [...] et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux''&nbsp;».
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L'IC a par ailleurs organisé un [[Congrès des peuples de l'orient|Congrès des peuples de l'orient]] à Bakou en 1920.
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En France, dans la jeune [[SFIC|SFIC]], un groupe autour de Nguyen-Ai-Quac (le futur [[Ho Chi Minh|Ho Chi Minh]]) fut très impliqué dans l’organisation des travailleurs d’origine coloniale vivant en France – l’Union intercoloniale. A partir d’avril 1922, une publication spécifique fut lancée : ''[[Le Paria|Le Paria]].'' [[Hadjali Abdelkader|Hadjali Abdelkader]] et [[Messali Hadj|Messali Hadj]] furent également dans ce milieu et fondèrent l’Étoile Nord-Africaine, le premier grand mouvement pour l’indépendance de l’Algérie. Les deux grandes guerres de libération nationale qui ont secoué la France après 1945 – l’Indochine et l’Algérie – ont eu leurs origines dans les milieux communistes à Paris dans les années 1920.
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=== La stalinisation<br> ===
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En 1924, le président du Komintern, Zinoviev, réputé et critiqué pour son autoritarisme, lance le mot d'ordre de bolchevisation des PC au V<sup>e</sup> Congrès du Komintern. C'est un durcissement autoritaire qui provoque une crise et des exclusions dans la plupart des partis-membres. Au même moment, de surcroît, Staline, Zinoviev et Kamenev lancent une violente campagne pour mettre sur la touche les trotskistes en URSS comme à l'étranger.
  
[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1922/chliapnikov_19220226.htm Appel des 22 (Opposition ouvrière)] (février 1922)
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Après avoir été exclu du Parti communiste d'Union soviétique par [[Staline|Staline]], [[Trotsky|Léon Trotsky]] espère encore quelque temps une régénération possible de la IIIe Internationale, puis déclare en 1933 que l'Internationale est irrémédiablement morte. Il fonde en 1938 la IV<sup>e</sup> Internationale. D'autres opposants, souvent exclus, créent ou participent à l'Opposition communiste internationale, ou encore au Centre marxiste révolutionnaire international.
  
En 1924, le président du Komintern, Zinoviev, réputé et critiqué pour son autoritarisme, lance le mot d'ordre de bolchevisation des PC au V<sup>e</sup> Congrès du Komintern. C'est un durcissement autoritaire qui provoque une crise et des exclusions dans la plupart des partis-membres. Au même moment, de surcroît, Staline, Zinoviev et Kamenev lancent une violente campagne pour mettre sur la touche les trotskistes en URSS comme à l'étranger.<span id="La_stalinisation" class="mw-headline">
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[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1929/ic_19290900.htm Résolution au sujet du camarade Boukharine], 1929
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Après avoir été exclu du Parti communiste d'Union soviétique par [[Staline|Staline]], [[Trotsky|Léon Trotsky]] espère encore quelque temps une régénération possible de la IIIe Internationale, puis déclare en 1933 que l'Internationale est irrémédiablement morte. Il fonde en 1938 la IV<sup>e</sup> Internationale. D'autres opposants, souvent exclus, créent ou participent à l'Opposition communiste internationale, ou encore au Centre marxiste révolutionnaire international.
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=== «Classe contre classe» ===
  
[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1929/ic_19290900.htm Résolution au sujet du camarade Boukharine], 1929
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=== Les fronts populaires ===
  
=== «Classe contre classe»  ===
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== Les congrès de l'I.C. ==
  
=== Les fronts populaires<br>  ===
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*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1919/index.htm Premier congrès] (mars 1919)
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*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1921/ic3.htm Troisième congrès] (juin 1921)
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*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1922/ic4.htm Quatrième congrès] (novembre 1922)
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*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6.htm Sixième congrès] (septembre 1928)
  
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== Historiographie sur l'IC ==
  
== Les congrès de l'I.C.<br>  ==
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L’étude du communisme a été dominée par deux traditions : la pensée bourgeoise issue de la [[guerre froide|guerre froide]], qui considère le communisme comme pourri dès le départ, et la pensée qui a longtemps dominé le mouvement ouvrier, la vision stalinienne qui présente le communisme des années 1930 comme l’héritier authentique de la révolution russe. Ces deux écoles ont pour point commun d'affirmer que Lénine menait directement à Staline, et tout ce qui dérangeait ce schéma simpliste était évacué. Beaucoup des fondateurs des partis communistes, disparus de l’Internationale dès qu’elle a commencé à dégénérer, sont absents des histoires.  
  
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1919/index.htm Premier congrès] (mars 1919)
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Les seules voies dissidentes sont issues principalement des trotskistes, notamment des ouvrages de [[Pierre Broué|Pierre Broué]]. Récemment, les travaux d’une nouvelle génération d’historiens peuvent aider à faire la lumière sur les premières années de l’IC.
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1920/index.htm Deuxième congrès] (juillet 1920)
 
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1921/ic3.htm Troisième congrès] (juin 1921)<br>
 
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1922/ic4.htm Quatrième congrès] (novembre 1922)
 
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1926/ic_1926.htm Cinquième congrès] - la "bolchévisation" (1924-1926)
 
*[http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6.htm Sixième congrès] (septembre 1928)<br>
 
  
== Notes et sources<br>  ==
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== Notes et sources ==
  
[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/ical.html ''L'I.C. après Lénine''], [[Trotsky|Trotsky]], 1928  
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[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/ical.html L'I.C. après Lénine], [[Trotsky|Trotsky]], 1928
  
[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/300108_1.htm ''La 3ème "période" d'erreurs de l'I.C''], [[Trotsky|Trotsky]], 1930  
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[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/300108_1.htm La 3ème "période" d'erreurs de l'I.C], [[Trotsky|Trotsky]], 1930
  
[http://www.marxists.org/francais/inter_com/ic_presentation.htm ''La III° Internationale Communiste''], Mathias Rakosi, 1923  
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[http://www.marxists.org/francais/inter_com/ic_presentation.htm La III° Internationale Communiste], Mathias Rakosi, 1923
  
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[http://www.contretemps.eu/interventions/politiques-antimilitaristes-anticoloniales-internationale-communiste-1919-1926 Politiques antimilitaristes et anticoloniales de l’Internationale communiste (1919-1926)], Contretemps, 2012
  
[[Catégorie:Mouvement_ouvrier]][[Catégorie:Page_à_retravailler]]
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[[Category:Mouvement ouvrier|Catégorie:Mouvement_ouvrier]]<br/>[[Category:Page à retravailler|Catégorie:Page_à_retravailler]]

Version du 10 juillet 2014 à 21:06

L'Internationale Communiste (IC), ou Troisième internationale, a été crée en 1919 par scission avec l'Internationale ouvrière, sous l'impulsion des bolchéviks victorieux. La perspective de la révolution socialiste est réaffirmée, par opposition à la trahison du mouvement social-démocrate. Mais l'IC va très vite se staliniser en même temps que l'URSS, et deviendra un appareil contre-révolutionnaire.

1 Rupture avec la Deuxième internationale

1.1 La guerre et la conférence de Zimmerwald

Le pacifisme était une valeur proclamée des socialistes, et tous les partis social-démocrates de l'Internationale ouvrière avaient établi qu'ils déclencheraient la grève générale européenne si une guerre était déclarée. Le 4 août 1914, alors que la Première guerre mondiale vient d'éclater, les députés du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) votent les crédits de guerre. Lénine apprend de Zurich cette trahison du plus grand parti ouvrier au nom de l'Union Sacrée, c'est à dire la collaboration de classe.

1.2 La révolution russe

De fait, c'est la révolution russe qui a été la meilleure illustration de ce que peut être une stratégie politique révolutionnaire pour une organisation socialiste. Elle a donc donné immédiatement, par sa victoire pratique, un grand prestige parmi les partisans d'une refondation de l'Internationale, expliquant pourquoi les bolchéviks furent l'avant-garde de l'IC.

Selon Paul Levi, dirigeant communiste allemand, la révolution russe « rendait le courage aux découragés, le calme à ceux qui désespéraient, l’orgueil aux humiliés, l’humanité aux déshumanisés ».

1.3 Les 21 conditions

Lors de son deuxième congrès, l'IC fixe des conditions précises pour l'appartenance d'un parti, connues comme les "21 conditions". Celles-ci visaient à assurer que la rupture avec la Deuxième internationale soit complète et irrémédiable.

2 Programme de l'internationale communiste

2.1 L'I.C et les révolutions coloniales

Au cours des premières années de la révolution russe se posa avec force le problème des nationalités qui avaient été opprimées par le régime tsariste ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la Révolution russe. Aussi l'Internationale Communiste fut-elle amenée à prendre des positions sur la question nationale et coloniale, notamment à ses 2e 4e et 5e Congrès. Voici les conclusions de l'I.C. :

  1. L'I.C. se prononce pour le droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes, jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque : par exemple Rosa Luxemburg considérait que seule la bourgeoisie en profiterait.
  2. L'I.C. considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier international que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'impérialisme peuvent être des alliés de la révolution socialiste. Dans la Seconde Internationale avant 1914, certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation. L'I.C. a donc dû débarrasser de leurs préjugés d'anciens cadres socialistes de l'I.C.
  3. L'I.C. se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles.
  4. L'I.C. envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste.[1]

Les transformations de l'IC étaient loin de se limiter aux textes de congrès. Par exemple, la 4ème des 21 conditions d'appartenance à l'IC soulignait « la nécessité absolue de mener une propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les troupes », tandis que la 8ème insistait sur le fait que « tout parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir […] de soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, [...] et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux ».

L'IC a par ailleurs organisé un Congrès des peuples de l'orient à Bakou en 1920.

En France, dans la jeune SFIC, un groupe autour de Nguyen-Ai-Quac (le futur Ho Chi Minh) fut très impliqué dans l’organisation des travailleurs d’origine coloniale vivant en France – l’Union intercoloniale. A partir d’avril 1922, une publication spécifique fut lancée : Le Paria. Hadjali Abdelkader et Messali Hadj furent également dans ce milieu et fondèrent l’Étoile Nord-Africaine, le premier grand mouvement pour l’indépendance de l’Algérie. Les deux grandes guerres de libération nationale qui ont secoué la France après 1945 – l’Indochine et l’Algérie – ont eu leurs origines dans les milieux communistes à Paris dans les années 1920.

3 Histoire et politique de l'I.C.

3.1 La stalinisation

Appel des 22 (Opposition ouvrière) (février 1922)

En 1924, le président du Komintern, Zinoviev, réputé et critiqué pour son autoritarisme, lance le mot d'ordre de bolchevisation des PC au Ve Congrès du Komintern. C'est un durcissement autoritaire qui provoque une crise et des exclusions dans la plupart des partis-membres. Au même moment, de surcroît, Staline, Zinoviev et Kamenev lancent une violente campagne pour mettre sur la touche les trotskistes en URSS comme à l'étranger.

Après avoir été exclu du Parti communiste d'Union soviétique par Staline, Léon Trotsky espère encore quelque temps une régénération possible de la IIIe Internationale, puis déclare en 1933 que l'Internationale est irrémédiablement morte. Il fonde en 1938 la IVe Internationale. D'autres opposants, souvent exclus, créent ou participent à l'Opposition communiste internationale, ou encore au Centre marxiste révolutionnaire international.

Résolution au sujet du camarade Boukharine, 1929

3.2 «Classe contre classe»

3.3 Les fronts populaires

4 Les congrès de l'I.C.

5 Historiographie sur l'IC

L’étude du communisme a été dominée par deux traditions : la pensée bourgeoise issue de la guerre froide, qui considère le communisme comme pourri dès le départ, et la pensée qui a longtemps dominé le mouvement ouvrier, la vision stalinienne qui présente le communisme des années 1930 comme l’héritier authentique de la révolution russe. Ces deux écoles ont pour point commun d'affirmer que Lénine menait directement à Staline, et tout ce qui dérangeait ce schéma simpliste était évacué. Beaucoup des fondateurs des partis communistes, disparus de l’Internationale dès qu’elle a commencé à dégénérer, sont absents des histoires.

Les seules voies dissidentes sont issues principalement des trotskistes, notamment des ouvrages de Pierre Broué. Récemment, les travaux d’une nouvelle génération d’historiens peuvent aider à faire la lumière sur les premières années de l’IC.

6 Notes et sources

L'I.C. après Lénine, Trotsky, 1928

La 3ème "période" d'erreurs de l'I.C, Trotsky, 1930

La III° Internationale Communiste, Mathias Rakosi, 1923

Politiques antimilitaristes et anticoloniales de l’Internationale communiste (1919-1926), Contretemps, 2012

  1. Notons que les textes de Marx mentionnés ici étaient pour la plupart encore inconnus. L'apport de l'I.C. sur ces questions était sans aucun doute extrêmement considérable, mais il n'y était pas question de révolution permanente. En outre, il subsistait dans cet apport une large confusion sur la nature de classe des formations nationalistes révolutionnaires avec lesquelles il était question de faire des alliances.